Birmanie : peines de prison pour grèves

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L’armée tire sur la foule en Birmanie, mais elle inflige aussi des peines de prison pour fait de grève. Un nouvel article de The Irrawaddy, traduit par Patrick Le Tréhondat. 

The Irrawaddy a été créé par des Birmans en exil en Thaïlande après le Soulèvement de 1988.

Le régime militaire du Myanmar inflige des peines de prison aux fonctionnaires en grève.

le 17 mars 2021 2

The Irrawaddy 16 mars 2021

 

Le régime militaire du Myanmar a condamné dix fonctionnaires à des peines de prison pour avoir rejoint le mouvement de désobéissance civile (MDC). Parmi ces dix personnes figurent deux officiers de police et huit membres du personnel du département des coopératives. Ce sont les premiers fonctionnaires à être envoyés en prison pour leur participation au MDC.

Le sergent adjoint Ko Tara Linn et le policier Ko Thurein Linn, de la ville de Kyangin, dans la région d’Ayeyarwady, ont été condamnés à un an de prison en vertu de la loi sur le maintien de la discipline dans les forces de police du Myanmar. Les deux frères ont été arrêtés le 3 février pour avoir publié sur Facebook des messages d’opposition au régime militaire, mais leurs peines n’ont été rendues publiques que lundi.

Ko THurein Linn a diffusé sur Facebook, avant son arrestation, une vidéo intitulée « À bas la dictature ».

Le média local Ayeyarwaddy Times a cité le père des deux hommes qui a déclaré : « Je suis fier de mes deux fils car ils ont été emprisonnés pour s’être opposés à la dictature militaire. »

Sept femmes et un homme du département des coopératives du canton de Lewe, à Naypyitaw, qui ont participé à la MDP, ont également été condamné·es la semaine dernière à trois mois de prison chacun en vertu de l’article 188(b) du Code pénal pour avoir « défié les ordres ».

Un avocat de Naypyitaw a déclaré que le tribunal avait condamné les accusés dans la précipitation, sans avoir entendu tous les témoins de la défense.  Le gouvernement militaire est paralysé par le MDP depuis plus d’un mois. Depuis le coup d’état du 1er  février, les médecins ont quitté les hôpitaux, les guichetiers sont restés chez eux et les trains ont rarement quitté leurs gares, le personnel refusant de travailler sous les ordres des hommes en uniforme.

Furieuse de cette résistance collective, la junte a menacé les grévistes de les arrêter et de les expulser des logements du gouvernement.

Alors que le MDP continue de se répandre dans tout le pays, la junte a commencé à arrêter une cinquantaine de fonctionnaires qui se sont mis en grève pour protester contre le coup d’état militaire du 1er février. Des médecins, des ingénieurs, des enseignants, des employés des chemins de fer, des directeurs et des responsables de services gouvernementaux et du personnel administratif figurent parmi les personnes détenues. Une personne qui hébergeait des militant·es du MDP et une autre qui cuisinait pour le MDP ont également été arrêtées.

La junte a également licencié ou suspendu de nombreux fonctionnaires grévistes de leur emploi dans tout le pays. D’autres ont été contraints de quitter leurs logements de fonction. Parmi les suspensions récentes, 73 hauts fonctionnaires, dont des directeurs adjoints et des sous-directeurs, ont été suspendus de leurs fonctions le 11 mars.

17 mars 2021 3

Environ 1 000 travailleurs et leurs familles vivant dans les quartiers logeant le personnel du hangar à locomotives Mahlwagone de Myanma Railways, dans le canton de Mingalar Taung Nyunt à Yangon, ont fui leur domicile la semaine dernière après que les forces de sécurité ont fait une descente dans  leur quartier. Les cheminots ont rejoint le MDP en signe de protestation contre le régime militaire.

Samedi, des professionnels de la santé ont manifesté contre le régime militaire dans la ville de South Okkalapa, à Yangon.

Dimanche, le personnel de l’hôpital Sao San Htun de Taunggyi, la capitale de l’État Shan, qui a adhéré au MDP, a été menacé d’être expulsé de ses logements s’il ne reprenait pas le travail avant le 15 mars.

Environ 70 médecins et agents de santé de l’hôpital ont quitté leurs logements plutôt que  de retourner travailler sous la férule du régime militaire. Un certain nombre de médecins de l’hôpital Sao San Htun se sont cachés le mois dernier pour éviter d’être arrêtés.

Un médecin qui s’est caché a déclaré à la BBC lors d’une récente interview qu’il poursuivrait sa grève jusqu’à la chute de la junte.

Dans l’État de Chin, le personnel de santé de l’hôpital de Kanpetlet Township a été contraint de quitter les locaux  de l’établissement de santé après que des soldats et des policiers ont établi une base dans l’hôpital, selon le média local Chin World.

 

Traduction Patrick Le Tréhondat

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