SNCF : pourquoi une grève traînée de poudre

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Tony Fraquelli, cheminot et syndicaliste, explique ici à des correspondant-es et pour Syndicollectif comment a démarré la grève à la SNCF quelques heures après un accident en Champagne dont les conséquences auraient pu être bien plus dramatiques. La conduite »équipement agent seul » (EAS) est clairement à l’origine d’un danger et d’un droit de retrait qui engage certes chaque agent, mais aussi le collectif de travail. Nous ajoutons les prises de position syndicales CGT et SUD Rail. Le gouvernement menace de prendre des sanctions. La solidarité s’impose.

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« Concernant les débrayages et/ou droit de retrait (on a les deux) suite à un accident mercredi 16 octobre à un passage à niveau, près de Reims.

Ce genre d’accident est malheureusement assez commun. Les Passages à niveau (PN) sont la cause de plusieurs accidents par an (j’en ai moi-même déjà eu un).
On pourrait donc penser que ces débrayages sont une « réaction émotionnelle » légitime (ou pas) comme cela peut se produire suite à une agression. Mais là, ce qui se passe est totalement différent.
La direction de la SNCF a fait le choix, d’abord dans la banlieue il y a 30 ans, et sur certaines lignes de TER (Trains express régionaux) depuis 10 ans, de faire rouler les trains avec le conducteur seul (ce qu’on appelle l’EAS : Equipement Agent Seul).
Sauf que le TER, dans certaines campagnes, ce n’est pas la banlieue : « en cas d’incident tu peux tu sentir très très seul ».
Le deuxième agent (contrôleur) sert ou servait à « assister » le conducteur en cas de problème, notamment s’occuper des voyageurs. Et il était habilité à aller arrêter les trains qui auraient pu venir en face en cas d’obstacle sur la voie, ou de déraillement.
Et ce qui c’est passé : le train avec le conducteur en EAS a percuté un véhicule sur le Passage à niveau. Il a déraillé. Le conducteur était blessé ainsi que plusieurs voyageurs.
Il a fallu qu’il fasse le choix de laisser les blessés seuls, donc de ne pas appeler les secours, et de partir d’abord à la « couverture d’obstacle » (dans le jargon du métier : son train a déraillé et d’autres arrivent en face) malgré ses blessures.
La réaction collective qui en découle est une réaction de métier : on ne pense pas devoir laisser des usagers seuls crever dans un train accidenté, et en plus prendre le risque que le conducteur ne soit pas en capacité de partir arrêter les trains venant d’en face (pour éviter la collision).
Donc ça débraye en cascade… C’est parti d’abord des lieux dans les régions où les agents sont confrontés à l’EAS,  ou encore quand l’EAS est en projet… Et ça arrive sur Paris.« 
Tony FRAQUELLI
2019 - 10 - 19 - INFO CGT 4
 2019 - 10 - 19 - INFO CGT 4 1(1)
20.10.2019.SUD.Rail.Communiqué.notre.Solidarité.ForceVfinale
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