COVID19: Confédération syndicale des Amériques (CSA-TUCA)

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Ci-dessous les positions de la Confédération syndicale des Amériques face à l’épidémie.Ce document est publié par le secteur international de la CGT.

La Confédération syndicale des travailleurs et travailleuses des Amériques-Confederación Sindical de los Trabajadores y Trabajadoras de las Americas (TUCA/CSA) est une organisation syndicale internationale (fondée en 2008) issue de la fusion de l’Organisation régionale interaméricaine des travailleurs et de la Centrale latino-américaine des travailleurs et qui rassemble les syndicats du continent américain affiliés à la Confédération syndicale internationale (Wikipédia).

TUCA_CSA_logo

 

 

 

 

Série Positions syndicales internationales                                                                                                                                                                                                                         08/04/2020

 

 

Position et orientations de la Confédération syndicale des Amériques (CSA)

 

 

La CSA s’est mise en ordre de marche syndicale avant même que l’épidémie de Covid-19 ne devienne réelle sur le sous-continent. Les échanges avec l’Europe du sud sont nombreux. Les premi cas rapportés sont d’ailleurs des citoyens latino-américains rentrant d’Europe ou des Européens se réfugiant dans de la famille sur place.

Dès la dégradation de la situation en Italie, la CSA a invité ses organisations affiliées à réfléchir ensemble et parvenir à une « charte » de revendications pour les travailleurs.euses du sous- continent. Plusieurs réunions virtuelles ont eu lieu, dont le résultat est le document ci-dessous.

Ce document comprend une série de mesures proposées par nombre de nos affiliés dans divers pays des Amériques en réponse à la crise. En plus de la formulation des politiques de la Confédération syndicale des Amériques (CSA), il est essentiel de tenir compte du respect de tous les droits humains, ainsi que des principes et droits fondamentaux au travail tels qu’établis par l’Organisation internationale du travail (OIT).

Il faut garder à l’esprit qu’au-delà des réponses urgentes et nécessaires, cette crise, avant d’être une crise de santé publique, est une crise du système économique néolibéral et montre l’échec des politiques de réduction de l’État, de privatisations, de précarisation du travail et des droits sociaux.

La démocratie est la seule voie pour surmonter cette crise à moyen et long terme au niveau régional et international. Les mesures de lutte contre le virus ne sauraient être confondues avec des positions qui profitent de la situation pour approfondir l’autoritarisme ou l’exclusion. La CSA exige l’arrêt immédiat des embargos financiers et des sanctions économiques imposées à Cuba et au Venezuela. Il en va de la survie même de leurs populations.

Aujourd’hui, les organisations multilatérales et les institutions financières internationales doivent mettre en place un fonds mondial pour soutenir les populations, dans tous les pays. Le FMI, la Banque mondiale, la Banque interaméricaine de développement (BID) et le G20 doivent ouvrir des lignes de crédit aux pays concernés, sans exiger en contrepartie des ajustements structurels ou une augmentation de la dette. Ces lignes de crédit doivent permettre d’aider les populations en assurant un revenu minimum pour tous les travailleurs, renforcer les systèmes de santé publique et la recherche de vaccins, produire massivement du matériel hospitalier et des kits de tests.

Nous préconisons une législation immédiate pour imposer les grandes fortunes, les héritages et les bénéfices des grandes entreprises. Nous exigeons aussi que soient taxés les capitaux spéculatifs et  les revenus illicites de la corruption, du trafic de drogue, etc. Les entreprises pharmaceutiques qui profitent de cette crise doivent répondre aux besoins de santé de la population par des réductions de prix, des soins universels et la délivrance de brevets, entre autres mesures.

La CSA travaille avec ses organisations affiliées et sœurs et, ensemble, elles s’engagent à exiger le respect des orientations de politique générale et les propositions spécifiques énumérées ci-dessous.

 

Les travailleurs sont au centre de la réponse à la pandémie

 

  1. Activer et/ou renforcer les mécanismes de dialogue social tripartites et bipartites, et autres instruments de dialogue social élargi, afin de garantir que la définition et la mise en place des mesures prises dans le cadre de la pandémie le sont avec la participation des syndicats et des organisations sociales, dans le but de protéger les droits fondamentaux, les droits à la vie, au travail et à la santé. Cette mesure doit faire l’objet d’une attention toute particulière au cours des 180 prochains jours ou jusqu’à ce que la crise soit surmontée ;
  2. Garantir l’emploi et la stabilité des salaires, par le biais des politiques publiques existantes ou grâce à la création de nouveaux mécanismes qui garantissent l’emploi et le revenu des travailleurs, dans les secteurs formels ou informels ;
  3. Adopter, rétablir ou développer des systèmes de sécurité sociale et autres mécanismes de protection sociale, en tenant compte de la législation nationale et des accords internationaux, afin de garantir les droits de tous les travailleurs, quel que soient leur statut ;
  4. Interdire la suspension ou la résiliation des contrats de prestation de services temporaires pendant la période d’urgence, pour toutes les entités publiques nationales ou territoriales, centralisées ou décentralisées, ainsi que pour le secteur privé sous toutes ses formes ;
  5. Assurer que le télétravail – mis en place mais très peu réglementé dans la plupart de nos pays – ne serve à précariser et flexibiliser davantage les conditions de travail. Le télétravail doit se fonder sur les meilleures pratiques existantes, notamment les normes de l’OIT ;
  6. Protéger tous les travailleurs en maladie pour quelque motif que ce soit, dans les mêmes conditions, voire meilleures, qu’avant la crise ;
  1. Fournir aux personnels de santé et aux autres travailleurs, publics et privés, qui sont en première ligne au service de nos peuples, tous les matériels nécessaires ;
  2. Garantir l’accès des travailleurs et de la population en général, à une information vérifiée et transparente sur la gravité de la pandémie, sans aucune censure ou intervention des autorités.

 

La diversité du monde du travail

 

  1. Assurer l’alimentation, l’hygiène et le logement des sans-abris, en accordant une attention particulière aux personnes à risque. Cela implique : la mise à disposition de foyers pour les personnes sans-abri âgées ou les personnes souffrant de maladies préexistantes, la mise à disposition d’espaces d’hygiène publics et inclusifs avec la distribution de kits individuels d’hygiène, de nourriture et d’eau ;
  1. Assurer une politique de contrôle des prix agressive pour tous les articles du panier de base et l’étendre à la réglementation des tarifs des services de base (eau, électricité, gaz, etc.) ;
  2. Inclure les travailleurs migrants, les réfugiés et leurs familles, ainsi que les précaires et informels dans toutes les politiques de protection sociale existantes ou en cours d’élaboration. Cela implique des subventions spéciales et l’extension de la sécurité sociale et de la protection sociale ;
  3. Mettre en œuvre et renforcer les politiques de prévention et de lutte contre les violences domestiques ;
  4. Garantir leur salaire aux travailleurs en incapacité de travailler pour cause de confinement ou de

 

La responsabilité face à la crise

 

  1. Les États doivent répondre en garantissant les droits de la population en général et en mettant à contribution tous ceux qui en ont historiquement bénéficié : les grandes entreprises et le capital transnational ;
  2. Les institutions financières internationales doivent répondre aux besoins financiers des populations. L’aide accordée par ces institutions ne peut signifier un nouveau cycle d’endettement pour les pays, entraînant des restrictions présentes et futures ou les conditionnant à des plans d’ajustement structurel ;
  3. L’État doit garantir l’accès aux soins à toute la population. Il faut augmenter les investissements dans la santé, tant pour l’adaptation des infrastructures, que pour le paiement des salaires et la garantie de conditions de travail décentes pour les travailleurs employés dans les secteurs concernés. Ce n’est pas le moment de réduire les dépenses ou de privatiser le secteur de la santé ;
  4. Des mesures doivent être prises afin d’accroître les dépenses publiques pour répondre à cette situation (allocations chômage, réductions des loyers, des impôts ou services). Il faut assurer un revenu aux travailleurs informels ou précaires, urbains ou ruraux ; accorder des subventions à l’agriculture familiale ; soutenir les PME et TPME afin qu’elles puissent continuer à payer leurs travailleurs ; rémunérer les aidants pour les travailleurs qui sont en première
  5. Les mesures d’urgence en matière de santé et de soins sociaux et économiques nécessitent la suspension et/ou l’élimination des restrictions sur les investissements et les dépenses sociales, ainsi que les réformes fiscales qui ont été proposées et/ou imposées ;
  6. Suspendre le paiement du service de la dette publique dans le contexte actuel et, le cas échéant, demander sa renégociation par les gouvernements, dans des conditions qui permettent une autonomie dans la définition des politiques publiques vers l’avenir. D’autre part, en ce qui concerne la dette privée des PME, des indépendants et des travailleurs, il faut offrir des alternatives de renégociation ou de suspension des charges, concéder de nouveaux prêts à taux d’intérêts faibles ;
  7. Suspendre ou inverser les réformes fiscales qui ont exonéré les grandes entreprises. Il faut se concentrer sur les impôts directs et progressifs, taxer les grandes fortunes, les bénéfices et fonds illicites, les fraudeurs, et les sociétés transnationale. Ainsi sera-t-il possible d’accroître les dépenses fiscales. La population active ne peut continuer à supporter seule le coût des dépenses publiques par le biais d’impôts indirects et régressifs ou par des réductions de salaires pour contribuer aux fonds de lutte contre la pandémie ;
  1. Il Faut réguler les prix et garantir l’approvisionnement et l’accès aux produits du panier de base pour l’ensemble de la population. De même, soutenir les petits et moyens commerçants dans la vente de la production nationale et mettre en œuvre des politiques de marchés publics ;
  2. Il faut renégocier et réglementer les tarifs et redevances des multinationales, notamment pour la téléphonie, les communications et l’énergie.

 

Démocratie et solidarité

 

  1. Les syndicats sont des acteurs de la démocratie, des représentants d’un secteur fondamental de la société, liés aux lieux de travail, aux communautés et aux territoires et connectés aux besoins de la population. Notre rôle dans la situation actuelle est de premier ordre et nous exigeons de participer à la définition des politiques, en renforçant les mécanismes de dialogue tripartite et bipartite, ainsi qu’en œuvrant activement dans d’autres instances de participation et de dialogue avec d’autres acteurs de la société, engagés pour face à la crise ;
  2. Les Amériques sont des territoires de paix. Les mesures prises par les gouvernements pour arrêter la propagation du virus ne peuvent conduire à une militarisation, une violence et une criminalisation accrues. Selon les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le confinement est la mesure la plus efficace pour prévenir la propagation du virus. Les mesures prises ne doivent pas empêcher l’accès à la nourriture, aux soins médicaux, aux intrants d’hygiène et autres biens essentiels pendant toute la période où elles sont en vigueur ;
  3. Les forces de sécurité policières et militaires doivent être déployées avec retenue, en évitant de générer des états d’alarme dans les communautés. La présence des forces militaires et de sécurité publiques ou privées est souvent associée à des situations de violence et elles opèrent en toute impunité, criminalisant les protestations et l’exercice de la liberté d’expression. Le confinement ne peut devenir une excuse pour stigmatiser davantage les dirigeants syndicaux et sociaux. Nous appelons les instances judiciaires et la communauté internationale à assurer le respect de la liberté syndicale et les droits de manifestation pacifique, dans le respect des mesures préconisées par l’OMS sur les non-rassemblements.

La classe ouvrière, en particulier dans les Amériques, a un héritage historique de réseaux de solidarité nationaux, régionaux et internationaux, notamment en période de restriction des droits, libertés et attaques contre la démocratie. Aussi, nous appelons toutes les organisations syndicales et sociales à unir leurs forces et à activer ces réseaux de solidarité internationale, car ils seront essentiels pour soutenir les travailleurs en temps de crise sanitaire, économique et sociale.

La CSA, nos syndicats, nos organisations alliées et nos mouvements sociaux continueront à s’unir pour un autre monde, non seulement possible, mais nécessaire pour une planète saine pour nos peuples, dans la défense d’avancées civilisatrices pour l’humanité.

Nous continuerons à nous battre !

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