Helio Corbeil : une SCOP en danger

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L’entreprise Helio-Corbeil, reprise en SCOP par ses salariés en 2012, est à nouveau menacée pour son avenir (voir déclaration du syndicat ci-dessous). Une conférence de presse aura lieu sur place à l’occasion de « portes ouvertes » le samedi 17 novembre à partir de 10h, ainsi qu’une conférence de presse à 11h30 (adresse : 4 boulevard Crété, Corbeilles-Essonnes).  Un livre vient de sortir qui raconte cette histoire : Adieux au patronat, Maxime Quijoux, Editions le Croquant.

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Le syndicalisme ouvrier en France appartient-il au passé ? Incapable d’enrayer le déclin que connaît l’industrie depuis quarante ans, il est également confronté à une crise sur le sens de son action militante.


Pourtant, loin des échecs des grandes mobilisations nationales, des syndicalistes mènent des luttes sur leurs lieux de travail, dont on ne mesure pas toujours ni l’inventivité ni les effets. Hélio-Corbeil, imprimerie située à Corbeil-Essonnes, en est une illustration : en février 2012, emmenés par la CGT, les salariés parviennent à reprendre leur entreprise sous forme de Société Coopérative et Participative (Scop). 80 emplois sont sauvés et l’activité est alors relancée. À partir d’une enquête au long cours, mêlant immersion et travail d’archives, cet ouvrage revient sur l’origine de cette lutte et la mise en place de la coopérative. Il propose une vision différente du syndicalisme, où la gestion constitue une arme de résistance salariale, hier comme aujourd’hui, et s’interroge sur ses conditions d’appropriation. Face à la financiarisation de l’économie, le salut du monde ouvrier passera-t-il par la conquête du pouvoir dans l’entreprise ?

Maxime Quijoux est sociologue, chercheur au CNRS et membre du Laboratoire Printemps (Professions, Institutions, Temporalités) à l’université Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines et membre associé du LISE (Laboratoire Interdisciplinaire de Sociologie Économique) au CNAM. Il est l’auteur de Néolibéralisme et autogestion, l’expérience argentine (Éditions de l’IHEAL, 2011) et a dirigé l’ouvrage collectif Bourdieu et le travail (Presses Universitaires de Rennes, 2015).

 

 

 

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Syndicat des Imprimeries de Presse et de Communication 94, boulevard AugusteBlanqui 75013 Paris

 

UN AVENIR POUR HÉLIO-CORBEIL

 

 

Certains parlent du coût du travail, trop élevé, les gouvernements successifs n’ont eu de cesse de baisser ce coût du travail.                  ·

Le travail n’a pas de coût, il a un prix, car seul le travail produit de la valeur, s’il n’y a pas de travail alors il n’y a pas de production de valeurs, personne ne peut dire que le capital se suffit à lui-même pour produire, il faut parfois les deux, la différence c’est que seul le travail peut produire, le capital non !

Plutôt que de s’offusquer sur le coût du travail, nous devrions nous offusquer sur l’énorme coût du capital, en 1980 un salarié travaillait 9 jours par an pour rémunérer les actionnaires, aujourd’hui un salarié français travaille en moyenne 40 jours par an pour payer les actionnaires, alors que dans la même période laproductivité a été multiplié par 6, du fait des bons technologiques que nous avons traversé, par conséquent ce qui apparait sous nos yeux c’est la prédation profonde, le tout exorbitant du capital qui pompe littéralement l’activité.

La financiarisation accrue de notre économie, c’est le cancer qui ruine l’activité de notre pays.

On nous dit que nos entreprises doivent être compétitives, que c’est le moteur de notre économie, être compétitif  serait de produire moins cher, là est le cœur du problème; le noins cher en tant que principe de société reste discutable, derrière chaque entreprise qui doit produire moins cher, derrière chaque producteur qui doit produire moins cher, derrière le consommateur qui également cherche du moins cher, il y a une production ! Or produire moins cher c’est la plupart du temps et d’autant plus quand la toile de fond est la compétition, produire dans des conditions sociales dégradées, bradées, dérégulées, en baissant les droits ou produire dans des conditions environnementales détestables, c’est souvent la production la plus sale qui coûte la moins cher sur l’environnement.

Nous devons nous interroger sur ce modèle, face aux grands défis environnementaux, ce modèle de compétitivité est obsolète!             ·

 

Tant que celui-ci sera en place, nos décideurs n’auront pas d’autre choix que de continuer de dégrader les conditions de productions des salariés, c’est pour cela que notre gouvernement est obligé de faire du bricolage; la loi PACTE en est un très bel exemple, en diminuant les seuils on diminue les droits.

Alors là compétition a peut-être quelque chose de stimulant, mais nous pensons que la coopération est plus adaptée! Nous voyons déjà poindre le jour où nous devrons être compétitif  avec des pays qui n’ont de cesse de déréguler les droits des travailleurs, notamment l’Autriche qui vient d’adopter la semaine de 60h.  Ce paradigme de la compétitivité devrait nous motiver selon les dogmatiques ultra-libérales, nous motiver à quoi ?

Faisons leprotectionnisme solidaire, par exemple en  préservant notre industrie lourde, alors qu’elle est aujourd’hui attaquée de toute part, par des donneurs d’ordre qui n’ont comme seul problème la garantie des dividendes des actionnaires et toujours au  détriment de ceux qui produisent et créent de la richesse. Là course aux tarifs dans le labeur a eu poursimple effet la fermeture d’innombrables entreprises françaises pour voir nos productions s’évaporer vers l’étranger, ce phénomène se poursuit encore et de façon de plus en plus agressive envers des salariés qui auront mis toutes leurs forces de travail au service d’actionnaires qui du jour au lendemain, décident que leur travail à un coût trop élevé et ainsi de suite jusqu’à ce qu’il n’y ait plus aucune entreprise française capable de traiter cette charge de travail sur le territoire .

 

Un exemple bien concret vient corroborer ce développement :  l’entreprise d’Hélio-Corbeil.

Après l’abandon du groupe Circle Printer, le 6 février 2012 les salariés d’Hélio-Corbeil reprenaient contraints et forcés leur usine sous forme de société coopérative de production (SCOP). Ils étaient alors soutenus par le conseil régional lle de-France qui garantissait une partie de l’emprunt nécessaire au rachat de l’imprimerie, le reste étant financé par le versement d’un mois et demi de salaire provenant de 90 nouveaux actionnaires, le Maire de Corbeil-Essonnes, bras droit de Serge Dassault lui-même patron du Figaro appuiera le dossier et créera les conditions du maintien d’Hélio-Corbeil et des emplois sur son territoire.

Une fois la SC0P mise sur pied, les trois principaux donneurs d’ordre, Mondadori pour le Télé-Star, Hachette pour le Tété 7 jours et le Figaro poùr TV magazine s’engageaient par contrat à fournir les volumes d’impression nécessaires au fonctionnement de cette usine, étant entendu que les acteurs de la profession proposeraient un plan d’avenir de la filière et de l’entreprise afin de garantir la bonne sortie des titres dans des conditions tarifaires acceptables.

Dès 2015, la direction générale de l’entreprise soutenue par les salariés, présentait un projet d’investissement dans de nouveaux outils de production pour satisfaire la demande de leurs clients, elle engageait même des tests dans un nouveau procédé d’impression capable de personna­liser chaque exemplaire de Télé-Star. Non seulement ce projet n’aura pas abouti faute d’un soutien des éditeurs mais les tests initiés par l’entreprise seront récupérés par une· imprimerie du nord de Paris avec la complicité du groupe Mondadori.

L’année suivante au prétexte d’un appel d’offre, ce même groupe dénonce son contrat d’impression et quitte l’imprimerie d’Hélio-Corbeil en complète contradiction avec les règles commerciales en usages dans le secteur, puisqu’il ne prendra pas la peine de consulter une deuxième fois la direction de l’entreprise pour lui faire état des tarifs obtenus dans les imprimeries concurrentes. Le directeur de fabrication du moment a préféré délocaliser la production plutôt que de renforcer l’activité d’une entreprise qui compte 80 % de son personnel adhérent de la CGT.

Ce manque à gagner pour le site d’impression n’empêchera pas la direction et les salariés d’Hélio­ Corbeil de mettre sur pied un plan dedéveloppement qui intégrera l’investissement dans un chaîne de finition pour capter des produits de la grande distribution et améliorer l’offre de service aux titres restant. Afin de redresser la situation de l’entreprise ils demandent aux donneurs d’ordres de les soutenir en rapatriant les magazines Version Fémina, propriété du groupe Hachette à l’ époque et Le Figaro Madame, supplément distribué avec le Figaro appartenant à Serge 5’ils obtiennent en 2018 un engagement du groupe Hachette pour le retour de l’impression dans les deux usines héliogravure que compte l’Ile-de-France dès 2019, ce sera une fin de non recevoirde la direction du Figaro qui considère que la stabilité de la filière en Ile-de-France passe nécessairement par la fermeture d’Hélio-Corbeil. Pour accompagner cette stratégie de destruction la direction duFigaro soutien le projet de reprise d’une imprimerie concurrente en lui confiant l’impression du Figaro Madame. Ce qui était impossible il y a quelques années devient d’un seul coup réalisable pourvu que cela affaiblisse Hélio-Corbeil. Pour s’assurer de la fermeture de l’usine la direction du Figaro dénonce le contrat d’impression du TV-Magazine en septembre 2018 en espérant une sortie dans le courant 2020.

Comme dans de nombreux secteurs d’activités, les éditeurs larmoient sur la fermeture des entreprises, se désolent de la désertification de l’industrie en France alors qu’ils sont les principaux responsables de cette situation en mettant en permanence la pression sur les tarifs jugés toujours trop chers ou pas assez compétitifs au regard des prix pratiqués à l’étranger. Indépendamment des économie que compte faire la direction du Figaro sur le dos des salariés, cette stratégie s’inscrit dans la droite ligne de la politique gouvernementale qui pour imposer la destruction du modèle social français, a besoin d’en finir avec les syndicats réfractaires aux logiques ultra-libérales et aux salariés qui, au travers des SCOP, pourraient démontrer qu’une alternative économique qui place la redistribution des bénéfices au service de l’investissement et des emplois ,est possible.

 

Les salariés d’Hélio-Corbeil n’ont pas décidé de se laisser faire.

Les salariés d’Hélio- Corbeil -appellent :

  • la population de Corbeil Essonne à soutenir le projet du maintien d’une activité graphique dans .l eur commune et préserver la centaine d’emplois qui en dépend;
  • le Conseil régional qui, après avoir soutenu entièrement la reprise d’Hélio-Corbeil, ne pourrait se satisfaire de l’arrêt d’une entreprise alors que des solutions réelles existent ;
  • les élus de la municipalité, dont le maire est l’un des dirigeant du groupe Figaro,doivent intervenir pour exiger le maintien du TV magazine dans une entreprise qui participe à l’économie locale;
  • l’ensemble des salariés de la profession à se mobiliser pour la défense de l’industrie Héliogravure en en Ile-de-France.

 

Paris, le 16 octobre 2018

 

 

 

 

 

 

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