Solidaires : « note de veille » sur les sites d’extrême-droite et complotistes

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L’Union syndicale Solidaires publie une « note de veille » pour renseigner son réseau militant sur les sites et publications d’extrême-droite qui ont profité des manifestations de l’été 2021 pour déverser leur propagande. Le but est de « comprendre les ressorts de l’antisémitisme et du complotisme« .  Une information salutaire.

 

 

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Édito

La crise sanitaire et sa mauvaise gestion par le gouvernement constituent, depuis le printemps 2020, un terreau extrêmement favorable à la propagation des fake news et des théories complotistes. Ces dernières profitent directement à l’extrême-droite en lui permettant d’imposer sa vision du monde.

 

Des gouvernements d’extrême-droite ont adopté une posture « négationniste », au Brésil, le décès d’un million de personnes dont 64% de personnes noires est clairement voulu par le gouvernement de “nettoyage ethnique”.

 

Au Etats-Unis, face à Q et à ses Qanons, face à l’histoire faite de complots chinois, de voleurs de travail arrivant massivement avec la bénédiction d’élus démocrates corrompus tenant des cercles pédophiles dans des sous-sols de pizzeria, face à cette théorie promue par Trump pour indiquer aux Américains perdants de la mondialisation pourquoi ils sont dans cette situation à qui s’en prendre pour les en sortir, quelle histoire a été promue par Hillary Clinton si ce n’est « On ne peut pas y faire grand chose mais je préserverai ce qu’Obama a fait » ? La crise actuelle est à bien des égards sans précédent et crée un grandissant besoin de sens.

 

En France, les thèses conspirationnistes surfant sur la vague Qanon ont commencé à se développer pendant le 1er confinement et ont explosé à l’occasion du mouvement de contestation du passe sanitaire et de la vaccination à l’été 2021.

 

Cette note a pour but de comprendre les ressorts de l’antisémitisme et du complotisme, de connaître nos ennemi·es et leurs ramifications avec la fachosphère afin de s’outiller contre la mécanique confusionniste qui profite systématiquement à l’extrême droite.

 

Extraits :

[…]

« Les   thématiques   propres   à   l’extrême-droite   qui   ont         été développée depuis le début de la pandémie:

→ La population serait mise en danger par un complot mondial.

 

→ La dénonciation des « élites », un groupe homogène et omnipotent.

 

Pour l’extrême-droite, le peuple doit donner le pouvoir à un être providentiel pour le libérer de l’emprise des élites. Ce peut être un roi, un chef de parti, un militaire …

 

→ L’appel à un putsch militaire pour sauver la France.

 

→ La critique de la démocratie qui ne serait que la dictature de ces élites.

 

→ Le mythe d’un peuple uni, ni de gauche, ni de droite, contre les élites. C’est faux : la société est divisée en classes sociales aux intérêts divergents. L’extrême-droite, qu’elle soit souverainiste, catholique, religieuse, se situe toujours du côté du patronat et défend des régimes discriminatoires à l’égard des femmes, des personnes racisé·es, des LGBTI, des travailleurs et des travailleuses…

 

→ La comparaison entre la situation des personnes non-vaccinées et celles des juifs et juives persécuté·es et exterminé·es pendant la Shoah : cela revient à minimiser le génocide ainsi que les mécanismes qui y ont conduit et à en nier la gravité.

 

→ Accuser les vaccins d’être « contre-nature », ce sont les mêmes arguments que ceux avancés par les homophobes durant la Manif pour tous.

 

Et le Rassemblement national dans tout ça ?

Le RN de Marine Le Pen n’est pas au premier plan de la mobilisation antivax. Marine Le Pen poursuit sa stratégie de dédiabolisation de son parti, toujours d’extrême-droite. Elle entend se doter d’une image respectable et séduire la majorité d’électeurs et d’électrices favorables à la vaccination et au passe sanitaire. Néanmoins, une partie de son électorat reste  attachée  à  l’image  (même  si  elle  est  fausse)  « anti-système »  et  absolument réactionnaire du FN et aujourd’hui du RN. Pour satisfaire cet électorat, Marine Le Pen s’est contentée de dénoncer la politique du gouvernement et les inégalités induites par le passe sanitaire pendant que des élu-e-s RN ont participé aux mobilisations contre la vaccination et le passe sanitaire.

 

Le rôle des plateformes

Les plateformes généralistes ont un rôle certain dans la progression du complotisme. Les algorithmes favorisent les contenus sensationnalistes sur les réseaux sociaux : propositions d’abonnement, de vidéos … Tik Tok est un espace numérique au public jeune et très fortement travaillé par les contenus complotistes. Les militant·es d’extrême-droite vont utiliser les réseaux sociaux pour diffuser largement des contenus issus de sites d’extrême- droite.

Avant d’être banni de Facebook, Dieudonné, une figure centrale de la fachosphère, bénéficiait de 1,3 million d’abonné-e-s !

 

 Le complotisme sert de « pont » entre l’extrême-droite et les antivax

Il serait faux de dire que la totalité des manifestant-e-s antivax sont des militant-e-s d’extrême-droite. Néanmoins, l’idéologie d’extrême-droite exerce une emprise sur le mouvement antivax. Le complotisme semble être un pont qui fait traverser les idées de l’extrême-droite aux personnes sceptiques quant à la vaccination. Ainsi, celles-ci vont, sans avoir reconnu la patte de l’extrême-droite, publier sur les réseaux sociaux ou diffuser des tweets, des vidéos, des chaînes Whatsapp des messages émanant de l’extrême-droite. Elles vont également reprendre en manifestation le langage de l’extrême-droite (« dictature sanitaire », « apartheid », « éveillez-vous », « Liberté liberté ! », « tyrannie démocratique »…) ainsi que leurs symboles (rose blanche, étoile jaune, « Qui ? »…). Elles propagent, sans le vouloir, la vision du monde de l’extrême-droite.

 

 Une banalisation inacceptable de l’antisémitisme

De Dieudonné et Soral à Jean-Marie Le Pen, l’antisémitisme est un invariant de « l ‘identité extrême-droite ». Il s’est cependant répandu dans l’espace public de manière décomplexée pendant la mobilisation de l’été 2021 contre le passe sanitaire et la vaccination à travers deux symboles principaux.

 

  • L’étoile jaune est emblématique de la La Shoah désigne le génocide pendant lequel au moins 6 millions de personnes juives ont péri, exterminées par les nazis. On parle de génocide car les nazis avaient planifié l’élimination systématique de l’ensemble d’un groupe, les juifs et les juives. Comparer la Shoah au vécu des personnes non-vaccinées est une maniére de nier la gravité et la nature même du génocide des juifs et des juives. Ne pas se faire vacciner est un choix qui ne conduit personne à être exterminée, alors que les juifs et les juives ont été massacré×es en raison de leur origine.
  • La pancarte « Qui ? » reproduit un code antisémite : cette question fait référence aux propos de l’ex-général Delarwarde sur Cnews qui sous-entend que les juifs et les juives dirigent le monde, un mensonge destiné à attiser la haine à l’égard des juifs et des juives. Cette question s’accompagne d’accusations de traîtrise et bien souvent d’une liste de personnalités désignées à la vindicte. Elle renvoie directement et ouvertement à un antisémitisme complotiste qui accuse les juifs et les juives de vouloir dominer et asservir le monde en étant à l’origine de la pandémie.

 

La comparaison avec la Shoah et les accusations proférées nous rappellent que l’antisémitisme est un poison intolérable qui n’a pas sa place dans notre société. Aucune tolérance pour les antisémites !

 L’Union Syndicale Solidaires porte un syndicalisme de transformation sociale, qui ne peut se concevoir sans une lutte déterminée et sans concession contre toute forme d’oppression, de domination, de racisme.

Aujourd’hui, on ne peut que faire le constat alarmant que les idées d’extrême-droite se propagent : des personnes notoirement racistes, trouvent des tribunes et une exposition médiatique sans précédent, on peut accéder sur internet à des fichiers illégaux de militant- es anti-racistes, les attaques physiques envers les anti-fascistes se multiplient, sans parler des dégradations de tombes, ou des tags sur les locaux syndicaux.

L’antisémitisme, qui n’a jamais disparu, s’affiche de plus en plus de manière “sans complexe” comme cela a été le cas cet été dans de nombreuses manifestations anti pass.

C’est inacceptable et insupportable.

Lutter contre les dérives autoritaires de ce gouvernement comme on le fait, ne peut faire tolérer une quelconque expression de haine de salir la mémoire de la Shoah, ou de faire des amalgames qui sont de l’antisémitisme.

La crise que nous traversons est particulièrement propice à la diffusion de fake news créant un climat de confusion. L’extrême-droite se nourrit de ces doutes et des peurs. Elle s’y engouffre pour désigner des boucs émissaires et propager sa vision rétrograde et obscurantiste de la société. »

[…]

 

 

 

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