Ukraine : mobilisation du réseau CFDT

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Nous reproduisons ci dessous cet article de Syndicalisme Hebdo CFDT du 29 mars 2022 sur les activités du réseau militant CFDT en solidarité avec la population ukrainienne. Avec l’application pour la première fois de la directive « protection temporaire » de l’Union européenne, qui confère des droits réels aux réfugiés, il est rappelé aussi que la solidarité ne saurait être « à géométrie variable« . 

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Ukraine : les militants CFDT solidaires

 

iconeExtrait de l’hebdo n°3817

Par La rédaction— 29 mars 2022

L’équipe du Syndicat CFDT Chimie-Énergie de Champagne-Ardenne s’est mobilisée à la mi-mars pour une collecte, principalement de produits d’hygiène.

L’équipe du Syndicat CFDT Chimie-Énergie de Champagne-Ardenne s’est mobilisée à la mi-mars pour une collecte, principalement de produits d’hygiène.© DR

Au début, il y a eu le choc. La sidération. Puis, aussitôt après, l’action et la mobilisation ont pris le pas. Comme dans le reste de la population, l’élan des militants CFDT vis-à-vis de la population ukrainienne a été immédiat. « Je ne me suis même pas posé la question, c’était naturel », explique Anthony Schmidt, délégué syndical CFDT chez Vibracoustic, à Nantes, une entreprise sous-traitante de l’automobile de 250 salariés. Quelques jours après le début du conflit, il lance, en lien avec sa direction, une collecte auprès de ses collègues. Fournitures scolaires, sacs de couchage ou encore couvertures, ce sont l’équivalent de trois palettes qui sont collectées et remises à Banque humanitaire, une association de la commune voisine.

Des initiatives qui ont fleuri un peu partout

À Nantes et un peu partout ailleurs, militants d’entreprise et d’administration, syndicats et structures fédératives ou régionales ont immédiatement réagi. À tous les niveaux, l’appel aux dons de la Confédération syndicale internationale (CSI) est relayé. De nombreux comités sociaux et économiques lancent leur propre initiative – c’est ce qu’ont fait les CSE de Jacobs Douwe Egberts (JDE), dans le secteur de l’agroalimentaire, ou du cabinet de conseil Capgemini (qui emploie quelque 1 500 ingénieurs en Ukraine) en organisant des collectes et des appels aux dons, reversés aux ONG telles que la Croix-Rouge ou la Protection civile.

Dans les territoires aussi, les militants ont été à la manœuvre afin de coordonner des opérations de solidarité, en s’appuyant sur le réseau des syndicats et des partenaires du Pacte du pouvoir de vivre. Dans l’Aube, par exemple, l’Union territoriale interprofessionnelle a organisé plusieurs collectes, principalement de produits d’hygiène, pour bébés et de médicaments (en lien avec des militants santé-sociaux et chimie-énergie), et a mutualisé l’ensemble pour faire des convois communs avec l’antenne locale d’Emmaüs à Troyes.

L’Union territoriale interprofessionnelle CFDT de l’Aube a effectué plusieurs collectes et organisé des convois communs avec l’antenne locale Emmaüs à Troyes.

L’Union territoriale interprofessionnelle CFDT de l’Aube a effectué plusieurs collectes et organisé des convois communs avec l’antenne locale Emmaüs à Troyes.© DR

Dans différents endroits de l’Hexagone, les structures CFDT ont converti une partie de leurs lieux d’accueil en lieux de collecte ; c’est ce qu’a fait l’Union régionale interprofessionnelle des Pays de la Loire, qui prévoit d’envoyer cinq camions et trois minibus à la frontière ukrainienne et souhaite ramener des familles de réfugiés. L’URI Hauts-de-France a, quant à elle, saisit l’opportunité de son congrès, du 28 au 30 mars à Liévin, pour organiser une vaste collecte auprès des militants présents.

De son côté, la Fédération Santé-Sociaux a lancé auprès de ses syndicats et des fédérations une collecte de petit matériel médical, de produits alimentaires, notamment pour les enfants et les nourrissons (biberons, lait…), et de vêtements qui permettra de venir en aide à la fédération Sanitas, son homologue roumaine. Le fruit de cette collecte sera expédié aux soignants roumains, dont le pays, frontalier de l’Ukraine, fait face à l’afflux de réfugiés (ils sont à ce jour plus de 600 000 à être arrivés). « Nous voulons permettre à nos camarades d’offrir un accueil digne aux Ukrainiens qui fuient la guerre, explique Nathalie Pain, secrétaire nationale de la CFDT-Santé-Sociaux. Ce sont les unités départementales Sanitas qui distribueront aux réfugiés ainsi que dans les points d’accueil frontaliers et les grandes villes, Bucarest, Cluj-Napoca, Bistrita, Targu Jiu. »

Et aussi des militants qui agissent individuellement

Et parfois, ce sont des militants qui, spontanément, ont décidé d’agir à titre individuel. C’est le cas d’Hassan, un ancien chauffeur routier qui milite à l’UTR Normandie, parti six jours avec un convoi de treize camions acheminant des dons pour le peuple d’Ukraine. « J’ai posté une annonce sur Facebook et j’ai été contacté par la Protection civile. Nous avons roulé de Strasbourg à Lublin [Pologne], où nous avons trié et distribué à des points de collecte organisés par des associations le long de la frontière. Je l’avais déjà fait pour les Balkans… »

Des routiers, dont certains militants CFDT, se sont mobilisés pour apporter de l’aide au peuple ukrainien.

Des routiers, dont certains militants CFDT, se sont mobilisés pour apporter de l’aide au peuple ukrainien.© DR

Pour faciliter les initiatives comme celle d’Hassan, plusieurs entreprises envisagent de donner des autorisations d’absence à leurs salariés qui souhaitent aider ou organiser l’accueil de réfugiés. C’est le cas d’EssilorLuxottica, qui offre jusqu’à quatre jours d’absence – une initiative largement relayée par la section CFDT auprès des salariés du groupe en France. « Nous avons des infos selon lesquelles plusieurs militants cherchent à négocier des amendements dans leur accord d’entreprise en vue de faciliter le don de jours de RTT », indique Jérôme Morin, secrétaire général de la Fédération Communication, Conseil, Culture (F3C). France Télévisions serait l’un des pionniers de ce genre de démarche.

“Parler de la guerre aux élèves… et les rassurer”

Depuis le début du conflit, certains militants se sont mobilisés autrement : sur des actions de sensibilisation aux enjeux du conflit. Ainsi, de nombreux enseignants du public et du privé ont immédiatement compris le besoin de fournir des outils pédagogiques pour parler de la guerre aux élèves. « Il nous incombe de rassurer nos élèves et de leur faire prendre du recul par rapport à l’actualité », note Anne Panvier, la proviseure du collège Jean Moulin à Chaville (Hauts-de-Seine), qui accueille 700 élèves et a organisé deux séances d’échanges, dont une consacrée à la guerre de l’information (ouverte aux parents). « Le conflit se joue aussi sur TikTok, et il y a là un enjeu de coéducation. »

Les responsables de l’URI Île-de-France ont également réagi en organisant, le 15 mars, la conférence « Pour une Ukraine libre ! », ayant réuni des acteurs associatifs et des intellectuels, français, ukrainiens, opposants russes qui a permis de fructueux échanges avec les militants et les adhérents CFDT. « Après cet événement, nous avons eu plusieurs demandes d’UTR et de syndicats voulant organiser des interventions », explique Diego Melchior, le secrétaire général de l’union régionale : « Ce genre de démarche de sensibilisation aux enjeux du conflit nous semble particulièrement important, pour éviter que le conflit ne se banalise. » L’URI est également présente avec ses militants tous les samedis lors des rassemblements qui ont lieu place de la République à Paris et veille à relayer auprès des militants les informations concernant la directive sur la protection temporaire des réfugiés ukrainiens (lire l’encadré).

“Donner de la force militante”

Les besoins évoluent parallèlement à l’évolution du conflit : les questions d’hébergement, d’accueil, d’accompagnement dans les démarches administratives, de scolarisation ou d’alphabétisation des enfants se posent désormais. Dans ce contexte, les militants optent souvent pour la mise en relation, s’appuient sur la force du réseau CFDT et des associations partenaires. Ainsi, en Pays de la Loire, les relations avec les associations se sont multipliées à l’échelle locale. « Cela va nous permettre de mettre rapidement tout un réseau en mouvement, notamment en matière d’aide au logement ou d’accompagnement dans l’emploi », indique Isabelle Mercier, secrétaire générale de l’URI Pays de la Loire.

De son côté, l’Union départementale (UD) de Charente-Maritime met à la disposition des pouvoirs publics et des associations ses salles de formation et de réunion. « Nous sommes prêts à apporter toute l’aide nécessaire, qu’elle soit matérielle ou militante, pour favoriser l’alphabétisation, l’accès à l’emploi et à l’intégration des réfugiés dans la communauté [aide à la rédaction de CV et de lettres de motivation, analyse des contrats de travail…], détaille Valérie Potiron, secrétaire générale de l’UD 17. Nous donnerons toute la force militante que nous pourrons. » Pour cela, l’UD s’appuiera sur son réseau et sur les compétences de ses militants dans l’éducation, la formation ou encore la protection sociale. Cette action s’inscrit d‘ailleurs dans la tradition de l’union départementale qui, depuis plusieurs années, travaille avec une association locale d’aide aux migrants.

Tous ceux qui souhaitent apporter leur aide peuvent évidemment se rapprocher de leur syndicat ou union régionale. On trouve sur le site Service-Public.fr ou sur www.jeveuxaider.gouv.fr de nombreuses informations relatives aux modalités d’aide à apporter.

À propos de l’auteur

La rédaction

Syndicalisme Hebdo

Enfin, il faut rappeler que la Confédération recense actuellement auprès des structures et des militants les hébergements disponibles qui pourraient être mis à disposition ainsi que les actions de solidarité mises en place. N’hésitez pas à faire remonter les informations à l’adresse international@cfdt.fr.

Réfugiés ukrainiens : les effets de la protection temporaire

Cela n’était jamais arrivé : au sein de l’Union européenne, les réfugiés ukrainiens peuvent bénéficier de la directive relative à l’octroi d’une protection temporaire, activée au début du mois de mars. Concrètement, en France, cela débouche sur l’obtention d’une autorisation spéciale et provisoire de séjour de six mois, renouvelable tant que la directive européenne est activée. Elle permet d’avoir un permis de séjour, un accès à l’emploi, à un hébergement, à l’aide sociale, aux soins, à l’éducation pour les mineurs. Cette autorisation donne aussi un accès à la procédure normale d’asile et permet aux familles de se réunir, sous certaines conditions.

La mise en place par l’UE de cette directive a été saluée par Laurent Berger et Delphine Rouilleault, directrice générale de France terre d’asile, à travers une tribune publiée le 24 mars dans Libération. S’ils se félicitent d’un choix « indiscutable et courageux », ils rappellent également que « cette solidarité ne saurait être à géométrie variable ». En effet, cette protection temporaire ne concernera pas « la majorité des étrangers résidant en Ukraine au moment du déclenchement du conflit ».

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