Etats-Unis : des syndicats discutent au danger d’un coup d’Etat

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L’article de Barbara Madeloni ci-dessous est paru dans LabourNotes et a été traduit par Patrick Le Tréhondat. Il décrit comment des syndicalistes étatsuniens réfléchissent au danger d’un coup d’Etat suivant une éventuelle défaite de D. Trump le 5 novembre 2020.

Labor Notes (créé en 1979) est une organisation à but non lucratif et un réseau pour les membres des syndicats et les militants syndicaux de base.

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Les syndicats ouvrent la discussion sur la prévention d’un éventuel coup d’État

 

 «  Par conséquent, qu’il soit finalement décidé que le Conseil du travail de Rochester de l’AFL-CIO appelle l’AFL-CIO au niveau national, tous ses syndicats affiliés et toutes les autres organisations syndicales aux États-Unis d’Amérique à se préparer et à décréter une grève générale de tous les travailleurs, si nécessaire, pour assurer une transition pacifique du pouvoir prescrite par la Constitution à la suite des élections présidentielles de 2020. » 

Ces mots concluent une résolution adoptée le 8 octobre par le Conseil central syndical (CTC) de Rochester. En appelant tous les travailleur·euses à se préparer à faire grève pour la démocratie, le CTC de Rochester pourrait être le premier centre syndical à appeler à une mobilisation sur des préoccupations que beaucoup partagent : y aura-t-il un transfert pacifique du pouvoir après les élections de novembre ? Les votes seront-ils comptabilisés équitablement et le résultat sera-t-il déterminé par les électeur·trices – et non par les tribunaux?

Quelques jours plus tard, l’assemblée représentative de la Seattle Educators Association (SEA) a adopté une résolution indiquant que son conseil d’administration convoquera une réunion d’urgence dans les sept jours suivant l’élection.  Et s’il détermine qu’il y a eu ingérence dans les élections, convoquera une réunion de ses représentant·es et des assemblées générales dès que possible pour voter sur une mobilisation des travailleur·euses.

Le 20 octobre, le comité d’organisation des urgences  sur le lieu de travail (EWOC) organisera une discussion entre les dirigeant·es syndicaux·ales, y compris la présidente des agents de bord du secteur aérien, Sara Nelson: «Que peuvent faire les travailleur·euses pour empêcher Trump de voler les élections?».  EWOC est un partenariat né de la pandémie entre les électriciens (UE) et les Socialistes démocratiques d’Amérique (DSA).

Prêt en une minute ?

À Rochester, la discussion a commencé par des inquiétudes quant à savoir si Trump démissionnerait ou non s’il perdait les élections. Ensuite, la discussion s’est déplacée pour parler de la nomination de Louis DeJoy au poste de Ministre des Postes[1], et des retards de courrier qui s’en est suivi et de la volonté de Trump de saper la confiance dans le vote par correspondance.

Une résolution a été adoptée à l’unanimité par le conseil exécutif et l’ensemble des délégué-es.

Et si Trump refuse de perdre ? « S’il ne l’accepte pas, nous avons besoin d’un plan déjà en place, prêt à être mis en œuvre dans un délai d’une minute, pour le démettre de ses fonctions», a écrit le président du CTC de Rochester, Dan Maloney, dans un courriel. «Une grève générale nationale, si elle est rejointe par tous les Américain·es épris de démocratie, peut être l’impulsion dont le Congrès et le pouvoir judiciaire ont besoin pour remplir leur rôle de branches co-égales du gouvernement« .

Pendant ce temps à Seattle, Peter Henry, représentant du conseil d’administration de la SEA pour les enseignant·es, a présenté sa résolution après avoir lu cette résolution sur les mesures à prendre face à un coup d’État. «Nous devons faire des plans et nous devons être proactifs», a déclaré P.Henry. La motion a été adoptée sans modifications et ni dissidence, bien que Henry n’ai pas pu pas vérifier si elle fait l’unanimité.

Continuer la discussion

À Detroit, la mécanicienne des postes à la retraite Jane Duggan a lu la même résolution et l’a réduite à un dépliant d’une page, y compris en citant l’engagement de Choose Democracy à descendre dans la rue et à bloquer le pays si nécessaire pour empêcher un coup d’État.

Sa section locale des Postier·es (APWU) a imprimé à mille exemplaires une version abrégée sur papier à en-tête du syndicat pour distribution dans les bureaux de poste et le principal centre de tri, mais aussi auprès de retraité·es. Le syndicat compte bien distribuer ce tract  à l’occasion de la fête d’Halloween (31 octobre).

«Pour moi, il s’agit de lancer la discussion, en particulier parmi les travailleur·euses, sur notre rôle possible dans la prévention ou l’arrêt d’un coup d’État», a déclaré J.Duggan.

Si ces résolutions indiquent une prise de conscience croissante que les travailleur·euses doivent agir face aux menaces qui pèsent sur un transfert pacifique du pouvoir, nous pouvons nous attendre à voir d’autres résolutions similaires votées dans les jours à venir. Mais pour que ces résolutions aient du mordant, les dirigeant·es qui ont voté en faveur de ces actions ont besoin d’un plan pour discuter avec leurs membres, nommer le risque et préparer les travailleur·euses.

Les travailleur·euses syndiqué·es seront essentiels pour garantir des élections régulières et un transfert pacifique du pouvoir. «Les syndicats sont une institution fondamentale dans toute démocratie et ont toujours eu un rôle spécial à jouer dans la défense de la démocratie dans la société», m’a dit le président de l’UE, Carl Rosen, dans un courriel.

C’est particulièrement vrai aux États-Unis aujourd’hui. Les syndicats devraient être aux premières lignes de la défense de la démocratie américaine et devraient être prêts à prendre des mesures décisives si nos traditions démocratiques sont menacées.

15 octobre 2020

Barbara Madeloni

Article publié dans Labor Notes, traduction de Patrick Le Tréhondat

 

[1] Le nouveau directeur des Postes a procédé récemment à une réorganisation du service postal qui conduit à la désorganisation de la distribution de courrier et donc entrave le vote par correspondance (NDT).

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