Une tribune de syndicalistes

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Olivier Dupuis et Patrick Brody, syndicalistes CGT, font connaître cette tribune mettant en perspective les mobilisations en préparation contre les ordonnances Macron. Ils appellent à ne pas opposer les dates déjà annoncées et à créer « un front uni »

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Au centre :Patrick Brody

 

Tous ensemble contre les ordonnances de Macron/Philippe.


L’année 2016 avait vu le syndicalisme se mobiliser fortement et dans la durée contre la loi El Khomri (Loi travail)

Aujourd’hui, le Président de la République et son premier Ministre devant l’échec du mouvement social à faire reculer le gouvernement Valls reviennent finir le travail entamé par leurs prédécesseurs.

La Loi anti-travail Philippe/Pénicaud est la « voiture balaie » de toutes les réformes libérales précédentes. Elle est une remise en cause majeure du droit du travail conquis par les travailleurs depuis des décennies de luttes.

Le message du 1er Ministre et de la Ministre du travail pour nous vendre ces ordonnances est simple mais mensonger.
Il s’agirait d’en finir avec le chômage de masse, simplifier les relations sociales au sein des entreprises. C’est le message répéter en boucle par le 1er Ministre ou Emmanuel Macron dans son interview fleuve au Point : « La réforme du marché du travail doit être assez ambitieuse et efficace pour continuer à faire baisser le chômage de masse et permettre de ne pas revenir sur ce sujet durant le quinquennat ».

Et pourtant lors d’un interview le lendemain de la présentation de la Loi travail.2, la Ministre du travail prévient que les ordonnances ne sont pas « une baguette magique » contre le chômage et le vice-président du Medef, Thibault Lanxade a déclaré: « C’est une première étape importante dans la construction d’un droit du travail plus en phase avec la réalité des entreprises », mais Il n’y aura pas de vague d’embauches »

Les faits sont têtus, l’expérience a montré que la destruction des garanties collectives des salariés était source d’accroissement du chômage comme nous avons pu le voir dans les deux quinquennats, celui de Sarkozy puis celui de Hollande, avec l’augmentation d’un million de chômeurs.

Depuis 2013, les travailleurs de notre pays ont connu quatre réformes du code du travail (Loi Sapin dite « sécurisation de l’emploi, Loi rebsamen, Loi Macron et Loi El Khomri) ayant toutes le même objectif faire reculer les droits des salariés sous couvert de rendre la vie des entreprises plus « agiles » et créer des emplois. Nous sommes à 6 millions de chômeurs. Faut-il continuer dans cette voie…???

Faciliter les licenciements, les rendre moins coûteux pour les patrons, s’attaquer à la représentativité syndicale dans les entreprises. Voilà en quelques phrases, le dernier chapitre de la Loi travail version Philippe/Penicaud.

L’esprit de cette Loi est aussi de faire rentrer dans le rang la France et la mettre au diapason de ce qui se fait en Europe.

Allons nous aussi aller vers un accroissement des travailleurs pauvres, un salarié sur six dans l’Union européenne est un travailleur pauvre (Étude Eurostat, office officiel des statistiques de l’Union européenne)

Entre 2007 et 2015, la France régresse moins que la plupart des pays européens grâce à son modèle social. Un salarié allemand sur quatre est un travailleur pauvre contre un sur dix en France (Hors apprentissage)

Est-ce le modèle de société que nous voulons en France, plus de travailleurs pauvres, plus de précarité, de misère sociale, un affaiblissement des organisations syndicales.

Et ce n’est qu’un début, car le gouvernement a déjà dans les tiroirs trois  autres réformes en préparation, formation professionnelle, l’assurance chômage, les retraites.

Le Medef qui ne soumet jamais à aucune élection se réjouit, la CPME aussi, mais ils attendent de nouvelles concessions (L’attitude reste la même que sous le gouvernement précédent) Les organisations syndicales patronales sont insatiables et l’appétit vient en mangeant, qu’elles seront leurs nouvelles demandes, quelles seront les nouvelles concessions que fera ce gouvernement dans la droite ligne du précédent…

Face à cela, une nouvelle fois les organisations syndicales sont divisées. Jean-Claude Mailly qui avait à juste titre dénoncé la Loi El Khomri, comme une « Loi folle » et avait pris une part active dans les grèves de l’an dernier. Désormais, il se satisfait de la méthode et conteste peu le fond. Pourtant il lui sera difficile d’expliquer que les reculs sociaux prévus dans les 5 ordonnances ont moins de nuisance que la Loi El Khomri.

Néanmoins, nous ne confondons pas les propos du Secrétaire Général et les militants et adhérents de cette organisation syndicale, nombreux sont ceux qui sont vent debout contre ces ordonnances et qui vont rejoindre la manifestation du 12 septembre.

L’heure n’est pas à la résignation, mais à la mobilisation, il n’y a que les batailles que l’on ne mène pas qui sont perdus par avance.

Les ordonnances modifient en profondeur le droit du travail et ne répondent qu’aux intérêts et revendications du patronat. Le 12 septembre, un première riposte que nous souhaitons massive.

En cette rentrée sociale, nous pouvons tout de même nous appuyer sur plusieurs éléments.

La Cgt et d’autres organisations syndicales ont commencé leur travail de décryptage et d’explications dans les entreprises. Au fur et à mesure que les salariés prendront connaissance des ordonnances, ils prendront conscience du danger et de la profonde mutation que cela entraîne dans leur quotidien au travail.

Cela étant, nous pouvons nous féliciter du travail parlementaire des députés de la France Insoumise et du groupe communiste qui se sont battus pieds à pieds à l’assemblée nationale et nous pouvons compter sur leur combativité dans les semaines à venir.

En proposant, une journée de manifestation le 23 septembre la France Insoumise est dans son rôle. Elle proclame être utile au mouvement social, c’est possible et tant mieux.

Cependant être utile ce n’est pas  jouer en solo. C’est s’efforcer à réunir toutes les forces disponibles sans exclusive qui s’opposent au projet néfaste de la grande transformation du droit social français.

Créer un Front uni, pérenne pour organiser et amplifier la mobilisation. Oui, dans les semaines à venir, ayons l’objectif de réunir toutes les forces sociales et politiques, préparons un Front uni à la hauteur des enjeux.

Olivier DUPUIS et Patrick BRODY (syndicalistes Cgt)

 

Ci-dessous: un ouvrage collectif que Patrick Brody a contribué à coordonner sur le syndicalisme

couv

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