Discours de politique générale – Les réactions syndicales

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Nous publions, ci-dessous, les réactions syndicales au discours d’Edouard Philippe.

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Pour FO, il y a beaucoup d’absents dans le discours du Premier ministre

Premier grand absent, celui de la considération – sur laquelle pourtant le Premier ministre a conclu, mais qui manifestement ne s’adresse pas au dialogue social et à ce que portent les syndicats.

Les rares moments où ceux-ci sont invoqués, c’est dans un rôle limité à la mise en œuvre de politiques décidées par le gouvernement. Il y a là un grand écart avec le discours du Président de la République à l’OIT : on est malheureusement loin de la cohérence à laquelle il se référait entre la parole et les actes au niveau national. L’annonce de la réforme du CESE risque malheureusement de réduire aussi la place du dialogue économique, social et environnemental.

FO ne taira ni ses analyses, ni ses revendications, ni ne faiblira quant à la mobilisation nécessaire pour les faire entendre.

FO appelle encore une fois le gouvernement à entendre le malaise et le mécontentement qui s’exprime fortement dans la Fonction publique, contre le projet de loi de transformation, comme celui de la santé ou de l’éducation et à ouvrir au plus vite de véritables négociations permettant d’apporter d’urgence des réponses concrètes aux revendications exprimées tant en termes de rémunération que de conditions de travail et d’emplois.

Autre grand absent, les salaires. Encore une fois, force est de constater que tout est fait pour éviter leur augmentation au profit d’éléments annexes de rémunération, qui plus est exonérés de cotisations sociales ou de fiscalité (prime exceptionnelle et intéressement).

Sur ce sujet en particulier, FO ne peut en rien souscrire à une conception dirigiste de la négociation collective, le Premier ministre évoquant la notion d’accords types destinés à favoriser l’intéressement.

Pour FO, répondre en matière de pouvoir d’achat par la baisse de l’impôt sur le revenu n’est pas la solution. Elle ne répond pas davantage à la nécessité d’une refonte globale visant plus de justice fiscale et risque de se traduire par toujours plus de réductions de moyens des services publics. A ce sujet, FO met en garde contre l’annonce de maisons Frances Services qui à l’évidence vont se faire au détriment des implantations de services existantes (Trésor public, bureaux de postes, …) et impacter l’emploi des agents concernés.

FO réaffirme la nécessité de l’augmentation du Smic ainsi que de la valeur du point d’indice des fonctionnaires, ainsi que la relance des négociations de branches sur les salaires.

Concernant l’assurance chômage, FO rappelle que l’échec de la négociation vient à la fois du cadrage imposé par le gouvernement et de son ingérence. FO attend des précisions concernant le bonus/malus sur les contrats courts qui pourrait être mis en place, rappelant qu’elle avait proposé un mécanisme dont les simulations avaient montré l’efficacité. FO conteste dans le même temps le durcissement de l’entrée dans les droits annoncé, qui pourrait pénaliser justement les salariés précaires qui subissent les contrats très courts. FO conteste également la dégressivité que veut imposer aux cadres le gouvernement, rappelant que les cadres contribuent beaucoup plus en recettes pour le régime qu’ils n’en bénéficient. Enfin, FO met en garde contre toute différenciation ou inégalité en matière de droits au prétexte de traitement au plus près des territoires de l’accompagnement en matière d’emploi.

Concernant les retraites, le Premier ministre confirme les orientations générales du gouvernement visant à un régime universel par points et supprimant les régimes existants, bien qu’il reconnaisse que ceux-ci assument globalement leur office. Encore une fois, les régimes de retraites ne pourront pas corriger le déficit d’emploi et d’emploi stable et correctement rémunéré sans affecter à la baisse les droits à pension de toutes et tous. C’est faire payer à la Protection sociale l’échec en la matière des politiques économiques, que le Premier ministre a lui-même reconnu, constatant le maintien d’un chômage de masse et de la précarité. D’ailleurs le Premier ministre confirme les annonces du Président de la République visant à aller vers un âge de départ effectif à 64 ans. Quant à l’annonce d’une pension à 85% du Smic au minimum pour une carrière complète, FO rappelle que cet objectif a été fixé par la loi en 2003, et qu’il devait être atteint en 2008… Au demeurant, FO rappelle que le gouvernement plutôt que de répondre par l’augmentation du Smic en décembre dernier, a choisi de compléter le Smic par une prime d’activité de 100€. Qu’en sera-t-il alors des pensions !

FO réitère son opposition à un régime universel par points qui à l’évidence conduira à un recul des droits.

FO appelle encore une fois le gouvernement à redonner une pleine considération à la négociation collective et aux analyses et revendications portées par les syndicats et confirme sa détermination à mobiliser les salariés.

 

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Pour la CGT, le spectacle continue !

Le Premier ministre, Édouard Philippe, vient de prononcer sa deuxième déclaration de politique générale devant l’Assemblée Nationale.

Cet acte politique s’est révélé être, aussi et surtout, un acte de communication, une tentative désuète de pédagogie pour tenter de faire comprendre à celles et ceux qui ne l’auraient toujours pas compris en quoi la politique gouvernementale et les objectifs définis par le président de la République seraient bons et n’appelleraient à aucune réorientation ou inflexion.
Un acte de communication car annoncé depuis plusieurs semaines comme le point de départ souhaité d’un « acte II » du quinquennat, après plus de sept mois de fracture avec le mouvement social, les organisations syndicales et le monde associatif.
Les annonces s’inscrivent dans la pleine et entière continuité des politiques menées : aucune prise en compte réelle des aspirations à plus de justice sociale, plus de justice fiscale, plus de démocratie et d’actes forts sur les enjeux environnementaux et de la biodiversité.
Le triptyque présidentiel fixé au Premier ministre, mardi, en marge de la Conférence de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), à savoir « Pas de réduction de notre ambition économique, une accélération de notre ambition environnementale et de notre préoccupation sociale », vient de se traduire par une séries de mesures qui, toutes, s’inscrivent dans l’écriture d’un deuxième acte d’une même pièce de théâtre… le spectacle continue !
Alors qu’une des premières préoccupations des travailleurs est l’augmentation des salaires, aucune mesure n’est annoncée sur l’augmentation du Smic. Afin de tenter de faire diversion, seule une baisse des impôts sur le revenu pour les premières tranches est annoncée, ce qui n’est pas sans poser question quant au financement de l’État et des services publics.
De plus, il faut mettre cette annonce de baisse des impôts (environ 5 milliards d’euros) en perspective avec le cadeau fait au patronat par le biais du CICE qui coûte à l’État 20 milliards d’euros par an et qui n’a pas eu d’effet sur l’emploi en France !
L’emploi, lui aussi, est le grand absent du discours du Premier ministre. Rien sur la lutte contre le chômage, rien sur le besoin d’embauches massives dans les services publics, par exemple à l’hôpital, dans les urgences, dans les prisons… comme l’actualité et les luttes sociales en cours le démontrent.
L’industrie est ignorée alors même que des grands dossiers font l’actualité, tels Ascoval, Ford, Renault, PSA, Whirpool, Arjowiggins, etc.
Les services publics sont relayés comme des préoccupations de seconde zone. Pire, l’annonce de mise en place de maisons de service au public avec des salariés dessine les contours d’un projet où le statut des fonctionnaires serait absent et où les missions de service public confiées à des opérateurs privés.
Ce sont donc un discours et des orientations politiques qui, non seulement, ne marquent pas d’inflexions mais qui, de plus, ne prennent pas en compte l’urgence environnementale et font apparaitre de nouvelles porosités avec l’extrême droite, notamment en traitant dans un même élan les questions de l’immigration, du droit d’asile, l’Islam de France et la lutte contre le trafic de drogue…
La CGT dénonce l’imposture sociale de la politique gouvernementale qui ne répond en rien aux aspirations des travailleurs, des privés d’emplois et des retraités, qui continue à mettre toujours plus sous pression le monde du travail, qui crée une société où l’injustice sociale n’a d’égal que l’aspiration des travailleurs à mieux vivre !
Parce que rien ne changera sans la mobilisation du monde du travail, la CGT appelle l’ensemble des travailleurs, des retraités, des privés d’emploi et de la jeunesse à envisager la construction de mobilisations sociales pour imposer d’autres choix !

Montreuil, le 12 juin 2019

 

logo200Pour Solidaires

« Acte Deux » du gouvernement… sans surprise

Le discours de politique générale d’Edouard Philippe devant l’Assemblée nationale a été sans surprise : il garde le cap sur la politique menée depuis l’élection présidentielle, promesses de campagnes et annonces déjà faites qui détricotent ce qui reste de notre modèle social. Il tient à la fois un discours sécuritaire et identitaire (l’ordre et la lutte contre le terrorisme, l’islamisme et l’immigration en amalgamant largement ces sujets) et des propos qui se veulent «progressistes» (la PMA pour toutes les femmes, bonus malus pour les contrats courts dans certains secteurs). A cela s’ajoute une tentative de répondre aux mobilisations sur l’écologie et une réelle attaque sur les retraites.

Diminution des recettes fiscales = baisse des services publics

L’annonce d’une diminution de 27 milliards de baisse d’impôts pour les ménages, avec la baisse de l’imposition des deux premières tranches d’impôt sur le revenu, la suppression de la taxe d’habitation, laissent perplexe : pas de vision sur le manque à gagner des collectivités (donc à terme pour les contribuables) et une baisse de l’impôt le plus juste car progressif (l’impôt sur le revenu). Si le coup de pouce au pouvoir d’achat peut s’apprécier pour certains ménages la baisse de recettes fiscales et sociales veut dire moins de services publics … Et nous n’oublions pas les nombreux cadeaux fiscaux déjà faits aux plus riches : ISF supprimé, baisse d’impôts sur les sociétés, transformation du CICE en allègement de charges sociales !

Tout ceci s’accompagne donc d’une baisse de la dépense publique : moins de fonctionnaires, et avec notamment des économies sur l’hôpital, l’éducation… C’est en fait un véritable laminage des services publics, de leurs missions ou leurs implantations ! Et ce ne sont pas les Maisons de services au public qui sauveront la mise. Elles ne seront rien d’autre que des services publics au rabais.

Travailler plus pour partager moins et gagner quoi ?

Il parle de « distribuer du pouvoir d’achat » sans augmenter le Smic ni les salaires : intéressement, primes Macron bis, suppression de la taxe d’habitation. Toutes choses qui ne permettent pas aux personnes de progresser dans leur carrière, d’augmenter de façon régulière leur salaire. Et qui ne remettent pas en cause l’injuste répartition des richesses dans notre pays.

Il confirme aussi la réforme des retraites avec l’incitation forte à travailler plus longtemps par l’introduction de la notion d’un « âge d’équilibre » pour partir en retraite, décidée par le gouvernement, tout en gardant un affichage de départ possible à 62 ans. Ce sera certainement aux prix décotes encore plus importantes ! Même chose pour les heures supplémentaires défiscalisées : incitation à travailler plus avec un mécanisme qui freine la création d’emplois et réduit les recettes fiscales. Tout est dans tout…

L’écologie toujours à l’état de promesses floues et incomplètes

Edouard Philippe a annoncé que la convention citoyenne pour la transition écologique, assemblée de 150 citoyen.nes créée à l’issue du grand débat, pourrait voir ses préconisations soumises à référendum. Sinon les aides pour la rénovation énergétique d’habitats seront remises à plat, et les produits en plastique jetable seront interdits… dans l’administration ! Et rien d’autre .. On est très loin de la rupture nécessaire pour répondre à l’urgence climatique !

Et qu’est ce qu’on veut ?

Les Gilets jaunes n’ont pas exigé la défiscalisation ou des mesurettes mais la justice fiscale. Alors que les urgentistes sont massivement en grève, les personnels de santé apprécieront l’appel d’Edouard Philippe à leur mobilisation pendant l’été ! Ceux et celles qui veulent l’égalité des droits continueront à courir après l’égalité des chances…

De notre côté ce n’est pas travailler plus individuellement et gagner plus provisoirement que nous voulons. Partager le travail, répartir les richesses créées par les travailleurs/euses dans l’entreprise par des augmentations de salaire, développer égalitairement les services publics, les soustraire à la logique de rentabilité, tout ceci participerait à la justice sociale et plus globalement à transformer notre société. Cette transformation sociale doit s’accompagner de mesures écologiques, autrement plus fortes.

13 juin

CFDTpour la CFDT, on peut accéder à son communiqué via ce lien :

https://www.cfdt.fr/portail/presse/communiques-de-presse/discours-de-politique-generale-assurance-chomage-ou-est-la-justice-sociale-srv1_690200

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