SUD Chimie dévoile le projet de Sanofi : EuroAPI (souveraineté sanitaire en Europe)

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SUD Chimie détaille dans un dossier de presse comment la « Big Pharma » Sanofi répond à la question de la « souveraineté sanitaire » en Europe, en matière de production de principes actifs qui ont tant « fait défaut » au démarrage de la pandémie COVID-19. Une nouvelle société est créée ou « externalisée »  : EuroAPI, mais elle sera mise en concurrence rentable (mise en bourse) si elle veut survivre. Six usines sont concernées en Europe. Décryptage.

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LE MÉDICAMENT N’EST PAS UNE MARCHANDISE

Au 1er octobre 2021, Sanofi, « Big Pharma » du CAC40, lancera en grande pompe une « nouvelle » société, baptisée EuroAPI.

Le but officiel d’EuroAPI n’est rien de moins que de garantir la souveraineté sanitaire de l’Europe en produisant localement les principes actifs pharmaceutiques qui ont fait défaut pendant la pandémie de Covid-19.

Pour ceux qui ne sont pas familiers du terme, un principe actif pharmaceutique (plus couramment utilisé selon sa dénomination anglophone, Active Pharmaceutical Ingredient ou API) est la molécule brute, le composé qui va faire l’efficacité d’un médicament. Un principe actif doit donc, avant d’atterrir dans les pharmacies et les hôpitaux, être purifié puis mis sous forme de pilule, poudre, seringue…

Donc à l’avenir, EuroAPI fabriquera des principes actifs pour des laboratoires européens, en démarchant de nouveaux clients, et en proposant des services de développement des procédés (c’est-à-dire de l’optimisation de production).

Avant de conclure ce préambule, et de passer au décryptage du projet, il faut aussi faire un focus sur comment est structurée Sanofi, et où se situe EuroAPI dans cet ensemble.

Sanofi est constituée en holding qui possède plusieurs filiales, représentant chacune une étape de cycle de développement et commercialisation d’un médicament. En amont, la recherche et développement de nouvelles molécules, puis la fabrication sous forme brute, le raffinage et mise sous forme commerciale, et la vente et distribution.

Dans Sanofi, la filiale chargée de fabriquer les principes actifs s’appelle Sanofi Chimie. Grosso modo, ce qui va se passer, c’est que Sanofi va extraire des usines de Sanofi Chimie, et les mettre dans une nouvelle filiale baptisée EuroAPI.

Rien de plus.

 

A partir du 1er octobre, que va-t-il se passer ?

Dans un premier temps, EuroAPI sera une filiale détenue à 100% par Sanofi. Puis, au printemps 2022, Sanofi introduira EuroAPI en Bourse. Là, elle vendra les parts qu’elle détient, jusqu’à ne garder que 30% du capital d’EuroAPI.

C’est ce qu’on appelle un processus d’externalisation : Sanofi se sépare d’une partie de ses activités et usines, mais ne créé rien.

Concrètement, qu’y a-t-il dans EuroAPI ?

EuroAPI sera constituée de six usines et d’un siège social. Les six usines sont celles d’Elbeuf (France, Seine-Maritime), de Vertolaye (France, Puy-de-Dôme), Brindisi (Italie), Haverhill (Angleterre), Ujpest (Hongrie) et Francfort (Allemagne).

Cela concerne environ 3000 salariés, dont un millier en France.

Pourquoi ces usines Sanofi Chimie basculent dans EuroAPI et pas les autres ?

La particularité de ces usines est d’avoir majoritairement une activité tiers. Quand une usine Sanofi Chimie vend sa production d’API à d’autres filiales de Sanofi, on parle d’activité captive. Quand elle vend sa production à des clients qui ne sont pas Sanofi, on parle d’activité tiers.

Et le leitmotiv de Sanofi, c’est de permettre de développer cette activité tiers en rendant EuroAPI indépendante. Ce qu’explique Sanofi, c’est que les autres grands laboratoires pharmaceutiques rechignent à sous-traiter leur production d’API à un concurrent. Alors qu’EuroAPI sera considéré comme un prestataire.

En quoi EuroAPI sera un champion européen des principes actifs ?

Pour le moment, EuroAPI conservera les mêmes productions qu’actuellement. Adapter un procédé industriel à une production d’API demande beaucoup d’investissement. C’est ce dont aura besoin EuroAPI pour se développer.

Par contre, rien ne l’empêche de destiner sa production vers l’Amérique du Nord ou l’Asie.

Donc, en l’état actuel des choses, c’est surtout la localisation de ses usines qui fait qu’EuroAPI est un champion européen.

Quelles sont les forces et les faiblesses d’EuroAPI ?

La force d’EuroAPI, c’est l’expertise de ses travailleurs. En revanche, ses usines sont vieillissantes (dues à un manque d’investissement pour les maintenir en état), et paradoxalement confrontées à des baisses d’activité.

En réalité, l’application des gestes barrières comme le port du masque, la distanciation sociale ont fait chuter le nombre d’infections. Cela a notamment une incidence sur la vente d’antiinfectieux que produisent Elbeuf et Vertolaye.

Il lui faudra aussi financer des projets de production, initiés par Sanofi, et qui seront à la charge d’EuroAPI.

Quel est le risque ?

EuroAPI ne disposera pas des mêmes capacités financières que Sanofi. La remise à niveau de ses usines et le passif de projets qu’elle n’aura pas choisi impacteront sa capacité financière à se développer.

Dans un processus d’externalisation, il y a très souvent un contrat d’exclusivité conclu entre l’entreprise cédante et l’entreprise externalisée, ce qui sera le cas pour EuroAPI. C’est-à- dire que pendant une durée définie (généralement 5 ans), Sanofi s’engagera à acheter des volumes d’API produits par EuroAPI, de manière à la lancer. Ces contrats n’ont pas vocation à se renouveler, sinon l’entreprise reste une filiale qui ne dit pas son nom.

En clair, EuroAPI a cinq ans pour se développer, sachant qu’elle part avec un passif non négligeable. Si elle n’y parvient pas, les chances qu’elle disparaisse corps et bien sont grandes.

Ce scénario catastrophe est similaire à ce qu’a vécu la raffinerie de Petit-Couronne (76), vendue par Shell à PetroPlus puis fermée 5 ans plus tard, ou encore le site Sanofi de Porcheville, vendue à Covance, et également fermé au bout de 5 ans.

Même si nous sommes sur des scénarios de vente et non pas d’externalisation, les mécanismes à l’œuvre restent les mêmes.

Pas d’investissement = pas de viabilité.

Alors, pourquoi Sanofi lance ce projet ?

C’est tout simplement pour Sanofi une question d’orientation stratégique.

Des choix ont été faits, il y a plusieurs années, d’arrêter la recherche de nouvelles molécules, dans le domaine des antiinfectieux notamment. Ces molécules, produites par voie de synthèse chimique, se retrouvaient naturellement dans les usines Sanofi Chimie.

Toutes les usines Sanofi Chimie ont donc connu, au fur et à mesure que la recherche se tarissait, des baisses d’activité, et pour certaines, des cessions/ventes/fermetures.

Sanofi a fait le choix de se consacrer à d’autres domaines, jugés plus profitables, comme dernièrement les biotechnologies et l’ARN messager.

Cela se traduit par des acquisitions à plusieurs milliards de dollars, qu’il faut financer. La mise en bourse d’EuroAPI par Sanofi répond à ce besoin.

Est-ce que la Chimie reste rentable ?

Oui, c’est une activité qui reste rentable, et l’industrie pharmaceutique est d’ailleurs plus rentable que l’industrie du luxe.

 

Toute la nuance réside dans le seuil de rentabilité désirée. Et dans ce cas, on parle de profitabilité, quand on privilégie des médicaments à très forte valeur ajoutée, au détriment d’autres.

Quelle alternative pouvons-nous proposer?

Sanofi souhaite se séparer d’une partie de son activité chimie, c’est son droit. Et peut-être que c’est là la meilleure option pour les futurs salariés d’EuroAPI. En effet, comme la Chimie n’est plus dans la stratégie de Sanofi, on peut se dire que les jours de Sanofi Chimie sont de toute façon comptés.

En revanche, en l’état actuel du projet EuroAPI, c’est reculer pour mieux sauter. Ce que nous pouvons proposer, c’est de prendre Sanofi au mot.

Ce qui est intéressant de constater, c’est que les médicaments issus de la chimie sont ceux qui sont utilisés par les hôpitaux et les médecins.

Ce sont des médicaments dont l’aire thérapeutique correspond aux besoins de santé des populations : antiinfectieux, antibiotiques, anticancéreux.

Leur coût de production est maitrisé, leur efficacité thérapeutique a été éprouvée.

En pilotant les productions d’EuroAPI par les autorités de santé, ou par des collectifs de médecins, nous aurions l’assurance d’avoir une vraie souveraineté sanitaire, sur des médicaments essentiels, tout en maitrisant nos dépenses de sécurité sociale.

 

Vincent Pochon,

DS Sud Chimie Sanofi Elbeuf 06 50 88 13 36

vincentpochon@posteo.net

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