Pourquoi pas des formations syndicales non mixtes?

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L’article ci-dessous ose proposer des formations syndicales non mixtes. Sophie Gouskett travaille depuis quinze ans ans dans la formation.  Elle a mis en place ou animé des formations dans des secteurs professionnels très différents (librairie, chimie…), et à destination de publics variés (salarié-es, apprentis, étudiant-es…) sous divers dispositifs (formation continue, apprentissage, université…). Depuis cinq ans elle se consacre exclusivement à la formation des représentant-es du personnel où elle rencontre les mêmes situations que dans son parcours précédent: peu de place laissé à l’expression des femmes, comportements misogynes « en toute bonne foi », absence de réflexion sur cet enjeu.

Pour elle, il est urgent que les syndicats se saisissent de cette question !

 

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Former les représentanTES du personnel…et leurs camarades !

Tout le monde en convient : la formation des représentants du personnel est essentielle, et le législateur a prévu l’obligation pour l’employeur de financer (tous les quatre ans) la formation des membres du Comité d’hygiène et sécurité-conditions de travail (CHSCT) tout en maintenant leur salaire, comme de financer celle des membres du CTE (Comité technique d’établissement) dans les hôpitaux ou les EHPAD (maisons de retraite). Dans ce dispositif les représentants du personnel ont le choix de l’organisme de formation.

Les membres du Comité d’entreprise (CE) , de la même façon ne peuvent se voir refuser leur départ en formation (il s’agit d’une formation économique) pour se former à leurs missions. Leur salaire est maintenu mais le coût du stage est payé sur le budget du CE.

Nombreuses sont aussi les autres formations proposées aux représentants du personnel : formations destinées aux délégués du personnel … formations sur les risques psychosociaux … formations juridiques de toutes sortes… formations spécifiques pour les délégués syndicaux….formations communication… Les organismes de formation offrent un éventail large de stages classiques ou bâtis sur-mesure à qui veut se former.

Mais qui forme les représentanTES du personnel ?
Vous voulez dire les femmes ? Mais elles sont formées avec les hommes, voyons ! Quelle drôle d’idée ! On ne va pas faire de ségrégation ! On ne va pas mettre en œuvre des stages pour les hommes, des stages pour les femmes ! C’est ridicule ! Ce n’est pas syndical !

Eh bien, regardons de plus près. Constatons, simplement constatons. Dans les formations, mixtes, qui prend la parole ? qui occupe le temps de parole ? qui coupe la parole ? dans les formations, quels sujets sont évoqués ? dans les formations qui reproduit hélas exactement ce qui se passe sur le terrain ? Et même, qui jette à la poubelle les gobelets sales sur les tables quand la formation se termine ?!

Oui, l’attention portée aux femmes et à leur émancipation, devrait être une priorité syndicale absolue. Il n’est pas admissible que des représentants du personnel se mettent en avant au détriment de leurs camarades femmes dans les formations. Il n’est pas admissible que des formateurs ou des stagiaires se permettent pendant les formations des remarques ouvertement sexistes, il n’est pas admissible que des élus n’aient pas comme préoccupation première d’encourager leurs camarades femmes, de leur donner la parole, de les écouter, de les appuyer.

Comment le feraient-ils tous les jours s’il n’est pas considéré comme indispensable de le faire en formation ?

Concevons des formations dédiées aux femmes.

Ce sont elles les plus précaires, les moins respectées, les plus assujetties à un ordre insupportable. Proposons un panorama historique des luttes féministes, proposons des débats, proposons des formations pour apprendre à s’exprimer face à la direction, avec les salariés ou les agents, avec les camarades, et aussi pour s’exprimer dans les structures de nos organisations ! Il s’agira que ces formations soient pratiques, non théoriques, accessibles, et exigeantes aussi, pour donner aux représentantes du personnel la force de tenir la place qui leur revient entièrement.

Armer les représentanTES du personnel ? Ce n’est pas la mer à boire, il suffit de le vouloir.
Proposons deux types de formation : des stages sans homme où les camarades timides pourront s’entraîner à parler, argumenter, se défendre, convaincre, manier les différents registres de langue, l’humour, l’improvisation, acquérir le sens de la répartie.
Et puis des stages mixtes de formation sur les grandes dates du féminisme, la santé au travail, (qui parle des jambes des vendeuses, des cloisons nasales des coiffeuses atteintes par les produits chimiques, des dorsalgies des aide-soignantes, des trajets des femmes enceintes, etc ?), la législation maternité, l’égalité professionnelle.
Le champ d’action est vaste : conditions de travail, rémunérations, sexisme, harcèlement… Il y a tant à faire. Aux syndicats de s’en emparer. Il ne faut plus tarder.

Sophie Gouskett

 

 

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