Laurent Berger écrit aux adhérent-es CFDT

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Dans cette « lettre aux adhérent-es » publiée dans CFDT Magazine de juin 2020, le secrétaire général de la CFDT fait le point sur la crise sanitaire et les « avancées » obtenues par la CFDT. Il rappelle la démarche CFDT sur la « construction du compromis« , défend la nécessité des salaires (et non de primes), de « réinventer » la protection sociale. Il nous apprend que la CFDT comprend maintenant 625 525  adhérent-es. Enfin, il explique pourquoi la CFDT travaille « avec les 55 associations environnementales, organisations syndicales, mutuelles et ONG qui constituent le Pacte du pouvoir de vivre« , dont se dégagent « 15 revendications concrètes » (non précisées ici).

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LAURENT BERGER

LETTRE AUX ADHÉRENTS

 

Chère adhérente, cher adhérent

Le 16 mars, la société s’est figée, stoppée dans son mouvement «habituel». La politique de confinement décidée par le gouvernement était nécessaire pour se protéger du Covid-19 et éviter l’engorgement des hôpitaux.

Certains d’entre vous – salariés et agents des services hospitaliers, des cliniques et des Ehpad, travailleurs au service des plus fragiles, travailleurs du quotidien, que l’on croisait dans les commerces ou dans les rues sans y prêter suffisamment attention, ou travailleurs tout aussi invisibles sur les chaînes de production – ont continué à œuvrer sans relâche.

Nombreux parmi vous ont été privés de mission et placés en chômage partiel. D’autres ont dû transformer à la hâte leur logement en bureau.

Je pense à chacun d’entre vous, aux difficultés pour certains de vivre cette situation inédite. Difficulté financière lorsque votre perte de revenu n’a pas été compensée. Difficulté familiale lorsque vous étiez séparé de vos proches ou lorsque vous deviez faire l’école à vos enfants. Difficulté psychologique lorsque vous avez été frappé directement ou indirectement par la maladie, lorsque vous étiez confiné dans un logement exigu, lorsque vous vous êtes retrouvé subitement seul, avec ou sans emploi, actif ou retraité.

Durant toute cette période, la CFDT s’est mobilisée pour vous soutenir et vous défendre. Il n’y a pas meilleur réseau social. Le soutien dans des moments comme celui-ci passe par de simples gestes : des coups de téléphone pour prendre des nouvelles, des mots envoyés pour donner des informations et rappeler que nous formons un collectif. Les syndicats, les unions territoriales et les fédérations professionnelles se sont organisés pour entretenir ce lien. La Confédération aussi.

Un engagement sans faille des militants

En plus du service «Réponses à la carte», qui fonctionne toute l’année, nous avons mis en place une boîte e-mail dédiée à la crise. Une boîte sur laquelle vous avez exprimé vos interrogations, vos ressentis, vos suggestions. Toutes vos questions ont permis d’alimenter une foire aux questions accessible depuis le site www.cfdt.fr. Plus de 1,2 million de connexions ont été enregistrées. Les militants des fédérations et des unions régionales, les juristes, les élus de personnel ont tous contribué à apporter des réponses aux situations que vous évoquiez… Je salue d’ailleurs l’engagement sans faille des militants CFDT dans cette période. C’est en rendant compte au gouvernement de ce vécu et en formulant des propositions pour mieux coller à vos réalités que nous avons obtenu des avancées : la suspension du jour de carence dans les fonctions publiques, la négociation obligatoire pour les jours de congé dans les branches et les entreprises, la prise en charge de cas de démissionnaires par l’assurance-chômage, la suspension de l’entrée en vigueur de la dégressivité des allocations, l’interdiction du versement de dividendes pour les entreprises bénéficiant d’un prêt garanti par l’État, la prime de solidarité au 15 mai pour les ménages les plus modestes, le déplafonnement des titres-restaurant, l’acquisition des droits à la retraite pendant l’activité partielle…

Cette liste continue à s’allonger au moment où j’écris ces lignes. Pas une liste à la Prévert mais une liste d’améliorations concrètes pour les travailleurs que j’aurais pu compléter par tous les accords conclus dans les entreprises et les administrations avec les équipes CFDT. Partout où le dialogue était possible, elles se sont mobilisées pour que la reprise d’activité, dont le premier signal a été donné le 11 mai, s’opère dans les conditions sanitaires et de sécurité optimales. C’est cette exigence qui a dicté les mots de notre déclaration commune avec la CFTC et le Medef. Elle ne masque pas les divergences que nous avons avec l’organisation patronale mais acte la responsabilité des partenaires sociaux dans cette période inédite autour d’une affirmation : seul le dialogue social avec les salariés est gage de confiance et de reprise en toute sécurité. Nombre d’acteurs de pays européens ont été capables de poser leur signature sur un document de cette nature. En France, malheureusement, les logiques partisanes l’emportent souvent sur l’intérêt des travailleurs.

La CFDT continue de se battre pour préserver l’emploi

Là où les effets de la crise fragilisent les entreprises au point de les menacer, la CFDT continue de se battre pour préserver l’emploi, en lien avec les territoires

et les filières. Nous devrons faire preuve d’imagination pour travailler tous et travailler mieux. La machine économique ne pourra pas repartir comme avant et encore moins sur la base de vieilles recettes qui n’exigent des efforts que de quelques-uns (souvent les mêmes!).

Nous devrons collectivement tirer les leçons de cette crise en reconnaissant rapidement les travailleurs qui ont été le plus exposés. La revalorisation de ces métiers du public et du privé – souvent sous-estimés et pourtant essentiels – ne peut se résumer à l’attribution d’une prime. Remettons sur la table la question des salaires,

des déroulements de carrière, des conditions de travail. Reconsidérons l’action publique au service des usagers sans verser dans l’obsession budgétaire. Réinterrogeons nos stratégies de filière et la relocalisation de certaines activités sans sombrer dans le repli sur soi. Réinventons notre système de protection sociale. Il a prouvé combien il était utile lors de cette crise, mais la baisse des ressources le fragilise. Une fiscalité plus juste doit nous permettre de le conforter. Nous devons aussi le faire évoluer pour mieux couvrir les risques qui menacent les nouvelles formes d’emploi et les personnes âgées. Repensons notre modèle de développement.

Améliorer notre modèle et agir ensemble à sa mise en œuvre

Le risque de se focaliser sur la réparation immédiate de notre système productif est grand. Pourtant, le vœu que nous formulons avec d’autres organisations de concilier justice sociale et transition écologique est plus que jamais pertinent. Durant cette crise, nous avons continué à travailler avec les 55 associations environnementales, organisations syndicales, mutuelles et ONG qui constituent le Pacte du pouvoir de vivre.

Nous avons dégagé 15 revendications concrètes à mettre en place rapidement pour redonner du souffle à notre économie dans le respect de l’environnement et pour une meilleure répartition des richesses. Ce travail commun nous permet de sortir des anathèmes pour ouvrir des pistes concrètes d’amélioration de notre modèle et

agir ensemble à leur mise en œuvre. Ce souci de l’action collective, de l’efficacité et de la construction de compromis fait notre syndicalisme.

Je profite de cette lettre pour saluer les nouveaux cédétistes qui nous ont rejoints en 2019. Nous sommes désormais 4251 de plus qu’en 2018. 625525 femmes

et hommes «à jour de leur cotisation», selon la formule consacrée, à partager des valeurs de solidarité, de justice sociale, d’émancipation collective et individuelle.

625525 femmes et hommes prêts à s’entraider et, pour certains, à prendre la responsabilité d’aller défendre leurs collègues. Cette progression vient couronner

le travail que vous effectuez sur vos lieux de travail et dans vos territoires. Dans les moments difficiles comme celui que nous traversons mais également lors de jours plus heureux. Le syndicalisme, c’est aussi un vrai plaisir pour ceux qui ont la chance de le pratiquer. Plaisir de militer ou plaisir de se retrouver, tout simplement. N’hésitez pas à vous appuyer sur ce réseau de solidarité. N’hésitez pas à appeler votre syndicat lorsque vous avez des interrogations. Leurs coordonnées se trouvent

sur votre carte d’adhérent. Plus que jamais, la CFDT se mobilise pour être à vos côtés, pour vous défendre auprès des employeurs et des autorités publiques, pour tisser des liens entre nous toutes et nous tous et pour construire un avenir meilleur. Vous pouvez compter sur la CFDT.

 

Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT

CFDT MAGAZINE No464 – Juin 2020

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