La mémoire vivante de Georges Séguy

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Georges Séguy, décédé cet été 2016, fait référence dans les débats de la CGT à plusieurs titres. En 1978, au 40ème congrès de la CGT à Grenoble, il invite à échapper au climat de division intersyndicale qui commence à s’instaurer après la division politique de l’Union de la gauche. Mais il fut contrecarré fortement dès le lendemain du congrès par les forces mêmes dont il avait dénoncé l’emprise dans le syndicat (y compris Henri Krasucki, lequel reprendra pourtant à la fin de son mandat en 1991-92 un positionnement semblable) . Beaucoup plus tard, dans un livre de mémoires, il se prononce pour un rassemblement politique unitaire suite à la victoire contre le TCE en 2005. Ces extraits de textes méritent d’être remis en mémoire.

 

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Georges Séguy en 1973 (AFP)

  • Sur l’unité d’action au congrès CGT de Grenoble (1978), extrait du discours de Georges Séguy : « Il n’est pas irréaliste de proposer une pratique d’unité d’action plus systématique et permanente. Cela pourrait se concrétiser par l’institution d’un Comité national d’unité d’action au sein duquel des représentants des centrales syndicales les plus représentatives pourraient régulièrement, à part entière, échanger leurs vues-y compris sur leurs divergences- susceptibles de donner lieu à des initiatives communes […]. L’unité d’action s’en trouverait stimulée à tous les niveaux, dans les formes les plus appropriées à chaque situation […]. Cette proposition qui traduit notre attachement à l’indépendance et à l’autonomie d’action du syndicalisme, nous la présentons sincèrement et fraternellement à la réflexion de nos camarades de la CFDT, de FO, de la FEN; nous la soumettons à la discussion de tous les travailleurs, car dans l’immédiat, c’est dans les entreprises, sur les lieux de travail, que l’unité d’action se mène et se gagne« .
  • Sur l’indépendance syndicale face à l’Union de la gauche, extrait du discours de Grenoble : « Le fait que nous ayons nous-mêmes, dans cette période, fait de plus en plus référence au Programme commun et de moins en moins à celui de la CGT a pu contribuer, même si ce fut à notre corps défendant, à entretenir la confusion (entre le PC et la CGT). Que cela ait eu des conséquences négatives au niveau de l’action revendicative, c’est incontestable…(Les luttes) qui se rattachaient à la perspective du changement […] ont pu donner l’impression d’une action revendicative très globalisée et politisée, s’éloignant des préoccupations quotidiennes et immédiates des travailleurs […] » (cité par Michel Dreyfus : Histoire de la CGT, cent ans de syndicalisme en France, Editions complexes, 1995).
Georges Seguy, 81ans, ancien secretaire general de la CGT de 1967 a 1982, lors de la fete des 40 ans de lutte syndicale a Colomiers, pres de Toulouse sa ville natale. Colomiers , FRANCE-02/06/2008.

Georges Seguy, 81ans, ancien secretaire general de la CGT de 1967 a 1982, lors de la fete des 40 ans de lutte syndicale a Colomiers, pres de Toulouse sa ville natale. Colomiers , FRANCE-02/06/2008.

  • En 2008, pour les 40 ans de mai 68, il publie Résister, de Mauthausen à mai 68 (L’Archipel, 2008) et écrit à nouveau sur l’unité d’action, en dépit de l’évolution forte de la CFDT depuis les années 1970. Il prend appui sur la naissance de la Confédération syndicale internationale (en 2006) ou de la CES (où tout le monde est présent) et ajoute : « Pourquoi cette coopération, tenue pour normale au niveau européen et international, ne se prolonge-telle pas sur le plan national? Il y a tant à faire pour créer un organe de concertation intersyndicale qui, après avoir défini des revendications convergentes, pourrait aboutir à des propositions communes et s’il le faut, à l’unité d’action […]. Cette aspiration unitaire ne s’adresse pas seulement aux leaders syndicaux, encore réticents à un syndicalisme rassemblé, mais aussi aux 10% de syndiqués qui ont leur mot à dire et leurs conceptions à faire valoir. Elle interpelle également les 90% de salariés non syndiqués, qui bénéficient des résultats sociaux obtenus par l’action syndicale et doivent prendre conscience de l’efficacité qui résulterait de ce rassemblement. » (page 226).
  • Dans le même livre de mémoires, il donne comme militant politique (PCF) son opinion sur la situation ouverte par l’élection de N. Sarkozy en 2007, et sur l’échec d’une candidature de rassemblement antilibérale : « Le mouvement social pâtit inévitablement de la défaite du peuple de gauche lors de la dernière élection présidentielle de 2007. En faisant échouer le projet de candidature commune de l’entente antilibérale, les rivalités n’ont pas seulement fait exploser les perspectives d’un rassemblement qui portait en son sein l’espoir d’une nouvelle gauche et d’un dynamisme unitaire. Elles ont de surcroît apporté de l’eau au moulin de ceux qui estiment que, désormais, l’élection présidentielle est le scrutin primordial de la 5ème République » (page 213).

 

 

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