CGT : la discussion s’avive

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Bien que les documents préparatoires du 52ème congrès confédéral CGT ne sont pas encore connus, les débats ont déjà indirectement commencé. Alors que la CGT est co-signataire avec les organisations CFDT, FO, CGC, CFTC d’une lettre au patronat (MEDEF, CPME et U2P), demandant l’ouverture d’un « agenda social » de négociations, nous avons appris que le secrétaire de l’Union départementale (UD CGT) des Bouches du Rhône élève une vive critique contre cette démarche. De même, la Fédération des industries chimiques (FNIC) a fait circuler dans les syndicats une prise de position en rappel des revendications, et « contre la stratégie du syndicalisme unitaire« , initiative déjà portée au printemps 2018 avec plusieurs autres structures CGT.  S’ajoutent à la liste l’UD CGT du Nord et l’UD CGT de Paris. Puis la direction confédérale a répondu le 11 octobre. Extraits ci-dessous. 

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  • Son contenu :
  • Paris, le 25 septembre 2018
  • Monsieur le Président du MEDEF Monsieur le Président de la CPME Monsieur le Président de l’U2P
  • Objet : Ouverture d’un agenda social de négociations et délibérations interprofessionnelles entre les organisations syndicales et patronales représentativesMessieurs,Nos organisations syndicales sont très attachées au dialogue social et à la négociation collective interprofessionnelle entre les interlocuteurs sociaux, facteurs de progrès social au bénéfice tant des salariés que des entreprises.Dans ce cadre, et comme nous l’avons déjà évoqué ensemble, nous vous invitons à établir entre nos huit organisations représentatives au niveau national un agenda de délibérations et de négociations interprofessionnelles à débuter rapidement.Nous proposons en particuliers les sujets suivants :
    • Poursuite de la négociation sur l’encadrement dont nous nous félicitons de la reprise ;
    • Ouverture d’une négociation sur la « Qualité de Vie au Travail », en parallèle des concertations en cours avec le gouvernement sur la santé au travail ;
    • Mises en place de deux délibérations, sur le modèle de celle de 2017 sur le Télétravail : une sur les « Transitions numérique, écologique et énergétique : nouvelles formes d’emploi et travailleurs des plateformes » et une autre sur les « Discriminations dans l’accès au travail quelles qu’en soient les modalités (embauche, stages, apprentissage, formation,…) » ;
    • Une réflexion commune sur « Quel modèle économique et social en Europe ».

    Nous souhaitons ouvrir ces négociations et délibérations, pouvant se compléter par d’autres, selon un calendrier à fixer dès à présent entre nos huit organisations.

    Convaincus que vous partagez cette volonté, nous vous adressons nos cordiales salutations.

    Signé : Laurent Berger (CFDT), Philippe Martinez (CGT), Pascal Pavageau (FO), François Hommeril (CGC), Philippe Louis (CFTC).

  •  Extraits reçus de la lettre du secrétaire de l’UD CGT Bouches du Rhône à la direction confédérale CGT :images« ….Nous n’avons jamais partagé la démarche consistant à considérer qu’il pouvait être bénéfique pour le monde du travail que la CGT s’inscrive dans une démarche visant à considérer les organisations patronales et la plupart des organisations syndicales qui, depuis des années maintenant, accompagnent tous les mauvais coups, pour des partenaires […].Pire, tant par le fond que par la forme, [ce courrier] tend à dédouaner le patronat de ses responsabilités en donnant à penser que nous aurions, eux et nous, des intérêts communs à défendre contre un gouvernement qui n’a de cesse d’agir dans les intérêts du patronat et de la finance […].Cela nous renvoie de fait au nécessaire débat sur la stratégie à mener pour aller à la gagne sur des contenus clairement de progrès et bénéficiant à toutes et tous. Il y a, de notre point de vue, urgence à le mener à son terme car, entre le fait qu’il n’y a toujours aucune perspective après le 9 octobre et ce genre d’union contre-nature, nous allons finir par nous y perdre […].« Signé : le secrétaire de l’UD CGT 13, Olivier Bateu.

 

  •  logo-fnic-cgt-2014Extraits d’une lettre de la FNIC aux organisations CGT:
  • « ...au niveau national, professionnel comme interprofessionnel, la stratégie de syndicalisme unitaire conduit depuis 20 ans, au mieux, à ralentir les reculs par des aménagements à la marge, de la planification patronale de régression, au pire, à l’échec.  Les exemples sont nombreux […]
  • …constatons aujourd’hui que nous ne faisons plus confédération […].
  • Il nous faut retrouver le chemin de l’unité dans la CGT, sur notre projet de société qu’il s’agit aussi de faire partager avec toutes les forces de progrès agissant dans la société […]. « 
  • UD CGT du Nord :ud gard 30[…] « Alors que les conquis obtenus depuis des décennies, et notamment ceux du Conseil National de la Résistance sont remis en cause !Alors, que le corps militant œuvre chaque jour dans les entreprises, sur le terrain idéologique souvent même à l’encontre des syndicats à la solde du patronat.Alors que l’on attend un calendrier de lutte à la suite du rendez vous de mobilisation du 9 octobre.Comment, devons-nous comprendre une telle décision prise sans même consulter ni les structures, ni le CCN ni la CEC !!!!!Il nous faut une sérieuse analyse de l’impact démobilisateur du prétendu « dialogue social » qui n’est en réalité qu’une stratégie patronale et gouvernementale pour brouiller les cartes et duper les travailleurs.Nous devons analyser les conséquences de la stratégie du syndicalisme rassemblé, qui nous amène de plus en plus à accompagner les multiples réformes.
  • […] « 
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    Objet : Réponse (à l’interpellation) de la direction confédérale

     

     

    « Cher-e-s Camarades,

    Par la présente, nous faisons suite aux six interpellations d’Unions Départementales et de Fédérations suite au contenu de la lettre unitaire et unanime des confédérations à l’adresse des organisations patronales.

    Le dialogue social est un des combats historique de la CGT, le nier c’est méconnaitre ou négliger notre histoire sociale et nos combats, c’est aussi omettre ce qui constitue notre réalité contemporaine. La représentation du personnel au travers d’élus, la reconnaissance des sections syndicales et des syndicats d’entreprise, l’obtention de droits syndicaux, etc… sont quelques-uns des fruits arrachés par la lutte au patronat et aux gouvernements.

    Ce qui distingue la CGT dans son exigence de dialogue social, ce n’est pas son refus d’y participer, c’est de placer ce dernier sous le contrôle, l’intervention et la pression des travailleurs. Il en va ainsi de nos pratiques dans les champs institutionnels comme de la négociation collective. Qu’attendre d’une négociation sans rapport de force ? Sans doute rien ou pas grand-chose. C’est pour cela que, systématiquement, notre démarche CGT nous conduit à placer les travailleurs au cœur des enjeux revendicatif qui les concernent.

  • […]
  • Demander l’ouverture de négociations et ce, à quelque niveau que ce soit, ce n’est pas s’entendre préalablement sur le résultat de ces dernières, ce n’est pas non plus établir un socle revendicatif unitaire avec d’autres. Le faire au niveau interprofessionnel, c’est prolonger notre bataille contre les ordonnances Macron en réclamant un socle maximum de droits pour l’ensemble des salariés. Comme toujours, il sera de notre seule responsabilité de définir notre stratégie syndicale et notre démarche, nos revendications. Cette construction participe à l’élévation du rapport des forces, elle a été validé depuis plusieurs Congrès maintenant et réaffirmée lors du 51ème. Notre initiative de participer à la démarche unitaire vise notamment à ne pas isoler la CGT dans un paysage social ou l’éclatement des forces syndicales bénéficient avant tout au patronat, au gouvernement, au capital.[…]
    Il est a noté que ce courrier unitaire ne pointe pas d’autres revendications telles l’augmentation générale des salaires, des pensions et des minima sociaux. Il n’aborde pas non plus la question des conditions de travail dans leur ensemble, ni même l’obtention de droits nouveaux en terme de libertés syndicales de de l’action collective. C’est là toutes les limites d’une démarche unitaire. Mais afin que les choses soient claires et ne portent à aucune interprétation, il faut réaffirmer que ces revendications restent l’alpha et l’oméga de notre ambition revendicative car au cœur des préoccupations du monde du travail. Une démarche unitaire n’obère en rien le socle revendicatif de notre organisation syndicale.

    Enfin, s’il peut apparaitre des divergences quant à l’appréciation des situations et les réponses à apporter comme des initiatives à prendre – ce qui est le propre de notre vie syndicale démocratique – il ne peut être question, entre organisations de la CGT de porter accusation d’abandons de notre combat de classe dans le cadre de l’opposition entre capital et travail, tout comme nous ne serions admettre quelques qualificatifs de posture visant à des compromis (entendu au sens de compromission) et de mise au rabais des exigences en terme de salaires et de conditions de travail.

    L’actualité appelle comme jamais à une CGT unie, fraternelle, combative. Vos interrogations devraient trouver réponses dans ce courrier, à défaut nous aurons l’occasion d’en débattre lors d’un CCN ou du prochain Congrès. D’ici là, travaillons à l’élévation du rapport des forces« .

  • Montreuil le 11 octobre 2018
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