Syndicalistes et élections de 2017 : un aperçu

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A l’occasion du meeting intersyndical contre la loi travail qui s’est tenu lundi 30 janvier à Paris (800 personnes), l’Humanité a interrogé des syndicalistes sur leur point de vue à propos des élections de 2017. A méditer. 

 

Mouvement social. Ces syndicalistes qui hésitent à voter en 2017

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Sébastien Crépel
Mercredi, 1 Février, 2017
L’Humanité

Si les militants anti-loi travail rencontrés lundi à Paris confient leur défiance envers le PS, ils restent très indécis sur leur choix à la présidentielle, sans écarter le vote Mélenchon.

Il ne suffit pas de changer le casting de l’élection présidentielle pour effacer d’un coup les effets d’un quinquennat de renoncements et d’attaques antisociales. Les primaires de la droite puis du PS ont beau avoir chassé les « sortants » en empêchant le retour de Sarkozy et les candidatures de Hollande et Valls, les militants syndicaux les plus engagés dans les batailles depuis 2012 hésitent à voir dans les scrutins de 2017 l’occasion d’engager une politique de progrès.

C’est le cas de ceux rencontrés lundi soir à Paris, à l’occasion d’un meeting régional contre la loi travail (voir encadré), au lendemain du résultat de la primaire socialiste. « Je ne nourris aucun espoir dans les élections », tranche net Clémentine, salariée syndiquée à la CGT chez EDF, pour qui « la clé du changement est dans le mouvement social, dans le syndicalisme ». « Je vais m’abstenir », assure de son côté Cécile, professeure de lycée et militante FO. Tout comme sa collègue Delphine : « Les candidats font des discours, mais aucun ne donne de réelles garanties. Tous disent : “Je continue à sauver les meubles dans le cadre européen”. »

Si tous ne sont certes pas résolus comme elles à bouder les urnes, beaucoup sont encore indécis sur leur choix le jour du vote. « Certainement que j’irai voter, confie ainsi Dominique, mais je n’ai pas beaucoup d’espoir. » Pour cet adhérent de FO finances, « tous ceux engagés d’un côté ou de l’autre ont mené la même politique et ont été ministres. Le gagnant de la primaire a été aussi aux commandes et, quand il a fallu censurer le 49-3, il ne l’a pas fait ».

Aucun syndicaliste tenté par la primaire socialiste

L’attitude jugée trop timorée des frondeurs tout au long du quinquennat, reculant aux moments décisifs, n’est pas oubliée. C’est même une caractéristique chez ces militants très impliqués dans les sections syndicales dont ils sont pour certains les responsables : étant de tous les combats, ils n’oublient rien des mauvais coups et des petites lâchetés. « La remise en cause des obligations de service des enseignants, c’est le décret Hamon. Macron, c’est le maître d’œuvre de la loi travail », énumère Cécile, la militante FO. « J’ai voté PS une seule fois, en 2012. C’était une erreur », lance Line, salariée dans le conseil en entreprise et syndiquée CGT. « On s’est fait claquer par la loi Macron et la loi travail. Maintenant, je vote selon mes convictions. Je ne me ferai plus embarquer par le PS », jure Céline, de la CGT commerce, qui avait aussi voté Hollande au second tour. La salariée ne dévoile pas quel bulletin elle glissera dans l’urne au premier tour, le 23 avril, mais son choix se portera sur un candidat de « l’autre gauche ».

D’ailleurs, aucun syndicaliste rencontré lundi ne s’est senti concerné par la primaire. « Il y a cinq ans, j’avais voté pour peser sur le PS, mais là, je n’espère plus rien de la social-démocratie », affirme Jean-Renaud, de la CGT Paris. « C’était un problème interne au PS, je n’avais pas à me prononcer », estime Didier, postier CGT. Et pour Christine, membre de la CGT culture, la primaire servait à désigner « un cheval de rechange au cas où Valls ne passe plus ». Ce qui n’empêche pas chacun d’apprécier la sanction de la politique de l’ex-premier ministre : « Les gens se réveillent. La campagne ne doit surtout pas être un motif de silence », estime Dominique, de FO.

Une partie de ces militants regardent du côté de Jean-Luc Mélenchon, mais sans avoir fait de choix définitif. C’est le cas de René, syndiqué à la FSU. « Jusqu’à présent, mon choix c’était plutôt Mélenchon », explique le retraité, qui espère désormais un accord entre lui et Benoît Hamon, « indispensable à un espoir de réussite ». Dans cette optique, peu lui importe le candidat : « En cas d’accord, on vote pour un programme ». Mais tous ne placent pas leurs espoirs dans une telle hypothèse. « Il y a un vrai élan autour de Mélenchon, mais l’addition ferait fuir une partie des électeurs PS, juge Céline. Il faudra du temps pour recoller les morceaux à gauche. » D’autres observent le candidat de la France insoumise avec distance : « Son programme oui, mais la personne ne me plaît pas », confie Line. « Je ne lui fais qu’à demi confiance. Il n’est pas issu du monde du travail », ajoute Dominique. « J’ai encore trois mois pour me décider, conclut Line. Il peut se passer beaucoup de choses. Je voudrais que l’espoir vienne du mouvement social. »

 

Loi travail : Pas de trêve

800 militants se sont réunis lundi soir, au gymnase Japy, à Paris, pour un meeting régional unitaire pour l’abrogation de la loi El Khomri dont les effets sont déjà une réalité. « C’est un recul social historique, il faut en finir avec ce prétendu “coût du travail” et refonder la démocratie en entreprise », a déclaré Pascal Joly, secrétaire général de l’Urif-CGT. Des entreprises où « tous les syndicats sont confrontés à la signature d’accords qui priment désormais sur les accords de branches », a rappelé Gabriel Gaudy, secrétaire général de l’Urif-FO, appelant les organisations à ne pas céder au chantage à la signature.

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