Editorial 4 février 2021 : mobilisation interprofessionnelle

Share on FacebookTweet about this on TwitterShare on Google+Share on LinkedInEmail this to someonePrint this page

EDITORIAL SYNDICOLLECTIF

1901990_594716683984245_364785247677709790_n

4 février : un carrefour pour les luttes

La journée du 4 février 2021 est appelée par l’intersyndicale nationale CGT, FSU, Solidaires, UNEF, UNL, CNL, FIDL. Elle peut être un carrefour de toutes les luttes qui ont parsemé le mois de janvier 2021. Un rendez-vous qui fédère et met en commun ce qui s’est construit par métier, par branches, par exigences très nombreuses. Sans compter, avec les associations démocratiques, les appels des 3, 16 et 30 janvier contre la loi Sécurité globale, dont la portée liberticide secoue la société depuis fin novembre 2020.

Un janvier chargé

Le 21 janvier, dans la santé, une large intersyndicale incluant le collectif inter-hôpitaux et inter-urgences appelait à redoubler la mobilisation débutée dès 2019. Le reprise de l’épidémie ne fait que remettre plus en lumière la dramatique situation des personnels de santé, qui exigent « des centaines de milliers d’emploi » et une revalorisation salariale sans discrimination entre les personnels, contrairement au résultat du Ségur de la santé de 2020. On a beaucoup applaudi les soignant-es, mais le gouvernement continue à ne pas les respecter !

Le 23 janvier, une manifestation contre les licenciements et les suppressions d’emploi a fédéré plusieurs entreprises industrielles en lutte avec leurs syndicats, soutenus par des organisations politiques de gauche et écologiste.

Le 26 janvier, dans l’Education nationale, dans une très large unité syndicale, plus d’un agent sur trois était en grève. Là aussi la question salariale est cruciale avec 17% de pertes de pouvoir d’achat depuis 2010 selon la FSU.

Le 28 janvier, les agents d’EDF se remobilisaient fortement pour la troisième fois (un tiers de grévistes) contre le projet baptisé Hercule qui démantèle l’entreprise en deux ou trois morceaux, dont l’un serait privatisé. Tout cela pour répondre aux injonctions de la Commission européenne et des traités interdisant toute subvention publique à EDF au nom des « distorsions » de concurrence avec des entreprises privées. Les confédérations CFDT, CGT, CFE-CGC, et FO ont solennellement demandé au gouvernement de retirer son projet.

Plus jamais ça dans l’industrie chimique

Mais ces mobilisations témoignent aussi de novations dans la conduite des luttes.

A la raffinerie Total de Grandpuits (Seine et Marne) dont les salariés en lutte étaient présents à la manifestation du 23 janvier avec leur syndicat CGT, la lutte contre un plan antisocial (200 emplois supprimés sur 400) s’accompagne d’une recherche d’alternatives écologiques au raffinage, contre  Total qui présente sa décision comme devant faire face à la baisse de production d’énergie, et en vue de fabriquer des biocarburants. Les syndicalistes agissent avec les associations écologistes (dont Les Amis de la Terre) et la Confédération paysanne, au sein du Collectif Plus jamais ça. Ils proposent une reconversion vers la production d’hydrogène, avec de l’énergie renouvelable locale, et le maintien de tous les emplois. Ils ont obtenu le soutien de porte-paroles politiques (France Insoumise, EELV, NPA, PCF). Ainsi le Collectif Plus jamais ça s’enracine dans les entreprises (après son intervention à la Chapelle Darblay en 2020), même si c’est bien plus lentement qu’espéré au printemps 2020. Il montre que le défi d’une alternative industrielle et écologique peut être relevé.

Suite aux grèves à EDF, un « Collectif national pour un véritable service public de l’énergie » vient de se mettre en place à l’initiative de la Convergence des services publics, et soutenu par toutes les forces de gauche, écologistes, les syndicats, les associations. Ainsi l’action syndicale recherche un relai politique amplificateur.

Et après le 4 février ?

Carrefour des luttes actuelles, le 4 février peut-il les amplifier ?

Rien n’est certain au vu du climat très lourd qui s’est instauré dans le pays avec les incertitudes de l’épidémie. Le pays est soumis aux décisions d’un « conseil de défense » autour du général Macron, qui ne pense qu’à sa réélection. L’autoritarisme du pouvoir s’amplifie. Le chômage a bondi de 7,5% à la fin de 2020. Beaucoup d’entreprises, notamment les plus petites, sont menacées d’arrêt total, alors que les plus grandes accumulent des profits pour leurs actionnaires. Le télétravail détruit les liens sociaux. La mode libérale est plus que jamais à l’auto-entreprenariat qui contourne le Code du travail et détruit le salariat. Les jeunes n’ont pas de ressource, l’accès au salaire et l’emploi rémunéré leur est interdit. Ceux et celles qui étudient sont menacés d’une dévalorisation de leurs efforts, ce qui conduit à des crises personnelles et parfois au suicide.

Mais le syndicalisme peut trouver de nouvelles réponses, en lien avec le monde associatif, et avec les innovations également existantes dans la jeunesse et sa soif d’égalité et de justice. Il est également nécessaire que des passerelles se renforcent avec les réflexions politiques porteuses d’émancipation collective.

 

 

 

 

 

 

Print Friendly

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *