Régionales :comment les salariés et les sympathisants syndicalistes ont voté

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L’Humanité du 8 décembre publie une étude réalisée par l’IFOP sur le vote des salariés et des sympathisants syndicalistes aux élections régionales du dimanche 6 décembre. Nous complétons par une prise de position de la CGT entre les deux tours.

 

 

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La gauche majoritaire chez les salariés

 

Infographie : Humanité
Dans une étude réalisée par l’Ifop, à l’issue du premier tour des régionales, il apparaît que seuls 44 % des travailleurs et 47 % de proches d’un syndicat se sont rendus aux urnes
L es salariés proches d’un syndicat votent moins pour le Front national.
C’est ce qui ressort du sondage Ifop réalisé pour l’Humanité, à l’issue du premier tour des régionales qui ont eu lieu dimanche. Un scrutin marqué par une abstention plus forte du monde du travail puisque seuls 44 % des salariés et 47 % des salariés proches d’un syndicat se sont déplacés contre 50,5 % pour l’ensemble des électeurs. « Un effet lié à l’âge car ce sont les retraités qui se sont le plus mobilisés dimanche », note le directeur du département opinion et stratégies d’entreprise de l’Ifop, Jérôme Fourquet. Selon lequel, 29 % des salariés se déclarant proches d’un syndicat ont voté Front national contre 32 % pour l’ensemble des salariés et 33 % pour ceux n’ayant de proximité avec aucun syndicat.
L’an dernier, lors des élections européennes, si 30 % des salariés avaient voté FN, ceux s’estimant proches des syndicats n’étaient « que » 25 %. « Même si les syndicats restent un léger rempart contre le vote FN, on constate que le parti d’extrême droite a une audience plus forte vers le monde du travail qui est assez semblable à celui des Français. Et ce quelle que soit l’organisation syndicale dont ils se sentent proches », note le sondeur.
L’organisation syndicale à voter le plus pour la formation de Marine Le Pen reste Force ouvrière, avec près de 34 % des sympathisants contre 33 %. « Historiquement FO est formé de deux blocs, l’un d’extrême gauche et l’autre très gaulliste qui formait l’électorat populaire issu du monde du travail de la droite. Or, celles-ci ont été vampirisées par le FN », analyse Jérôme Fourquet.
Les sympathisants CGT sont 27 % à avoir voté FN contre 22 % aux européennes. « La rupture du lien social provoquée par la croissance du chômage, les discours irresponsables contre l’immigré bouc émissaire, le culte de la concurrence et de l’individualisation dans l’entreprise enracinent la montée du Front national », a analysé la CGT cadres dans un communiqué, voyant dans ce premier tour « la faillite des politiques d’austérité ». C’est en revanche chez les proches de la CFDT avec 26 % contre 17 % en 2014 que le parti d’extrême droite réalise sa plus forte progression. Une organisation qui, au même titre que la FSU, la CGT ou encore l’Unsa, avait communiqué avant le premier tour, afin de mettre en garde ses syndiqués mais surtout les salariés contre la supercherie d’un vote FN. « Ce n’est pas surprenant, nous avons senti que chez les salariés, les idées du FN touchent l’ensemble du monde du travail. Aucune catégorie, aucun secteur n’est
épargné. Ce sondage est un encouragement à poursuivre le travail que nous avons mené avec pédagogie, mais aussi avec fermeté depuis plusieurs mois. Un travail de persuasion qui prend du temps », a réagi Jean-Louis Malys, secrétaire national de la CFDT.
Plus réjouissant. Avec plus de 40 % des votes, la gauche reste en tête chez les salariés. Un score qui grimpe à 48 % chez les proches d’un syndicat. Sans surprise, le Front de gauche confirme sa première position chez les proches de la CGT avec 35 %, même si, cette fois, pour des raisons pratiques les sondeurs ont aggloméré les résultats des listes EELV ou Nouvelle Donne. Lors des européennes, ces listes totalisaient 37 % dont 30 % pour le Front de gauche. Les listes PS réalisant de leur côté 23 % contre 19 % en 2014. Les électeurs proches de FO qui ont le plus voté Front national sont ceux dont la première intention était de « sanctionner la politique du président de la République et du gouvernement » (45 % contre 30 % en moyenne pour les autres). ■
par Clotilde Mathieu

Le Front national :

Un danger pour le monde du travail et la démocratie

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Le premier tour des élections régionales a permis à l’extrême droite de réaliser un triste record : après les 4,1 millions de voix obtenues lors des élections départementales de mars 2015, le FN triple son score des élections régionales de 2010. Il récolte plus de 6 millions de voix et est en tête dans 6 régions sur 13. L’abstention reste très élevée, notamment chez les jeunes : c’est 1 électeur sur 2 en moyenne qui ne s’est pas déplacé.

Ces résultats sont encore une fois le signe de la grave crise démocratique et sociale que traverse notre pays et sur laquelle la CGT ne cesse d’alerter. Le chômage et la précarité atteignent des records. La mise en concurrence des territoires accentue les inégalités et la relégation. L’absence de réponse au dumping social généré par la mondialisation capitaliste et par les impasses des politiques libérales et austéritaires menées en Europe offre un boulevard au repli nationaliste et à la préférence nationale. Ce qui est en cause, c’est les promesses non tenues et la démission du politique face au marché. La fuite en avant dans la dérive sécuritaire est une impasse qui conduit à normaliser le discours de l’extrême droite.

Il y a urgence à ce que les leçons soient tirées. Par le gouvernement qui a renié ses promesses, comme par l’ensemble des partis républicains. Le syndicalisme est aussi interpellé par ce résultat. La CGT, pour ce qui la concerne, renforcera son travail de terrain et de proximité.

Le Front National n’est pas un parti comme les autres et constitue une grave menace pour la démocratie et le monde du travail. La CGT le combat parce que son approche est fondée sur l’inégalité, en fonction des nationalités, des origines, des religions, des couleurs ou des sexes. Le FN divise et met en opposition le monde du travail, et fait ainsi le jeu du patronat. Il porte un projet de régression sociale, et notamment l’austérité avec la suppression d’un fonctionnaire sur deux dans les collectivités territoriales. Dans les collectivités qu’il dirige, le FN s’attaque à la culture, aux associations et aux droits des femmes et casse le lien social. Il remet en cause notre système de solidarité, en portant la suppression des cotisations sociales. Il menace les libertés durement conquises par les travailleurs, la liberté d’expression au travail comme dans la société, la liberté de la presse, ou encore la liberté de mobilisation et d’organisation. La CGT appelle à mettre en échec partout le Front National sur ses prétentions électorales et ses objectifs politiques et sociaux.

La CGT continuera à faire vivre la déclaration unitaire intersyndicale de juin 2015 « Vivre ensemble, travailler ensemble » et amplifiera le débat avec ses syndiqués et les salariés.

Il y a urgence à ouvrir des perspectives de progrès social en France, en Europe et dans le monde. Plus que jamais, la CGT appelle les salariés à s’organiser et à se mobiliser ensemble pour défendre leurs droits et leurs libertés et mettre de nouvelles conquêtes sociales à l’ordre du jour.

Montreuil le 8 décembre2015.

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