Les syndicats opposés au projet Macron sont majoritaires!

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Robi Morder, juriste en droit du travail, et qui travaille aussi sur la représentation des syndicats, nous transmet un article qu’il a publié sur son blog de Médiapart. Le front syndical (CGC, CGT, FO, FSU, Solidaires) opposé au projet Macron est très largement majoritaire dans le salariat.

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Démocratie sociale et «autoritarisme libéral» de l’Etat

« Syndicat majoritaire », « négociation », « accord »… Beaucoup de mots utilisés pour opposer les « bons » raisonnables aux « syndicats radicalisés» imposant un « enfer ». Vocabulaire bien impropre quand on demande au salariat et à sa représentation de mettre en application des règles décidées unilatéralement par l’Etat.

 

Faire prendre des vessies pour des lanternes

La CFDT « syndicat majoritaire », « négociation » ouverte,volonté d’aboutir à un « accord »… Beaucoup de mots sont utilisés pour montrer que les « bons » respectent la « démocratie sociale », tandis que les « extrémistes » imposent à la population un « enfer ». Ce vocabulaire est en réalité bien impropre à la réalité.

Les cotisations retraite, ce sont les salariés qui les payent, sur leur salaire qu’il soit direct (le « brut » qui apparaît sur la fiche de paie) ou indirect (indûment nommé « charge patronale »). Tout comme la démocratie parlementaire a trouvé son fondement dans la volonté que – via ses représentants – le peuple décide de l’impôt et du budget, le peuple travailleur devait avoir plus qu’un mot à dire sur le montant, l’utilisation de la part de sa rémunération affectée à la retraite. La représentation collective des salariés passe, institutionnellement, par la voie de leur représentation syndicale mesurée tous les quatre ans à partir des élections des représentants du personnel. Les dernieres résultats en date sont ceux de fin 2017 pour le secteur privé, et de 2018 pour la fonction publique.

Bloc minoritaire et bloc majoritaire

Or, si on s’appuie sur les résultats tant dans le secteur privé que dans le secteur public, l’on constate que les syndicats opposés à la réforme des retraites représentent 60% des suffrages exprimés, les soutiens à la retraite à points étant – avec 40% des voix – minoritaires.

Dans chacun des deux secteurs l’on est dans le même équilibre à quelques points près. Le total nous donne presque 3 millions de voix exprimées pour les listes CFDT, CFTC, UNSA d’un côté, 4 450 000 de voix pour les listes CGC, CGT, FA, FO, FSU, SOLIDAIRES.

https://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/communique-de-presse-nouvelle-mesure-de-l_audience-syndicale.pdf

https://www.fonction-publique.gouv.fr/files/files/statistiques/stats-rapides/resultats_electionsFP_20_dec_2018.pdf

Nous avons ainsi, si on applique les termes du droit du travail, en élargissant la notion à la fonction publique, un bloc de syndicats minoritaire pesant plus de 30%, et un bloc de syndicats majoritaire à plus de 50%.

Quant au patronat, il est plutôt discret – habitude de la discrétion des affaires – il lui suffit de sussurer aux oreilles d’un gouvernement qui s’en fait le porte-parole.

Autonomie du sociale et subordination à l’Etat

On évoque beaucoup la « négociation » pour aboutir à un « accord », un accord (ou contrat, convention) engage les parties avec des obligations réciproques. Les concertations ne sont pas une négociation, puisque le gouvernement, s’il recueille des avis, n’est aucunement lié aux « accords » ou désaccords. Le projet de loi, puis la loi, sont des actes unilatéraux de l’Etat qui échappent aux « partenaires sociaux ». Nous ne sommes pas dans le cadre des négociations d’entreprise où les accords, pour être valides, doivent être majoritaires (c’est-à-dire avoir été signés par les syndicats qui, seuls ou ensemble, ont obtenu 50% des voix ou plus), ou au moins été ratifiés par la majorité des salariés. Nous ne sommes pas non plus dans l’accord de branche ou interprofessionnel où l’opposition des syndicats majoritaires invalide tout accord signé par des syndicats minoritaires.

La réforme des retraites confirme bien cette étatisation libérale qui atteint non seulement le contenu (expropriation du peu qui restait de la gestion libre de la Sécurité sociale, de l’assurance chômage, des retraites, ) mais aussi la procédure d’élaboration des normes applicables aux mondes du travail où l’on demande au salariat et à sa représentation de mettre en application des règles décidées unilatéralement par un pouvoir politique de plus en plus autoritaire. Faut-il se soumettre ? Se demettre ? Ou plutôt s’insoumettre.

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