Syndicalisme et Front national : « état d’alerte » !

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L’article ci-dessous sur les défis que pose l’extrême-droite est rédigé par Noel Daucé, du secrétariat national de la FSU. La FSU a été l’initiatrice d’un rassemblement intersyndical permanent sur ce sujet (depuis janvier 2014),  comprenant la CGT, la FSU, Solidaires, et les organisations de jeunesses étudiantes et lycéennes UNEF, FIDL, l’UNL. Des journées d’études ont eu lieu récemment à Béziers, notamment sur les agissements des maires FN ou proches. D’autres initiatives suivront. Cet article, qui donne des indications sur le comportement des électorats syndicaux face au FN, invite à réfléchir aux hypothèses de crise qui pourraient amener ce parti au pouvoir.

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  • Un document :

Barrage syndical antifasciste, un outil militant contre l’extrême droite

VISA (Vigilance et Initiatives Syndicales Antifascistes) publie un nouvel opuscule « D’une élection à l’autre… Barrage syndical antifasciste ».
Disponible dès début janvier 2014 au prix de 2 € (port gratuit et tarif dégressif), cet outil militant pour lutter contre l’extrême droite traite des régions cibles du FN, relate les (bonnes) réactions syndicales, dénonce la dédiabolisation de façade du FN, revient sur l’épisode des « villes occupées » en 1955 – 2001 et décryptent les tentatives d’alliances du parti frontiste  en France et aussi en Europe.
Très utile pour répondre aux salariés tentés par le vote FN et pour organiser des débats, ce petit livre peut aussi servir de support à des formations syndicales antifascistes.

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VISA  80-82 rue de Montreuil 75011 Paris

Qui sommes nous ?

VISA est une association intersyndicale composée d’une cinquantaine de structures syndicales : la FSU et plusieurs de ses syndicats, l’Union Syndicale Solidaires et plusieurs de ses syndicats, des fédérations et des syndicats de la CGT, de la CFDT, de la CNT, de l’UNEF et le syndicat de la Magistrature.

 

Le FN/ Etat des lieux/ dynamiques et contradictions

Noël Daucé le 3 mai 2015

Dans la situation politique actuelle, il y a bien hélas une originalité hexagonale en Europe, même si dans de nombreux pays, l’extrême droite est puissante (Hongrie, Danemark, Autriche, Finlande…). C’est la place de plus en plus centrale occupée par le FN.
A partir de l’appréciation qu’il est porteur de dangers mortels pour la démocratie et pour les forces politiques et sociales, qu’on incluait, il y a encore peu, sous le vocable « mouvement ouvrier ». Il est absolument nécessaire d’analyser sa dynamique ascensionnelle en cours. C’est à dire son implantation, les modifications de ses bases électorales, le jusqu’où ira-t’il ? Et les contradictions qu’il rencontre face à son accession au pouvoir.

État des lieux

D’élections en élections (européenne, sénatoriale, municipales, départementales), il progresse avec une mutation et un élargissement de ses bases électorales. Le mouvement a commencé avec les élections municipales de l’année dernière où le FN et son pseudopode : le Rassemblement Bleu Marine ont conquis la majorité municipale dans 10 villes et sont victorieux également dans le 7è arrondissement de Marseille (13è et 14è secteur). Pour une comptabilisation exacte des « victoires » de l’extrême droite, il faut ajouter les villes où la ligue du sud domine Orange, Bollène, Piolenc et Camaret sur Aigue, Besmont dans l’Aisne quant à elle a un maire issu du parti de la France. Au total, comme le précisent les documents issus de le Fédération des Services Publics CGT, « ce sont près de 450 000 de nos concitoyens qui vivent dans une commune administrée par l’extrême droite ». (rapport du Comité national Fédéral 21/22/05/14). Une visite exhaustive doit intégrer les toutes petites communes ayant basculé et celles où sous l’étiquette divers droite ou a-politique se cache l’extrême droite. Les sénatoriales ont confirmé la poussée, avec l’élection de 2 sénateurs mais surtout parce que « le FN a ratissé bien au-delà de ses grands électeurs-le parti d’extrême droite réunissant 3972 suffrages alors même qu’il ne disposait que d’un millier de voix acquises ». 1 Pourtant ces élections ne sont pas un terrain favorable pour le FN, où l’implantation locale est à privilégier et avec un mode de scrutin difficile. Les départementales ont été une marche supplémentaire, avec le parti d’extrême droite en capacité de se présenter dans 95 % des cantons (9648 candidats), au final il a recueilli près de 26 % des suffrages exprimés. Certes il a échoué à prendre la tête de plusieurs départements, objectif qu’il avait pu caresser pendant la campagne électorale mais cela est dû en grande partie aux modes d’organisation des scrutins.
Surtout dans presque toutes les municipalités dirigées par l’extrême droite leur score aux départementales a progressé, avec parfois des bonds de 20 points comme au Pontet.
Dans un sondage IFOP, dans les 9 villes FN ou RBM, 73 % des habitants se déclarent satisfaits de leur maire, 82 % leur reconnaissent de l’autorité et 72 % de la compétence, certes 58 % les jugent sectaires. Les municipalités FN sont 10 points au-dessus de la moyenne d’appréciation toutes tendances confondues. La tactique politique du FN à la tête des municipalités est différente de la séquence qu’il avait organisé en 1995. Il recherche « une situation plus apaisée, en évitant les provocations trop criantes, ils sont en marche « à pas de velours ». Mais le paysage social et politique dans ces municipalités est peu à peu transformé (cantine, associations, logement, culture, démocratie locale…). Pour Marine le Pen, l’exercice municipal est un passage obligatoire car le FN « manque d’un bilan » « c’est grâce à ce bilan que l’on passera à un stade supérieur » 3
MLP déclare « urbi et orbi » que désormais le FN est le 1er parti de France. Il ne s’agit surtout pas de sous estimer son élan actuel et sa dangerosité. Mais le taux des abstentions est aujourd’hui à chaque élection avoisinant les + 50 %, il faut donc diviser par 2 ses résultats uniquement comptabilisés sur les suffrages exprimés et non le nombre des inscrits. La puissance de l’abstention en particulier dans les secteurs populaires est nourri par les déceptions profondes provoquées par les politiques du gouvernement actuel. Au-delà de l’ abstentionnisme les études de Nonna Mayer apportent d’autres éléments inquiétants puisque selon elle, « la proximité avec les idées du FN est encore plus massive que le vote FN » en particulier chez les ouvriers et les précaires. Elle ajoute que ce sont dans ces milieux populaires que l’on s’inscrit le moins sur les listes électorales. Une bonne partie de cette population défavorisée, ouvrière, ne va pas voter. Donc cela pourrait être pire » . 4
L’état de l’opinion, des opinions dans le pays est un facteur essentiel. Sur ce terrain, le rapport des populations avec l’extrême droite est traversé de puissants mouvements contradictoires.
Le premier élément tourne autour d’une analyse actant « une droitisation du pays ». C’est en soi, un sujet de débats contradictoires, sur lequel nous n’avons pas la place de développer. Est-ce que cela tient de la droitisation, de la radicalisation des électorats de droite ? Avec des faits comme un électorat UMP adhérant à 44 % aux idées du FN, 40 % des sympathisants UMP pour des alliances ponctuelles avec le FN.
Mais des tendances lourdes sont à l’œuvre et entrent en écho avec le programme du FN ; il faudrait rétablir la peine de mort (50%) il y a trop d’immigrés en France (67%)-la France doit se protéger davantage du monde d’aujourd’hui (47%) 6 . Autre sondage plus récent : on ne défend pas assez les valeurs traditionnelles en France (73 %)- plus de pouvoir à la police (65 %)- la justice n’est pas assez sévère avec les petits délinquants (66 %).
Du point de vue des mutations des bases électorales des changements sont également en cours. Le FN sort de ses bases électorales « traditionnelles » dans lequel il a été figé de nombreuses années . D’abord d’un point de vue sociologique. La première observation et la féminisation du vote Le Pen. Alors que pendant des années, « les femmes étaient plus réticentes à l’égard de ce parti. En 2012, ce n’est plus les cas » (Nonna Mayer) 4 . L’implantation au sein des artisans, petits patrons, paysans, s’étend largement au monde ouvrier. Avec là encore, des changements et des précisions nécessaires à apporter. Contrairement à ce qu’on peut analyser comme un vote ouvrier exprimant un « gaucho-lepénisme » (Pascal Perrineau) nous sommes confrontés plutôt à « un droito-lepénisme » (Nonna Mayer). Non seulement il a toujours existé un vote réactionnaire ouvrier (cf les scores du Général de Gaulle) mais on a clairement un monde ouvrier de droite qui est plus séduit par Marine Le Pen,. Il ne s’agit pas d’un vote ouvrier passant de « l’extrême gauche à l’extrême droite » car on assiste pour « le vote de gauche des ouvriers » à un double phénomène. Premièrement un recul du vote de gauche entre les années 70 et 2000 de près de 20 points, notamment avec l’érosion du vote PC et la force de l’abstention. Deuxièmement, un renouvellement générationnel important, « ce sont de nouveaux ouvriers qui entrent dans le corps électoral » selon Florent Gougon. 4
Autre caractéristique du vote FN au sein des classes populaires, « une explosion du vote MLP chez les employés du commerce » et à la présidentielle toujours « ce sont les ouvriers non-précaires dont le vote pour MLP a atteint 36,8 %. Ce sont ceux qui ont peur de tomber. Ils regardent vers le haut mais aussi vers le bas désormais, ils ont peur d’être déclassés ». Ils sont « un peu plus catholiques, ont un peu plus fort taux d ‘équipement des ménages, habitent plus hors des grandes villes, ont un petit diplôme : ils ont un petit quelque chose qu’ils ont peur de perdre » 4
Jusqu’à présent le vote FN comportait 2 grands épicentres dans le Nord et le Sud-Est de la France, avec des électorats socialement diversifiés . Ouvriers et populaires au nord et classes moyennes bourgeoises au sud, en liaison notamment avec un électorat « pied-noir ». Mais dans sa phase actuelle il a réussi à déborder de ses terres électorales traditionnelles. 7 Une des extensions les plus significatives est sa capacité à s’implanter dans les grandes zones d’ancienne implantation de la démocratie chrétienne comme l’Ouest de la France (Côtes d’Armor…)
Dans le syndicalisme : état d’alerte !

Avec tous les éléments développés ci-dessus, une crise du capitalisme de « longue durée » : plus de 7 ans, des fractures et recompositions des blocs dominants et des grands ensembles mondiaux, de la crise écologique de plus en plus forte, des guerres et tensions qui embrasent des zones entières de la planète, de la montée du fondamentalisme religieux, un climat anxiogène profondément déstabilisant se développe. Cet enchevêtrement de crises, avec des situations chaotiques amplifie les phénomènes de déclassement, de relégation, de fractures territoriales et sociales. La profondeur d’un chômage de masse, de très haut niveau d’une extension de la précarité, de la désindustrialisation continue, produit une modification de la cartographie sociale du monde du travail, avec la naissance et la stabilisation d’une « nouvelle classe ouvrière ».
Le syndicalisme est déstabilisé et mis en grande difficulté face à l’intransigeance gouvernementale et patronale. Des secteurs de ses propres bases sont « travaillés » par la pression de l’extrême droite.
D’autant plus qu’elle a approfondi son tournant social des années 90 en continuant à marcher sur son axe hyper nationaliste (antimondialisation, repli hexagonal, anti Europe libérale) tout en ajoutant un volet social-protectionniste : retraite à 60 ans, défense des 35h…
Ce qu’on peut appeler la ligne Philippot.
L’impact dans les syndicats est différent de ce que nous avions connu dans les années 90, avec la tentative d’implantations de toute pièce, de syndicats fascisants. Aujourd’hui nous sommes confrontés, non pas massivement à des phénomènes entristes mais à des adhérents ou militants « retournés », gagnés aux idées de l’extrême droite.
Nous disposons de données précises, extrêmement préoccupantes dont les résultats paru dans l’Humanité (25/05/14). 8
Le vote FN, chez les salariés proches de FO s’élevait à 33 %, Solidaires à 27 %, les autres syndicats 29 % (sous cette dénomination peuvent être présent la CGC, la CFTC et des syndicats autonomes…), la CGT 22 %, pour les salariés proches d’aucun syndicat 34 %. La présentation de plusieurs militants ou responsables syndicaux sur les listes électorales de l’extrême droite en est la traduction. La plupart. des syndicats a été touchée (CGT, FO, Solidaires, CFTC…). On peut penser que dans un certain nombre de cas, cet « outing »ne révèle dans les faits que la partie immergée de l’iceberg. La pénétration des idéologies fascisantes par l’intermédiaire des réseaux Dieudonné-Soral au nom d’un antisionisme radical transformé en pur antisémitisme est avéré. Par exemple avec photo lors d’une grève dans l’aérien, sous banderole CGT, d’un groupe de grévistes faisant « la quenelle » …
Le terrain de la radicalité peut-être trompeur, s’il n’est pas articulé et mis en écho avec des programmes alternatifs de gauche, à la fois concrets et à dimension internationalistes.
C’est ce que démontre un questionnaire portant sur l’attitude des syndicats par rapport aux patrons. Ceux/celles qui trouvent les syndicats trop conciliants à l’égard des patrons sont 32%. Dans ces 32 % lorsqu’on dresse les affinités politiques, ceux et celles qui se réclament du FG sont 43 %, mais la référence politique qui suit immédiatement est le FN à 42%!!! 9
Autre élément qui étaye ce que nous tentons de démontrer : les résultats lors des dernières élections de décembre 2014 dans la fonction publique territoriale. Outre que l’on peut penser que c’est dans la catégorie C (la grande majorité du corps électoral de la territoriale) que la sensibilité de l’influence de l’extrême droite est la plus forte.
Tous les syndicats ne sont pas à la même enseigne. Car dans les municipalités sous domination de l’extrême droite, les scores de FO sont le double de la moyenne de ce syndicat au niveau national. Par ailleurs un petit syndicat réalise également des scores plus significatifs : le SAFT (syndicat autonome de la fonction Publique Territoriale).
L’attitude des syndicats est également différente . Dans tous les cas où des membres des syndicats CGT/CFDT/Solidaires se sont présentés sur les listes électorales d’extrême droite, ils ont été exclus. Ce n’est pas le cas pour FO, qui sur ce terrain de plus a un comportement en régression puisqu’il avait procédé à une exclusion en 2013 d’une responsable de son syndicat (présente sur une liste FN) du personnel civil de la défense nationale. Or aujourd’hui, au nom de l’apolitisme, FO refuse d’exclure ses membres présents sur des listes d’extrême-droite (comme à Hayange pour l’ex-maire adjointe).
Tout cela démontre l’importance de l’action inter-syndicale unie, dont la FSU a pris l’initiative (CGT, Solidaires, UNEF, UNL, FIDL). Cette campagne permanente n’est nullement exclusive d’autres initiatives intersyndicales plus larges. On peut penser qu’après les attentats des 7, 8, et 9 janvier un texte commun pourrait être signé de toutes les organisations syndicales (exceptée FO), donc un arc de forces inédit.
Jusqu’où le FN peut-il aller ?

Surfant sur les crises, les pulsions identitaires contre l’immigration et l’Islam et usant d’un discours pseudo-social, jusqu’où le FN peut-il aller ?
On pouvait penser qu’à la suite des attentats et de son isolement lors des manifestations du 11 janvier, de sa manifestation ratée de Beaucaire, le FN allait traverser « un trou d’air » politique et électoral. Les élections départementales ont apporté un démenti ! Les immenses manifestations du 11 janvier, avec leurs expressions citoyennes et démocratiques ont été marquées par de grands absents : les banlieues et le monde rural. Pierre Rosanvallon en donne une analyse et quelques clefs 10 : « c’est la fracture entre une France impliquée et une France marquée par un sentiment d’abandon, submergée par les difficultés personnelles qui se sent marginalisée. Elle s’est manifestée par un retrait … »
« On a ainsi vu une nette fracture se révéler entre une France de la défection dans ses différentes composantes et celle de l’implication ».La querelle « familiale » à la tête du FN, après les déclaration de JM LePen à Rivarol et les révélations sur les pratiques financières du FN (financement électoral, paradis fiscaux) n’entament pas son influence. Pour la première, elle joue même dans la crédibilisation de la dédiabolisation et de l’image « plus soft » d’un FN relooké.
Mais dans son ascension, le FN est marqué par des poussées contradictoires.
La première est peut-être la plus importante tient dans le programme économique du FN : rupture avec l’Europe , sortie de l’euro, repli autarcique en défense d’un capitalisme hexagonal. C’est d ‘ailleurs sur cet angle d’attaque que frappent conjointement Hollande et Sarkozy taxant le programme FN de « tract du PC des années 70 » ou de programme d’extrême gauche. Un article du Figaro le taxe de programme-dans la même veine- Néo-Péroniste. Une sorte de plafond de verre bloque le FN pour aller jusqu’au bout et « prendre le pouvoir » est l’opposition des secteurs dominants du capitalisme à dimension internationnale. Mais à contrario, il pourrait trouver un autre appui social dans le secteur des PME (important dans la structure du capitalisme français) : 56 % de la valeur ajoutée marchande, 65 % de l’emploi marchand. Ces principales difficultés proviennent notamment de la faiblesse de la demande intérieure et de leurs difficultés à exporter. Le programme du FN avec son repli autarcique, la reconstruction des frontières, son protectionnisme sélectif pourrait lui offrir des perspectives. Le FN est en difficulté sur sa proposition de sortie de l’euro qui ne rencontre que 25 % d’adhésion- 69 % en contre (en chute continue depuis 2011) même au sein de son électorat, il ne rencontre que 52 % de soutien et 43 % d’opposition.
Mais ne peut-il pas bouger sur cet élément programmatique ? Tenter par une alliance avec des secteurs « sortants » de la droite classique qui en ferait un casus belli contradictoire avec toute possibilité de convergences.
Le deuxième facteur contradictoire questionne à la fois la situation sociale et le processus de radicalisation de la droite. Le niveau des luttes, des résistances est faible dans notre pays, comparé par exemple au cycle qu’on connaît dans divers pays européens (la Grèce, le Portugal, l’Espagne, la Belgique, l’Irlande…).
Donc la nécessité pour les forces dominantes de passer aux solutions radicales portées par l’extrême droite n’est pas aujourd’hui une perspective incontournable .
Car elle comporte des risques en soi, des pertes de contrôle et le déclenchement de dynamiques redoutables. Toutefois, la crise politique et économique possède une telle ampleur et a des rythmes propres ! Alors, une hypothèse poussant à se débarrasser des corps intermédiaires et allant jusqu’au bout du projet formulé par Sarkozy pourrait avoir une certaine crédibilité. Pour sortir de la crise, une nouvelle étape (vers la barbarie) pourrait rimer avec l’anéantissement des forces de résistance (syndicats, associations, partis de gauche) qui entravent le chemin vers une domination sans partage….
La troisième contradiction est nichée dans l’architecture constitutionnelle propre à la constitution de 1958 et à ses modes électoraux. Le scrutin uninominal à deux tours fait obstacle à l’accession massive du FN au Parlement et aux exécutifs départementaux. Ce ne sera pas le cas pour les régionales de décembre 2015, avec une proportionnelle et la « prime à la première force ». Mais si Marine Le Pen remportait l’élection présidentielle alors la constitution se révélerait un outil redoutable entre ses mains (article 16, référendum, etc.). Autre obstacle, pour l’instant, la faiblesse de son appareil politique, la jeunesse et les limites de son réseau d’élus.
Donc, dans un contexte politique où 62% des sondés sont en désaccord avec les idées du FN, le franchissement d’un cap politique pour accéder au pouvoir lui impose un certain nombre de mutations politiques (dans le cadre d’alliance avec des secteurs de droite et/ou d’inflexion de son programme économique.
Ce que nous ne maîtrisons pas, ce sont les irrationalités des pulsions politiques provoquées par un approfondissement de la crise économique, ou comment le corps social réagirait à une vague d’attentats…
Une alliance des secteurs de droite hystérisés et de secteurs populaires déclassés et rendus fous par la crise pourrait constituer une force sociale redoutable. Pour ces secteurs populaires en déshérence, une politique protectionniste et d’exclusion des immigrés peut offrir une sorte de redistribution interne des richesses sécurisante. Car pour reprendre une citation de Léon Trotsky : « Quand le peuple ne trouve pas de solution dans l’espoir révolutionnaire, il peut être enclin à le chercher dans le désespoir contre-révolutionnaire. »
Le syndicalisme a donc devant lui deux tâches vitales au sens propre du terme. Tenir la ligne de front contre les idées et pratiques de l’extrême-droite en occupant une place indispensable au sein du salariat. Il lui faut regagner celles et ceux qui sont en « balance », attirés par l’extrême-droite et ses raccourcis nauséabonds. Cela suppose aucune tolérance ou compromission dans ses propres rangs à l’égard des militants d’extrême-droite. Le second aspect est qu’il s’empare avec ses propres élaborations de la reconstruction d’un espoir politique. En ce sens, travailler à égalité avec le monde associatif et politique pour affirmer des alternatives de gauche est un cheminement obligatoire et urgent. Une course de vitesse est engagée, le syndicalisme doit tenir son rang.
1- Le Monde -30/09/14 p.8
2- sondage IFOP (7 au 9 mars 2015) par I Télé et Sud Radio
3- Entretien au Monde 29/03/14 MLP
4- En finir avec les idées reçues sur « le FN, parti des ouvriers »
Marine Turchi. Médiapart 26/02/14
5-des électeurs de droite qui se radicalisent.
Pierre Bréchon Le Monde 05/04/15
6-baromètre CEVIPOF « confiance en politique » 25/11 au 12/12/13 .
Le Monde 14/01/14
7- ce que le vote FN nous dit de Paris, Lyon et Marseille.
Le Monde 29/03/14 p.18-19
8- sondage IFOP . L’Humanité 25/05/14
9- TNS Sofres juin 2013 / baromètre 2013- résultats/ l’image des syndicats et la démocratie sociale
10- P. Rosanvallon- interview Le Monde 12/02/15

et aussi :
-le Front National de 1972 à nos jours, les hommes, les idées.
Valérie Igounet . Seuil 2014
-de Le Pen à Le Pen ; Jean-Paul Gautier. Syllepse mai 2015
– Le Front National-mutations de l’extrême droite française.
Pascal Delwit. Université de Bruxelles 2012
– Loin des mythes dans l’isoloir. Sylvain Crèpon- Joël Gombin.
Manières de voir 134. Le Monde diplomatique avril/mai 2014.
– La France du Front. Pascal Perrineau. Fayard février 2014

URGENT – Manifestation à Béziers DEMAIN SAMEDI 09 MAI

La Commission Exécutive de l’Union Locale CGT de Béziers et du Biterrois réunie ce jour à 15h00 a pris la décision de s’associer aux initiatives prises sur la ville de Béziers en réponse au comportement de Robert Ménard et à ses propos sur le fichage illégal à caractère religieux et ethnique des élèves de sa commune.
Ne nous trompons pas, comme avec la rue du 19 mars 1962, Robert Menard ne cherche pas qu’à transgresser les valeurs élémentaires de la République,
il vise surtout à accoutumer le peuple de Béziers à la division afin de mieux banaliser le discours de la haine, du racisme et de la xénophobie.
Dans ce cadre, l’Union Locale CGT de Béziers appelle les salariés à se joindre au rassemblement samedi 9 mai à 10h00, recueillement devant la statue de Jean Moulin, Place du 14 juillet, avec la Ligue des Droits de l’Homme, le Comité Laïcité République Biterrois et l’Union Citoyenne Humaniste Jean Moulin.

Ce rassemblement s’inscrit en droite ligne des débats exprimés dans l’initiative nationale à l’appel de VISA (Vigilance Initiative Syndicale Antifasciste), et de certaines organisations syndicales, qui s’est déroulée le 6 mai dans les locaux de l’Union Locale CGT de Béziers
Fait à Béziers le 07 mai 2015.

 

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