Pourquoi une faible participation aux élections dans les TPE

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En 2021, de nouvelles élections professionnelles auront lieu dans les Très petites entreprises (TPE) qui comptent bien sûr  pour la représentativité interprofessionnelle des syndicats. Ci-dessous une analyse très complète (parue en prépublication dans la revue de l’IRES), réalisée par Tristan Haute sur les résultats des scrutins précédents et des hypothèses à discuter sur la faible participation.

Tristan Haute est docteur en science politique, Université de Lille, CERAPS, UMR 8026 CNRS, tristan.haute@ univ-lille.fr. Cet article est issu d’un travail de thèse (Haute, 2019a).logo_noircsm_tristan_haute_970c7d649e

« Les logiques plurielles d’une très faible participation : retour sur les scrutins auprès des salariés des très petites entreprises »

  • Lire ici l’introduction et l’ouverture du questionnement :
  • Introduction : « En France, deux scrutins ont été organisés en 2012 et en 2017 auprès des salariés des très petites entreprises (TPE, moins de 11  salariés) pour compléter la mesure de la représentativité syndicale dans le secteur privé. Or, ces votes sur sigles, sans élu, par Internet ou par correspondance n’ont absolument pas mobilisé les salariés (10,4 % de participation en 2012 et 7,3 % en 2017). Alors que plusieurs travaux se sont intéressés à la mise en place difficile de ces scrutins et aux pratiques syndicales déployées pour mobiliser les salariés des TPE, cet article propose différentes pistes explicatives complémentaires de la très faible participation électorale enregistrée. Celle-ci s’explique moins par les opinions des salariés que par des facteurs structurels, à savoir les spécificités de ce scrutin sans enjeu, les caractéristiques sociales et économiques des salariés des TPE et la faiblesse des implantations et des contacts syndicaux dans les TPE. Certaines branches d’activité où les enjeux du vote sont un peu plus saillants et où des syndicats corporatifs développent des activités de service, comme la branche des assistantes maternelles, sont d’ailleurs marquées par une mobilisation électorale significativement plus importante.« […]
  • Mise en questionnement :
  • […]« La participation aux scrutins TPE a été résiduelle en 2012 et en 2017. Cette abstention massive est moins le résultat d’une défiance des salariés des TPE à l’égard des syndicats que la conséquence de facteurs structurels. L’abstention s’explique non seulement par les spécificités des scrutins TPE, à savoir des conditions de déroulement du vote peu favorables à la mobilisation et une absence d’enjeu apparent, mais aussi par les spécificités du salariat des TPE. D’une part, alors que les salariés les plus précaires, les moins bien rémunérés et les moins intégrés professionnellement s’abstiennent davantage que l’ensemble des salariés, la faible participation des salariés des TPE est à mettre en lien avec leur plus grande précarité et avec leur moindre rémunération par rapport au reste des salariés. D’autre part, puisque les contacts entre les syndicats et les salariés des TPE sont les principaux vecteurs de la mobilisation électorale, l’abstention massive enregistrée lors des scrutins TPE s’explique par la distance pratique entre les salariés des TPE et les syndicats. Ces derniers sont peu implantés dans les TPE et parviennent difficilement à s’adresser et à mobiliser les salariés des TPE, hormis dans quelques branches professionnelles, comme celle des assistantes maternelles, où domine un modèle syndical serviciel. Ces différentes logiques de l’abstention, loin d’être contradictoires, s’imbriquent et peuvent se cumuler. Ainsi, l’implantation syndicale et la prise de contact avec les salariés sont d’autant plus aisés que la main-d’œuvre d’un secteur d’activité est stable. Ces premières pistes conclusives nécessitent d’être mises à l’épreuve de données plus robustes, notamment au niveau individuel. Le scrutin de 2021 pourrait représenter une occasion de produire de telles données, même si des évolutions importantes sont envisagées. Ces évolutions ne devraient pas modifier les facteurs structurels exposés dans cet article. Néanmoins, il est à noter que, pour être candidates, les organisations syndicales devront déposer des listes paritaires de candidats salariés des TPE (10 par région), ces salariés étant amenés à siéger dans les CPRI. Cette nouvelle nécessité pourrait certes diminuer l’offre syndicale, mais elle contraint les organisations syndicales à recruter des adhérents et à former des militants issus des TPE. De même, le vote, qui se déroulait jusqu’ici par correspondance ou en ligne, pourrait se dérouler exclusivement par Internet, ce qui risque d’engendrer une nouvelle baisse de la participation. Il sera dès lors intéressant de comparer la participation des salariés à ce nouveau scrutin avec les résultats des analyses présentées dans cet article afin d’estimer, dans le champ professionnel, l’impact de ces deux évolutions électorales. « 
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