OIT : « effets dévastateurs » du COVID19 dans le monde du travail

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L’Organisation internationale du travail (OIT) publie une note sur les très graves menaces sur l’emploi mondial qui résultent de la pandémie COVID19, en premier lieu dans les pays avec une forte économie « informelle » et sans protection de santé.

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Contexte: une crise qui s’aggrave avec des effets dévastateurs sur le monde du travail

Ces quinze derniers jours, la pandémie de COVID-19 a connu une aggravation et une extension dans le monde, entraînant d’énormes effets sur la santé publique ainsi que des secousses sans précédent sur l’économie et le marché du travail. Il s’agit de la crise mondiale la plus grave depuis la deuxième guerre mondiale.

Depuis l’estimation préliminaire du BIT publiée le 18 mars, les cas d’infections au COVID-19 ont été multipliés par un peu plus de six pour atteindre 1 030 628 au 3 avril 2020. 47 600 personnes supplémentaires ont perdu la vie, faisant passer le nombre total de décès à 54 1371. De nombreux pays ont pris des mesures de distance sociale afin d’enrayer la propagation du virus et d’éviter des conséquences catastrophiques sur les systèmes de santé nationaux et pour essayer de réduire le nombre de décès.

Les mesures de confinement ainsi que les restrictions en matière de commerce et de voyages, la fermeture des écoles et d’autres mesures contraignantes ont des conséquences très graves sur les travailleurs et les entreprises. Le BIT estime que les fermetures de lieux de travail ont augmenté de manière si rapide ces dernières semaines que 81 pour cent de la main-d’œuvre mondiale vit désormais dans des pays où il existe des fermetures obligatoires ou une recommandation de fermeture (figure 1). L’emploi dans les pays où il existe des fermetures obligatoires ou recommandées représente 87 pour cent de la main-d’œuvre des pays à revenu intermédiaire supérieur et 70 pour cent de la main-d’œuvre des pays à revenu élevé. Le COVID-19 touche désormais les pays en développement pour lesquels les capacités et les ressources sont sévèrement limitées.

En raison des perturbations économiques qu’elle entraîne, la crise du COVID-19 touche les 3,3 milliards de personnes qui forment la main-d’œuvre mondiale.
A cause des réductions majeures et imprévues de l’activité économique, on constate un déclin considérable de la situation de l’emploi,à la fois en termes du nombre d’emplois et du nombre total d’heures travaillées. Dans de nombreux secteurs, l’activité économique a été sévèrement réduite dans beaucoup de pays, entraînant une baisse vertigineuse des sources de revenu dans un bon nombre d’entreprises. En raison de l’augmentation des mesures de confinement partielles ou totales qui réduisent le fonctionnement du monde économique et les déplacements d’une grande majorité de travailleurs, beaucoup ne peuvent plus travailler alors que d’autres subissent des changements considérables en matière de méthodes de travail. Ces événements touchent de nombreuses activités dans le secteur des services (hôtellerie et restauration, commerce de détail, etc.) tandis que, dans l’industrie, on enregistre des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement (par exemple dans le secteur automobile) ainsi qu’une forte baisse de la demande.
Les conséquences sur l’emploi du COVID-19 sont profondes, très étendues et sans précédent.

Les ajustements en matière d’emploi suivent généralement avec un temps de retard la contraction de l’activité économique (comme ce fut le cas avec l’augmentation du chômage après la crise financière mondiale de 2009). Dans la crise actuelle, l’emploi est directement impacté suite aux mesures de confinement et à d’autres dispositions qui ont été prises et avec une amplitude plus importante que celle initialement prévue au début de la pandémie, y compris au moment de la rédaction de la première édition de la Note de l’OIT. C’est pourquoi cette deuxième édition comporte de nouvelles estimations au niveau mondial, par région et pour les différents secteurs économiques, qui ont pour objectif de saisir les effets de la crise telle qu’elle se manifeste actuellement (notamment à propos des effets des mesures de confinement). Toutefois, il existe toujours des incertitudes sur l’évolution de la crise, ce qui signifie que ces estimations actualisées reflètent simplement du mieux possible l’impact actuel sur le marché du travail en utilisant les données disponibles.

 

La crise la plus  grave  depuis la deuxième guerre mondiale: les pertes d’emplois se multiplient à travers le monde

Afin de mieux saisir les caractéristiques actuelles de la crise du COVID-19, la méthodologie du BIT pour produire des estimations globales a été revue pour obtenir des chiffres actualisés à propos de l’impact sur le marché du travail. Ces nouvelles estimations se basent sur un nouveau modèle de prévision immédiate (en anglais «nowcasting») qui repose sur l’utilisation de données en temps réel sur l’économie et le marché du travail, afin d’établir des prévisions sur les heures de travail perdues au deuxième trimestre de 2020 (sur la base des chiffres disponibles au 1er avril) (voir l’annexe technique 2 pour en savoir plus sur la méthodologie utilisée).

Les estimations mondiales réalisées grâce au modèle de prévision immédiate du BIT montrent  que la crise entraîne  une  réduction  sans équivalent de l’activité  économique  et  du  temps de travail. Au 1er avril 2020, nos estimations indiquent que pendant ce trimestre (deuxième trimestre) le nombre d’heures de travail sera en baisse d’environ 6,7 pour cent ce qui équivaut à 195 millions de travailleurs à plein temps (effectuant une semaine de travail de 48 heures)2. Cela signifie que nombre de ces travailleurs vont devoir faire face à une baisse de leurs revenus et à un niveau supérieur de pauvreté, même si des activités de substitution peuvent être identifiées (par exemple, un retour à l’agriculture dans les régions rurales). Le déclin le plus important devrait toucher les pays à revenu intermédiaire supérieur mais l’impact est comparable dans l’ensemble des groupes de revenu.

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