Une tribune de Patrick Brody dans L’Humanité

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Patrick Brody, syndicaliste, s’exprime dans l’Humanité du 9 juin 2020 sur la situation, les appels qui se multiplient, et notamment la portée possible du rassemblement PlusJamaisCa entre syndicats et associations.

 

Mardi, 9 Juin, 2020

Tribune libre appel aux partis politiques. L’alternative concrète

« Il y aura un avant – et un après – coronavirus. Mais personne ne peut dire ce que sera le monde d’après. Cela dépendra de nos capacités à changer l’ordre existant. Après 2008 Sarkozy était devenu un instant anticapitaliste dans un discours. Macron nous rejoue la même comédie. Le pouvoir, les dominants ont bien compris : la colère est grande. Elle était déjà bien présente avant la crise sanitaire (gilets jaunes, mouvement sur les retraites). Cette colère contre les ravages du libéralisme économique qui creuse les inégalités sociales tout en détruisant l’écosystème s’est renforcée ces deux derniers mois. L’échec du système est patent pour le plus grand nombre, la concurrence libre et non faussée, qui a mis à mal notre système de santé et la plupart des services publics, est apparue comme insupportable à la population. Les inégalités sociales entre les premiers de corvée et les premiers de cordée encore plus criantes.

La situation politique impose ici et maintenant de trouver une issue. Les initiatives multiples venant du mouvement social, de citoyen.ne.s, d’intellectuel.le.s et de forces politiques de gauche se multiplient et c’est tant mieux. Désormais, la question qui est posée n’est pas celle de l’alternance mais bien de l’alternative et de la rupture avec le capitalisme. Par la crise de 2008, le capitalisme a été incapable aux quatre coins de la planète de se transformer, d’arrêter la course infernale de l’accumulation, de la marchandisation de tout et n’importe quoi. Le temps n’est plus aux demi- mesures. C’est une autre logique que nous devons mettre en avant pour l’émancipation humaine et la sauvegarde de la planète.

Parmi les appels qui ont vu le jour dans la période, deux d’entre eux méritent toute notre attention, pour celles et ceux qui ont la volonté de trouver une issue favorable au monde du travail, des précaires, des chômeurs. Le premier appel réunit des personnalités politiques de gauche, « Au cœur de la crise construisons l’avenir ». Si cet appel a le mérite d’avoir réuni des personnalités venant d’horizons différents de gauche, il est bien pauvre en propositions concrètes, et pour tout dire, à ce stade, pas à la hauteur des enjeux. Il ne suffira plus de dire que notre ennemi est la finance pour être crédible aux yeux des classes populaires. Les déclarations vagues et floues ne suffisent pas. Le défi qu’il nous faut relever, c’est construire une alternative. L’écueil à éviter, c’est un programme sans unité qui se suffirait à lui seul et l’illusion que cela dispenserait de travailler à l’unité de tous, et, d’un autre côté, une union de façade de quelques-uns qui ne reposerait sur aucun engagement concret sur les salaires, la diminution du temps de travail, la fiscalité, la nécessaire rupture avec le productivisme pour engager une véritable transition écologique. Le ciment de l’unité de notre camp social, ce sont les mesures concrètes pour répondre aux besoins de la population, donc la répartition des richesses produites par le travail. Il ne s’agira pas de quelques « mesurettes » vertes mais bien d’une rupture pour engager concrètement la bifurcation écologique de la société. Le second appel, à l’initiative de syndicats (CGT, Solidaires, FSU, Confédération paysanne) et d’associations (Attac, Greenpeace, Oxfam, etc.), est d’une importance décisive pour offrir une issue positive à la crise du système néolibéral productiviste. Il contient des mesures prenant en compte les exigences sociales et écologiques. Cette démarche unitaire rompt un isolement, renforce les capacités de mobilisation et d’action sur des propositions communes. En demandant aux partis politiques de gauche de participer à une réunion commune pour discuter de ces mesures et de mobilisations futures afin de porter celles-ci, nous assistons à un événement majeur, porteur d’espoir. Aux partis politiques de répondre car rien ne serait pire que rater cette occasion de se saisir de propositions qui pourraient être des réponses immédiates à la crise.« 

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