La FSM ou…le syndicalisme hydroponique

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L’article ci-dessous (traduit de l’anglais)  traite de la Fédération syndicale mondiale (FSM), hégémonique dans le monde après la seconde guerre mondiale, que la CGT a quittée après 1995, et qui se présente aujourd’hui comme alternative à la Confédération syndicale internationale (CSI) mise en place en 2006. Il a été écrit il y a quelques années par Dan Gallin, président du Global Labour Institute (GLI), ou Institut mondial du travail. Il est aussi l’ancien secrétaire général de l’Union internationale des travailleurs de l’alimentation (UITA). Le GLI organise avec l’association REACT des stages syndicaux en France avec des syndicalistes CGT, FSU, Solidaires (voir un compte rendu ici : https://wp.me/p6Uf5o-1Na).

 

Global_Labour_Institute_LogoCi-dessous au centre, avec Bernard Thibault et Annick Coupé, Dan Gallin lors d’un stage.

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La FSM ou le …stalinisme hydroponique

 

Par Dan Gallin, Institut mondial du travail

 

 

« Qu’est-ce que la culture hydroponique ?  C’est une méthode de culture de plantes utilisant des solutions nutritives minérales circulant dans l’eau, et hors- sol. Lorsque les nutriments minéraux nécessaires sont introduits artificiellement dans l’approvisionnement en eau d’une plante, le sol n’est plus nécessaire pour que la plante se développe » (Dan Gallin). (NdT : Telle est l’image proposée par Dan Gallin pour montrer ce qu’est la Fédération syndicale mondiale (FSM), suspendue au-dessus du « sol » du salariat, soubassement du syndicalisme).

 

Après un long laps de temps, la Fédération syndicale mondiale (FSM) est de nouveau dans l’actualité. Des observateurs expérimentés se demandent s’il ne s’agit pas d’une « seconde naissance » (1) : c’est certainement le cas en Afrique du Sud, où quatre syndicats affiliés à la principale confédération, le Congrès des syndicats sud-africains (COSATU), affilié à la Confédération syndicale internationale (CSI, fondée en 2006), se sont affiliés à la FSM et pressent le Congrès lui-même de suivre cet exemple (2). Une grande partie de la discussion est en effet cadrée autour d’une éventuelle unité surmontant la dernière division majeure du mouvement syndical international.

Le Conseil présidentiel (le plus petit organe directeur) de la FSM s’est réuni à Johannesburg en février 2012 à l’invitation de quatre syndicats membres du COSATU qui sont affiliés à la FSM. Il a été introduit par le président du COSATU, Sdumo Dlamini, qui a déclaré au Conseil que « nous (COSATU) allons entrer dans une discussion sur le type de relation que nous devons avoir avec la FSM et voir comment une telle relation peut faire avancer notre engagement à réaliser l’unité entre la FSM et la CSI » (3).

 

Pour l’unité syndicale mondiale ?

 

Le 11e Congrès national du COSATU en septembre 2012 a été salué à la fois par Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI (4), et par le secrétaire général de la FSM George Mavrikos (5). Face à un fort soutien dans le COSATU pour une affiliation avec la FSM, et en présence de son général secrétaire, Sharan Burrow a adopté une note conciliante. Elle a évoqué « les travailleurs de Chine et du Vietnam avec lesquels nous avons un engagement étroit » et Cuba « où je travaille pour renforcer notre engagement », masquant le fait que la CSI n’a aucun « engagement étroit » avec les travailleurs de ces trois pays, mais recherche en réalité un tel engagement avec leurs organisations syndicales contrôlées par l’État. Ils font partie des rares structures héritées du modèle soviétique, qu’aucun affilié de la CSI, et y compris le COSATU, n’accepterait dans son propre pays.

Concernant la FSM, elle a expliqué que, bien que déplorant la « désinformation et les critiques erronées » contre la CSI, ni elle, ni « aucun membre de son équipe », ne critiqueraient jamais la FSM, parce qu’ils croyaient en la liberté d’association et que l’unité était préférable, le pluralisme pouvait légitimement émerger de ce droit fondamental des travailleurs. « La dernière chose dont les travailleurs ont besoin, c’est la lutte entre les syndicats », a-t-elle déclaré, ajoutant : « Georges, ma porte est toujours ouverte au dialogue et j’espère qu’il y aura un moment où nous pourrons unir tous les travailleurs du monde ».

  1. Burrow poursuit en disant « nous avons une différence fondamentale». Qu’elle est-elle ? « Ce n’est ni le communisme ni le socialisme », car elle se considère comme « une femme fière d’être de gauche ». La « différence fondamentale » est l’attitude à l’égard des révolutions populaires arabes, en particulier en Syrie, où la FSM (comme la Russie et la Chine) soutient l’organisation du travail contrôlée par l’État (un peu comme celles de la Chine, du Vietnam et de Cuba) dans une guerre civile sanglante. S. Burrow « espère qu’il y aura un temps au-delà du club des dictateurs où nous pourrons nous battre ensemble». Et « franchement, le dialogue ne fait jamais de mal ».

S’agit-il ici d’une discussion entre des représentants de tendances différentes, mais tout aussi légitimes, du mouvement ouvrier international ? La « réalisation historique » de la fusion entre la Confédération internationale des syndicats libres (CISL) et la Confédération mondiale du travail (CMT, d’obédience chrétienne) (NdT : en 2006, pour donner la CSI) a été présentée comme « surmontant les divisions de la guerre froide ». En fait, elle n’avait rien de tel, puisque la CISL et la CMT étaient à peu près du même côté de la guerre froide et la FSM, de l’autre côté. Sommes-nous sur le point d’aller maintenant vers une autre « réalisation historique »? Ou, comme Bongani Masuku, secrétaire international du COSATU, l’a dit, convergent ainsi avec S. Burrow : « vers un mouvement syndical mondial unifié qui unirait les différents courants du mouvement syndical en une puissante vague » (6)?

Ce qui a manqué dans cette discussion, c’est la conscience que l’on a affaire ici à des organisations très différentes. La CSI est la dernière forme d’organisation du mouvement ouvrier historique né aux XIXe et XXe siècles, de racines marxistes, syndicalistes et catholiques, difficilement reconnaissables aujourd’hui mais néanmoins réelles. Ses politiques actuelles, telles qu’elles sont, sont « pathétiques » sur certains points cruciaux et devraient être remises en question. Mais cela ne change rien au fait que sa légitimité découle de l’histoire de l’auto-organisation de la classe ouvrière, sur tous les continents, s’étalant sur 150 ans.

 

Origines de la FSM

 

L’origine de la FSM est très différente. Dans sa première forme (1945), il s’agissait d’une construction artificielle basée sur les exigences de l’alliance de guerre des puissances alliées et de l’URSS. Aucun des problèmes qui avaient provoqué la scission précédente (1921) entre la Fédération internationale des syndicats (FSI-socialiste) et l’Internationale syndicale rouge  (ISR- communiste) n’a été résolu. Ceux-ci soulevaient des questions telles que savoir par exemple si la « démocratie bourgeoise » était préférable à l’absence de démocratie du tout, ou si les syndicats devaient rendre des comptes à leurs membres ou à un État ;  et si cet État représentait une forme de socialisme ou une nouvelle classe exerçant un contrôle total sur la société, y compris la classe ouvrière, au moyen de la terreur (comme Karl Kautsky le soutenait déjà en 1929) (7).

Au cours des quatre premières années de la FSM (1948-49), les syndicats socialistes et communistes avaient été enfermés dans une lutte pour le contrôle de l’organisation, une lutte que les syndicats socialistes (ou d’autres non communistes) ont perdue, étant donné les ressources massives de l’État soviétique et le soutien majoritaire automatique de ses syndicats contrôlés par l’État.

Le début de la guerre froide signifiait simplement que l’accord politique de l’alliance antifasciste du temps de guerre, qui maintenait ensemble des organisations aux opinions, cultures et pratiques politiques fondamentalement opposées, s’était dissous, et que la scission qui remontait à trente ans dans les années 1920 n’était plus mise de côté.

Dans sa deuxième forme (après 1949, lorsque les syndicats non communistes avaient fait scission pour fonder la CISL), la FSM restait sous le contrôle total de l’URSS. Sa véritable fonction est devenue apparente après la scission, lorsqu’elle est devenue l’une des nombreuses organisations internationales sous contrôle de l’URSS, qui constituaient les gardes du corps politiques de la politique étrangère soviétique dans la société civile (par les syndicats, mais aussi les jeunes, les étudiants, les femmes, le mouvement pacifiste, les avocats, les universitaires et scientifiques, etc.). Si la FSM avait été autre chose, les organisations syndicales yougoslaves et chinoises ne l’auraient pas quitté lorsque leurs gouvernements ont déclaré leur indépendance vis-à-vis du gouvernement de l’URSS. À ce moment-là, la grande majorité des membres de la FSM était constituée par les organisations syndicales contrôlées par l’URSS et les autres pays du bloc soviétique.

 

Finalement, cela nous amène à la question fondamentale : la nature de classe de l’URSS. Pourquoi « fondamentale » ? Parce que toutes les structures syndicales internationales parrainées par l’URSS, de l’Internationale syndicale rouge (ISR) des années 1920 à la FSM, étaient étroitement contrôlées par l’État-Parti et reflétaient toujours ses priorités. L’Internationale rouge des syndicats (RILU-ISR ou Profintern), fondée en 1921 dans une période de recrudescence révolutionnaire, était censée être une alliance de syndicalistes communistes et révolutionnaires. Un an plus tard, des syndicalistes sont partis fonder leur propre Internationale à Berlin (NdT : Association Internationale des travailleurs-AIT- d’obédience syndicaliste révolutionnaire ou anarchiste), après avoir assisté à l’écrasement militaire de la garnison rebelle de Cronstadt et à la répression contre les anarchistes et les syndicalistes en URSS. Ils se rendirent compte que leur rôle au sein du Profintern ne pouvait être que subordonné au Parti-État russe et qu’aucune alliance n’était possible à ces conditions (8).

Par la suite, le Profintern suivit fidèlement tous les tournants de la politique soviétique, de la confrontation révolutionnaire en 1920/21 au « Front uni par le bas » de 1922/23, suivi du tournant ultra-sectaire désastreux de 1929 où la social-démocratie (dite « social fasciste » ) fut déclarée ennemi principal, suivie à partir de 1934, de la politique du Front populaire qui exigeait une alliance… avec la social-démocratie. A partir de 1936, le Profintern, devenu un embarras pour la direction soviétique, fut liquidé par les décisions successives du Comité exécutif du Komintern (NdT : Internationale communiste-IC) et le 27 décembre 1937, il fut finalement dissous. Aucune de ces décisions politiques, y compris sa dissolution définitive, n’avait de fondement dans ses statuts et aucune n’a été prise par ses propres organes directeurs, mais par un organe externe (l’IC), lui-même contrôlé par la direction soviétique. Un black-out public sur l’ensemble du processus a servi à dissimuler cette réalité, à tel point que le journal de l’IWW (NdT : Industrial workers off the word-IWW- syndicat fondé aux USA en 1905) a écrit en mai 1938 sur « l’Internationale perdue », qui « semble avoir disparu sans laisser de trace » (9).

Une fois le Profintern écarté, les syndicats de l’URSS contrôlés par l’État rouvrent des discussions avec la Fédération internationale des syndicats (FSI) sur leur affiliation, une question qui avait été soulevée dans divers contextes depuis les années 1920. Ces discussions ont été interrompues par la guerre, mais ont été suivies et concrétisées par la création de la FSM en 1945 et la dissolution de la FSI.

 

 

En 1928, la stalinisation de l’URSS était bien engagée. À la fin des années 1930, le processus était terminé, après le meurtre de centaines de milliers de communistes, socialistes et anarchistes, et la destruction de ce qui restait du parti bolchevique.

Quelle que soit la société issue de ce processus, elle n’était en rien « socialiste » par aucune définition reconnaissable autre que les propres affirmations des staliniens, et elle ne représentait en aucune façon la classe ouvrière. En URSS, une société de classes d’un type nouveau s’était établie au moyen de la terreur policière ; et par l’occupation militaire en Europe de l’Est après 1945. Elle durera jusqu’à sa désintégration et son effondrement à la fin des années 1980, sans que la classe ouvrière qu’elle prétendait représenter ne fasse le moindre geste pour sa défense, au contraire.

Que représente la FSM ?

 

La question se pose alors : étant donné le contrôle total du Parti-Etat sur le Profintern dans la décennie avant-guerre, et la main-mise stalinienne sur la FSM après 1949, quels intérêts de classe ces organisations ont-elles servi? Lorsque l’URSS a parrainé la FSM, l’a-t-elle fait dans l’intérêt de la classe ouvrière mondiale ou dans l’intérêt de sa classe dirigeante bureaucratique?

Contrairement à ce que semble croire en 2012 S. Burrow (CSI), la différence fondamentale entre elle et G. Mavrikos (FSM), lorsqu’elle se déclare être une « femme fière d’être de gauche » et cherchant un terrain d’entente, elle désigne une ligne qui sépare la « gauche » du socialisme démocratique et de tous les autres mouvements ouvriers indépendants, de la « gauche » de leurs assassins. Cette ligne a été tracée dans le sang.

Mais attention : si le stalinisme était l’expression politique de la classe dirigeante bureaucratique de l’URSS, et que l’URSS n’existe plus, et sa classe dirigeante non plus, comment la FSM peut-elle exprimer les intérêts d’une classe dirigeante inexistante ?

La réponse est que le stalinisme n’est pas simplement l’idéologie de la classe dirigeante disparue (ou recyclée) de l’URSS, c’est aussi l’idéologie de ces éléments du mouvement ouvrier, et au-delà, qui aspirent à devenir ce type de classe dirigeante dans leur propre pays. Historiquement dans les pays capitalistes industrialisés, mais maintenant surtout dans les pays coloniaux et semi-coloniaux, dans une terminologie plus tardive appelés le « tiers-monde », et encore plus tardivement, le « sud ».

La FSM est aujourd’hui la principale organisation internationale à travers laquelle le stalinisme

survit en tant qu’idéologie. Cela est dû à plusieurs facteurs, en premier lieu par sa composition. Bien qu’elle ait perdu une grande partie de ses membres traditionnels lorsque la plupart des organisations contrôlées par l’État du bloc soviétique se sont effondrées ou se sont transformées en syndicats affiliés à la CSI, elle conserve toujours une adhésion substantielle dans les autres États du bloc stalinien : Vietnam, Corée du Nord, Cuba. La Chine, qui n’est pas membre de la FSM, occupe néanmoins une place importante. Bien que le Parti-État chinois ait embrassé le capitalisme, la Fédération panchinoise des syndicats (ACFTU) reste l’instrument par lequel elle cherche à maintenir le contrôle sur la classe ouvrière. La FSM courtise activement l’ACFTU, mais les luttes croissantes des travailleurs chinois et leur conscience de classe croissante remettent en question son rôle. D’ici peu, l’ACFTU devra peut-être changer, et il est peu probable qu’à ce stade, l’État-Parti chinois soit prêt à investir sa crédibilité dans une organisation telle que la FSM.

La FSM a une autre source de soutien dans les loyautés politiques résiduelles de ses affiliés dans le « sud » mondial. Il s’agit essentiellement de deux centrales syndicales indiennes (All India Trade Union Congress [AITUC] et Center of Indian Trade Unions [CITU]), la Confederación General de Trabajadores del Peru (CGTP), la Central Obrera Boliviana (COB) et, partiellement, la COSATU.

Ce que toutes ces affiliations ont en commun, à part une longue histoire communiste, c’est qu’elles sont géographiquement et culturellement éloignées à une distance de sécurité (environ 7000 miles en moyenne) du bloc soviétique, généralement ignorantes ou indifférentes de ce qui est arrivé aux travailleurs en soixante-dix ans en URSS et en quarante ans de stalinisme en Europe centrale et orientale.

Dans le cas de l’Afrique du Sud, il y a le facteur supplémentaire d’isolement à travers quarante ans de censure par le régime d’apartheid, qui a supprimé l’entrée de tout matériel de gauche (c’était avant Internet), et la censure supplémentaire du SACP (Parti communiste Sud- Africain), qui a pu imposer une hégémonie idéologique quasi totale sur la gauche, sauf au Cap occidental.

Leur éloignement physique, intellectuel et culturel du stalinisme réellement existant obscurcit leur jugement. Ils peuvent facilement s’identifier à Porfirio Diaz, qui a dirigé le Mexique pendant trente-cinq ans à la fin du 19e et au début du 20e siècle, et qui a soupiré : « Si loin de Dieu et si près des États-Unis ». Mais ils sont incapables d’imaginer ce que les souffrances des habitants, par exemple de la Finlande, de l’Estonie, de la Pologne ou de la Roumanie ont pu être, sans parler de la Géorgie ou de l’Ukraine, ou de la Russie elle-même. Leurs principales préoccupations sont, pour les Latino-américains, l’anti-impérialisme contre les yanqui et pour les Sud-Africains, l’anti-apartheid. Les Indous ont probablement un engagement fort avec le stalinisme, mais sans rapport avec les problèmes locaux ou régionaux, ou d’autres aspects de la réalité.

 

Une FSM réinventée ?

 

Il n’était pas difficile pour la FSM de soutenir l’anti-yanquisme ou l’anti-apartheid. Il existe des tonnes de résolutions, de déclarations et de réunions sur ces questions. Afin de créer la légende du leadership de la FSM, la réalité elle-même devait être masquée.

Par exemple, sur l’anti-impérialisme contre les USA : la menace réelle que les opérations de la CIA représentaient pour le mouvement ouvrier en Amérique latine dans les années 1950 et 1960 a été révélée et finalement vaincue plutôt par les trotskystes et les radicaux indépendants, sans que la FSM ou d’autres organisations communistes ne participent. Et sur la lutte anti-apartheid, le gros du travail a été fait par les syndicats sociaux-démocrates des pays nordiques et la Fédération syndicale néerlandaise FNV, entre autre, contrairement à la FSM qui n’a guère contribué au-delà des déclarations.

Mais tout cela concerne le passé : la FSM ne s’est-elle pas réinventée ? N’est-ce pas maintenant une organisation indépendante, démocratique, radicale et anticapitaliste ?

Dans son discours au congrès COSATU de 2012, G. Mavrikos a décrit la FSM comme une organisation « ouverte à tous, car elle a toujours été démocratique, moderne, orientée vers la classe, pour unir tous les travailleurs sur des objectifs communs » (10). Dans une brochure publiée en 2011, la FSM se décrit comme un « mouvement syndical de classe » qui « lutte contre le capitalisme et l’impérialisme pour une société sans exploitation de l’homme par l’homme » (11). Elle revendique 80 millions de membres dans 120 pays, ce qui est impossible à vérifier car elle ne publie pas de liste de ses affiliés et ne répond pas aux demandes de renseignements sur ses membres, ni bien sûr sur sa structure financière (12).

Le dépliant énumère ensuite les « principes de base » qui incluent « le fonctionnement démocratique, les élections pour tous les organes à tous les niveaux », pour défendre « le droit de chaque peuple et de chaque classe ouvrière à décider eux-mêmes de leur présent et de leur avenir », la coordination internationale des solidarité de la classe ouvrière au sein des sociétés transnationales, la lutte contre le « carriérisme, l’élitisme, la bureaucratie » et la corruption. Mieux encore : en tant qu’organisation syndicale de classe, la FSM « renforce la critique, l’autocritique et l’émulation de camaraderie parmi les dirigeants et les membres ». Non seulement cela : « elle lutte pour les libertés syndicales et démocratiques » et elle est contre « la violence d’État, l’autoritarisme et la persécution des syndicalistes ».

Ce sont des déclarations remarquables, dans la mesure où la plupart traitent… des échecs spécifiques de la FSM dans le passé. Existe-t-il une « nouvelle » FSM qui, grâce à son autocritique, a appris quelque chose des échecs de ses malheureux prédécesseurs ?

Ce qui est vrai, c’est que la FSM, lors de son 15e Congrès tenu à La Havane en 2005, a introduit des changements significatifs : elle a élu un nouveau secrétaire général (George Mavrikos) et en janvier 2006 a déplacé son secrétariat à Athènes, depuis Prague, où elle était inactive depuis une quinzaine d’années, avec une grande partie de l’activité menée depuis La Havane.

Mavrikos est un chef du PAME, la fraction stalinienne de la Confédération grecque du travail (GSEE). Cela indique déjà les limites d’un éventuel « renouvellement ». Le PAME est contrôlé par le Parti communiste grec (KKE), qui est, de tous les partis communistes européens, le parti stalinien le moins reconfiguré. En raison de son sectarisme, il a été puni par l’électorat de gauche grec aux élections de juin de l’année 2012, recueillant 4,5%, loin derrière Syriza, le parti dominant de la gauche, avec 26,9%, et même derrière le PASOK social-démocrate largement discrédité (12,3%) (…).

Sans surprise, la prétention d’être « ouvert à tous » est annulée par la pratique de l’organisation. La tentative de réinventer la FSM en tant qu’organisation démocratique révolutionnaire, avec une capacité à attirer des syndicats radicaux en dehors de la sphère traditionnelle d’influence stalinienne (13) n’est pas allée très loin. Sa principale recrue a jusqu’à présent été le Langile Abertzaleen Batzordeak (LAB), une confédération syndicale basque nationaliste radicale, qui a recueilli 17,1% des élus des comités d’entreprise au Pays basque en 2008, contre 40,3% pour ELA / STV, la principale fédération syndicale nationaliste, et 20,1% pour les Comisiones Obreras (CC.OO) et 13,1% pour l’UGT.  Jesús Maria Gete Olarra de LAB a été désigné secrétaire général du Syndicat international des métaux et des mines de la FSM lors de son congrès de refondation en 2008, qui s’est tenu à Saint-Sébastien.

Il n’existe pas non plus de preuves d’un effort visant à « unir tous les travailleurs autour d’objectifs communs » en direction de  la CSI ou ses affiliés. S’exprimant à plusieurs reprises ces dernières années, Mavrikos et d’autres représentants de la FSM ont été constamment et agressivement polémiques, attaquant principalement les affiliés européens et nord-américains de la CSI, mais aussi les « opportunistes » partout ailleurs.

Lors de la Conférence politique internationale du COSATU en mai 2012, son secrétaire général, Zwelinzima Vavi a émis une mise en garde au sujet de l’affiliation internationale (14) du syndicat. Citant Lénine de « La maladie infantile du communisme », où celui-ci affirme la nécessité pour les révolutionnaires de travailler même dans les « syndicats réactionnaires » parce qu’il faut « absolument travailler là où se trouvent les masses », Z. Vavi a averti : « Ce serait une erreur fatale de quitter les rangs de la majorité des travailleurs et de s’isoler uniquement sur la base de fondements idéologiques partagés et histoire commune ».

Il a ensuite ajouté: « Nous devons mettre en garde contre les dangers des courroies de transmission [sic], la ligne doit être tracée afin d’éviter une répétition de l’expérience soviétique, où les syndicats n’étaient que des courroies de transmission de leur soi-disant révolutionnaire des soirées ».Et enfin: « Nous travaillons avec des syndicats militants, pas des syndicats jaunes. Ce n’est que par des luttes militantes que la classe ouvrière peut se libérer de toutes les formes d’oppression et d’exploitation. Nous ne pensons pas que les déclarations de presse ou le lobbying dans les conseils d’administration doivent remplacer l’action militante sur le terrain, car cela substitue les travailleurs dans le rôle principal dans le théâtre de la lutte, et à devenir des suiveurs passifs de leurs dirigeants, quelle que soit la direction poursuivie et les intérêts avancés ».

  1. Mavrikos a répondu quelques mois plus tard, dans son discours au 11e congrès du COSATU, en septembre 2012 (15). Après avoir invité le COSATU à suivre ses quatre syndicats affiliés dans la FSM pour « retrouver son chemin », il s’est lancé à l’attaque. Dénonçant d’abord la classe capitaliste « avec ses agents dans la social-démocratie et dans les syndicats » qui a « réussi à diviser les ouvriers, à imposer des directions réformistes, à imposer une ligne opportuniste et un compromis avec l’ennemi de classe et ses gouvernements », Mavrikos a expliqué assez longuement ce que les travailleurs en Europe et aux États-Unis pensent de leurs syndicats. Ainsi il dit : « le niveau de pourriture de certains syndicats en Europe et aux États-Unis est tel que les travailleurs ne voient aucune différence entre les syndicats et les entreprises de conseil juridique ».

Soulignant l’importance de la coordination internationale des luttes, G. Mavrikos a posé à ce sujet une question rhétorique et y a répondu : « Est-ce que ces trafiquants, les dirigeants syndicaux européens, les agents de la bourgeoisie dans le mouvement syndical, les serviteurs corrompus des ministères peuvent assumer des tâches aussi lourdes ? En aucune façon ! ».

Mavrikos ne pouvait pas conclure son discours sans expliquer ce que voulait vraiment dire Lénine selon lui : « Il y a des camarades qui utilisent Lénine pour cacher leurs véritables buts. Ils déforment et utilisent certaines parties de son écriture et cachent le reste. Il y a un argument basé sur ce que Lénine a écrit dans 1920 dans l’article connu sur le gauchisme et les syndicats. Leur argument est que les communistes doivent lutter au sein des syndicats réactionnaires ». Ils ont bien sûr tort, dit Mavrikos, parce que le contexte est différent : c’est une « erreur dogmatique » selon lui. Deuxièmement, Lénine a également déclaré que les masses devaient être guidées vers la révolution et que les « syndicats réactionnaires » n’ont rien à voir avec la révolution. Troisièmement et surtout, « c’est Lénine lui-même [qui] a invité les syndicats du monde entier à abandonner l’organisation internationale jaune de l’époque, l’Internationale d’Amsterdam et à rejoindre en masse l’Internationale des syndicats rouges (RILU) ».  Et Lénine lui-même « a joué un rôle pionnier dans sa fondation ».

Au fond, Mavrikos fait deux choses : il remet en question l’intégrité du secrétaire général du COSATU, en suggérant qu’il « cache ses véritables objectifs ». Deuxièmement, il positionne la FSM comme une alternative à la CSI, non dans une perspective de coopération, encore moins d’unité, mais dans une perspective de destruction (avec le modèle de Lénine et du Profintern).

En novembre 2012, Mavrikos était à Copenhague et s’adressait à un petit groupe de syndicalistes danois. Le thème portait sur « les théories sur l’indépendance et la neutralité »des syndicats » (16). Dans ce discours, Mavrikos réserve principalement son venin aux anciens affiliés de la FSM partis rejoindre la CSI : « La dégénérescence des directions syndicales, comme celle de la CGT France ou de la CGIL Italie, autrefois orientées et enracinées dans les usines et les lieux de travail, est le résultat d’un tel retrait des leçons historiques de la lutte des classes ». L’« expérience historique » que Mavrikos évoque ici est entièrement imaginaire et n’a aucun rapport avec ce qui s’est réellement passé. La CGT et la CGIL sont bien sûr toujours « enracinées dans les usines et les lieux de travail », ce qui est l’une des raisons pour lesquelles elles ont quitté la FSM.

Puis Mavrikos dénonce la CSI et ses affiliés pour leur soutien à la guerre contre le régime de Khadafi en Libye : « La direction de la CSI, les directions syndicales de la CGT France, de la CGIL Italie et d’autres comme les syndicats des Pays-Bas, de Suède, ont soutenu la guerre impérialiste. Pourquoi ? Leur objectif principal était que la bourgeoisie de leur propre pays gagne une plus grande part du pillage du pétrole, du gaz naturel et d’autres ressources productrices de richesse de la Libye ».

Le point principal du discours, cependant, est la question de savoir si une union « axée sur la classe ouvrière » peut être neutre (ou équidistante) entre la FSM et la CSI. Selon Mavrikos, ce n’est pas possible, car « les actions de la CSI et de ses organisations de base au niveau national prouvent qu’elles n’ont rien à voir avec la véritable défense des intérêts de la classe ouvrière, même les intérêts défensifs immédiats, sans parler des ceux à long terme. Ainsi, aucun syndicat de classe qui respecte son rôle et sa mission, aucun véritable syndicaliste qui veut rester dans sa classe, ne peut être pris dans un dilemme aussi frauduleux ». Par conséquent, toute forme d’unité ou de fusion est également impossible : « La même erreur est commise par certains camarades qui proposent l’unification de la FSM et de la CSI. C’est comme si quelqu’un proposait l’unification d’un parti communiste révolutionnaire avec un parti social-démocrate, voire avec un parti d’extrême droite. Comme si quelqu’un essayait d’unir l’huile et l’eau ».

Donc « les travailleurs doivent se rendre compte que la FSM et la CSI ont deux racines historiques différentes, deux stratégies différentes, des objectifs différents, des idéologies et des bases théoriques différentes. Il est impossible d’unir ces deux lignes distinctes, celle qui promeut la lutte contre le capital et l’impérialisme et celle qui conduit à la subordination aux objectifs du capital et de l’impérialisme ».

 

Ici, nous sommes entièrement d’accord avec G. Mavrikos, bien que pour des raisons opposées !  Nous pensons également qu’il est impossible « d’unir ces deux lignes distinctes », car la FSM représente un théâtre politique inefficace et ne représentera jamais rien d’autre. Alors que la CSI est là où se trouve l’essentiel de la classe ouvrière organisée mondiale, et donc elle représente un potentiel de résistance de classe. Si jamais celle-ci se réveille, ce qui est une autre histoire, mais en attendant, ne mélangeons pas en effet l’huile avec de l’eau.

Bien entendu, certains « bureaucrates » risquent de perdre la tête et d’aller de l’avant vers l’unité. Qu’ils soient avertis : tout mouvement vers l’unité provoquerait immédiatement une autre scission, dit Mavrakos : « …si à un moment donné, certaines directions bureaucratiques allaient vers un tel processus de fusion artificielle, il est certain que le processus d’une nouvelle organisation internationale de classe commencerait dès l’instant suivant, car son existence est une nécessité objective ». Nous avons ici une nouvelle version du stalinisme de la troisième période, menée par des gens détachés de la réalité : vous leur montrez une impasse, et ils s’y précipiteront.

 

Nord et Sud

 

La FSM a pu gagner du terrain, en particulier en Afrique du Sud, en se présentant comme une Internationale du « Sud » par opposition à la CSI dominée par les syndicats du « Nord ». En réalité, la mondialisation et la déréglementation ont brouillé cette distinction : de grandes parties des relations sociales et des processus de travail typiques du « Sud » se trouvent désormais aussi dans le « Nord », et inversement. De plus, une grande majorité des syndicats du « Sud » font désormais partie de la CSI. Alors ce qui maintient la FSM, ce n’est rien de plus qu’une histoire communiste commune et un engagement envers le stalinisme dans sa forme la plus primitive.

En réalité, la CSI elle-même a grandement aidé la FSM à rehausser son image en laissant un énorme espace politique vide à sa gauche. La fusion entre la CISL et la CMT a été acquise en effaçant les derniers vestiges de la politique social-démocrate qui avaient survécu à la CISL. Il ne reste pas grand-chose non plus de ce qui était à une époque des éléments progressistes de l’idéologie de la CMT, laissant donc subsister une culture de centralisme bureaucratique et de politique descendante s’intègrant parfaitement aux tendances similaires de la CISL. Le résultat est que la CSI est aujourd’hui à la dérive dans une bulle bureaucratique, sans aucune politique reconnaissable.

La dépolitisation de la principale organisation syndicale internationale a privé les travailleurs du monde d’un récit universel et commun sur la société : ce qu’elle est et comment la changer, à savoir le récit socialiste et démocratique qui existait encore avant la 2ème guerre mondiale, et qui ne survit aujourd’hui que dans certaines fédérations syndicales professionnelles internationales, et bien sûr dans de nombreux syndicats au niveau national.

Parce que le mouvement syndical international est désormais véritablement mondial et couvre un éventail beaucoup plus large de sociétés et de cultures qu’à tout autre moment de son histoire, la perte d’un récit universel et commun est un problème critique : elle affaiblit la conscience de classe internationale et abandonne la conscience politique à des perceptions très différentes de la société, façonnées par les réalités locales ou régionales. Le mouvement ouvrier actuel ressemble beaucoup trop aux aveugles de la parabole essayant de découvrir à quoi ressemble un éléphant et proposant des réponses incompatibles.

Au niveau des confédérations internationales, on se retrouve désormais avec un mouton en tenue de mouton, et avec une petite hyène en tenue de loup, trop grande pour sa taille. Il n’est pas sûr à ce stade que cette forme d’organisation syndicale internationale soit nécessairement la plus utile et la plus efficace (17). Des travailleurs du monde entier, dont la plupart n’ont jamais entendu parler de la CSI ou de la FSM, et qui s’en moquent, s’organisent et se battent, créant dans de nombreux cas leur propres réseaux et coordination internationale. Les travailleurs s’organiseront et se battront parce que c’est ce que font les travailleurs, et ils tracent la route en marchant vers un nouveau mouvement syndical.

Dan Gallin

 

REMARQUES

 

  1. Waterman, P. (2012) « La seconde venue de la Fédération syndicale mondiale : en train de s’abattre vers Bethléem »? Disponible sur : http://www.unionbook.org/profiles/blogs/peter- waterman-the-second-coming-of-the-wftu-updated. (Consulté le 16 janvier 2013).

 

  1. Mabuza, K. « Affiliates Put COSATU Under Pressure », Sowetan, 10 février 2012. Disponible sur: http://www.sowetanlive.co.za/news/2012/02/10/affiliates-put-cosatu-under -pression. (Consulté le 16 janvier 2013).

 

  1. Discours prononcé par le président du COSATU, le camarade Sdumo Dlamini au sixième conseil présidentiel de la Fédération syndicale mondiale (FSM), NUMSA Media Releases, 9 février 2012.

 

  1. Discours de Sharan Burrow, Secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale, au 11e Congrès national du COSATU, 18 septembre 2012. Disponible sur : http://www.cosatu.org.za/show.php?ID=6526. (Consulté le 16 janvier 2013).

 

  1. Discours de George Mavrikos, « Il est temps que le COSATU rentre à la maison », 11e Congrès national du COSATU, 19 septembre 2012. Disponible sur: http://www.cosatu.org.za/docs/sp/2012/sp0918. pdf. (Consulté le 16 janvier 2013).

 

  1. Masuku, B. (2012) « CSI et OIT : Espaces de changement réel ou illusions d’un rêve définitivement différé », in: COSATU, The Shopsteward (août / septembre 2010). Disponible à: http://www.cosatu.org.za/docs/shopsteward/2010/sept.pdf. (Consulté le 16 janvier 2013).

 

  1. Kautsky, K. (1929) « Nochmals die Gemeinsamkeit des sozialdemokratischen und des kommunistischen Endziels, Tribüne (Prag) », vol. I, Nr. 11, März 1929. Cité dans: Salvadori, M. (1990) Karl Kautsky and the Socialist Revolution 1880-1938. Verso.

 

  1. Tosstorff, R. (2004) Profintern – Die Rote Gewerkschaftsinternationale 1920-1937. Ferdinand Schöningh, Paderborn.

 

  1. Wagner, J. (1938) « The Lost International », dans One Big Union Monthly, Nr. 5, mai 1938. Cité dans Tosstorff, R. (2004) Profintern – Die Rote Gewerkschaftsinternationale, p. 704, note 33. Paderborn: Ferdinand Schöningh.

 

  1. Discours de George Mavrikos, 11e Congrès du COSATU : Discours du GS de la FSM, site Web de la FSM: Afrique du Sud, 18 septembre 2012. Disponible sur : http://www.wftucentral.org/?p=5608&language=en. (Consulté le 16 janvier 2013).

 

  1. Disponible sur : http://www.wftucentral.org/wp-content/2011_12_what-is-the-wftu.pdf. (Consulté le 16 janvier 2013).

 

  1. Voir New Unionism : http://newunionism.wordpress.com/201103/22/wftu. (Consulté le 16 janvier 2013).

 

  1. Comme l’espère une tendance représentée, entre autres, par Jean-Pierre Page, ancien membre de la direction internationale de la CGT française, désormais opposé à la direction de la CGT. Voir l’interview de Charles Hoareau dans Rouge Midi, 4 mars 2006. Disponible sur : http://www.rougemidi.org/spip.php?article421. (Consulté le 16 janvier 2013).

 

  1. Discours d’ouverture du Secrétaire général du COSATU, Zwelinzima Vavi à la Conférence internationale sur la politique du COSATU. Disponible à : http://www.cosatu.org.za/show.php?ID=6134. (Consulté le 16 janvier 2013).

 

  1. Comme dans la note 10.

 

  1. Discours de George Mavrikos, Secrétaire général de la FSM, à Copenhague, Danemark, 15 novembre 2012. Disponible sur : http://www.wftucentral.org/?p=5707&language=en. (Consulté le 16 janvier 2013).

 

  1. « La CSI et la FSM rappellent les deux dinosaures politico-économiques de l’ancienne guerre froide, dont les manifestants antinucléaires des années 60 disaient :« Trop d’armure, trop peu de cervelle. Maintenant, ils sont éteints ». Bien que ces deux principaux organes syndicaux soient clairement loin d’être éteints, nous ne pouvons en attendre guère plus de leur part qu’ils continueront de s’abaisser vers une Bethléem qui reste largement hors de propos et éloignée de la majorité des syndiqués et des autres travailleurs du monde entier» (Peter Waterman, « Le second avènement de la Fédération syndicale mondiale : Slouching Towards Bethlehem », voir note 1).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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