Une usagère écrit aux cheminots

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Cette lettre ouverte d’une usagère de la SNCF a été publiée lundi 26 mars dans les pages débats de l’Humanité.

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Lettre ouverte d’une usagère solidaire des cheminots

 

 Je suis un usager de la SNCF. Une usagère.J’ai 63 ans, et j’ai entre 3 heures et demi et quatre heures de transport par jour pour aller au travail et en revenir. Train + métro.

J’espère bien que vous trouvez ça vieux 63 ans ! moi aussi ! Mais on ne prend plus sa retraite à 60 ans aujourd’hui, et que vous vous dites 4 heures par jour c’est dingue Je ne vous le fais pas dire ! Mais en période de chômage, c’est comme ça. On commence à être senior à 40 ans, alors on prend le travail là où il est et on le garde là où il est.

Franchement j’espère que vous n’aurez pas à faire ça quand vous aurez mon âge. Mais si on ne fait rien, ça ne va pas en prendre le chemin..

En tous cas, ce n’est pas la faute des cheminots. Ils travaillent le samedi, le dimanche, les jours fériés. Ils doivent souvent dormir loin de chez eux . Et si leur statut les protège, je dis tant mieux. Ce n’est pas en leur enlevant que je serai moins fatiguée, que les trains marcheront mieux, seront moins bondés, seront climatisés, ou que j’aurai un travail plus près de chez moi,

Depuis des années, comme tout le monde je vois le service public se dégrader. Non pas à cause de ceux qui y travaillent mais à cause des décisions prises par les gouvernements successifs. La poste n’est plus la poste,l’hôpital est en danger, la situation des maisons de retraite est catastrophique.

Depuis des années nous voyons les camions se multiplier sur les routes, le prix des TGV battre des records, les petites lignes de train fermer, la trafic des trains de banlieue exaspérer les salariés, crevés avant même d’arriver au travail.

Comme moi, chaque jour, les passagers soupirent « Il y a tous les jours quelque chose » lorsque les trains de banlieue sont régulièrement en retard, voire supprimés.

Et que voit-on à la gare Saint Lazare quand il y a un problème ? Non pas des cheminots avec un statut, pour renseigner les voyageurs mais des vacataires recrutés en sous- traitance à qui on a mis sur le dos un gilet SNCF…et qui ne peuvent pas renseigner car ce n’est pas leur boulot. En quoi la suppression du statut des cheminots améliorera mon quotidien ? En rien. Pire, elle l’aggravera.

40 milliards ont été donnés aux entreprises sans aucune contrepartie via le pacte de compétitivité, 10 milliards ont été perdus par la suppression de l’ISF, voilà où va l’argent au lieu de régler les problèmes de retraite, de santé, de transport !

S’attaquer aux cheminots est inutile. C’est un leurre pour dresser les uns contre les autres.

Je ne veux pas que sur le territoire français les petites lignes ferment. Car demain ce seront les lignes moyennes.

Je ne veux pas de l’ouverture à la concurrence. Je ne l’ai jamais demandée.

Je ne veux rien de compliqué. Juste des trains de banlieue qui roulent à l’heure, du matériel en bon état, des salariés qui y travaillent rémunérés correctement pour ce qu’ils font.

Et je refuse qu’ils soient les boucs-émissaires des problèmes de notre quotidien : mes 63 ans et mes 4 heures de transport, ils n’y peuvent rien. Plutôt que s’attaquer à eux, regardons aujourd’hui quels choix politiques nous ont menés dans cette situation, et agissons !

 

Sophie MANGON

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