Front Social appelle à interprofessionnaliser le 10 octobre

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Le samedi 30 septembre à Paris, le réseau Front social tenait une réunion de coordination nationale de ses structures qui se sont développées sur le territoire.

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Une cinquantaine de personnes mandatées, représentant les villes (et départements) de Grenoble, Lyon, Mulhouse, Perpignan, Rodez, Rouen, et bien sûr plusieurs arrondissements de Paris, des villes des Hauts de Seine, de Seine Saint-Denis, du Val de Marne, ainsi que les structures syndicales fondatrices : InfoCom CGT, CGT Goodyear, SUD PTT 92, SUD commerce et services, le courant Emancipation FSU, Stop précarité, le collectif Touche pas à ma ZEP…

Front social a été très visible au moment de l’élection présidentielle et juste après (plusieurs manifestations) parce qu’il était alors un des rares lieux de riposte préventive à l’imposture de Macron. C’était le moment (juin-juillet) où les grandes organisations syndicales nationales semblaient déphasées, hésitantes, voire s’engageaient dans un pacte donnant-donnant avec le pouvoir (direction FO, direction CFDT). Aujourd’hui, après les premières mobilisations à l’appel CGT et Solidaires,  ou aux initiatives politiques (journées du 12 septembre, du 21, du 23, routiers), après la mise en évidence des tensions dans le syndicalisme (Jean-Claude Mailly semblant désavoué au CCN de FO, et Laurent Berger à la fois « déçu » par Macron et pressionné de participer à l’action, notamment dans la métallurgie CFDT), Front Social doit préciser quelle est sa fonction « utile ». Or la dimension des problèmes à résoudre a changé, à la mesure même des mobilisations déjà déclenchées. La tentation est donc très forte d’en revenir à une simple dénonciation des « directions » syndicales qui ne veulent pas agir (« ce qui n’est pas un hasard » dira un intervenant) ou veulent seulement « faire pression ». « Nous sommes à contre-courant », assume Gael (SUD PTT 92).

L’introduction (Mathilde, institutrice) à la réunion a souligné la « réussite » du 12 septembre, et décrit un climat de « disponibilité à lutter », description reprise par beaucoup. Mais ajoute que « personne » n’organise vraiment l’action ou ne fixe l’objectif de « gagner » : « aucune structure n’y songe ». Pourtant, nous rappelons ici que l’Union syndicale Solidaires, tirant le bilan du 12, écrit : « …. Pour aller vers cette victoire il nous faut aussi favoriser les convergences entre les revendications des secteurs privés et publics et construire une grève puissante et généralisée, bloquant l’économie et imposant au gouvernement et au Medef de capituler… » (communiqué). On a le droit de penser que cet écrit n’est pas mis en pratique, mais il existe ! D’ailleurs, Solidaires propose une réunion unitaire le 4 octobre, invitant toutes les organisations syndicales, associatives et politiques, pour discuter d’un « front unitaire » afin de préparer la nécessaire « coordination [de l’action] pour les jours et semaines à venir ». Front Social se rendra à cette invitation, avec un mandat pour « une feuille de route commune » (explique Mickael, CGT Goodyear). Mais il y aura probablement d’autres réunions intersyndicales, suite à la prise de position récente dans ce sens de la CGC et suite à ce qui s’est passé vendredi 29 septembre à Force ouvrière, où le CCN demande une action interprofessionnelle avant la ratification des ordonnances. Nous sommes donc bien dans un moment où tout bouge, ce qui reconfigure chaque date de mobilisation.

L’essentiel des débats s’est donc focalisé à la coordination de Front Social sur l’idée de donner à la journée Fonction publique du 10 octobre (très largement unitaire, incluant FO et CFDT, et qui peut donc être massive) un caractère interprofessionnel. La plate-forme revendicative du 10 octobre, centrée sur les salaires, a donc été critiquée.  Certains, conscients des difficultés à assurer une visibilité à Front Social, veulent appeler directement au 11 pour mettre le plus vite possible la reconduction sur la place publique.

De bonnes questions ont été posées : « comment faire basculer la situation » dans un moment où « aucun secteur professionnel ne veut porter à lui seul le poids de la grève reconductible » (Philippe, SUD Educ, 92) ? Le délégué de Rodez explique que la grève générale, « on ne la constate pas sur le terrain », certes en déplorant qu’«on est à la remorque des syndicats ». Romain, d’InfoCom CGT, attire l’attention sur le fait que toutes les organisations « ne sont pas fermées à Front social » (notamment dans la CGT). Olivier (courant Emancipation de la FSU) appelle à éviter des « tracts gauchistes » et à ne pas « condamner les syndicats au moment où les choses sont en train de bouger ». David (de Colombe-92), de la coordination Touche pas à ma ZEP (éducation), décrit en détail une vraie mobilisation de dizaines d’établissements coordonnés, où il joue visiblement un rôle actif, et même avec des victoires partielles. Il insiste aussi pour appeler au 10 en disant : « ce sera une journée interpro », il faut le dire comme cela. Cette perspective semble donner un objectif concret à tout le monde.  Ajoutons qu’elle est déjà préparée ainsi dans certaines régions (par exemple à Nantes), comme en témoigne des remontées d’informations issues de la CGT. Par ailleurs, Mickael (CGT) met en garde sur la capacité de Macron à reprendre la main sur l’agenda politico-social, puisqu’il convoque tous les syndicats le 12 octobre, pour discuter des suites de son plan de 18 mois de casse sociale. Il appelle au boycott.

La discussion s’est terminée par l’adoption d’un appel que nous reproduisons ci-dessous.

Jean-Claude Mamet

 

Déclaration de Front Social du 30 septembre 2017

Le 10, public-privé, on est tous là Le 11 on continue

Le 12 on ne discute pas !

Portée et propagée par le Front Social depuis des mois au nom de l’efficacité du mouvement à construire pour gagner contre Macron, l’exigence unitaire qui monte de partout et de tous les militants de toutes les organisations est devenue incontournable, au point d’être reprise maintenant par des structures confédérales.

Nous nous en réjouissons, la volonté d’union est majoritaire :

  • Solidaires appelle toutes les composantes du mouvement social à se réunir le 4 octobre (le Front Social y participera selon les termes de la présente déclaration) ;
  • des militants se sont emparés du mouvement des routiers et de la journée des retraités pour en faire l’expression du besoin d’un tous ensemble ; des mouvements d’étudiants ont décidé de leur présence à la journée d’action unitaire des retraités le 28 septembre et des structures syndicales de base en ont fait une journée interprofessionnelle ;
  • les attaques sont à ce point générales que l’unité et la convergence des luttes se sont répandues comme une condition naturelle d’efficacité contre la dispersion mortelle des journées d’action saute-mouton et des mouvements isolés et sans
  • le 10 octobre, à l’origine journée dédiée uniquement à la Fonction publique, devient un rendez-vous pour l’expression de celles et ceux qui œuvrent à la convergence de toutes les luttes, du privé comme du public, des précaires ou des contrats aidés, des retraités comme des chômeurs, des étudiants ou des jeunes de quartiers ;
  • de nombreuses organisations interprofessionnelles de différentes confédérations décident d’y apparaître, pour la défensedesservicespublics qu’avait réussi à imposer Macron pendant l’été, où des confédérations contre leurs propres adhérents avaient collaboré à la rédaction des ordonnances dédiées au seul patronat et avançaient en ordre dispersé au seul profit de leur structure propre et au détriment du plus grand nombre.

Pour que la volonté de lutte unitaire et reconductible de la base continue à être entendue, le Front Social propose :

  • de donner au mouvement l’objectif de gagner, donc de refuser les rendez-vous de pseudo-négociations, en particulier celui du 12 octobre qui vise à entamer de nouvelles attaques après les ordonnances ;
  • de faire progresser les convergence des actions, des luttes et des grèves pour faire échec à la politique de Macron ; cette unité pour agir ensemble doit être placée partout sous contrôle de toutes et tous dans leurs AG, réunions et collectifs divers réunissant toutes les structures du mouvement social qui veulent mettre en échec la politique de Macron ;
  • de faire du 10 octobre une journée interprofessionnelle pour les services publics, contre l’austérité budgétaire et pour l’augmentation des salaires, pour le retrait de la loi El Khomri et des ordonnances Macron ;
  • de faire du cortège interprofessionnel le principe même de cette manifestation ;
  • de défendre comme suite au 10 octobre et comme moyen collectif d’action la grève reconductible et d’assurer la convergence des mouvements grévistes par la revendication qui assure l’unité, le retrait des ordonnances et de la politique de destruction sociale de Macron ;
  • de lier le mouvement social à construire à celui contre l’état d’urgence permanent et la répression sous toutes ses formes ;
  • de créer ainsi les conditions d’une grève générale qui bloque l’économie ; toute l’histoire du mouvement ouvrier le prouve, c’est la seule méthode pour passer à la contre-offensive
  • mais aussi contre le refus des ordonnances et la poursuite de l’action unitaire contre toutes les mesures anti- sociales de Macron jusqu’à satisfaction.Il devient possible de sortir du tunnel de la division offensive et gagner ;
  • de multiplier les initiatives unitaires et d’assurer la multiplication des collectifs Front Social comme garantie de l’unité et de la reconduction.

Déclaration adoptée lors de la coordination nationale du Front Social, le 30 septembre 2017 à Paris.

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