Réactions syndicales sur le « plan » de déconfinement

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Après l’intervention du Premier ministre mardi 28 avril pour présenter son « plan » de déconfinement à partir du 11 mais 2020, nous publions les réactions syndicales. Ici : CGT, FO, Solidaires, SNUipp-FSU. 

 

siteon0-dc90fEncore trop de questions sans réponses concrètes pour garantir la santé des citoyens !

 

Le Premier ministre vient de présenter le plan de déconfinement du pays, en vue d’une reprise de l’activité économique et de la vie sociale. À l’écoute de ce discours, de nombreuses questions essentielles demeurent ou sont encore plus floues. Le gouvernement renvoie beaucoup de responsabilités aux collectivités territoriales, aux personnels de l’éducation nationale et de la petite enfance mais également aux citoyens. On demande ainsi aux parents de décider eux-mêmes s’ils doivent envoyer ou non leurs enfants à l’école avec ce dilemme : la santé des enfants ou la pression des employeurs pour reprendre le boulot.

Non, l’école n’est pas une garderie pour permettre aux parents de retourner au travail.

Ces annonces vont accroître les inégalités territoriales et sociales en renvoyant, par exemple, les responsabilités de protection – comme le port du masque – à ceux qui auront les moyens de se les payer ou de se le fabriquer. Nous sommes loin des valeurs d’égalité de notre République. La santé des citoyens, n’est-ce pas de la responsabilité de l’État ?

La reprise économique reste la priorité du gouvernement, ce qui laisse beaucoup de libertés aux entreprises, sans réelles garanties sanitaires ou de droits pour ceux qui travaillent. La référence aux guides de bonnes pratiques mises en œuvre dans les branches est proprement déplacée. Par contre, aucun mot pour remettre en cause les ordonnances prévoyant l’augmentation du temps de travail ou le vol des congés payés et des repos.

En matière de transport collectif, le Premier ministre nous conseille de ne pas les prendre pour « se balader ». À croire qu’il ne prend jamais les transports aux heures de pointe, en Île-de-France comme ailleurs, car la plupart de ceux qui les fréquentent à ces heures-là se rendent au travail. Dans ces conditions, qui décidera de ceux qui doivent les prendre en priorité ?

Nous attendons de vraies mesures de protection sociale pour les salariés, pour ceux qui sont le plus frappés par cette crise.

Les récentes annonces d’une progression massive du nombre de demandeurs d’emplois (+7,5%) montrent la nécessité de renforcer les droits des privés d’emplois notamment des plus jeunes complètement démunis de ressources.

Il y a besoin de prolonger et de renforcer le chômage partiel pour que la pression de la fin du mois ne soit pas la contrainte de la reprise du travail.

Nous comprenons les attentes des citoyens de retrouver une « vie normale » parce que le confinement pèse sur toutes et tous, parce que beaucoup des plus de 10 millions de salariés en chômage partiel subissent des pertes de salaire qui compliquent encore plus  leur vie quotidienne.

Nous comprenons la conscience professionnelle des personnels de l’éducation de ne pas laisser tomber leurs élèves mais qui restent sans réponse réelle et nous saluons l’engagement sans faille des personnels de santé, du médico-social et de l’aide à domicile

Mais, pour la CGT, la santé doit primer avant tout.

La CGT continue à être présente et disponible à tous les niveaux pour la défense des droits et de la santé des citoyens et du monde du travail.

Montreuil, le 28 avril 2020

 

Plan de déconfinement : réaction FO

La Confédération FO a suivi avec attention la présentation par le Premier ministre du plan dit de « déconfinement » du gouvernement.

Elle constate, le Premier ministre l’ayant d’ailleurs souligné lui-même, que demeurent de nombreuses incertitudes et questions.

Compte tenu en particulier de l’enjeu de transports collectifs sécurisés, des modes de restauration, de la gestion des flux d’entrées et sorties, des espaces de travail, des modalités de reprises différenciées de l’école, beaucoup d’incertitudes demeurent en effet.

FO constate que la progressivité mise en avant conduit cependant à une accélération certaine de la reprise dans de nombreux domaines. La Confédération appelle ses syndicats dans tous les secteurs (public et privé) à être – comme ils le sont depuis le début de la crise sanitaire – vigilants à ce que la progressivité ne se traduise pas en précipitation au risque de mettre en balance la santé des salariés.

Cela vaut pour la disponibilité effective des équipements de protection individuels, comme pour le respect effectif des gestes barrières et distances physiques prescrits. Si la progressivité doit être de mise, c’est bien à cet égard.

A ce sujet, FO réaffirme le rôle incontournable des CHSCT dont elle revendique l’obligation de remise en place et de consultation dans les plus brefs délais partout où ils ont été supprimés.

Si, à l’évidence, l’utilité des masques en particulier est désormais un élément de la doctrine en matière de protection, l’équipement des salariés étant considéré comme une condition de la reprise, FO s’attend à ce que les entreprises, comme les employeurs publics, assurent effectivement la prise en charge et la mise à disposition des masques requis. Il est également indispensable que les prescriptions – qui relèvent des pouvoirs publics – soient précisées : types et modalités d’utilisation des masques pour une sûreté de la protection en fonction des situations (poste de travail, transports).

Concernant les tests, FO note que leur utilisation à plus grande échelle vise à identifier les personnes infectées et les personnes contacts conduisant à l’isolement de ces personnes et de leur entourage potentiellement porteurs. FO s’interroge sur les risques de stigmatisation et de discrimination, ainsi que sur les conséquences en matière d’emploi et de statut des salariés potentiellement concernés.

Dans ce contexte, et compte tenu de la situation difficile dans laquelle se trouvent la plupart des salariés (peur de contracter le virus et la maladie, fins de mois difficiles, pertes d’emplois de nombreux intérimaires et précaires ou salariés licenciés, peur du devenir de son activité et de son emploi), FO estime que les dispositions d’activité partielle doivent être prolongées au-delà du 1er juin et qu’il y a urgence à revenir aux dispositions de l’assurance chômage négociées en 2017.

Alors que le nombre de demandeurs d’emploi augmente d’ores et déjà de façon importante, FO réaffirme son appel à la suspension de toute procédure de licenciement et son opposition aux dispositions dérogatoires au temps de travail et aux délais de consultation des CSE prévues dans les ordonnances de l’état d’urgence sanitaire.

FO attire particulièrement l’attention sur la situation des salariés des arts et spectacles qui demande impérativement une prise en charge au risque de situations dramatiques.

Concernant l’incitation à la prolongation du télétravail, FO rappelle qu’elle revendique l’ouverture d’une négociation interprofessionnelle, intégrant le droit à la déconnexion.

De même, FO a été partie prenante de l’initiative de l’ouverture d’une négociation sur la santé au travail qui aurait dû démarrer en mars dernier. Cette demande demeure d’autant plus d’actualité.

Le Premier ministre ayant annoncé la rencontre avec les organisations syndicales et patronales prévue jeudi, FO fera part à nouveau de ses attentes et revendications telles qu’affirmées dans sa déclaration du 20 avril dernier, y compris au regard des libertés individuelles et collectives.

arton5017Plan de sortie du confinement : le travail avant la santé ?

Pour sortir de la crise sanitaire, Edouard Philippe a présenté un plan de déconfinement concocté de toute évidence dans le cercle restreint du conseil de défense assisté de son comité scientifique. D’où le fait que passé le cadre fixé autour des mots concepts comme « se protéger », « progressivité » et « géographique », c’est largement le flou qui prédomine. Ne les ayant pas consultés en amont, le gouvernement a de toute évidence besoin désormais des autorités politiques, acteurs et actrices de la vie sociale, notamment locales, pour crédibiliser son plan. Cependant, en renvoyant aux responsabilités locales, patronales ou même individuelles la tâche de définir et mettre en œuvre concrètement celui-ci, le gouvernement peine à démontrer sa maîtrise de la situation. Tout cela, alors que l’injonction contradictoire entre la priorité affichée pour la santé et la relance au plus vite de l’économie menacée de s’écrouler est de plus en plus prégnante. Les enfants seront à l’école, enfin pas tous et pas partout pendant que leurs parents seront au travail mais incités à rester en télétravail ; si en plus l’école est fermée par décision municipale, c’est le grand bazar qui s’annonce ! Sans compter les transports en commun et leur compatibilité avec les impératifs de distanciation sociale, les protections des salarié·es selon les moyens de leurs entreprises et donc soumis à l’appréciation des employeurs… tout cela n’est guère rassurant sur la maîtrise sanitaire de la situation par les pouvoirs publics. Quant aux débats épineux, Edouard Philippe a surtout pratiqué l’esquive. Ainsi du tracking électronique des malades du Covid renvoyé à un débat parlementaire ultérieur. Sur ce point d’ailleurs, Solidaires invite à un renvoi aux calandes grecques tant les menaces présentées par ce projet sont importantes pour nos libertés.

Ce sera donc le projet de loi présenté samedi prochain en conseil des ministres, qui permettra peut-être d’y voir peut-être plus clair sur ce déconfinement dont on est d’ailleurs plus très sûrs qu’il aura lieu le 11 mai… Tout dépendra de l’avis des autorités sanitaires et des acteurs notamment locaux qui devront décider département par département selon des critères… eux-mêmes encore mal dessinés.

Une chose est sûre pour Solidaires : le retour au travail et à la vie sociale ne pourra se faire que dans la clarté, dans la sécurité sanitaire et ne pourra être conditionnés à des diktats de potentats locaux ou patronaux pressés d’en découdre avec les libertés individuelles ou le droit du travail. La sécurité sanitaire doit primer l’impératif économique, la protection des salarié·es et de tous ceux et celles qui ont perdu leurs emplois et sont dans la précarité doivent être la priorité.

Paris, le 29 avril 2020

arton2720Le 11 mai, c’est non!

Dans la continuité du discours du 1er ministre devant l’Assemblée nationale, le ministre de l’Éducation nationale confirme l’impréparation du gouvernement sur un retour de l’école le 11 mai, une date qui n’est validée par aucune autorité médicale. Et ce serait donc aux enseignants et aux collectivités territoriales d’assumer les responsabilités renvoyées au niveau local  sans aucun cadre sanitaire national strict.

D’une manière générale les regroupements ne sont autorisés que jusqu’à 10 personnes sauf dans les classes où peuvent se trouver 15 élèves c’est à dire 16 voire 17 ou 18 personnes, avec l’enseignant et les autres adultes (ATSEM, AESH…) dans une salle de 50 mètres carrés. En Belgique la norme est précise, de nature à permettre de prendre des décisions : 4 m2 par élève et 8 m2 par adultes. Quelle est la nôtre ?

Alors qu’aucun protocole sanitaire n’a encore été présenté par le ministère, les enseignants devraient avoir prévenu toutes les familles le 4 mai des modalités de retour dans les écoles. Le ministre évoque une personnalisation du parcours de l’élève, alors que la fréquentation de l’école ne serait pas obligatoire, et que personne ne sait combien d’enseignants seront véritablement disponibles.  Aucun pays en Europe ne traite le processus de déconfinement de l’école avec autant de légèreté.

Enfin, si la santé est mise en avant, le gouvernement fait le choix de l’économie, les plus jeunes élèves retrouvant les premiers le chemin de l’école alors que la proximité y est plus grande et le respect des gestes barrières plus difficilement applicable. Sans compter que la différenciation territoriale entre départements “verts” et “rouges” ne serait pas prise en compte pour le 1er degré.

Nous avons besoin d’un cadre national de réouverture des écoles validé par les autorités scientifiques et médicales. Nous avons besoin d’un temps long  pour engager un travail entre les enseignants, les parents et les élus pour le décliner localement et le soumettre à l’approbation des conseils d’école. Ce sont ces conditions qui doivent prévaloir pour organiser la rentrée, aucune pression ne doit être exercée.

Le SNUipp-FSU a déposé une alerte sociale à compter du 11 mai et, afin d’éviter tout retour précipité, il accompagnera les enseignants et enseignantes sur les modalités d’usage du droit de retrait et du droit d’alerte.

Pour le SNUipp-FSU, l’école ne peut pas être le terrain de jeu du déconfinement. L’école ne reprendra pas le 11 mai.

Paris, le 29 avril 2020

 

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