CGT : un regroupement de fédérations dans les transports

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Avec retard, nous revenons sur la journée d’action CGT sur les transports du 4 novembre dernier. Elle ne fut pas une réussite, mais l’intérêt est de souligner qu’il existe une interfédérale du secteur transport à la CGT, associant les Fédérations cheminots, équipement, et autres transports, dans une Union interfédérale des transports (UIT-CGT). Ce qui est peu connu. Cette union a pour mission de travailler sur les questions transversales aux politiques de transport : report inter-modal, questions écologiques, services publics.

Pour lire le PDF original  : 4 novembre UIT-CGT

 

Retour sur la journée d’action CGT dans les transports du 4 novembre

(article rédigé par un militant de la Fédération de l’Equipement)

Le mardi 4 novembre, l’Union Interfédérale des Transports CGT (UIT-CGT) avec les fédérations la composant, appelait les travailleurs du secteur des transports à se mobiliser et à interpeller les usagers. Malgré l’absence de cadre unitaire et un relai hétérogène par les structures interprofessionnelles locales (UD principalement), l’initiative a permis une cinquantaine de rassemblements ou de manifestations au niveau local. La manifestation à Paris a rassemblé quant à elle, un gros millier de personnes. En pleine « tempête médiatique » autour de l’appartement du Secrétaire Général de la Confédération CGT, il n’a pas fallu un pli pour que la majorité des médias y voient le signe de l’affaiblissement de la CGT au vu des incidences très faibles sur la circulation des transports.

L’objectif principal de la direction de l’UIT était d’imposer la thématique des transports et la nécessaire approche multimodale (avec report modal du tout routier vers le ferroviaire ou le fluvial) dans le cadre des débats de la Conférence Environnementale ou de la Loi sur la Transition Énergétique (La FNME-CGT (mines-énergie) s’est raccrochée à l’appel de l’UIT pour dénoncer le projet de privatisation des concessions hydroélectriques, la « stigmatisation » (sic) de la production nucléaire, inscrites dans le projet de loi sur la transition énergétique), tandis que l’abandon de l’écotaxe fragilise le budget de l’AFITF (Agence de financement des infrastructures de transport de France). Au final, la conférence environnementale y consacrera une de ses trois tables rondes (Table ronde n°2 : Transports et Mobilité Durables) sans grandes ambitions.

Une convergence à froid et sans perspectives unitaires

Cette action décidée en mai dernier lors de la 10ème conférence nationale de l’UIT-CGT (voir ici le bulletin UIT de septembre 2014 la relatant) demeure néanmoins une première action de convergences au sein de la CGT dans le secteur des transports, soumis à un intense mouvement de libéralisation et de dumping social, ainsi qu’un net recul de la capacité de blocage de l’économie au travers des différents services minimums depuis près d’une vingtaine d’années. Initialement prévue en octobre, le calendrier a été aligné sur celui de la Confédération (après le 16 octobre). Des réunions unitaires en vue de créer un mouvement intersyndical ont bien eu lieu dans le courant de l’été soit à l’initiative de l’UIT-CGT qui a pu rencontrer la FGTE-CFDT, l’UIT-FO, Solidaires ou UNSA Transports soit à celle de chacune des fédérations la composant, mais elles n’ont pas permis de déboucher sur un mouvement unitaire, pas même un communiqué commun à l’exception de la branche des transports routiers qui a donné lieu à un communiqué unitaire publié le 9 septembre* mais rester sans suite.
Néanmoins, le transport routier ne semble pas rentré dans le focal de cet appel de l’UIT-CGT plus orientée vers le service public (ex-entreprises nationalisées, SNCF, Fonction Publique), le sujet rentrant quelque peu en conflit avec la juste revendication du report modal. Pour exemple, la revendication d’une tarification sociale obligatoire (TSO* voire note ci-dessous) n’était pas reprise. Dommage, car c’est le seul secteur des transports dont avait émergé une intersyndicale…

Si l’on peut déplorer que cet appel n’ait pas eu lieu avant, par exemple lors de la mobilisation contre la réforme ferroviaire avant la période de reflux des luttes du secteur. Cela aura été cependant un début de convergence au sein de la CGT à l’heure ou chacune de ses organisations à tendance à se replier sur son champs d’action et ce malgré les perspectives très divergentes face aux projets confédéraux de regroupement des fédérations (la FD des Transports ayant peur de se faire avaler par celle des Cheminots et celle de l’Équipement préférant un regroupement au sein de la Fonction publique, par exemple). Reste à savoir quels contacts militants locaux ont pu se nouer et s’ils fructifieront par la suite ?

Retour sur la constitution de l’Union Interfédérale des Transports (UIT-CGT)

Au cours des années 80, sous l’égide de la Confédération, la Fédération des cheminots et la fédération des transports (FNST-CGT) rejoints en 1986 par la Fédération de l’Équipement ont constitué une Union Inter-fédérale des Transports : UIT-CGT. Cette union sera renforcée dans les années 90 par la Fédération Nationale des syndicats maritimes (FNSM-CGT) et Fédération des Officiers de Marine Marchande.
L’UIT s’est imposé peu à peu comme référent de la confédération sur les questions sociétales et les enjeux de société en ce qui concerne les transports et leurs infrastructures. Une impulsion nouvelle a été donnée en 2004, la confédération (la CGT) et ses cinq fédérations constituantes de l’UIT ayant décidé de dimensionner plus leur outil UIT, de mutualiser plus de moyens et plus d’activité. Il est rédigé un bulletin trimestriel à destination des syndicats du secteur, structures interprofessionnelles et syndiqués.
Si le bulletin et les réflexions de l’UIT cherchent réellement à promouvoir une approche multi-modale des transports, néanmoins la difficile vulgarisation des enjeux et la volonté de s’adosser aux « grands concepts » de la Confédération (Nouveau Statut du Travailleur Salarié, Pôle public des Transports, Développement Humain Durable) permet difficilement aux syndiqués à la base de s’emparer des débats…
Le périmètre de l’UIT recouvre plus d’un million cinq cent mille salariés; un peu plus de 75 000 sont syndiqués à la CGT et fédérés aux fédérations qui composent l’UIT.

L’UIT et la Confédération CGT

Devenue référent « transports » de la Confédération, l’UIT travaille à « confédéraliser » les dossiers: services publics et aménagement du territoire, schéma national d’infrastructures multimodales, volets transport des schémas régionaux de développement économique, schémas de cohérence territoriale avec les volets transports et plans climat énergie, pollution, développement durable, régionalisation des services régionaux de voyageurs, plans de déplacement d’entreprise et financement par l’employeur du trajet domicile travail… Types de financement/fiscalité, maîtrise publique…

L’UIT et les instances « représentatives » et « partenariales » nationales

C’est l’UIT qui assume, pour la CGT, la représentation des salariés dans les instances issue de la LOTI (Loi d’Orientation des Transports Intérieurs). Elle assume aussi la représentation dans divers observatoires nationaux, comme celui « transports énergies » issue de la loi sur le Grenelle de l’environnement, ou commissions comme celle sur le transport des matières dangereuses. Le secrétaire général de l’UIT est membre de la Commission des Comptes des Transports de la Nation (CCTN). L’UIT assure aussi la présence CGT dans le comité de suivi du Grenelle de la mer (Conseil archipel France). La CGT a aussi tenu à désigner un militant de ce secteur membre du Conseil National de Développement Durable et de suivi du Grenelle de l’Environnement (CNDDGE). L’UIT assure la participation CGT dans divers groupes de travail mis ponctuellement en place par l’administration ou le ministre de tutelle dès lors qu’ils ont une mission transverse, inter ou multimodale. L’UIT est un interlocuteur du Ministre des transports et des parlementaires. La délégation CGT au CESE est sous la responsabilité de la confédération, elle travaille en relation avec l’UIT sur toutes les questions transports auxquelles elle est confrontée.

L’UIT et les Comités Régionaux CGT et les CESER

Tenant compte des questions territoriales, qui désormais prennent de plus en plus de dimensions avec incidences sur le salariat, l’emploi et son contenu, la CGT met en place des collectifs UIT décentralisés au sein des comités régionaux CGT. En revanche, les liens avec les Unions Départementales (UD) semblent plus distendus.
Comme on peut le voir, l’UIT est avant tout un outil dédié à la mutualisation des réflexions et à la représentation institutionnelle de la CGT dans le domaine des transports. Le bureau de l’UIT est avant tout constitué de cadres syndicaux permaments issus des fédérations la composant.

L’UIT un outil d’action en charge de coordonner la construction de mobilisations et d’initiatives communes?

C’est précisément ce qu’il reste encore à construire pour être capable de mettre en place une riposte d’ampleur face aux déréglementations et privatisations mises en place par les gouvernements successifs avec ou sans l’impulsion de la Commission Européenne. De même un maillage territorial efficace avec des collectifs militants locaux reste encore à  construire pour permettre les convergences. Cette action du 4 novembre devrait en constituer le premier pas.

* Extrait du bulletin n°81 UIT-CGT décembre 2014: « La CGT revendique le juste coût du transport avec une Tarification Sociale Obligatoire «TSO» du transport routier de marchandises pour protéger les salariés du dumping et permettre d’élever les garanties sociales et garanties de travail au plus haut niveau. C’est la question de fond rarement posée mais qui détermine les conditions pour faire du routier marchandises l’indispensable complément des autres modes et de le repositionner à sa place en revoyant enfin l’organisation du travail et des conditions de vie de son salariat très exploité. »

Communiqué suite à l’intersyndicale du 9 septembre 2014 FGTE-CFDT Route, FO-UNCP, CGT Transports, CFTC Transports (salariés des TRM, TRV)
L’urgence d’augmenter les salaires
Après plusieurs négociations sur l’ensemble des secteurs de la Convention Collective et une année blanche sur les salaires où le patronat n’a cessé unanimement de faire de la provocation avec des
propositions outrancières et indécentes, et donc refusant de répondre aux revendications légitimes des salariés des transports, la paupérisation est donc désormais de fait.
La majeure partie des coefficients de la grille conventionnelle est en-dessous du SMIC depuis de nombreux mois. Cette situation est inacceptable et il faut donc en sortir.
Toutes les organisations syndicales représentatives des salariés du transport, après s’être réunies le 9 septembre 2014, exigent la tenue rapide d’une véritable séance de négociations avec le patronat qui devra apporter des propositions sérieuses répondant aux attentes des salariés. (Pour mémoire, fin 2013 toutes les organisations syndicales avaient revendiqué 5 % d’augmentation de
salaire.) A l’heure où les aides publiques (CICE, TIPP, TVA, Allégements FILLION) vont bon train en direction des entreprises par un catalogue d’aides diverses et variées, il est plus que temps que les salariés, et non les actionnaires ou les chefs d’entreprises, voient leur rémunération et leur pouvoir d’achat augmenter.

Sécuriser et développer la protection sociale
Le modèle de protection sociale dans les transports est aujourd’hui clairement menacé. En effet, à l’heure où le MEDEF, de par sa campagne sur le coût du travail, a la protection sociale dans le
viseur, mais aussi implicitement les autres composantes du patronat, notre profession n’échappe pas aux mauvais coups. La décision lourde de conséquences du Conseil Constitutionnel mettant fin aux clauses de désignation (obligation pour les employeurs de cotiser à une caisse unique permettant une mutualisation nationale des fonds pour répondre aux risques : prévoyance,
invalidité, ..,) est le premier signe pour mettre à mal notre système de protection sociale. Nos institutions gérées paritairement par les Organisations Professionnelles et les Organisations
Syndicales sont clairement attaquées permettant d’ouvrir la voie aux assureurs avec tout ce que cela signifie sur le risque d’explosion du montant de la cotisation, l’opacité de gestion pour les salariés, des cotisations servant à rémunérer les actionnaires ….
Le dossier pénibilité, dont la loi ne répond pas à la réalité de la profession, est aussi un enjeu majeur de négociation dans les semaines à venir. Nos organisations syndicales exigent la tenue d’une véritable négociation sur l’élargissement et l’articulation des régimes existants (congé de fin d’activité à 57 ans et couverture de l’inaptitude à la conduite) afin de permettre de répondre aux besoins de toutes les professions d’aujourd’hui et à une protection sociale de haut niveau digne de ce nom.
Une formation professionnelle au service de l’emploi
La nouvelle loi sur la formation professionnelle remet à plat toutes nos références en matière de formation et de gouvernance. Le chantier qui s’ouvre dans le secteur des transports est donc
essentiel pour assurer aux salariés le financement de leur formation professionnelle. Pour les organisations syndicales, nous ne concevons cette négociation que dans l’objectif d’assurer demain une meilleure qualité de formation indispensable aux salariés de la branche et aux entreprises pour se développer.
En effet, la formation professionnelle doit permettre un meilleur déroulement de carrière, une meilleure protection pour pérenniser l’emploi, et ceci suppose des moyens à la hauteur de ces ambitions ! Il n’est pas question que les employeurs gagnent de l’argent sur le dos de la formation. Nous attendons des employeurs qu’ils prennent leurs responsabilités afin que la profession puisse répondre à ces enjeux.
Si sur ces trois sujets aucune avancée concrète n’a lieu ces prochaines semaines, l’ensemble des organisations syndicales prendra ses responsabilités et n’hésitera pas à faire appel à vous pour
construire le rapport de forces avec des modalités qui restent à définir avec vous. Un éternel recommencement, le patronat ne connait que le rapport de forces pour s’ouvrir au
dialogue.
Tenez-vous prêts !

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