L’Ephéméride sociale d’une pandémie

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Les éditions Syllepse ont publié huit éditions électroniques de leur livre en ligne Covid-19, un virus très politique dont avions ici publié le premier volet (lire : https://wp.me/p6Uf5o-3f8). Voici le dernier volet, N° 8. Il comporte une éphéméride internationale mise en jour avec beaucoup de précisions par Patrick Le Tréhondat, une véritable mine d’informations sur le mouvement ouvrier international dans ce contexte inédit. Cette éphéméride sera mise à jour régulièrement dans Syndicollectif.fr. Merci pour ces informations ! 

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Publiée depuis le 30 mars dans une série de huit éditions électroniques de Covid-19, un virus très politique proposées en téléchargement libre et gratuit sur le site des éditions Syllepse, l’Éphéméride sociale d’une pandémie continue sur le site de Syndicollectif son déroulé quotidien des mobilisations et des résistances sociales à l’échelle internationale contre la gestion capitaliste de la crise sanitaire.

Patrick Le Tréhondat

 

L’Ephéméride sociale d’une pandémie

21 mai

Afrique du Sud. La National Union of Mineworkers  (NUM) de la région du Nord-Est du Limpopo demande la fermeture temporaire de toutes les mines de la province mais le maintien d’un salaire de 100% pour les travailleurs. Deux grandes mines autour de Burgersfort ont enregistré un grand nombre de cas positifs au Covid-19 en une semaine. La NUM appelle en outre les services chargés de l’application des lois à arrêter les directeurs de mines qui ignorent délibérément la réglementation Covid-19.

France. Le groupe Bigard (Charal, Bigard et Scocopa) a décidé d’attribuer une prime de 15 € par jour travaillé entre le 16 mars et le 12 avril à ses salariés. Lors d’un débrayage vendredi 22 mai 2020, la CGT a demandé que la prime s’étende jusqu’au 11 mai, la fin du confinement. « C’est une primette », a dénoncé Yannick Battistella, délégué CGT de l’entreprise Charal de Cholet (Maine-et-Loire). Le syndicat a appelé au débrayage vendredi 22 mai pour demander l’élargissement de la prime Covid décidée par le groupe Bigard. La CGT du site de Quimperlé (Finistère), siège du groupe Bigard, pourrait également organiser un débrayage la semaine prochaine.

États-Unis Dix syndicats représentant les travailleurs de la santé dans les hôpitaux McLaren (Flint, Michigan) affirment que les dirigeants ne sont pas transparents au sujet des finances et de l’équipement de protection individuelle pendant la pandémie COVID-19. Les syndicats ont annoncé dans un communiqué de presse du 21 mai que des membres avaient déposé une plainte contre McLaren, affirmant que le système de santé avait enfreint les lois fédérales du travail en ne divulguant aucune information. Selon eux, McLaren a refusé aux syndicats le 15 mai les informations demandées sur le montant des subventions que l’hôpital a reçues pour la pandémie et des détails sur l’inventaire des EPI.

Ouganda. Le départ du premier patient COVID-19 de l’hôpital de Jinja a été marqué jeudi par une grève organisée par 40 agents de santé qui demandent leurs indemnités journalières non versées. Ils affirment qu’ils étaient censés recevoir 95 000 shillings par jour, mais une partie de l’argent ne leur a pas été versée depuis le 23 mars.

 

22 mai

États-Unis. Exigeant que McDonald’s donne la priorité à la santé et à la sécurité des travailleurs sur les bénéfices, des centaines d’employés de la chaîne de restauration rapide (140 000 restaurants américains) ont déclenché une grève le 20 mai, un jour avant que la société tienne son assemblée annuelle d’actionnaires. La grève a lieu dans des magasins d’au moins 20 villes. Le syndicat SEIU a publié un sondage portant sur environ 800 employés de McDonald’s, dont 46% ont déclaré venir au travail de peur d’être pénalisés s’ils restaient à la maison. Plus de 90% des travailleurs ont déclaré que leurs magasins ne fournissaient pas suffisamment de masques faciaux.

France. Dans un communiqué commun, les syndicats CGT, FO et FSU du Maine-et-Loire se sont élevés contre les  brigades Covid-19 chargées par le gouvernement de rechercher les personnes ayant été en contact avec des malades du Covid-19. Les organisations syndicales interrogent : Quid du secret médical ? Quid du secret professionnel des organismes de Sécurité sociale ? Quid du respect et de la dignité des personnes ? « La mission de la sécurité sociale n’est pas de tracer les citoyens » insistent-elles.

23 mai

Afrique du Sud. Des médecins et des infirmières se sont mis en grève  mercredi à l’hôpital Mpilisweni de Sterkspruit, dans le Cap oriental, exigeant un équipement de protection individuelle (EPI). Il s’agit de la deuxième manifestation de l’établissement depuis le confinement. Le mois dernier, des infirmières et des médecins ont arrêté de travailler pendant une journée pour protester. Ils sont retournés au travail après que la direction leur ait promis un EPI.

États-Unis. Les travailleurs des maisons de soins infirmiers de 36 établissements de soins de longue durée de l’État de new York ont organisé des rassemblements et des manifestations jeudi, exprimant leur chagrin pour leurs collègues décédés pendant la pandémie de COVID-19. Les membres de 1199 SEIU, qui travaillent pour certains dans les plus grands réseaux de maisons de soins infirmiers à but lucratif de la côte Est, disent qu’ils sont toujours confrontés à la pénurie de personnel, le manque d’EPI approprié, le refus des employeurs d’entreprise de reconnaître les risques et les sacrifices consentis pendant la crise COVID-19.

France. Le 7 mai 2020, une partie des agents de l’hôpital de Mortagne-au-Perche (Orne), syndiqués à la CGT, s’est réunie en assemblée générale constitutive afin de fonder le Syndicat CGT du centre hospitalier de Mortagne-au-Perche. « Ce projet de (re) fondation d’un syndicat CGT au sein de l’établissement a été accéléré par la crise sanitaire liée au Covid-19 et à la situation particulière du centre hospitalier de Mortagne. Établissement de troisième ligne dans l’organisation sanitaire, il a été tout particulièrement affecté au regard du territoire où il se trouve », informent les syndicalistes dans un communiqué.

Belgique. La Centrale nationale des Employés soutiendra les arrêts de travail des travailleurs « qui ne se sentent pas en sécurité dans un magasin si les cabines sont ouvertes ou débordées », prévient le syndicat chrétien. «  Les collègues sont débordés, des files se forment et de nombreux vêtements sont essayés dans les rayons » et « Nous avons déjà de nombreuses nouvelles procédures sanitaires à respecter qui épuisent et stressent les collègues », justifient les représentants des travailleurs, en alertant aussi sur le manque de produits pour désinfecter les cabines. La CNE a déposé vendredi un préavis d’actions dans les magasins H&M, qui débutera le 25 mai et se terminera fin juin.

Inde. Plusieurs dirigeants syndicaux ont été arrêtés lors d’une manifestation à New Delhi, vendredi, contre la suspension des lois sur le travail dans quatre États de l’Inde dirigés par le BJP, parti d’extrême droite au pouvoir. « Nous avons prévu une grève de la faim ici pour siéger toute la journée. La police ne nous a pas permis mais la lutte des travailleurs ne dépendra pas uniquement de l’autorisation de la police », a déclaré Hemalatha, membre du Centre of Trade Unions. Les dirigeants ont été arrêtés et emmenés dans un poste de police pour violation de la loi de New Delhi sur le confinement. Par ailleurs, des syndicats dans tout le pays sont descendus dans la rue pour organiser des manifestations contre ces attaques contre les droits des travailleurs. Les manifestants étaient pacifiques et respectaient les distances physiques et autres normes de sécurité.

 

24 mai 2020

Catalogne. Les travailleurs de deux usines automobiles Nissan à Barcelone sont en grève illimitée en raison des informations, en particulier dans les médias japonais, selon lesquelles Nissan envisage de réduire ses effectifs de 20% dans le monde et de fermer les usines de Barcelone. On craint que Nissan n’ait l’intention de fermer toutes ses usines européennes. Si les centres de production de Barcelone à Zona Franca, Montcada et Sant Andreu de la Barca ferment, trois mille emplois directs et près de vingt mille emplois indirects sont menacés. Deux centres de production en dehors de la Catalogne, Ávila et Corrales de Buelna en Cantabrie, sont également potentiellement menacés.

États-Unis. Le syndicat représentant les employés d’UPS a émis une alerte jeudi pour avertir qu’un centre de distribution de Tucson a subi une flambée de cas de COVID-19. La section locale 104 du syndicayt Teamsters, a envoyé un communiqué de presse indiquant que l’épidémie mettait en danger environ 700 employés et entravait la capacité de l’entreprise à livrer des colis. « Même si UPS et le Département des services de santé de l’Arizona ont refusé de divulguer l’étendue de l’épidémie, nous pensons qu’au moins 36 employés de l’établissement ont été testés positifs au Covid-19, dont trois employés qui ont été admis dans des unités de soins intensifs » explique le communiqué. Lorsqu’on lui a demandé ce que le syndicat prévoyait de faire si UPS refusait de prendre les mesures nécessaires, et si la grève était une possibilité, Karla Schumann, la secrétaire-trésorière du syndicat a répondu que tout était possible.

Inde. Vendredi 22 mai, le gouvernement de l’État du Karnataka a décidé de prolonger le temps de travail  jusqu’à 10 heures par jour et 60 heures par semaine pour les trois prochains mois. Cette décision intervient à un moment où plusieurs États sont en train de notifier les réformes du travail en faveur des industries. Les syndicats soutiennent que la décision est illégale. «  La décision du gouvernement du BJP est de satisfaire les employeurs et le gouvernement central » a déclaré Meenakshi Sundaram, secrétaire général du Centre des syndicats indiens (CITU) du Karnataka. «Les changements sont imposés sans consultation de syndicats de travailleurs. Cela semble être comme une stratégie de test du gouvernement de l’État pour une nouvelle dilution des lois du travail », a-t-il ajouté. Pendant ce temps, C R Janardhan, président de la Fédération des chambres de commerce et d’industrie du Karnataka (FKCCI), a salué la décision du gouvernement affirmant que l’augmentation des heures de travail améliorerait la productivité et les revenus de toutes les parties prenantes.

Belgique. Le gouvernement retire deux décisions qui passaient très mal. L’une rendait possible de réquisitionner des professionnels de la santé pour résoudre d’éventuelles pénuries dans certains établissements, dans le cadre de la pandémie de Covid-19. L’autre prévoyait la possibilité de déléguer certains soins infirmiers à des professionnels n’étant pas infirmiers. À la suite de leur publication en début de mois, plusieurs syndicats avaient déposé des préavis de grève dans le secteur des soins.

 

25 mai

France. Ce lundi, le collège Simone-Veil de Sablé va ouvrir ces portes normalement. Pourtant, deux cas de coronavirus ont été avérés parmi le personnel de l’établissement, la semaine dernière. Une situation que dénonce le syndicat d’enseignants SNES qui demande que « l’ensemble des personnels soit testé, les locaux désinfectés et, que, dans l’intervalle, l’établissement soit donc fermé ».

Afrique du Sud.  Les travailleurs de la mine de cuivre et de cobalt Tenke Fungurume Mining (TFM) de la société chinoise China Molybdenum en République démocratique du Congo ont déclenché une grève samedi, exigeant une compensation supplémentaire pour avoir travaillé sur un site isolé pendant deux mois en raison de Covid-19. Les revendications des employés de TFM portent sur un supplément de 100 dollars par jour par travailleur et une prime de 4 000 dollars par personne avant leur retour au travail.

France. « La crise sanitaire n’a pas confiné les revendications ». Les syndicats CGT, FO et SUD appellent les personnels des maisons de retraite Korian à faire grève et à se rassembler devant les établissements du groupe ce lundi. « Plus de 50 établissements vont faire une action demain » au sein du groupe Korian, qui gère 308 établissements sur les 7 500 maisons de retraite en France, a indiqué Albert Papadacci, délégué central CGT. Dans son communiqué, l’intersyndicale réclame le « versement de la prime de 1 000 euros » promise par la direction de Korian à tous les personnels, « sans éléments discriminants ».

Côte-d’Ivoire. Les syndicats d’enseignants de Yamoussoukro, la capitale politique de la Côte d’Ivoire, ont appelé à une grève de deux semaines après la découverte d’un cas de coronavirus chez un élève, a indiqué un responsable syndical. « Les cours sont arrêtés depuis vendredi pour une période de 14 jours jusqu‘à nouvel ordre », a déclaré le secrétaire général du syndicat national des enseignants du secondaire de Côte d’Ivoire, Ouly Adama. Cette grève a été lancée lors d’une assemblée générale de sept syndicats d’enseignants au lycée scientifique de Yamoussoukro, qui ont décidé de l’arrêt des cours dans toutes les écoles de la ville, selon plusieurs enseignants.

France. Au centre hospitalier public du Cotentin (CHPC), le syndicat Force Ouvrière a informé samedi 23 mai qu’une campagne d’affichage avait été réalisée sur différents sites, « autour du CHPC, de l’hôpital et de l’EHPAD de Valognes, de l’EPHAD du Gros Hêtre et de la blanchisserie. » « Le « Ségur de la santé doit prochainement débuter et nous comptons, nous personnel hospitalier avoir voix au chapitre » annonce le syndicat. Alors que le personnel soignant s’est mis en grève maintes fois pour demander davantage de reconnaissance, la crise du Covid-19 a exacerbé le manque de moyens dans les hôpitaux. Force Ouvrière réclame, notamment la suppression du plan Copermo qui vise à supprimer 200 postes d’ici 2022 (90 ont déjà été supprimés selon le syndicat).

France. Les agents de l’hôpital de Brive sont appelés à faire grève ce lundi, à l’appel de trois syndicats CFTC, CGT et FO. La principale revendication concerne la prime de 1 500€ promise par l’État aux soignants mobilisés pour la crise de coronavirus. En l’état, ceux de Brive n’y ont pas droit.

France. L’intersyndicale CFE-CGC, CFDT-­SNTU, FO et Solidaires Sud TAO de la société Keolis, en charge des transports en commun de l’agglomération orléanaise, appelle les conducteurs à la grève, ce lundi aux heures de pointe. L’intersyndicale dénonce la décision de la direction  de refuser une prime défiscalisée pouvant aller jusqu’à 1 000 euros aux salariés volontaires ayant travaillé lors du confinement. Elle demande également des mesures plus rigoureuses en matière sanitaire notamment une désinfection plus fréquente des rames et bus.

 

 

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