Comment les salarié-es « participent » ou s’engagent

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Ce travail de sociologie donne des indications sur comment se construit, ou pas, la participation et l’implication des salarié-es dans les entreprises : aux élections, aux luttes, à la politique. Il s’agit du résumé, avec l’accord des auteurs (Pierre Blavier, Tristan Haute et Étienne Penissat),  d’un texte plus complet à paraître. Après les débats qui ont eu lieu sur les difficultés d’agir dans les entreprises (cf: mouvement des retraites), ce résumé donne à réfléchir.

 

Du vote professionnel à la grève, les inégalités de participation en entreprise

Pierre Blavier, Tristan Haute et Étienne Penissat, trois membres du projet ANR CitIndus,  publient dans la Revue française de science politique un article faisant un état des lieux des évolutions de la participation en entreprise et des inégalités qui la structurent.

Nous en livrons ici un court résumé.

Alors que les pratiques de participation des salariés en entreprise ont souvent été analysées de manière séparée, cet article propose d’investiguer, dans le cas du secteur privé en France, les articulations entre ces pratiques, du vote professionnel à la grève, en passant par l’adhésion à un syndicat, la participation à des réunions organisées par les représentants du personnel et la participation à d’autres formes d’action collective. L’article restitue également les déterminants de ces différentes pratiques et expose leurs évolutions récentes. Pour cela, nous nous appuyons sur les données des enquêtes « Relations professionnelles et négociations d’entreprise » (REPONSE) réalisées en 2005, 2011 et 2017.

Trois conclusions principales apparaissent. En premier lieu, la majorité des salariés n’est que très peu engagée en entreprise et se contente, au mieux, de voter aux élections professionnelles. Seule une minorité de salariés est très engagée mais selon des combinaisons de formes de participation assez variées. Il faut à ce titre tenir compte des possibilités de participation dont disposent les salariés dans leur établissement.

En second lieu, les deux pôles (majorité non participante et minorité très active) renvoient à la conjugaison de deux mécanismes : d’une part « l’exclusion de fait », définie comme le fait de ne pas pouvoir participer du fait de l’absence de scrutin ou d’action collective organisée, et, d’autre part, « l’auto-exclusion ». La première apparaît fortement dépendante des logiques de fonctionnement du champ économique. En revanche, ce sont surtout les caractéristiques des salariés qui déterminent l’auto-exclusion : les plus précaires et les cadres participent moins, y compris lors des élections professionnelles.

Enfin, en troisième lieu, la participation en entreprise a connu un déclin généralisé depuis le début des années 2000. C’est en particulier « l’auto-exclusion » de la participation qui a considérablement augmenté, preuve d’un retrait participatif des salariés en entreprise, même si des dynamiques conflictuelles se développent au sein de certaines fractions du salariat, y compris peu qualifiées.

Deux des figures présentées dans l’article sont ici reproduites en version colorisée, en accord avec la revue.


 

 

 

 

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