Copernic et Attac réunissent syndicalistes et chercheurs-euses

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Vendredi 6 avril, la fondation Copernic et l’association Attac appelaient à une réunion publique à la Bourse du travail de Paris, sous l’intitulé : DEMAIN / Soutenons les mouvements sociaux ! Y ont pris part des universitaires et chercheurs-euses, ainsi que des responsables nationaux des organisations syndicales mobilisées (CGT, FSU, Solidaires). Environ 150 personnes et un débat de grande qualité. Le débat sur la journée nationale du 5 mai a été abordé. 

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Etaient présent-es parmi les personnalités : Aurélie trouvé (Attac) et Willy Pelletier (Copernic) qui coprésidaient la soirée. Ainsi que Pierre Khalfa, Gérard Mauger, Mathilde Larrère, Laurence De Cock, Thérèse Villame, Bernard Friot, Michèle Riot-Sarcey, Henri Sterdyniak, Etienne Pélissat, Dominique Plihon…

Nous retranscrivons ici les traits saillants des interventions syndicales, à partir de prises de notes.

  • Baptiste Talbot (secrétaire général fédération CGT des services publics) : Le gouvernement insiste sur le fait qu’il n’y  aura pas de convergence des luttes. Il a d’ailleurs Laurent Berger comme allié sur cette idée : il explique que cette convergence, ce serait « politique« ! Mais cette opinion est tout aussi « politique« ! Pour travailler à cette convergence, il y a d’abord le soutien aux cheminots. Mais pour qu’il y ait convergence des luttes, il faut d’abord qu’il y ait des luttes. C’est ce à quoi nous travaillons dans la fonction publique, contre le projet Action publique 2022. Le mouvement social actuel a deux ressorts puissants : la politique du gouvernement est perçue comme injuste ; et un attachement fort aux services publics dans la population. Il est maintenant nécessaire de conforter ce mouvement et les grévistes. Pour ce faire, ce sont les syndicats eux-mêmes qui sont les mieux équipés. Ce mouvement posera ensuite des questions politiques, mais il ne faut pas mélanger à cette étape.
  • Didier Bourgouin (co-secrétaire du SNUTER-FSU, personnels territoriaux) : Nous sommes mobilisés contre le plan Action publique 2022 du gouvernement. C’est une contre-réforme structurelle. Ensemble, nous avions déjà initié une mobilisation importante le 10 octobre 2017 dans une grande unité syndicale. Et il y a eu la journée du 22 mars 2018.  Une nouvelle décision sera prise le lundi 9 avril. Les services publics sont la seule richesse de ceux qui n’en ont pas. Face à la propagande du gouvernement contre les grèves il faut rappeler que ce ne sont pas les « rebelles » qui créent les problèmes, mais l’inverse !
  • Mathieu Borit (fédération SUD Rail) : La mobilisation à la SNCF a certes été déclenchée par la publication du rapport Spinetta, mais dès la lettre de mission du gouvernement à Spinetta, tout était annoncé à l’avance. Il y a eu ensuite une forte émulation pour agir, chez les cheminots, après la publication du texte. Dès le 22 mars, on  note une très forte grève et des dizaines de milliers de personnes dans la rue. La direction Pepy a profité de « l’effet d’aubaine » du rapport Spinetta pour compléter et aggraver le projet du gouvernement. C’est une processus de privatisation qui est enclenché, car nous n’aurons plus un établissement public (EPIC) mais une société anonyme (SA). Et le statut des cheminots est attaqué. Il sera vidé de son contenu même s’il est formellement maintenu. Ce sont les cheminots seuls qui sont visés pour accroitre la compétitivité de l’entreprise. Nous sommes victimes d’une « curée » médiatique contre les soit-disant privilèges des cheminots. Notre grève est unitaire, avec une plate-forme revendicative commune. Il faut aussi rechercher la convergence des luttes entre salariés, usagers, cheminots, Air France, hospitaliers, étudiants. Pour le gouvernement, le statut des cheminots est le symbole à abattre pour précariser tous les statuts.
  • Laurent Brun (secrétaire général de la fédération CGT cheminots) : La propagande gouvernementale attaque la SNCF comme entreprise qui ne serait pas « rentable ». Mais c’est faux. La SNCF ferait 4 milliards d’excédents s’il n’y avait pas la charge de sa dette dans sa comptabilité. En réalité, les arbitrages de la politique du transport sont réalisés par le marché, et non les pouvoirs publics. D’abord on a transformé la SNCF en multinationale du transport, depuis 15 ans. Avec une dégradation de la qualité de service. Ensuite, on veut maintenant tout déréguler et il faut une loi pour cela. Mais c’est une loi technocratique, qui ne répond pas du tout aux questions posées. La SNCF deviendrait une société anonyme pour s’adapter à l’ouverture à la concurrence. Cela implique la suppression des normes sociales, dont le statut. Tout cela s’inscrit dans une politique globale de privatisations, comme avec les aéroports, dobnt celui de Paris, les barrages hydrauliques, etc. On abandonne toute politique de report modal, alors que la France a été la pays de la COP 21. Il n’y a aucun report du transport sur le ferroviaire prévu dans la loi !

C’est aussi la fin de la péréquation tarifaire qui se profile, qui permettait de financer les lignes dites « non rentables » par les plus rentables, ce qui est à la base du service public. On va donc fermer les petites lignes, mais depuis Lyon, Toulouse, Bordeaux, etc. Cela ne se fera donc pas depuis Paris, comme le dit la « comm‘» du gouvernement. Mais il ne faut pas s’y tromper : même des lignes TGV pourraient être remises en cause, car certaines ont été mises en œuvre sous la pression des lobbys du BTP.

Par ailleurs, derrière la fin du statut cheminots, c’est aussi le statut fonction publique qui est visé, et très vite la réforme des retraites pour tout le monde, objectif de Macron. En s’attaquant aux cheminots, le gouvernement veut affaiblir les moyens de lutte sur les retraites.

Nous sommes aussi dans une bataille pour l’efficacité des services publics. Aux USA, les services publics sont très dégradés, faute d’entretien depuis des décennies. Les ponts menacent de s’écrouler, etc. Selon les estimations faites sur les besoins d’investissements aux USA pour redresser cette situation, ce serait proportionnellement 500 milliards d’euros qui seraient nécessaires en France, mais jusqu’ici on a investi dans ce pays. Mais que va-t-il se passer avec l’ouverture à la concurrence ?

Le gouvernement espérait un « blitzkrieg » social. C’était aussi le scénario envisagé pour l’été 2017 si Fillon avait été élu. « Ils » comptaient sur le fatalisme : « on n’y peut rien ». Il nous a donc fallu casser ce sentiment d’isolement. Nous avons édité un million de tracts sur le modèle des « gratuits » dans le métro. La clef, c’est de proposer des alternatives. Il nous faut une argumentation au sujet de l’Europe, ne pas laisser l’initiative aux gouvernants. Les usagers doivent s’approprier le sujet. L’enjeu : définir les besoins de transport, et se réapproprier l’entreprise.

Notre stratégie de lutte veut faire la démonstration qu’on peut maintenir un rapport des forces durablement. Eviter une grève dure qui dure 10 jours et qui ensuite s’affaiblit et chute. Le gouvernement ne s’en sortira pas par le pourrissement. Aujourd’hui, il est déstabilisé. Et il y a l’opportunité d’accrocher d’autres luttes à celle des cheminots.

Le rôle des partis politiques est d’être porteurs de contre-propositions, de faire rêver. Le gouvernement, il faut lui ôter le stylo de la main ! En tant que syndicats, nous avons des limites dans les projets alternatifs, car nous ne faisons pas les lois. C’est justement le rôle des politiques de dépasser cette limite.

  • Denis Turbet-Delof (secrétaire Solidaires Fonction publique) : Nous avons un gouvernement qui met la vitesse pour un projet global. Nous devons donc être aussi « réactifs » qu’il ne sont « actifs ». Il nous faut gagner la bataille idéologique. Construire une opposition frontale et sociale à leur attaque. Aujourd’hui, les postiers sont utilisés pour faire passer les permis de conduire. Ou pour remplacer les agents des impôts pour conseiller les citoyens, moyennant 50 euros. Voilà la dégradation ! Il faut donc se mobiliser tous ensemble. En s’attaquant aux secteurs à statut, ils veulent s’attaquer aux régimes de retraites. La date du samedi 14 avril à Marseille circule. Pourquoi pas le samedi 5 mai une grande mobilisation nationale de la fonction publique et autres secteurs mobilisés ?

Prise de notes : Jean-Claude Mamet.

 

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