Interview de François Hommeril de la CFE-CGC (Libération)

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François Hommeril, interviewé par Libération le 27 avril 2020, est président de la CFE-CGC. Nous en publions des extraits. Il met l’accent sur l’intervention syndicale pour contrôler les conditions d’une reprise du travail. Il n’exclut pas un « basculement » de la société, car la mécontentement est grand.

imagesPhoto : Le Monde

« Les entreprises doivent préparer la reprise de l’activité avec les syndicats »

Extraits

Reprise de l’activité et exigences de protection des salariés sont-elles compatibles ?

Oui, mais pas partout. Chaque cas est particulier, il ne peut y avoir de cadre général. Redémarrer une activité de chantier ou industrielle, une usine de 10, 100 ou 1 000 personnes, en région parisienne ou à la campagne, ça n’a rien à voir. D’où l’importance du dialogue social. Cette crise remet en perspective son efficacité, notamment au niveau de la branche.Mais y a-t-il des conditions communes à tous les secteurs ?Les salariés doivent pouvoir avoir confiance dans leur environnement de travail, c’est indispensable. Les directions doivent donc mener une démarche en deux temps, en association avec les organisations syndicales – mais il n’y en a pas toujours, c’est bien le problème. D’abord une analyse concrète des conditions sanitaires, avec le responsable sécurité, les chefs d’atelier, de services, la médecine du travail… Puis, un temps de formation des salariés aux nouvelles conditions de travail. Et cela doit s’accompagner d’une forme d’adhésion des élus du personnel.[…]
Le dialogue social peut-il être de qualité quand le Medef martèle qu’il faudra « travailler plus » ?

Le rapport de force national a été trop déséquilibré et c’est un problème. Le Medef n’est contraint à rien : soit il obtient ce qu’il veut du gouvernement, soit il renvoie à l’entreprise où le déséquilibre est encore plus fort. Le Medef est toutefois revenu sur ce scénario hors sujet de « travailler plus ». Le véritable sujet devant nous, c’est celui du chômage, des faillites d’entreprises… L’idée d’augmenter le temps de travail est microscopique à côté de ce que l’on va affronter et devoir inventer. Les salariés sont des adultes responsables, avec des crédits… Ils sont attachés à leur entreprise, bien plus que certains dirigeants, car c’est leur gagne-pain et leur mobilité n’est pas énorme.

Comment voyez-vous la suite ? Raymond Soubie, ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy, prédit une « flambée sociale »

Je ne fais aucun pronostic. Qui avait prévu les gilets jaunes, l’ampleur de la mobilisation contre la réforme des retraites ? Mais le magma est là et politiquement les enjeux sont énormes. On ne peut pas repartir après tout ça en poursuivant une politique d’austérité sur les salaires ou en continuant de réduire le nombre de lits d’hôpitaux. Si la vision et les réflexes ne changent pas, alors oui, on peut craindre qu’une partie de la société bascule.

par  Amandine Cailhol
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