Congrès CGT : des contributions au débat (2)

Share on FacebookTweet about this on TwitterShare on Google+Share on LinkedInEmail this to someonePrint this page

Des contributions aux débats circulent pour le congrès CGT. Sur le site confédéral il n’y a pas, ou pas encore, de tribunes libres, comme cela se fait traditionnellement. Nous avons reçu ces deux documents : le premier, signé individuellement, répond à sa manière aux « cinq thèmes » mis en débat par le texte d’orientation. Le deuxième est une analyse et des propositions faites par la Fédération des industries chimiques (FNIC) sur les enjeux du congrès, à destination de ses syndicats.

 

arton43184-1168d

  • Texte signé  Patrick Brody et Jean-Claude Branchereau (militants CGT) :

Deux extraits en exergue  :

Extrait 1 : « ….Entre la revendication d’un Smic à 1800 euros et le tassement des classifications salariales, il y a besoin de fixer des objectifs permettant d’améliorer la situation des salariés et d’avancer.
Si dans un secteur, les salariés gagnaient 100 euros d’augmentation par mois, ce serait un plus ! La question de signer se poserait si le rapport de force ne permettait pas davantage car ce serait une avancée. Pourquoi alors, ne pas dire que nous proposons, nous Cgt, 100 euros d’augmentation pour tous ? ou 150 ?
En 6 ans de janvier 2010 à janvier 2016, le SMIC a progressé d’un peu plus de 122 euros. Dans la tête des salariés 100 ou 150 euros de plus ce serait déjà beaucoup.
Ce n’est qu’un exemple et pas une proposition car il n’y a qu’avec le débat qu’on peut savoir s’il faut augmenter les salaires de 50, 100, 150 euros ou plus … »

Extrait 2: « …A un niveau interprofessionnel, la proposition d’une structure permanente du syndicalisme français doit être faite par la Cgt, compte-tenu de sa place centrale. Au même titre qu’il y l’IRES, la CSE ou la CSI, il y a besoin en France d’un cadre permanent de confrontation et de réflexion sur l’actualité sociale, les principaux sujets concernant le « social », les luttes comme les négociations … Confrontation et réflexion ne signifiant pas accord mais volonté de travailler ensemble. Cette démarche vaut au niveau national mais elle gagnerait dans une stratégie articulée – avec des points réguliers – à être déclinée sur les territoires et dans les branches professionnelles et les entreprises.
Quelles que soient les réponses des autres organisations syndicales, cette proposition vaut dans la durée.
Rien ne serait pire que de faire une telle proposition et de la ranger ensuite au magasin des idées inapplicables au prétexte de refus de telle ou telle organisation.
Par contre, rien n’interdit de travailler avec celles des organisations qui répondraient favorablement en proposant avec celles-ci un « comité de liaison d’actions et de réflexions permanent » tout prêt à se transformer en une structure permanente du syndicalisme français.
Le congrès de la FSU vient de proposer une structure permanente de coordination syndicale. Il faut y répondre, engager la discussion sur cette proposition. »

peuple51

Le texte complet :Texte cgt avt 51éme congrès

Ce texte est une contribution au débat avant le 51ème congrès de la Cgt. L’objectif consiste à s’interroger sur les difficultés, les nommer et tenter de répondre aux grandes questions qui sont posées depuis plusieurs années. Ces questions portent sur la stratégie syndicale, l’unité syndicale, l’indépendance et la relation au « politique », la démocratie et la place des syndiqués. Il s’agit aussi d’interroger la question de l’écart qui se creuse entre la part du salariat que le syndicalisme Cgt organise et la réalité de celui-ci aujourd’hui …
Ces questions concernent tout le syndicalisme.

Questions sur le syndicalisme Cgt à la veille du 51ème congrès

Philippe Martinez, secrétaire général de la Cgt, écrivait dans le supplément au n°79 d’ensemble de juin 2015 « Notre congrès est celui de toutes celles et tous ceux qui font la CGT, alors camarades, prenez la parole ! ».
Des réunions de syndicats ont eu lieu, des textes sont mis en débat pour le congrès. Dans la contribution, ci-dessous, nous prenons la parole à titre personnel, à partir de notre expérience.

Depuis le 50 ème congrès, le contexte général a pesé sur l’action syndicale. Les luttes et actions engagées ont eu du mal au niveau national à modifier le rapport de forces. La bataille idéologique fait rage et encourage des reculs sociaux importants. La Cgt a également traversé des épreuves.
La période engagée en 1995 semble désormais derrière nous. Le risque d’un recul en terme de représentativité se rapproche. Les évolutions affirmées dans les précédents congrès rencontrent des difficultés dans leur mise en œuvre… A la veille du 51 ème congrès, il est utile d’analyser cette situation et d’esquisser des propositions.
En même temps, il y a besoin de remettre en perspective les enjeux, les difficultés rencontrées depuis plusieurs années et congrès. Il faut aussi revenir sur la crise de direction de la Cgt au moment des départs de Bernard Thibaut puis Thierry Lepaon. En resituant cette crise, reconnue par toutes et tous, dans le cadre d’une crise plus générale
Il s’agit d’abord de la question du rapport de force, de sa construction à partir d’objectifs revendicatifs. Se pose à ce titre les questions de l’unité et du rapport aux salariés, de la place des syndiqués et de la démocratie.
Le second grand enjeu – lié à la construction du rapport de forces – c’est de représenter le salariat dans sa diversité en repartant de l’idée forte exprimée par Bernard Thibaut :
« Ce n’est pas aux salariés de s’adapter à la Cgt, c’est à la Cgt de s’adapter au salariat tel qu’il est ».
A ce titre, il faut s’interroger sur la faiblesse de mise en œuvre des résolutions de congrès notamment en ce qui concerne la vie syndicale depuis le 47eme congrès.
Trois convictions
Nous présentons ici des pistes de réponses avec trois convictions : la première c’est que beaucoup a déjà été acté par nos derniers congrès et qu’il convient avant tout de se donner les moyens d’appliquer les décisions prises et de les faire partager davantage dans les faits. La seconde conviction, c’est qu’il y a une attente chez les salariés. Toutes et tous veulent un salaire décent, une retraite méritée, un emploi de qualité, un temps de travail maitrisé, une bonne protection sociale. Il n’y a pas, comme le clament certains de « droitisation » de la société. Il y a des attentes sociales nombreuses et le syndicalisme doit pleinement y répondre avant que des imposteurs, ennemis du progrès et des libertés n’apparaissent comme la solution au désespoir.
La troisième conviction, c’est que le débat démocratique doit permettre de trouver collectivement les réponses qui manquent. Cette contribution a pour ambition d’aider au débat et à la réflexion.
Car il y a besoin de débats contradictoires pour mieux progresser, avec la volonté de le faire ensemble.

1/ Sur le contexte et la démarche syndicale revendicative
a) Questions revendicatives et stratégie syndicale
Après les grandes mobilisations contre le CPE, couronnées de succès puis celles contre la réforme des retraites de 2003 et de 2010 se terminant par un échec, le mouvement social est à la peine.
La crise financière –manifestation de la financiarisation des économies développées– a amené les financiers et le patronat des multinationales à engager des restructurations importantes de l’appareil productif à la seule fin de renouer avec une progression des profits pour les actionnaires.

Alors que cette crise, qui est d’abord celle d’un système, aurait dû permettre de remettre en cause la course au profit, de combattre le coût du capital, de s’en prendre à la finance … tout se passe presque à l’inverse. C’est le travail qui serait un coût, la compétitivité des entreprises qui serait le problème, le droit du travail une somme de contraintes épouvantables (« le fléau numéro 1 » dixit Gattaz) et le migrant ou le salarié détaché le bouc émissaire …
La bataille idéologique fait rage. Elle est menée par les adversaires du monde du travail, ceux qui veulent depuis des années renverser les acquis du CNR et de la Libération ou jeter à bas les « valeurs de 68 » au moment même où leurs lois nous mènent aux crises les plus folles, aux mesures d’austérité les plus dures.
Alors que nous devrions – avec d’autres – porter les valeurs de progrès, de fraternité, d’égalité, de redistribution des richesses … ce sont les valeurs inverses qui semblent avoir le dessus. Et les nôtres qui semblent devoir être ringardisées.

La progression électorale du Front national est un marqueur de ce contexte. De même que la division de la gauche politique gangrénée par le poison du libéralisme semble durablement s’installer et produire de nouveaux reculs dans les esprits. Tout ceci traverse notre corps militant, nos syndiqués parce que cette situation pèse sur l’ensemble du salariat.

La chasse aux militants syndicaux entre aussi dans ce contexte de bataille idéologique. L’image de la Cgt continue à être décriée et ses militants ciblés.
« Il ne faut pas que la Grèce devienne la Cgt de l’Europe » n’a pas hésité à déclarer NKM le 10 juillet 2015. Attaquant le gouvernement grec, elle faisait d’une pierre deux coups en faisant cette comparaison avec la Cgt. Comme si, que ce soit la Grèce ou la Cgt il fallait absolument coller une étiquette négative de « contestataires », « sans proposition » pour mieux justifier qu’il n’y a pas d’alternative à l’austérité et au libéralisme !
Casser l’image d’archéo collé à tort, ce n’est pas seulement la bataille idéologique, c’est aussi poser la question des formes de communication à tous les niveaux de la Cgt. Il faudrait en faire un chantier pour accompagner les campagnes revendicatives, la politique de syndicalisation etc … Les forces qui mènent les campagnes anti-syndicales, pro libérales … disposent de moyens colossaux et il faut une stratégie adaptée et coordonnée (sans vouloir répondre à tout) pour pouvoir les affronter et gagner la bataille auprès des salariés. Au-delà des propositions générales il y a besoin de propositions concrètes plus précises qui ouvrent des possibilités de gagner des choses et de valoriser la démarche syndicale.
Cette situation appelle une intervention syndicale vigoureuse. La réalité de la situation sociale, économique mais aussi de division du salariat confronté à des défaites avec la progression du chômage, des fermetures d’entreprises, la stagnation et le recul du pouvoir d’achat … etc justifient, plus que jamais, un mouvement syndical plus efficient, une action syndicale redoublée et plus vigoureuse.
Ni la division syndicale qui se poursuit ou l’unité d’action à géométrie variable ne saurait nous satisfaire. L’action syndicale à l’entreprise, pour utile et indispensable qu’elle soit n’est pas suffisante. D’une part parce que le syndicalisme est absent de nombreuses entreprises et qu’une partie du salariat seulement peut donc se retrouver dans l’action syndicale. Mais aussi parce que l’ampleur des attaques justifie des réponses d’un niveau interprofessionnel. Que ce soit sur le droit du travail, sur le partage des richesses et les salaires, sur la protection sociale, sur l’emploi …

De ce point de vue, les journées d’action à intervalles réguliers peuvent être utiles dès lors qu’une activité est déployée entre elles. Sans les insérer à une stratégie, lisible par les salariés, elles risquent de ne pas s’avérer satisfaisantes.
On constate d’ailleurs que le rapport de force ne se trouve pas modifié dès lors que les journées ne s’insèrent pas dans une stratégie de construction d’un rapport de force.
Ni le discours sur l’enracinement à l’entreprise, ni celui plus radical du mouvement d’ensemble ou de la grève générale ne sont satisfaisants. Il y a besoin de construire une stratégie d’action coordonnée qui intègre travail à l’entreprise, à la branche, journées d’action interprofessionnelles sans écarter la construction d’un mouvement d’ensemble en en réunissant les conditions.

Il y a donc à s’interroger sur :
– le lien revendication – formes d’action – campagnes prolongées et coordonnées de l’entreprise au niveau national interpro
– le niveau des compromis acceptables avec deux questions : s’agit-il d’une avancée ? le rapport de forces permet-il d’avoir plus ?
– la stratégie de relations intersyndicales, ce qui relève du ponctuel et ce qui doit relever de relations unitaires permanentes,
– le lien aux entreprises et aux salariés privés de représentation syndicale, au-delà des initiatives ponctuelles
– les formes d’organisation dont il faut se doter pour répondre aux enjeux
– la relation au politique
Ces questions sont posées depuis des années. Singulièrement depuis les défaites de 2003 et 2010 sur le dossier des retraites (nombre de syndicats engagés dans l’action, champ du salariat couvert …).
Dans les sujets à traiter, il y a celui des actions inter-entreprises, de branche ou de secteur ou de bassin d’emplois car entre l’entreprise d’une part et le niveau interprofessionnel, tous les niveaux doivent faire l’objet de ce qu’il convient d’appeler une stratégie d’action syndicale coordonnée.
Il en est ainsi, pour prendre un exemple, de l’articulation entre l’info donnée au CE (ou au CCE) sur le CICE, son utilisation par l’entreprise … et les expressions et mobilisations à construire sur le sujet de l’entreprise, à la branche jusqu’au niveau interprofessionnel avec les « sommets sociaux » ou au cours des débats parlementaires …
Avec une question essentielle, première : quelle place pour les salariés ? Question qui se décline en : quelle expression ? quelle revendication ? quelle mobilisation ? quel suivi de l’entreprise au plan national ? …
Au niveau européen les mêmes questions se posent, en particulier dans les grands groupes mais aussi dans les PME sous-traitantes de grands groupes. L’interdépendance des économies, des « marchés » le justifie. Le syndicalisme d’accompagnement ou « institutionnel » se contente d’une forme d’intégration ou de concertation via les comités de groupes ou européens, voire mondiaux … Très loin des salariés, ce syndicalisme ne porte guère de résultat. La question posée n’est pas d’en sortir (pas plus que de sortir du syndicalisme européen) ou de minorer le rôle à jouer dans la/les négociation-s mais d’impulser une stratégie syndicale qui parte des salariés, qui en fasse les premiers acteurs.

Sur ces questions de stratégie, le syndicalisme Cgt est confronté à une difficulté majeure.

Alors que le syndicalisme d’accompagnement est en échec, ne pouvant se prévaloir d’aucun résultat tangible, il parvient à se maintenir. La loi sur la représentativité, en privilégiant les élections aux CE, a donné un avantage aux gestionnaires de CE en place. Ce n’est pas toujours vrai mais il y a globalement un plus accordé à la CFDT notamment à travers ce critère contrairement aux élections TPE ou Prud’hommes (hélas supprimées) à la connotation plus revendicatives.

Ce syndicalisme est en échec et celui de la Cgt n’apparaît pourtant pas comme une alternative crédible. La vérité c’est que nous sommes dans une sorte d’impasse. Entre des revendications ou des repères revendicatifs de haut niveau – que l’on peut justifier objectivement – et la réalité des petites et grandes remises en cause, il y a un gouffre.

Entre la revendication d’un Smic à 1800 euros et le tassement des classifications salariales, il y a besoin de fixer des objectifs permettant d’améliorer la situation des salariés et d’avancer.
Si dans un secteur, les salariés gagnaient 100 euros d’augmentation par mois, ce serait un plus ! La question de signer se poserait si le rapport de force ne permettait pas davantage car ce serait une avancée.
Pourquoi alors, ne pas dire que nous proposons, nous Cgt, 100 euros d’augmentation pour tous ? ou 150 ?
En 6 ans de janvier 2010 à janvier 2016, le SMIC a progressé d’un peu plus de 122 euros. Dans la tête des salariés 100 ou 150 euros de plus ce serait déjà beaucoup.
Ce n’est qu’un exemple et pas une proposition car il n’y a qu’avec le débat qu’on peut savoir s’il faut augmenter les salaires de 50, 100, 150 euros ou plus …

Lorsqu’il reste des milliards à distribuer aux patrons du fameux pacte de compétitivité sans garantie sur l’emploi, la formation ou les salaires, on peut proposer qu’une partie de cet argent public aille à une augmentation du Smic.

Une revendication n’est juste que si elle est reprise par une majorité qui peut la porter et construire un rapport de force autour. Le syndicalisme d’accompagnement est incapable d’une telle démarche. C’est donc à la Cgt, avec d’autres, de savoir la construire !
Construire cette stratégie suppose d’articuler revendication, propositions, et négociation. Fidèles à des valeurs et des racines, riches et plurielles, la Cgt peut répondre avec efficacité et utilité aux besoins et préoccupations du salariat d’aujourd’hui tel qu’il est.
Un ou deux débats au CCN en 2016, préparés en amont, pourrait permettre d’affiner une telle démarche en lien avec les UD, les Fédérations et les syndicats.

b) Sur le syndicalisme rassemblé
La Cgt a su développer une unité d’action à partir de l’adoption de ce concept du syndicalisme rassemblé (CPE, retraites …).
Elle a joué aussi un rôle dans la crise du syndicalisme en évitant – autant que faire se peut – de nouvelles situations de dispersion syndicale.
La Cgt a aussi développé un travail plus permanent avec la FSU qui mène un débat en son sein sur son avenir … Les congrès de la Cgt ont acté sa disponibilité à travailler au rassemblement. Reconnaissons que la démarche n’a pas irrigué l’ensemble des organisations de la Cgt. Des difficultés existent … mais quelles que soient les limites, il faut affirmer que la voie ouverte par l’adoption du concept de « syndicalisme rassemblé » a produit des résultats et s’en féliciter.
Le moment est venu de remettre en perspective cette question et de tracer de nouvelles pistes d’avenir pour la Cgt et pour le syndicalisme. Ni statu quo, donc, ni retour en arrière.
La Cgt sait construire, avec d’autres, une unité d’action dans des entreprises où co-existent 4, 5 parfois 8 organisations syndicales. C’est particulièrement vrai à l’occasion de luttes défensives sur l’emploi, des restructurations, délocalisations ou fermetures.
Il faut néanmoins nuancer ce constat, car la course à la représentativité a parfois conduit des organisations à chercher à se singulariser, à jouer « perso ».
Il a besoin de bilans sur ces situations, y compris contradictoires, pour mesurer l’effet de l’unité réalisée tant sur les résultats obtenus que sur le rapport des salariés au syndicalisme quand il est porteur de la démarche unitaire tout en mettant en débat auprès des salariés les questions qui peuvent ne pas faire accord spontanément.
A un niveau interprofessionnel, la proposition d’une structure permanente du syndicalisme français doit être faite par la Cgt, compte-tenu de sa place centrale. Au même titre qu’il y l’IRES, la CSE ou la CSI, il y a besoin en France d’un cadre permanent de confrontation et de réflexion sur l’actualité sociale, les principaux sujets concernant le « social », les luttes comme les négociations … Confrontation et réflexion ne signifiant pas accord mais volonté de travailler ensemble. Cette démarche vaut au niveau national mais elle gagnerait dans une stratégie articulée – avec des points réguliers – à être déclinée sur les territoires et dans les branches professionnelles et les entreprises.
Quelles que soient les réponses des autres organisations syndicales, cette proposition vaut dans la durée.
Rien ne serait pire que de faire une telle proposition et de la ranger ensuite au magasin des idées inapplicables au prétexte de refus de telle ou telle organisation.
Par contre, rien n’interdit de travailler avec celles des organisations qui répondraient favorablement en proposant avec celles-ci un « comité de liaison d’actions et de réflexions permanent » tout prêt à se transformer en une structure permanente du syndicalisme français.
Le congrès de la FSU vient de proposer une structure permanente de coordination syndicale. Il faut y répondre, engager la discussion sur cette proposition.
Il faut reprendre le travail avec la Fsu avec l’objectif du rapprochement et même, d’une fusion.
Autant la dimension de l’unité d’action, sur des objectifs partagés, est importante et doit continuer à être portée par la Cgt, autant la dimension unification du syndicalisme doit s’incarner dans des propositions et des actes concrets car elle est porteuse d’avenir et donc de confiance pour le monde du travail.
Cette proposition permet de développer une conception du syndicalisme rassemblé devant les salariés, à les y associer. Elle montre que la voix à suivre n’est pas celle de la dispersion, de l’éparpillement (et de son corollaire l’inefficacité) mais celle du rassemblement pour être plus efficace.
Les raisons de la division du mouvement syndical sont, en grande partie, derrière nous : le rôle de l’Eglise, la guerre froide … 120 ans après sa création, la Cgt peut être porteuse d’un processus analogue à celui qui a amené sa constitution.
Elle le peut et elle le doit en tant qu’organisation fondatrice du syndicalisme en France et sans prétention hégémonique.
Le poids des différents appareils importe peu aux salariés. La division en 8 organisations syndicales ne constitue pas « un plus » en terme d’offre large. Le nombre de syndiqués n’a cessé de baisser en même temps que le nombre d’organisations syndicales augmentait. La syndicalisation dans le privé est faible et la réalité du salariat aujourd’hui oblige à changer.
Se syndiquer n’est plus se rassembler avec les autres, c’est aussi se différencier de ceux qui sont syndiqués « ailleurs », c’est d’une certaine façon se couper de la masse, alors que cela devrait être s’y agréger.
Il est l’heure, au moins de mettre en débat, d’agir pour le rassemblement, d’arrêter le phénomène de décomposition pour enclencher un mouvement de recomposition.
Rien ne serait pire que de ne rien faire.
Sur le rassemblement du syndicalisme, la Cgt gagnerait à engager dans ses rangs et au-delà une discussion publique. Huit organisations syndicales, 5 % de syndiqués. Ce n’est plus possible!

c) Sur l’indépendance et le rapport au politique
Louis Viannet puis par la suite Bernard Thibault avaient hérité d’une confédération comme étant le « phare » du syndicalisme français. La naissance de la classe ouvrière, la force du parti communiste, les acquis de la Résistance ont donné à la CGT la place qu’elle a occupée dans le mouvement syndical français.
L’effondrement du mur de Berlin, l’offensive du néo-libéralisme et la fin des années 70 ont fait basculer bien des choses. Après l’effondrement des pays dits socialistes, la CGT a dû se résoudre à vivre sa vie sans le PC. Il serait trop long de s’étendre sur ce qu’a signifié dans la vie au quotidien de la CGT ce lien de très grande proximité avec le parti pendant des dizaines d’années. Liens stratégiques, culturels, humains.
Quand pour l’avenir de la CGT il a fallu rompre avec le PC, tâche dévolue à Louis Viannet puis Bernard Thibault, la CGT s’est retrouvée sans le ciment ni le but qui avaient marqué son histoire pendant plusieurs décennies.
Elle en est presque toujours là…
D’où la nécessité de travailler à l’identité, la stratégie, les fonctionnements de la Cgt.
Ne pas le faire suffisamment amène à reproduire des postures ou faire des choix plus liés à une histoire passée, à des non dits qu’aux nécessités objectives sur la place du syndicalisme aujourd’hui.
Couper les ponts avec le PC signifie t-il par exemple une conception de l’indépendance qui interdirait de s’inscrire dans des projets pluralistes de résistance au libéralisme ?
Il faut se rappeler que la « dépolitisation » de la CFDT avec le recentrage commencé en 1979 a conduit cette organisation à se faire le chantre de l’accompagnement des politiques néo-libérales de tous les gouvernements. C’est donc un débat à ré-instruire dans la perspective d’un projet émancipateur du XXIème siècle.
110 ans après la Charte d’Amiens (1906) on peut rappeler que celle-ci parle de double besogne quotidienne et d’avenir.
La neutralité est mortifère pour tout projet émancipateur. L’indépendance doit se conjuguer, lorsque la situation l’exige, avec la possibilité de travailler en commun de façon consensuelle avec les forces politiques, sans exclusive (si ce n’est le FN dont il faut combattre sans relâche l’imposture y compris dans les rangs syndicaux !), dans le respect mutuel des prérogatives de chacun.
Etre indépendant des partis politiques est nécessaire, indispensable. Toutefois l’indépendance n’a de portée générale que si elle s’appuie sur un projet syndical alternatif compatible avec les attentes du monde du travail dans sa diversité et du hors-travail (précaires, chômeurs). Ces attentes sont à explorer sans cesse dans un rapport démocratique avec le salariat, les précaires, les sans emploi.
Dans la complexité de la crise, ce projet ne vaut que s’il touche à la société toute entière. Mais ce qui touche à cette globalité relève du politique au sens du bien commun, de la chose publique.
Le projet touche à la politique, toute ambition de projet oblige à maîtriser son rapport à la politique, à le faire consciemment.
Pour la CGT il importe de veiller à un double risque :
– ne pas retomber dans les ornières du passé. Des signes peuvent être donnés en ce sens à toutes celles et tous ceux qui assimilent encore la Cgt à un syndicat lié à un parti politique
– ne pas prendre le risque de la neutralité car c’est une pente possible et une tentation qui existe
C’est vrai aussi avec en ce qui concerne le rapport au monde associatif.
Sur l’indépendance, il y a de nouveaux pas à faire pour marquer la réalité de celle-ci. En même temps, il ne faut rien s’interdire dès lors que la stratégie est claire, affichée. Il doit être possible de proposer des amendements de lois aux groupes parlementaires qui soient une autre manière d’illustrer une démarche revendicative ou qui touche au projet de société. C’est vrai sur le budget, sur les services publics, sur les questions énergétiques, le logement ou la transition énergétique … bref sur tous les sujets qui intéressent la vie des salariés en partant du point de vue des salariés et sans hésiter à aborder les questions de financement qui peuvent relever de l’action publique.
Etre à l’initiative, proposer le plus grand rassemblement autour d’objectifs syndicaux, à partir d’une stratégie syndicale, c’est le plus sûr moyen de ne pas apparaître à la remorque d’autres ou, pire encore, comme la courroie de transmission de quiconque. C’est, à l’inverse, être une force de proposition centrale.
C’est apparaître comme un acteur majeur et non celui à qui est dévolu l’accompagnement ou les modalités de mise en œuvre de décisions prises sans lui. Là aussi, l’exemple du Pacte de compétitivité ou du CICE peut servir en tirant les leçons des négociations de branche, de leur effet et donc de la nécessité de changer de logique en partant de l’expérience syndicale.

2 – sur nos fonctionnements et la démocratie

a) Une crise à analyser et à surmonter
La direction de la CGT a défini clairement la période qui a précédé le départ de Thierry Lepaon de crise de direction. C’est reconnu comme tel par la confédération mais aussi à tous les niveaux de l’organisation.
Mais celle-ci est le symptôme d’une crise plus générale et plus ancienne. C’est à elle qu’il convient de répondre.
Au-delà de la caractérisation partagée de « crise de direction », de nombreuses interprétations existent sur les causes de cette crise. Faute de clarifier, le risque existe de laisser perdurer des explications erronées ou de rester le nez collé aux derniers évènements internes. Et, de ce fait, de passer à côté de ce que sont les vraies questions.
Ecartons d’emblée ce que la crise de la CGT n’est pas
Ce n’est pas un complot ourdi par la presse, l’ennemi de classe, le gouvernement.
Ce n’est pas non plus un complot politique d’une fraction ou autres stigmatisations simplistes.
Il n’y a pas plus une instrumentalisation par un parti politique.
La crise de la CGT n’est pas celle d’une organisation assiégée par des ennemis de l’intérieur ou de l’extérieur.
Regarder la réalité en face c’est admettre que la crise de la CGT est celle de la CGT.
Pas simplement donc une crise de direction mais une crise de l’organisation dans laquelle chacun(e) des organisations ont leur part de responsabilité en particulier dans l’activité quotidienne, dans les arbitrages qui sont faits, dans l’application (ou non) des décisions de congrès, dans le croisement insuffisant entre fédé et ud …
Si la Cgt doit garder ses valeurs, ses « fondamentaux », dans le même temps elle doit opérer les changements nécessaires en ce qui concerne les modes de fonctionnement interne (crise de direction) ainsi que celui de la structuration des forces organisées qui ne correspond plus à la période.
Il faut donc comprendre d’où vient cette crise :
– elle est le résultat de l’aboutissement de problèmes directionnels non résolus depuis des années, sans cesse reportés.
La Cgt fonctionne avec d’un côté un CCN, de l’autre une CE et un Bureau confédéral. Enfin la maison confédérale et ses espaces sont là pour mettre en œuvre les orientations décidées par les congrès, la CE ou le CCN entre deux congrès.
Pourtant, force est de constater, au quotidien, que cela ne marche pas aussi bien. Il a même été question à une époque de supprimer le bureau confédéral ! Et il s’est installé, de facto, un fonctionnement autour du cabinet du secrétaire général.
La Cgt a besoin de revenir à des fonctionnements collectifs tels qu’ils sont légitimés par les congrès et ses statuts :
– un collectif qu’incarne la CE comme le Bureau confédéral. Cela signifie des politiques qui dirigent.
– une maison confédérale qui aide à la mise en œuvre des orientations des congrès confédéraux, à la construction d’outils etc … Par défaut, c’est parfois l’inverse qui se produit.
Il y a eu souvent des constats justes sans tirer tous les enseignements. Il faudrait désormais faire coïncider mieux légitimité des dirigeants élus et mise en œuvre réelle des orientations décidées collectivement. A ce titre, il conviendrait de renforcer l’existence d’une direction collective à travers le bureau confédéral avec une CE et un CCN jouant pleinement leurs rôles.
Il faudra aussi aborder la question du secrétaire général ! Dans toutes la Cgt, l’habitude est d’attendre que le ou la sortant (e) indique qui pourrait prendre la suite.
Qu’un avis de cette nature soit donnée n’a rien de choquant, dès lors qu’il s’agit d’un avis. Le fait que cela prenne la forme d’un choix n’est pas sain.
Au-delà d’un avis du sortant, il faudrait que la discussion puisse être menée sur plusieurs candidatures qui se feraient jour et que la décision soit collective. C’est la condition de sa légitimité.
Combiner discussion sur la direction à partir de la CE puis du BC et enfin du SG devrait aboutir à des choix partagés majoritairement en intégrant la dimension du travail collectif, de la direction collective de la Cgt.
Au-delà, la crise est, à notre sens, beaucoup plus profondément, surtout celle de l’échec de la mise en œuvre des orientations depuis le 47eme congrès sur la réforme des structures et la syndicalisation notamment. Et ces échecs sont eux-mêmes le symptôme d’une crise plus profonde qui renvoie au rapport de la CGT au salariat.
Alors que la société a profondément changé, que les entreprises ont fortement évolué (centralisation financière, éclatement des sites de production et des statuts, explosion des services et donc du travail précarisé), la Cgt ressemble de moins en moins au salariat tel qu’il est.
Il est urgent d’avoir des politiques concrètes, de les mener à bien. La résolution 3 du 50e congrès allait dans cette direction. Elle avait défini un cadre, une méthode, une politique. Force est de constater qu’elle a très peu provoqué d’avancées. Cela résulte de l’absence de prise des dispositions extraordinaires qui s’imposaient pour, dans les faits, « se doter d’une politique de syndicalisation » (résolution 3). Cette question reste décisive pour l’avenir. Elle nécessite une mobilisation et un dispositif confédéral conséquent, des relais forts et opérationnels dans les UD et fédés, un travail conjoint des fédés et UD …
L’impulsion de la CE, du Bureau confédéral est indispensable afin que ne reposent pas, ou plus, sur les espaces des questions relevant des orientations, de rapports institutionnels, des questions stratégiques et tactiques qui se posent dans les négociations, par exemple, questions qui ont besoin d’un pilotage politique.
Des moyens doivent être dégagés pour cette mission au service des organisations pour que le vote d’orientations se traduise en actes, en actions concrètes, en outils. Ceci nécessite enfin des bilans réguliers pour ajuster les dispositifs. C’est presque toute une culture d’organisation à construire.
Si la CGT n’est pas à l’image du salariat, rien de ce qu’elle pourra dire sur les autres sujets ne sera possible. Cette prise de conscience est indispensable !
La crise est aussi celle d’un corps militant qui rétrécit et sans cesse sollicité dans des représentations institutionnelles multiples, qui peut conduire au quotidien à une perte de lien avec le salariat.
Il ne s’agit pas de faire du « basisme » et de déserter le terrain institutionnel. Il convient d’arbitrer sur le temps syndical disponible en travaillant la dialectique qui existe entre un lien fort avec le salariat tel qu’il est et une intervention dans les négociations, les IRP pour porter les aspirations des salariés, être en mesure de faire des propositions ou des contre-propositions.
Rien ne serait pire qu’un corps militant tourné vers le seul travail de terrain et de réserver les négociations institutionnelles à quelques spécialistes. L’inverse n’est pas plus souhaitable. D’où la nécessité, encore une fois, de directions qui tiennent l’ensemble des bouts de la chaîne.
Il faut veiller aux écarts qui se creusent entre représentants et « représentés » ou non représentés
La crise que nous traversons et avec nous tout le mouvement syndical européen c’est aussi celle que le syndicalisme Cgt rencontre à trouver le bon équilibre entre l’institutionnel, la négociation et les liens avec le salariat, distendus dans trop d’endroits.
Certes, la Cgt est moins impactée que d’autres (ou d’autres pays avec des syndicalismes différents) mais elle est impactée !
La légitimité syndicale est liée au salariat. Celui-ci n’a jamais été aussi puissant en nombre. Or au fil du temps la Cgt ne ressemble plus au salariat tel qu’il est et à sa diversité. Par ailleurs nonobstant les déserts syndicaux où la CGT n’est pas, là où elle est présente, on constate que dans trop d’entreprises un écart se creuse entre les salariés et ceux qui les représentent.
En interne le même phénomène est visible, l’appareil confédéral est peu en lien avec ses organisations, celles-ci pas assez proches des syndicats. Et ces derniers s’autonomisent … sur leur champ. Tout ceci contribue à une moindre intervention sur l’ensemble du champ du salariat en dépit d’efforts avec les campagnes TPE, saisonniers …
Une nécessité : construire une culture du débat – refonder les fonctionnements démocratiques
Enfin et peut-être surtout, car elle conditionne pour la CGT la sortie de sa crise qui se sur-ajoute à la crise du syndicalisme à l’échelle européenne, la crise est celle d’une crise de repères démocratiques, de culture démocratique.
On constate nombre de congrès où cela « s’est mal passé », sans que jamais un bilan soit tiré. Et d’ailleurs, que veut dire « mal passé » ?
La démocratie n’est pas un système fini, elle est sans cesse perfectible, mais pour s’exercer pleinement elle a besoin de règles connues de tous, de temps, limité certes, mais de temps où le débat s’instaure, puis de décisions collectives qui engagent tous les militants sans que personne ne renonce à ses choix, à sa diversité. Or l’invective, les problèmes de personne, remplacent trop souvent le nécessaire débat contradictoire.
Dans le fond ce qu’il faut combattre, c’est une culture basée sur l’unanimisme, le refus de la différence de point de vue, celui qui est en divergence sur telle ou telle question comme étant un adversaire, voire un ennemi. S’abstenir quand on est contre pensant contourner le risque ne fait que reporter le problème à plus tard avec le risque de l’aggraver.
Le salariat est constitué de salariés ayant des opinions variées. Ces opinions différentes sont une richesse lorsqu’elles s’expriment dans le respect des valeurs communes fondamentales de la CGT.
Il y a donc à notre sens une double crise – celle que subit le mouvement syndical européen- dont les caractéristiques principales sont le décalage entre ce qu’est devenu le salariat et les organisations syndicales, le lien avec les institutions et l’ « éloignement » des organisations syndicales de ceux et celles qu’elles représentent, à laquelle se rajoute pour la CGT une crise du projet syndical, du cheminement démocratique et de l’échec de la mise en œuvre de ses orientations depuis le 47ème congrès notamment sur toutes les questions concernant la vie syndicale.
Tous les organismes vivants subissent des crises. Ils peuvent en sortir affaiblis ou renforcés. Tel est l’enjeu. La CGT si elle a le courage de « tout mettre sur la table » a la capacité d’en sortir grandie.
Il s’agit donc pour la CGT de construire une refondation démocratique.

b) La solution à la crise nécessite un sursaut démocratique.
La Cgt peut et doit trouver par elle-même les réponses dans une pratique démocratique renouvelée, dans son corps militant en ouvrant les fenêtres, en libérant la parole. Tout le monde le ressent bien : la CGT première organisation syndicale française qui donnait le « la » du mouvement syndical de notre pays, est menacée. Personne ne lui viendra en aide. Un risque de délitement existe.
C’est à elle de réagir. Elle a le potentiel et la richesse en interne pour surmonter cette crise. Cela suppose un très gros effort de l’organisation : reconnaître cette crise pour ce qu’elle est c’est à dire la non réponse aux problématiques posées, en terme de stratégie, de recomposition du mouvement syndical, de rapport au politique, de syndicalisation et d’organisation.
Cela suppose pour engager ce travail, la mise à l’écart des ego, des clans, des routines, pour privilégier l’écoute et le libre débat fraternel. Sans cela, de gros dégâts ne seront pas évités.
Si à quelque chose malheur est bon comme dit le proverbe, c’est de regagner le goût du débat sur le fond.

La CGT doit clarifier son projet syndical qui ne peut se réduire à un catalogue de revendications mais doit contenir une vision de la société, de la « cité ». C’est donc une démarche politique au sens plein du terme. Nous l’avons évoqué dans la première partie de même que sur la question unitaire et le syndicalisme rassemblé.
Sur la démocratie.
Elle est basée sur le fédéralisme. Cela nécessite d’engager le débat sur la nécessaire application, implication de tous, en ce qui concerne les décisions de congrès confédéraux.
Il faut le faire en repensant les liens avec le salariat. L’institution éloigne le représentant du salarié. Une fois élu combien de temps passe-t’il à rendre compte, à élaborer les revendications ensemble, à écouter tout simplement quelles sont les préoccupations au quotidien de ceux qui sont représentés ? Il y a des choix d’investissements à faire à tous les niveaux.
La Cgt déclare le syndiqué acteur dans le syndicat. Mais qu’en est-il vraiment ? Poser la question c’est y répondre, pas grand-chose en vérité, pas assez.

La CGT a besoin d’un électrochoc démocratique.
Tout ne se fera pas en un jour.
Les instances doivent en être le garant et promouvoir la richesse des débats qui sont nécessaires, utiles, pour sortir de la crise. A petit pas il y a besoin de cette culture démocratique. Car si les bons mécanismes en interne existaient, jamais il n’y aurait eu d’ « affaire Lepaon ».

Mettre en œuvre les orientations votées depuis le 47 ème congrès, refonder un projet syndical du XXIème siècle, travailler à la recomposition du mouvement syndical français ne pourra se faire qu’en renouvelant profondément la vie démocratique de la Cgt. Ouvrir les fenêtres c’est ce qu’attendent les salariés d’un grand syndicat.
La démocratie dans une organisation a pour objectif de porter les valeurs véhiculées et partagées par ses adhérents, en l’occurrence dans la CGT : justice sociale, progrès, solidarité, fraternité etc.
A partir de celles-ci, des stratégies, des opinions et des différences d’appréciation se font jour. Le but d’un système démocratique est d’organiser les débats nécessaires, indispensables, en veillant à ce que ceux-ci soient maîtrisés par les syndiqués, que le débat contradictoire soit organisé dans le respect des opinions des uns et des autres, et de celles et ceux qui les défendent.
Une fois ces quelques principes retenus, il faut les traduire dans la pratique.
La CGT peut s’appuyer sur un patrimoine de statuts. Objet de multiples discussions dans son histoire. La légitimité de l’organisation repose sur ses deux structures issues des syndicats : la CE avec le bureau confédéral et le CCN. C’est un acquis important. Un équilibre des pouvoirs, de la place des organisations comme de l’importance du congrès confédéral. Il faut veiller en permanence à cet équilibre.
Conclusion toute provisoire
Il y a désormais urgence que le débat sur les questions de fond s’engage enfin.
En effet, aussi bien lors de la crise de succession de Bernard Thibault que lors du départ de Thierry Lepaon, ceux-ci ont été éludés, esquivés. Et le restent encore à ce jour à l’approche du congrès.
Pour que la CGT sorte de la crise qui la traverse et traite les problématiques qui taraudent le syndicalisme européen, cela devient urgent d’engager les débats.
Cette contribution se veut utile aux échanges d’idées de tous les militants et syndiqués de la Cgt. C’est sa seule prétention.
Il y a urgence à conjurer le risque d’effritement et la perte d’influence de la Cgt. Engager, une grande discussion démocratique à l’occasion du 51ème congrès est décisif. Elle devra se poursuivre ensuite pour trouver l’issue qui permette de faire vivre et prospérer la CGT du 21ème siècle.

Patrick Brody – Jean Claude Branchereau (militants Cgt)

 

  • Contribution de la Fédération Nationale des industries chimiques CGT

logo-fnic-cgt-2014

 

 

 

 

 

 

Extrait 1:
Préambule :
« …Point 12 : doit-on laisser les repères revendicatifs se décider au CCN ou bien doivent-ils être décidés et débattus par le Congrès ? Les repères revendicatifs ne doivent-ils pas être justement issus et mis à jour suite aux congrès, mais pas la veille comme cela vient d’être fait ? La démocratie syndicale CGT a toujours été de débattre des enjeux, des propositions revendicatives avec les syndiqués dans le syndicat, avec les syndicats dans les instances : pourquoi inverser le processus au niveau Confédéral ?… »

Extrait 2

« …Tout d’abord, il est bon de constater qu’un des principes fondamentaux de la CGT, la lutte de classe, est réaffirmé au point 32.

Dans ce thème, un nouveau rôle des comités régionaux est mis en avant, en voulant que les professions concentrent leurs activités en région, et participent à la confédéralisation
de l’activité (point 41, 43).
Le fédéralisme est une règle de vie statutaire conforme à notre vie démocratique interne. Le fédéralisme, mot concernant autant les UD que les Fédérations, pose comme principe que c’est « la base qui dirige le sommet » et non l’inverse. Il a été construit en établissant, dans nos statuts, que le syndicat est la base de la démocratie syndicale, le socle de la CGT. Les diverses instances territoriales ou professionnelles ne sont « que » l’émanation des syndicats CGT.
Le fédéralisme est mis en cause quand on dit dans la CGT, que la construction d’un congrès confédéral se base essentiellement sur le syndiqué et non sur le syndicat. Une approche qui ne saurait être réduite à une question de sémantique, ou à une « bourde ». C’est un changement fondamental, une manière de dire que le syndicat n’est plus le socle de la démocratie syndicale, mais un simple outil de l’organisation « confédéralisée ».
Cette approche inverse la démocratie syndicale, au bénéfice de l’instance qui représente le plus de syndiqués, donc la Confédération, cette dernière devenant la « propriétaire » en quelque sorte, des syndiqués. Cette logique de fonctionnement, avec un « pouvoir de pyramide descendante », existe dans d’autres organisations que la CGT. La confédéralisation n’est conforme, ni à notre histoire, ni à notre conception du syndicalisme, ni à nos statuts, sauf à les modifier… »

 

Document complet (PDF) : Ouvrons-le-débat-n°5 FNIC_CGT

Print Friendly

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *