Syndicalisme et salaire minimum en Allemagne

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Le Centre d’études de l’emploi et du travail (CEET) publie dans son 4 pages Connaissance de l’emploi de mai 2020 une intéressante étude sur « L’introduction du salaire minimum allemand » en 2015, en posant cette question : « une réforme inaboutie? ». Une loi sur le salaire minimum est en effet assez contraire à la tradition allemande des « conventions collectives » et de « l’autonomie tarifaire » négociées par les syndicats, comme le montre l’extrait de l’étude que nous publions. Mais il faut aussi noter que si des progrès ont été accomplis pour éviter les bas salaires issus de la période Schröder et Hartz (début 2000), il reste encore pas mal d’inégalités en ce domaine, et d’abord pour les femmes, les jeunes, les étrangers. L’étude est réalisée par Baptiste Françon (université de Lorraine, CEET). 

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  • Extraits : le positionnement syndical

[…]

 « De l’opposition syndicale à l’adhésion au salaire minimum

 

L’adhésion des syndicats au projet d’instauration d’un salaire minimum n’est pas allée de soi. En effet l’autonomie tarifaire, c’est-à-dire la prérogative des partenaires sociaux à négocier les salaires au niveau des branches, est restée jusque dans les années 1990 un pilier des relations industrielles allemandes. Les syndicats craignaient jusqu’alors qu’un salaire minimum légal sape leur légitimité et leur influence, dans un contexte marqué par le recul du taux de syndicalisation et des liens distendus avec le parti social-démocrate (Bosch, 2018). Les positions syndicales ont cependant évolué rapidement dans les années 2000, face à la montée et la persistance des bas salaires. Dès 2002, le syndicat Verdi, issu de la fusion des principaux syndicats des services, milite activement pour l’établissement de salaires minima de branches automatiquement étendus aux salariés qui ne dépendent pas d’une convention collective. Les syndicats de l’industrie se montrent dans un premier temps réservés face à cette proposition, mais la mise en œuvre des lois Hartz et leurs conséquences les conduisent à réviser leur position. Prenant acte de leur incapacité à lutter contre les bas salaires via les conventions collectives classiques, ils obtiennent en 2007 l’établissement de minima sectoriels négociés couvrant les salariés non protégés par des conventions collectives. Cependant, les négociations n’aboutissent pas dans toutes les branches, notamment dans celles parmi les plus touchées par les bas salaires (restauration, vente, abattoirs…). La mise en place d’un salaire minimum interprofessionnel légal apparaît alors nécessaire pour protéger les salariés qui ne sont couverts ni par une convention collective ni par un minimum sectoriel : elle devient une revendication centrale pour la Confédération allemande des syndicats (DGB). Cette confédération prend une part active dans les négociations de 2013 autour d’une Grande Coalition entre sociaux-démocrates et conservateurs et peut ainsi influencer les débats sur les modalités d’application d’un salaire minimum (Chagny et Le Bayon, 2014). Elle obtient dans le même temps que soit renforcé le poids syndical dans la négociation de minima sectoriels.« 

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