Banques en grève en Birmanie

Share on FacebookTweet about this on TwitterShare on Google+Share on LinkedInEmail this to someonePrint this page

Cet article sur les grèves dans le Myanmar (Birmanie) est paru dans The Irrawaddy (Thaïlande) : il décrit les grèves des employé-es de banque, qui rejoignent le Mouvement de désobéissance civile (MDC) contre le coup d’Etat. Merci à Patrick Le Tréhondat pour sa traduction.

birmanie-banques

Les travailleurs des banques privées du Myanmar participent à l’arrêt de travail national contre le coup d’État

 

Par San Yamin Aung, The Irrawaddy[1],  16 février 2021

 

YANGON – Les employé·es de banques privées du Myanmar ont rejoint le mouvement de désobéissance civile (MDC) contre le régime militaire, qui a renversé le gouvernement démocratiquement élu le 1er  février.

La majorité des employé·es participant désormais au MDC, et approuvant son approche «pas de reconnaissance, pas de participation», les banques privées du pays ont, depuis le 8 février, fermé presque toutes leurs agences en raison d’un manque de personnel, ce qui a entraîné un ralentissement des services bancaires et des transactions financières.

Les participant·es au mouvement ont déclaré lundi  15 février à The Irrawaddy qu’ils et elles poursuivaient le mouvement pour une deuxième semaine.

U Min Ko Naing, militant chevronné de la démocratie et leader du soulèvement de 1988, a déclaré sur sa page Facebook que c’était la semaine la plus importante à ce jour pour le mouvement de désobéissance civile, et a souligné le rôle clé des institutions financières.

«Les banques, en particulier, sont les plus importantes [pour assurer le succès du MDC]», a-t-il déclaré dans un message vidéo.

Le Conseil administratif de la région de Yangon aurait prévu de sécuriser les banques et de les aider à maintenir leurs opérations, mais avec le personnel qui maintenait le mouvement de désobéissance ce lundi, les succursales des banques privées sont restées fermées.

Un employé de la banque de prêts privé KBZ Bank à Yangon a déclaré que les banques ont dû fermer parce que leurs employés étaient dans la rue pour protester contre le coup d’Etat.

myanmar-protests-demand-military-loosen-grip-on-politics-1582200656-1

«Toutes nos agences bancaires sont fermées [lundi]», a-t-il déclaré. Il a ajouté que bien que les banques aient été fermées, l’argent pouvait être retiré aux distributeurs automatiques.

«Nous continuerons à faire cela jusqu’à ce que le régime militaire soit terminé», a déclaré une employée de Yangon, sous le pseudonyme de Ma Snow. Elle a rejoint le MDC quelques jours après le lancement du mouvement par les professionnels de la santé le 3 février [les personnels de santé de 70 hôpitaux ont publiquement appelé à la désobéissance civile et se sont mis en grève le 3 février NdT], informant ses supérieurs qu’elle ne viendrait plus travailler, car elle avait rejoint le MDC avec ses collègues.

«Comme tout le monde, nous rejetons totalement le coup d’État. Ainsi, nous participons de toutes les manières, comme en adhérant au MDC et en organisant des manifestations de rue, pour lutter contre le régime», a-t-elle ajouté.

Un autre employé qui a rejoint le MDC a déclaré : «Nous ne pouvons pas rester les bras croisés. Le MDC est quelque chose que nous pouvons et devons faire».

Outre l’arrêt du travail, les employé·es des banques de plusieurs villes ont également organisé des manifestations de rue pendant plusieurs jours, déclarant leur soutien au MDC en tant que employé·es de banques incitant d’autres personnes à se joindre à eux.

Ma Snow, qui travaille dans le secteur bancaire depuis 18 ans, a ajouté que si davantage de personnel des banques publiques et semi-étatiques se joignait au mouvement, le MDC dans le secteur bancaire serait une réussite à 100 %.

Certains employés de la Banque centrale du Myanmar et de la Banque économique du Myanmar ont également rejoint le mouvement. La semaine dernière, plus de 100 employés de la Banque centrale, y compris des employés du siège à Naypyitaw et d’autres succursales, avaient rejoint le mouvement.

Les militaires ont remplacé les gouverneurs et les sous-gouverneurs de la Banque centrale depuis le coup d’État du 1er février. Le gouverneur adjoint U Bo Bo Nge, qui a été nommé par l’administration de la Ligue nationale pour la démocratie [le parti politique d’Aung San Suu Kyi. NdT], reste en détention, bien que d’autres gouverneurs adjoints aient été libérés par les militaires.

Dans une annonce antérieure, la Banque centrale avait exhorté les banques à fonctionner normalement et systématiquement.

 

Traduction de Patrick Le Tréhondat

[1] L’Irrawaddy est un site d’information du groupe d’édition Irrawaddy, fondé en 1990 par des exilés birmans vivant en Thaïlande. NdT0

 

Myanmar-protest3

Print Friendly

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *