Les responsables de l’intersyndicale font le point (2)

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Dans le cadre de la série d’interviews des porte-paroles nationaux de l’intersyndicale, l’Humanité a publié le 12 mai celle de Murielle Guilbert, co-déléguée générale de l’Union syndicale Solidaires.

 

  • Murielle Guilbert, de Solidaires :
French Union syndicale Solidaires (SUD) union co-general delegates Murielle Guilbert during a demonstration, as part of a 7th nationwide day of strikes and protests called by unions over the proposed pensions overhaul, in Paris, France on March 11, 2023. Photo by Pierrick Villette/ABACAPRESS.COM Resistance Contestation Rassemblements Manifestations Manif Rassemblement Manifestation Revendication Revendications Contestations Demonstration Protest Rally Gathering Demo Pension Retirement Pensioner Retraites Retraite | 845500_003 Paris France

French Union syndicale Solidaires (SUD) union co-general delegates Murielle Guilbert during a demonstration, as part of a 7th nationwide day of strikes and protests called by unions over the proposed pensions overhaul, in Paris, France on March 11, 2023. Photo by Pierrick Villette/ABACAPRESS.COM Resistance Contestation Rassemblements Manifestations Manif Rassemblement Manifestation Revendication Revendications Contestations Demonstration Protest Rally Gathering Demo Pension Retirement Pensioner Retraites Retraite | 845500_003 Paris France

« Le syndicalisme a retrouvé du sens »

Publié le Vendredi 12 mai 2023 Cécile Rousseau

https://www.humanite.fr/social-eco/solidaires/intersyndicale-murielle-guilbert-de-solidaires-le-syndicalisme-retrouve-du-sens-794711

 

Codéléguée générale de l’union syndicale Solidaires avec Simon Duteil, Murielle Guilbert a le regard tourné vers la prochaine journée d’action, mardi 6 juin, contre la réforme des retraites de l’exécutif. Elle constate déjà le rôle renforcé des syndicats comme « contre-pouvoir » au gouvernement.

Comment voyez-vous ces derniers mois d’intense mobilisation contre la réforme des retraites ?

Nous n’avons pas fait de bilan, car elle continue. Ce mouvement a vu plusieurs phases s’enchaîner avec des grèves très visibles dans des secteurs comme l’énergie, le rail… Avec l’intersyndicale, nous n’avons pas tout à fait réussi ce que nous visions, c’est-à-dire faire plier le gouvernement à partir de notre appel à la grève reconductible du 7 mars.

Une nouvelle phase s’est ensuite accélérée avec l’utilisation du 49.3 où on a vu une forte contestation s’exprimer contre l’usage non démocratique des institutions par le gouvernement. Au-delà des syndicats, la population s’est aussi saisie des casserolades pour signifier qu’elle ne veut pas tourner la page. Ce qui montre bien le caractère exceptionnel de cette mobilisation.

On ne met pas des millions de personnes dans la rue sans qu’il y ait quelque chose de viscéral dans la colère sociale. Les manifestants ne sont pas en adéquation avec la politique qui est portée, notamment avec la stigmatisation des chômeurs et des gens au RSA.

Qu’est-ce qui fait l’originalité de ce mouvement ?

Il y a un ancrage territorial fort. Des endroits où il n’y a habituellement pas de mobilisation, comme l’île de Groix, ont vu des centaines de personnes manifester. Dans les villes moyennes, comme Albi, on a senti une ébullition sociale profonde. Ce que les syndicats dénoncent depuis des années sur la mise à mal des services publics, nous l’avons touché du doigt. Il y a aussi eu de nombreuses luttes sur les salaires.

N’oublions pas qu’avec la loi travail on a créé le salarié jetable et remis en cause la représentation des personnels. Outre le refus de travailler deux ans de plus, tout cela fait que ce mouvement est si important. Nous avons réussi à gagner l’opinion et le gouvernement n’a jamais pu déminer le terrain malgré ses multiples tentatives.

Le rythme donné par l’intersyndicale a parfois été critiqué. Il y a eu des grèves, cependant nous n’avons pas réussi à faire en sorte qu’elles se généralisent et qu’elles soient reconductibles. Mais toute une série de blocages et d’actions multiples ont été organisés.

C’est un mouvement assez étonnant de par sa capacité à être multiforme. Cela peut paraître anodin, mais nous avons beaucoup de gens qui nous écrivent pour nous donner des idées de rebond dans cette bataille. Certains nous disent, par exemple, qu’il faudrait continuer à organiser des casserolades tous les samedis à 20 heures.

Comment envisagez-vous la prochaine journée d’action du 6 juin ?

L’intersyndicale continue avec cet objectif : utiliser tous les outils à sa disposition pour ne jamais voir appliquée cette réforme des retraites. La proposition de loi du groupe Liot peut constituer un de ces moyens. Si l’Assemblée nationale vote pour ce texte (débattu le 8 juin) qui vise à abroger la réforme, ce sera un coup de tonnerre pour le gouvernement.

Entre-temps, ce dernier essaie de diviser les organisations syndicales. Nous ne serons pas reçus la semaine prochaine par Élisabeth Borne, comme la FSU et l’Unsa, car nous ne sommes pas représentatifs. Mais nos habitudes de travail au sein de l’intersyndicale font qu’on se parle. Si chaque syndicat portait des revendications plus particulières, le sujet du retrait sera évidemment posé par tous.

Le travail commun continue donc et les motifs de mécontentement restent entiers. On l’a un peu oublié, mais la première expression de l’intersyndicale élargie remonte à juillet 2022 sur la question des salaires. Nous avons ensuite enchaîné en septembre contre la réforme de l’assurance-chômage. Nous avons été en capacité d’aller au-delà de nos différences.

Pensez-vous que les syndicats s’en trouvent renforcés ?

S’il y a tellement de nouvelles adhésions de personnes issues de tous milieux professionnels, c’est parce qu’il y a une compréhension que l’organisation collective est pertinente. Après des décennies de politique néolibérale qui isole, le syndicalisme a retrouvé du sens pour beaucoup de monde.

Les syndicats ont été visibilisés comme contre-pouvoir. La question d’une radicalité dans la lutte évolue aussi dans les têtes. La répression policière a fait douter des thèses un peu binaires sur les méchants manifestants. Ce gouvernement qui nie toutes les oppositions rate son analyse en continuant comme si de rien n’était.

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