JC Mailly mis en minorité au CCN de FO

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Nous reproduisons cet article du Parisien d’hier soir, et plus bas un autre article de Médiapart, qui rend compte de la réunion tenue depuis deux jours du Comité confédéral national de FO. L’orientation de Jean-Claude Mailly est mise en minorité.

  • Le Parisien  Force ouvrière : Jean-Claude Mailly dans la tourmente
>Economie|Catherine Gasté|29 septembre 2017, 19h42 | MAJ : 29 septembre 2017, 23h24|28
Catherine Gasté
EconomieJean-Claude MaillyForce ouvrière

Mis en minorité ce vendredi, au sein de son organisation, le secrétaire général de Force Ouvrière, qui a refusé de porter le fer contre la loi Travail, est dans une position trés inconfortable. Lundi il réunit le bureau confédéral exécutif.

C’est un véritable coup de tonnerre qui s’est abattu ce vendredi sur la tête de Jean-Claude Mailly. Mis en difficulté depuis plusieurs semaines pour ses positions modérées sur la loi Travail, le secrétaire général de FO, est désormais sur la sellette. Le parlement de la centrale syndicale (Comité confédéral national) réuni à Paris pendant deux jours pour débattre de la ligne défendue par son chef et son bureau, a décidé de changer le cap et a repris la main pour dénoncer «la casse du Code du travail».

 

Selon nos informations, les 143 secrétaires d’union départementales, de fédérations et d’organisations ont voté à la quasi unanimité une résolution allant à l’opposé des arguments défendus depuis des mois par Mailly : « contre les ordonnances, FO est déterminée à défendre le droit des salariés», elle considère qu’une «mobilisation interprofessionnelle avant la ratification est nécessaire». Le résultat des urnes a été sans appel et sonne comme un véritable vote de défiance : 123 voix pour et 20 abstentions.

 

La veille déjà, Jean-Claude Mailly avait ouvert la séance par un discours « un peu sur la défensive », justifiant pied à pied sa position. Depuis la fin août, le secrétaire général répète que les ordonnances voulues par Emmanuel Macron « ne sont pas la casse du Code du Travail ». Par deux fois en interne, il a d’ailleurs mis sa démission dans la balance contre un appel de FO à une journée de mobilisation. « On a obtenu plus en trois mois de discussions qu’en douze journées d’action l’an dernier », a-t-il d’ailleurs martelé à longueur d’interview. Des mots bien plus conciliants que ceux de Laurent Berger, le patron de la CFDT, qui ont alimenté la grogne de nombre de ses militants. Certains n’ont pas hésité à aller grossir les rangs des manifestants de la CGT lors des mobilisations du 12 et 21 septembre. Lors des deux journées d’action, 58 unions départementales de FO (sur 97) et 8 fédérations avaient appelé à défiler, bravant les consignes données par la confédération. Du jamais vu. Récemment, l’annonce de la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, sur une hausse limitée des indemnités légales de licenciement aux dix années d’ancienneté, et non au-delà comme le réclamait Mailly qui en avait fait son totem, a fini de jeter le trouble. Un malaise grandissant qui est maintenant étalé au grand jour.

Jean-Claude Mailly ne s’y trompe pas. Absent ce matin, comme de coutume, lors des débats du CCN sur les ordonnances et le projet de résolution, le secrétaire général a fait un bref passage vers 16H40 pour la clôture. Son discours a duré à peine une minute: « Mes camarades, a-t-il lancé, je considère que le bureau (NDLR: le gouvernement de la centrale) est mis en minorité. Je réunirai le bureau confédéral exécutif lundi et je vous tiendrai informé de la suite ». De quoi faire dire à certains «ça y est, il va sûrement démissionner».

«Non je ne démissionne pas, arrêtons l’intox», a réagi ce vendredi soir Jean-Claude Mailly sur son compte Twitter.

  leparisien.fr

  • Médiapart : FO,   Jean-Claude Mailly sur la sellette
Par

Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force ouvrière (FO), a été mis en très forte minorité vendredi par son organisation, qui lui reproche son attentisme sur les ordonnances Macron. La menace de sa démission plane sur le syndicat.

Le conflit couvait depuis des mois, il a fini par éclater au grand jour vendredi soir, lors de la réunion du comité confédéral national de Force ouvrière (FO), sorte de parlement du syndicat. Les unions départementales et les fédérations ont voté très largement contre le positionnement de leur chef sur les ordonnances réformant le code du travail, selon Le Parisien. À rebours de la position plutôt conciliante de Jean-Claude Mailly vis-à-vis du gouvernement, les représentants locaux et fédéraux de Force ouvrière veulent « une mobilisation interprofessionnelle » le plus vite possible, « avant la ratification des ordonnances en novembre ». Jean-Claude Mailly, mis en difficulté et fortement remonté, aurait mis sa démission dans la balance en interne.

 © Mathilde Goanec © Mathilde Goanec

Selon des militants présents à Paris pour le comité confédéral, le secrétaire général aurait d’abord tenté de « calmer le jeu », en expliquant devant l’assemblée des représentants syndicaux qu’il avait fait le maximum dans le cadre de la concertation menée tout l’été avec la ministre du travail, mais également lors d’entretiens en tête à tête avec Emmanuel Macron. Le secrétaire général défend d’ailleurs cette position dans tous les médias où il passe depuis trois mois. Il aurait, avec d’autres organisations syndicales, réussi à allonger le temps de consultation avec le ministère du travail, permis dans la mouture actuelle que la négociation sociale ne soit pas uniquement ramenée à l’entreprise mais encore réservée à la branche professionnelle sur de nombreux sujets (qualifications, rémunérations minimales, formation, prévoyance…), poussé le gouvernement à s’engager sur une augmentation des indemnités légales de licenciement. Et même le recul de la ministre sur ce dernier point n’a pas fait varier sa chanson : « Les ordonnances ne sont pas la casse du code du travail, a-t-il déclaré au journal Les Échos. On a obtenu plus en trois mois de discussions qu’en douze manifestations l’an dernier. »

Mais nombre de fédérations ont déjà défié publiquement leur centrale, en défilant dans les cortèges syndicaux de ces derniers jours contre les ordonnances. Jean-Claude Mailly, après avoir écrit dans un édito publié sur le site de FO qu’il n’excluait « ni la négociation, ni l’action »,  a tenté jusqu’au bout de déminer le terrain et proposé de se réunir avec les autres organisations syndicales afin de fixer une date, fin novembre. Trop tard, beaucoup trop tard pour les participants du comité fédéral. « Il a tenté une dernière manipulation pour nous enfumer mais c’est non, rapporte un membre de Force ouvrière du nord de la France, présent jeudi et vendredi à Paris. On a fait 14 jours de mobilisation contre la loi El Khomri l’an dernier et là, on attendrait après la ratification pour se bouger ? La situation est grave pour tous les salariés et pour le syndicalisme. Les militants veulent y aller et maintenant. Quand on a voté pour se mobiliser, Mailly était fou de rage, très agité. »

mailly-tweet

Depuis, les spéculations vont bon train sur sa possible démission, avant son départ officiel en avril, lors du congrès. « S’il veut partir, faut pas le retenir. Il y a des gens qui renvoient déjà leur carte d’adhérent. En six mois, il peut faire beaucoup d’autres dégâts », poursuit ce représentant. Sur Twitter, Jean-Claude Mailly a rapidement tonné : « Non je ne démissionne pas ! Arrêtons l’intox ! » Dans Les Échos, il insiste : « Le comité confédéral national a durci le ton ; une colère s’est exprimée, plus forte que je ne l’aurais pensé. Je ne démissionne pas, je ne vais pas m’en aller à six mois du congrès. »

« Si Mailly reste, il mange son chapeau. Il devra mettre en œuvre un mandat contre lequel il a mis sa démission en balance, assure le représentant d’une union départementale de l’ouest de la France, qui souhaite lui aussi rester anonyme. Le bureau confédéral qui décidera de son sort lundi est élu par le comité confédéral national. Imagine-t-on un premier ministre qui perd la confiance mais ne démissionne pas ? » Une partie du bureau confédéral, sorte d’organe exécutif de Force ouvrière, semble très soudé autour de son chef et décidé à faire bloc. D’autres racontent en off leur malaise, depuis des semaines, sur la manière qu’a Jean-Claude Mailly de gérer l’acte II de la réforme du code du travail. Ses membres se rassemblent lundi prochain, le 2 octobre, pour une réunion qui pourrait bien sceller l’avenir de Jean-Claude Mailly au sein de son syndicat.

 

 

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