Revue de l’Ecole Emancipée, tendance de la FSU

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Le dernier numéro de la revue de l’Ecole Emancipée, tendance de la FSU, comprend un dossier sur le syndicalisme et les mouvements sociaux. Ci-dessous le sommaire et un article sur le congrès du SNUipp (professeur-es des écoles). Nous avons déjà publié l’article de Sophie Béroud sur le congrès de la CGT (http://wp.me/p6Uf5o-2D8).

Revue 78 (juillet-aout 2019)

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- p. 2 : Hommage à Isabelle
- p. 3 : Édito

Éco-social
- p. 4 et 5 : La crise dans le vide de la pensée dominante

Éducation
- p. 6 et 7 : Réforme du lycée : promesses et réalité

Syndicalisme
- p. 8 et 9 : Congrès de la CGT : difficiles débats internes
- p. 10 : CGT, des débats inachevés
- p. 11 : Congrès du SNUITAM-FSU : tout ce qui brille n’est pas or
- p. 12 et 13 : Congrès SNUipp-FSU : on est là !
- p. 14 : Enjeux du congrès du SNESUP-FSU
- p. 15 : Mouvements sociaux : quelles leçons ?

Dossier : Santé en danger
- p. 16 -17 : Santé – ça craque
- p. 18 et 19 : Système de soin : économies et dégradations
- p. 20 : INTERVIEW DE MICHÈLE LEFLON Présidente de la Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité.
- p. 21 : Réforme des études médicales – un progrès ?
- p. 22 : Psychatrie – destruction accélérée
- p. 23 : Santé au travail – la fonction publique dans le viseur International
- p. 24 et 25 : Retour d’Iran

Histoire
- p. 26 et 27 : Il y a 40 ans : le Nicaragua et la révolution sandiniste (2/2)

Culture
- p. 28 et 29 : Le soleil noir du jazz.William R. Burnett. Une femme droite d’Afrique
- p. 30 : Un super-héros contre l’impérialisme
- p. 31 : Cannes 2019

Varia
- p. 32 : Forum syndical antiraciste : un premier succès

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Congrès SNUipp-FSU : on est là !

 

Le SNUipp-FSU, opposant déterminé

 

Le congrès a eu lieu dans une période de mobilisation contre la loi Blanquer et la politique éducative. Période durant laquelle le SNUipp-FSU a su proposer un décryptage des principales attaques contre les personnels et le système éducatif, et l’organisation de temps forts nationaux de mobilisations avec journées de grève et de manifs. Par contre, il a été en difficulté pour mettre en lumière et tenter de coordonner la multitude d’actions locales, impliquant notamment les parents d’élèves, qui ont fourmillé à côté des journées nationales d’action.

Ces journées de grèves et de manifestations ont traduit l’opposition massive de la profession à la version de la loi votée à l’Assemblée.

Cette mobilisation a été utile avec le retrait des pires dispositions.

Il s’agit maintenant de poursuivre le décryptage de la politique Blanquer, qui, par touches successives, entre EPLESF et EPLE internationaux par exemple, construit une école à plusieurs vitesses qui accentue encore le tri social. Un dévoilement sur lequel s’appuyer pour construire, dès la rentrée, des convergences avec les mobilisations dans le second degré, actuellement concentrées contre la réforme du bac.

 

C’est rythmé par l’Estaca (1) et le refrain « On est là ! Même si Blanquer ne l’veut pas nous on est là ! » que s’est tenu le 11e congrès du SNUipp-FSU, sous le soleil de juin de Perpignan. Un congrès marqué par un renouvellement fort avec près de 47 % de néo-congressistes ce qui témoigne d’un dynamisme et d’un renouvellement des sections départementales. De quoi rebattre les cartes, si on s’en réfère également à la répartition annoncée dans les tendances : 25 % de congressistes revendiqué-s École Émancipée, 36 % U et A, et 38 % de hors tendance. Autant dire que les débats se sont joués sur l’argumentation en plein congrès plus que sur des positionnements figés. C’est une donnée nouvelle que nous devons appréhender et qui permet des perspectives de construction. Les militant-es sont alimenté-es par les tendances mais pas orienté-es a priori. Avec plus de 130 camarades aux réunions nocturnes de l’École Émancipée et plus de 80 aux matinales, les délégué-es des sections et l’équipe nationale ont pu sérier les enjeux, tracer une ligne syndicale offensive s’opposant clairement à l’école libérale et du tri social ou à l’injustice sociale et climatique, et réfléchir collectivement à des propositions de synthèse. Le travail en amont des précédents Conseil Nationaux, les échanges lors des réunions ou ceux plus informels, les interventions dans chaque commission et en plénière ont permis à l’École Émancipée de porter ses analyses et ses ambitions pour l’école et ses professionnel-les.

 

Une volonté de synthèse

 

Il ne faudrait pas croire qu’un congrès du SNUipp-FSU se réduit à une guerre d’idées, sous couvert d’une bataille de tendances. Tout au contraire, c’est un véritable défi démocratique qui est le moteur des réflexions. En effet, les mandats ne sont pas validés par une expression proportionnelle d’une majorité contre une minorité (pas de seuils chiffrés) mais bien par la rédaction d’une construction nouvelle qui peut être partagée par toutes et tous, où chacun-e peut trouver sa place, sa voix. C’est ce que l’on nomme, non sans une certaine fierté, la synthèse. Car c’est bien elle qui mène la construction du SNUipp-FSU depuis sa création, en opposition aux pratiques qui avaient conduit à l’éclatement de la FEN et du SNI-PEGC et qui régissent encore un certain nombre de syndicats de la fédération. Une conception à laquelle l’École Émancipée est attachée et a œuvré lors de ce congrès. C’est aussi dans cet esprit que le vote d’orientation se déroule après le congrès, sur des textes de tendances plutôt que sur des listes de noms. Rien de surprenant donc à ce que les quatre thèmes de congrès aient été votés entre 97 et 100 %. Avant ce vote d’aboutissement, des arguments, des contre-arguments, des réécritures, des amendements, des prises en compte partielles, complètes, des votes indicatifs si besoin… ont conduit à la présentation finale très largement approuvée.

 

Un congrès combatif

 

Dès le début du congrès, les délégué-es ont montré leur volonté de poursuivre les actions initiées depuis le mois de mars. L’appel à une grève nationale le 13 juin inscrit le SNUipp-FSU dans la poursuite de l’action et le refus des réformes Blanquer. La volonté de rapprochement avec le second degré le 17 juin marque le souhait d’une convergence dans l’Éducation nationale. En se projetant sur des actions à la rentrée, les interventions ont renforcé la défiance vis-à-vis des politiques actuelles et la dynamique de luttes contre le démantèlement du service public, dont celui d’éducation, contre les réformes à venir des retraites et de la protection sociale.

Le SNUipp-FSU sort de ce congrès avec des mandats renforcés qu’il faudra rendre actifs dans les combats à venir.

Ainsi, sur les questions liées à l’antiracisme, on peut acter une avancée sensible depuis le dernier congrès, et c’est bien en se plaçant du strict point de vue de la lutte contre les discriminations que le congrès s’est prononcé contre l’exclusion des femmes voilées de l’accompagnement des sorties scolaires. Les débats ont débouché sur une caractérisation des violences policières, la répression et les dérives vers un état policier liberticide. De même, sur l’inclusion scolaire, les mandats restent proches des revendications des enseignant-es en associant au principe clair de l’inclusion la nécessité de la prise en compte des souffrances professionnelles que son application à marche forcée engendre. Concernant la place des directeurs ou directrices, dans un contexte de tentative de hiérarchisation et de regroupement des écoles et des collèges, le SNUipp-FSU a réaffirmé son attachement à cette mission assurée par un-e pair-e. Du côté de la formation, le mandat de recrutement en licence a été réaffirmé ainsi que la nécessité d’un pré-recrutement sur tout le territoire et le contingentement en fonction d’un plan pluriannuel. Les modalités de pré-recrutements n’ayant pas fait consensus, la formulation « intégrant des critères sociaux dès l’entrée en L1 et à tous les niveaux du cursus universitaire » a fait synthèse. Enfin, ce congrès engage résolument le SNUipp-FSU vers une mise en pratique de l’écriture inclusive dans ses publications. À côté de ces avancées, il reste des points sur lesquels il faudra continuer à travailler pour ne pas engager le syndicat dans des transformations synonymes de régressions pour la profession et le collectif, notamment sur les carrières et les salaires. L’École Émancipée défendra le mandat reposant sur le principe d’une carrière cylindrique pour toutes et tous, en opposition aux carrières au mérite qui entérinent la casse de l’unité de la profession.

Ces avancées notables restent un retour partiel de l’ensemble des débats mais témoignent d’un congrès engagé et des combats que nous y avons menés. Reste au SNUipp-FSU à mettre en œuvre ses valeurs partagées avec la même dynamique.

Au-delà de ces impulsions à concrétiser, une fragilité dans le rapport entre les sections et le national persiste même si le texte, qui accompagne l’élection de l’équipe nationale et son fonctionnement, source de débats assez intenses, a permis de réaffirmer l’attachement à un fonctionnement démocratique exigeant.

 

Un travail à poursuivre dans le syndicat comme dans la FSU

 

Cette année, le congrès du SNUipp-FSU se tenait exceptionnellement avant celui de la fédération, de quoi amplifier les enjeux d’un mandatement fort dans un contexte socialement marqué.

La question de la visibilité fédérale, du travail fédéral et de la place de la FSU dans les publications du SNUipp-FSU a été interrogée. Le SNUipp-FSU arrive avec un mandat offensif avant le congrès fédéral pour amplifier la construction d’une nouvelle force syndicale avec les organisations de transformation sociale.

Au-delà, d’autres questions devront être réinterrogées dans la séquence fédérale. La défiance à l’encontre du mouvement des Gilets jaunes reste palpable malgré les salves d’applaudissements à une collègue de l’Oise montée à la tribune en gilet jaune. Si dans les textes de congrès, le mouvement des GJ a fini par apparaître, l’analyse et la volonté de convergence restent en retrait. Idem, la question de la disparition programmée du paritarisme relève d’un enjeu important qui n’a sans doute pas été assez traité et sur lequel il faudra impérativement revenir.

Dans ce contexte, le congrès fédéral de Clermont Ferrand devra être l’occasion de porter à la fois les mandats du SNUipp-FSU et les débats en attente.

Enfin, ce congrès a montré la capacité d’impulsion des sections dans la construction des mandats du SNUipp-FSU, il appartient à l’École Émancipée de veiller à maintenir cet engagement dans le fonctionnement du syndicat, nationalement et sur la durée. Il va aussi s’agir de travailler à concrétiser les engagements pris, en particulier en renforçant l’École Émancipée lors du vote d’orientation en septembre. ●

 

L’Équipe nationale EE-snuipp

 

1) L’Estaca, chanson catalane composée par le chanteur Lluis Llach en 1968, symbole

de la lutte contre l’oppression franquiste est devenue un symbole de la lutte  pour la liberté.

 

 

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