Le billet d’humeur de Christophe Prudhomme

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Médecin urgentiste et CGT, Christophe Prudhomme fait chaque jour un billet sur l’épidémie, publié dans l’Humanité. Là il s’agit des annonces sur le « 5ème risque » et la perte d’autonomie des personnes âgées dépendantes. 

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Billet d’humeur du jour

5e risque

Le mouvement dans les EHPAD date maintenant d’il y a deux ans et nous sommes toujours en attente de réponses à nos revendications. Le ministre de la Santé vient d’annoncer la création d’une 5e branche pour la prise en charge de la perte d’autonomie. C’est une annonce qui peut être considérée comme intéressante, mais deux questions nécessitent des réponses :  d’une part, pourquoi une 5e branche et avec quel financement alors que ce besoin pourrait être pris en charge par la branche maladie ; d’autre part, un financement pour payer quoi.
A cette deuxième question, il est clair que si c’est pour financer le secteur privé à but lucratif, dont les groupes Korian et Orpéa, la réponse est non. Au regard du comportement de ces groupes depuis leur création et à la lumière de la manière dont ils ont géré la crise du coronavirus, il n’est pas question d’abonder les dividendes de leurs actionnaires. La question qui se pose aujourd’hui est de supprimer tout financement par les cotisations sociales et les fonds publics de ces requins qui surfent sur le marché du vieillissement, qu’ils appellent d’ailleurs « l’or gris ». Il est urgent de revendiquer la fin du secteur privé à but lucratif dans le domaine de la santé et en l’occurrence de la prise en charge de la perte d’autonomie.
En ce qui concerne, la création d’une nouvelle branche, il faut être vigilant car l’objectif caché est de sortir cette branche du financement par les cotisations sociales. Il faut se rappeler qu’à la création de la Sécurité sociale, les branches n’existaient pas et on parlait de prestations maladie, retraite, famille et accident du travail/maladies professionnelles. L’autonomisation en branches a pour but de ne plus équilibrer le financement entre les différentes prestations. Nous connaissons la musique avec la présentation de déficits sciemment créés par une baisse des cotisations pour imposer ensuite des plans d’économie et une diminution des prestations.
Il ne faut donc pas se féliciter trop vite. Une porte est ouverte, mettons le pied dedans et avançons nos revendications pour une Sécurité sociale unique, prenant en charge l’ensemble des besoins des assurés de la naissance à la mort, et pour un service public de santé débarrassé du secteur privé à but lucratif.

Dr Christophe Prudhomme

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