Réactions syndicales au « plan de relance » du gouvernement

Share on FacebookTweet about this on TwitterShare on Google+Share on LinkedInEmail this to someonePrint this page

Voici les communiqués de l’Union syndicale Solidaires, de la CGT, de FO, de la CFDT, après l’annonce  jeudi 3 septembre du « plan de relance » du gouvernement.

arton5017

 

“Leur Plan” ? La fuite en avant…

La crise économique et sociale liée au Coronavirus est bien réelle. Hélas le gouvernement a décidé d’y répondre avec les même vieilles recettes utilisées depuis des décennies tout en essayant de verdir son action. D’autres solutions existent et sont urgentes à mettre en place. Ce “plan” est une raison de plus pour participer aux mobilisations de septembre pour la justice sociale, fiscale et environnementale.

Exonération d’impôts et de cotisations, aides directes aux entreprises… des dizaines de milliards contenus dans le plan annoncés par le gouvernement reviennent à financer une économie capitaliste qui a montré encore récemment les impasses auxquelles elle nous conduit : chômage, précarité, crises environnementales majeures. L’idéologie du pouvoir n’a pas changé : il faut aider les “riches” pour faire ruisseler sur nos têtes les miettes de leurs profits. D’autant qu’il n’y a pas de contrepartie en terme de salaires, d’emploi ou d’amélioration des conditions de travail… Au contraire, avec les plans de performance collective, il s’agit de travailler plus en gagnant toujours moins ! Une fois de plus on assiste à la socialisation des pertes et à la privatisations des profits.

Pendant ce temps on fait le plein de “greenwashing”. Bien sur qu’il est important d’isoler les bâtiments. Mais l’urgence climatique nous oblige à aller beaucoup plus vite et plus loin pour notamment réduire de façon massive la consommation énergétique, quelque soit son moyen de production. Soit l’inverse de la relance industrielle projetée par le gouvernement ! De la même manière, l’investissement dans le transport ferroviaire est très insuffisant, contradictoire avec les politiques du “tout routier” des dernières décennies, alors qu’en même temps, l’entreprise SNCF est éclatée et mise en concurrence.

D’autres solutions existent. Par exemple, pour créer massivement de l’emploi, mais aussi diminuer l’impact énergétique du travail, il faut mener une politique de partage du travail qui passe par la réduction du temps de travail, à commencer par la semaine de 32h sans perte de salaire. Ce dont a besoin la population et est quasiment absent de ce plan, c’est d‘un investissement massif dans les services publics, développer du bien commun utile à toutes et tous.

Le plan de sortie de crise, développé au mois de mai et signé par 20 syndicats et associations est une alternative concrète que soutient l’Union syndicale Solidaires. Nous allons nous battre dans les semaines à venir, à commencer par le 12 septembre avec les Gilets Jaunes, le 17 septembre par la grève et la manifestation des travailleurs-euses es 25 et 26 septembre pour les mobilisations climat/emploi. Nous exigeons la mise en place d’une autre politique qui réponde réellement aux urgences plutôt que de continuer la fuite en avant vers la catastrophe sociale et écologique.

Le plan unitaire de sortie de crise :
https://solidaires.org/Plus-Jamais-ca-34-mesures-pour-un-plan-de-sortie-de-crise

 

siteon0-dc90fUn plan pour continuer comme avant

 

Dans un exercice de communication savamment orchestré, le quatuor gouvernemental mené par le Premier Ministre a présenté le Plan de Relance du programme électoral du candidat Emmanuel Macron.

Le soufflé médiatique préparé par les divers éléments communiqués à la presse depuis plusieurs jours est très vite retombé ! Dès ses premiers mots, Jean Castex a souhaité réaffirmer que les considérations sanitaires avaient été mises en avant des considérations économiques ; ce qui a engendré une récession soudaine et brutale. La pandémie a brutalement accéléré une crise qui était annoncée. La situation impose de changer radicalement de politique. Pourtant, ce n’était pas le ton des annonces du Premier Ministre.

Prenons l’exemple des impôts de production. Cette mesure était réclamée, depuis plusieurs années, par le patronat. Castex s’exécute ! Qui plus est « avec de possibles contreparties mais sans conditionnalités ». On n’en saura pas plus. Si ce n’est que les entreprises seront exonérées d’impôts de production à hauteur de 10 milliards d’euros par an et cela sans aucune condition. Ce qui n’est pas le cas pour les demandeurs d’emplois au regard des nombreux justificatifs de démarches à présenter pour obtenir ou conserver ses indemnités de chômage.

En outre, à cette enveloppe, il faut ajouter les 40 milliards d’euros de Cice de l’année passée.

Concernant l’enveloppe dédiée à la transition écologique (30 milliards d’euros), elle recouvre, par exemple, 5 milliards d’euros qui seront vraisemblablement prélevés sur les dividendes de la SNCF pour alimenter un fonds de concours qui donnera dans les 3 à 4 ans qui viennent des subventions à SNCF réseau…

La relocalisation industrielle – dont le mot franchit enfin la bouche de nos dirigeants depuis la crise sanitaire – sera dotée d’1 milliard d’euros… Que dire sur la réelle ambition politique à ce sujet.

L’élément le plus marquant est sans nul doute l’absence de toute vision stratégique. Ainsi, pas un mot n’a été prononcé, aucune allusion n’a été faite sur la reconstruction de filières essentielles, en France comme en Europe, pour assoir notre indépendance sur des filières stratégiques comme le médicament et ne pas à nouveau se retrouver nu à la prochaine crise.

Rien non plus d’annoncé pour les milliers de salariés des secteurs dont les grands groupes délocalisent ou réduisent l’emploi (Sanofi, Nokia, Air France, Renault, etc.) et dont les sous-traitants sont en première ligne.

Enfin, comment ne pas être stupéfait face au mutisme gouvernemental sur les services publics qui, pourtant, ne cessent de montrer leur rôle majeur et, plus particulièrement, durant cette crise sanitaire, économique et sociale.

Par ailleurs, quelle certitude concernant les 40 milliards d’euros émanant du plan de relance européen pour la période 2021-2024 ?

Les salariés, les précaires, les privés d’emplois et même les jeunes resteront sur leur faim. Ce plan ne s’adresse pas à eux.

Dans ce contexte, la CGT met à disposition de toutes celles et tous ceux qui s’inscrivent dans une logique de progrès économique, social et environnemental un véritable plan de transformation. En rupture avec le paradigme dans lequel les financiers de tous bords et leurs chantres souhaitent nous enfermer, ce plan a pour ambition de répondre aux défis posés et de mettre l’humain au-dessus de la finance.

La CGT propose de faire grandir, partout et dans les entreprises, des débats pour que les salariés échangent et décident du travail et des stratégies de production. Nous proposons de travailler moins et mieux mais toutes et tous.

Le 17 septembre prochain, journée d’action interprofessionnelle, nous défendrons un vrai projet de transformation.

 

Montreuil, le 3 septembre 2020

 

 

Plan de relance : réaction FO

Le Premier ministre accompagné des ministres concernés a présenté aujourd’hui les différents aspects du plan de relance.

En premier lieu, FO relève que les 100 milliards € déjà annoncés, qui s’ajoutent aux 470 milliards € des mesures d’urgence, consistent pour beaucoup en aides publiques aux entreprises.

Or, si les mesures telles que l’activité partielle, et aujourd’hui l’activité partielle de longue durée, ont vocation à préserver l’emploi, FO constate et conteste que l’ensemble des aides, dont les mesures d’aides directes à la trésorerie, les baisses d’impôts et exonérations de cotisations, ne soient pas conditionnées et contrôlées au non-licenciements. FO rappelle que l’on a trop souvent connu des situations où sous la pression des actionnaires, des dirigeants n’ont pas hésité au terme du bénéfice d’aides publiques diverses, dont le CICE, à stopper ou délocaliser en tout ou partie des activités et supprimer les emplois associés.

FO estime indispensable que des dispositifs de contrôle et de sanctions soient prévus contre les opérations de captation des aides publiques à des fins d’optimisation fiscale ou de rémunération des actionnaires, notamment de la part de donneurs d’ordres sur les sous-traitants ou les fournisseurs, dont sont alors victimes plus souvent des PME, TPE et leurs salariés.

S’il est nécessaire d’assurer aux jeunes en apprentissage et formation en alternance d’obtenir des contrats, pour FO il faut empêcher les effets de substitution, en évitant les effets de turn over sur ces emplois subventionnés et en vérifiant que ces contrats débouchent sur de véritables emplois en CDI. FO estime aussi nécessaire de renforcer les moyens des lycées professionnels ainsi que de l’AFPA, sujets sur lesquels elle a d’ores et déjà interpellé le gouvernement.

Pour FO, l’affirmation du Premier ministre d’assurer la soutenabilité des finances publiques sans augmenter les impôts ne doit pas se traduire par des mesures d’austérité sur les ménages. FO réaffirme en particulier que le salaire n’est l’ennemi ni de l’emploi ni du climat, et estime légitime et nécessaire l’ouverture de négociations sur les salaires à tous les niveaux, auxquelles ne peuvent se substituer les dispositifs de participation et intéressement, exonérés de cotisations sociales. FO rappelle qu’elle estime indispensable une réforme d’ampleur de la fiscalité, dominée par les dispositifs de type taxe (TVA, CSG), rétablissant et renforçant par la progressivité de l’impôt.

Et, comme elle n’a de cesse de l’affirmer depuis la crise sanitaire, FO revendique que soit mise en œuvre – à l’image de ce qui a été négocié et obtenu dans le secteur de la santé – la revalorisation d’ensemble des métiers et emplois dits de la « deuxième ligne » (du commerce, dont les caissières), de la distribution, les salariés des transports, les manutentionnaires, les salariés des services à la personne, à domicile notamment, en passant par les salariés de la sous-traitance, en particulier du nettoyage – propreté, de la prévention – sécurité, sans oublier les agents des services publics).

Puisque le gouvernement sera dans les Vosges cet après-midi et que le Premier ministre a évoqué la nécessité d’aider les bassins d’emplois en difficulté, FO avec ses syndicats localement attend, entre autres, que le dossier de l’entreprise Inteva et de son établissement à St Dié dont la fermeture est annoncée, verra une solution préservant les emplois.

 

200px-CFDT_logo.svgFrance relance : La CFDT salue des orientations qui restent à concrétiser

Publié le 03/09/2020
Par Marylise Léon, secrétaire générale adjointe, Philippe Portier, sécrétaire national, et Yvan Ricordeau, secrétaire national de la CFDT

La CFDT salue lambition affichée du plan France Relance dinvestir dans la France de 2030, en misant sur la transition écologique, l’emploi et les compétences des travailleurs, notamment des jeunes. Les 100 milliards deuros annoncés, dont 40 milliards grâce au plan de relance européen Next Generation, doivent inscrire la France dans une trajectoire solide de transformation écologique, sociale et solidaire de notre économie. La CFDT entend être associée au suivi, avec les autres parties prenantes, pour y veiller.

Les marges de manœuvre importantes données aux entreprises engagent leur responsabilité en termes de préservation de l’emploi, de transition écologique, de partage des richesses et de dialogue social. La CFDT revendique un avis conforme du CSE sur lutilisation des aides publiques pour garantir qu’elles seront bien investies, dans chaque entreprise, dans la transition écologique et lemploi de qualité.

 

Préparer lavenir, cest aussi investir massivement dans les compétences. Les travailleurs dont lactivité est menacée doivent avoir le temps et les moyens de se reconvertir dans des secteurs davenir ; cela nécessite un soutien important au service des transitions professionnelles. En complément, la CFDT revendique le développement de plateformes dexpérimentation de projets innovants dans les compétences aux plus près des réalités des bassins demploi. Innover pour développer les compétences et soutenir les reconversions professionnelles seront déterminants pour gagner la bataille de lemploi durable dans tous les territoires de France.

Ce plan doit renforcer la capacité du pays à sengager dans un avenir durable. Cela ne peut pas se faire en laissant les plus fragilisés par la crise aux marges de la relance. Évidemment, la meilleure protection, c’est un emploi de qualité mais il ne faut pas laisser les plus précaires basculer dans la grande pauvreté : la CFDT revendique une aide spécifique pour les publics privés de ressources par la crise.

Elle sera également vigilante à ce que la simplification annoncée en matière de droit du travail ou de formation professionnelle ne se fasse pas au détriment des droits des travailleurs. Elle s’opposera fortement à toute « simplification » qui cacherait un affaiblissement du droit syndical et du dialogue social.

Fort de tels engagements, le plan de relance pourra apporter une réponse à la hauteur des défis urgents de la période.

Print Friendly

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *