A l’occasion de la Journée mondiale contre l’homophobie et la transphobie du 17 mai 2020, la CGT a publié le communiqué indiquant son soutien ainsi qu’aux « marches des fiertés LGBT » annulées cette année. Par ailleurs, nous reproduisons l’interview que Philippe Martinez a donné au magazine Têtu : il condamne les affiches homophobes publiées par le syndicat Info’Com CGT après la déclaration de Laurent Berger (CFDT) protestant contre l’action du syndicat CGT de Renault Sandouville. Suite à cette polémique, le syndicat Info’Com CGT reconnaît dans Têtu qu’il faut maintenant trouver « autre façon de symboliser la soumission et la lutte des classes ».
Communiqué CGT sur le 17 mai 2020
17 mai 2020 : Journée mondiale de lutte contre l’homophobie et la transphobie (IDAHOT)
Le « monde d’après » inclusif, émancipateur et sans discrimination commence aujourd’hui !
Comme chaque année, la CGT appelle à la mobilisation le 17 mai pour l’égalité et contre les discriminations au travail et dans la vie en société, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre l’homophobie et la transphobie (IDAHOT). Ce dimanche 17 mai 2020 intervient dans le cadre de la prolongation de « l’état d’urgence sanitaire » qui suspend nombre de nos droits sociaux au travail, loin de répondre aux exigences de sécurité sanitaire des salariés et en limitant toute expression du mouvement social dans l’espace public ; les traditionnelles marches des fiertés LGBT+, qui se tiennent habituellement de mai à juillet, sont annulées.
Le monde du travail est un des lieux d’expression des discriminations et notamment des LGBTI-phobies de la part de la hiérarchie ou des collègues : injures, harcèlements, mépris affiché, outings forcés, inégalités de traitement ou d’avancement de carrière… La déconstruction systématique du cadre des relations de travail, en France, amoindrit le niveau de protection des salariés. Cela impacte la lutte pour l’égalité des LGBT+ au travail.
La crise du Covid-19 aggrave la situation. Les employeurs n’auront eu de cesse durant toute la période dite « de confinement » de maintenir leurs salariés dans des situations de mise en danger sanitaire professionnel. Le ministère du Travail organise lui-même la répression contre ses propres agents de l’État : les inspecteurs du travail, accusés de faire du zèle. Cela affaiblit également tout le dispositif public de lutte contre les discriminations au travail. De plus, la mise en travail à distance et/ou télétravail, décidée dans l’urgence le 16 mars pour nombre de salariés, n’a pas diminué pour autant les occasions de harcèlement professionnel. Le confinement et les nouvelles dispositions prises dans ce contexte pour le monde du travail, notamment avec des visioconférences professionnelles se sont brusquement introduits aux domiciles des salariés qui ont de facto dû « outer » ou révéler aux collègues des éléments de leurs vies privées et familiales.
Dans la société en général, les jeunes LGBT+ contraints de se confiner en urgence après le 16 mars, dans des milieux familiaux hostiles, se sont retrouvés surexposés à des violences domestiques aggravées, sans échappatoire, en raison des autorisations de sorties dérogatoires du domicile, limitées dans l’espace et dans le temps. Le nombre des appels de détresse des jeunes LGBTI aux associations a explosé ces dernières semaines. Alerté par les associations de lutte contre les LGBTI-phobies, par des parlementaires et même par l’ONU, sur ce problème de violences graves, le Gouvernement n’a toutefois pas réagi. Pas même pour suivre les cas signalés de violences contre les jeunes LGBTI, via les pharmacies de quartier, au même titre que le dispositif contre les violences faites aux femmes.
Le Covid-19 et les mesures dites « d’état d’urgence sanitaire » exposent particulièrement les personnes transgenres, non seulement à ces violences domestiques en confinement contraint dans des milieux familiaux hostiles mais, aussi, lors des contrôles de police accrus où elles sont « outées » et « mégenrées ». L’accès aux traitements de transition est plus compliqué que jamais. Les migrants LGBT+ apparaissent aussi comme particulièrement touchés, en dépit des prolongements pour deux fois trois mois des récépissés de séjour. L’enregistrement des demandes d’asile s’est retrouvé fermé fin mars, laissant nombre d’exilés sans allocation spécifique et sans solution d’hébergement ; les exilés LGBT+ se retrouvant d’autant plus surexposés aux risques de violences.
Au-delà des divergences entre les acteurs sociaux sur la question de la prostitution, l’urgence dicte aussi la mise à l’abri de toutes et tous se retrouvant sans moyen de subsistance et la mobilisation a minima des crédits budgétaires prévus dans la Loi, au titre de « la sortie de la prostitution » qui restent, aujourd’hui, sous-utilisés par le gouvernement.
Par ailleurs, alors que l’agenda parlementaire est suspendu, des craintes apparaissent qu’au nom de l’unité nationale, le projet de loi bioéthique voté en première lecture et incluant l’ouverture de la Procréation médicalement assistée (PMA) pour toutes les femmes ne soit purement enterré. Pourtant, les questions de réforme de la filiation (notamment dans les familles homoparentales) ne sont pas moins apparues comme prioritaires, lorsqu’il a fallu décider, dans l’urgence, pendant le confinement lié au Covid-19, qui des parents « sociaux » était « légitime » ou non pour garder les enfants.
De plus, faut-il que la pandémie du VIH, toujours active aujourd’hui, soit encore associée dans l’inconscient collectif à une maladie « honteuse » liée à la sexualité, comme impactant particulièrement des segments « marginaux » de la population sans concerner toute la société, pour que le président de la République ne se réfère dans ses discours qu’à la grippe espagnole de 1919 comme précédent historique de pandémie et non à celle du Sida, malgré toutes les victimes, ici même en France ?
La CGT s’oppose aux pratiques de traçages et de fichages numériques des données personnelles, comme outils de lutte contre la pandémie. Le gouvernement eut été mieux inspiré de se référer à l’un des enseignements de la lutte menée contre la propagation du VIH ; l’importance d’une véritable politique de santé publique de dépistage sérologique.
La CGT rappelle que l’engagement dans la lutte contre LGBTI-phobies, notamment en milieu professionnel, est au cœur de ses combats pour la défense des travailleuses et des travailleurs et pour la justice sociale. À ce titre, les insultes LGBTI-phobes, tout comme les insultes sexistes ou racistes, pour dénoncer des adversaires ou contradicteurs, y compris les injures considérées comme « passées dans le langage courant » mais qui véhiculent des stéréotypes LGBTI-phobes, ne sauraient être un outil dans l’engagement syndical.
Le « monde d’après », inclusif, émancipateur et sans discrimination, nous le voulons pour toutes et tous et maintenant !
Montreuil, le 13 mai 2020
Philippe Martinez : « Je pensais qu’être syndiqué à la CGT était un vaccin contre l’homophobie. A l’évidence, j’avais tort. »
Après une nouvelle affaire d’homophobie émanant d’un syndicat de la CGT, Philippe Martinez, secrétaire général de l’organisation réagit dans une interview à TÊTU.
Il réagit aux deux affaires liées à son organisation syndicale et évoque pêle-mêle la question épineuse des sanctions, les propos homophobes parfois tenus en manifestations mais aussi les frilosités et le rôle de son syndicat dans la lutte contre l’homophobie.
En l’espace de six mois, deux affaires d’homophobies liées à la CGT ont éclaté. L’une mettant en cause des adhérents de la CGT-RAPT, l’autre émanant directement d’un syndicat. Faites-vous une différence entre ces deux affaires ?
Philippe Martinez : Même si le contexte est un peu différent, la condamnation est la même. Dans le cas de la RATP, il s’agit d’individus, l’affiche elle émane d’un syndicat. Mais dans les deux cas, c’est inadmissible.
Quelle est la position de la direction de la CGT lorsque des propos homophobes sont tenus dans vos rangs ?
Philippe Martinez : On les condamne. Dimanche dernier, dès que nous avons eu vent du montage d’Info’Com-CGT, nous l’avons fermement condamné. A titre personnel, lorsque j’ai découvert cette affiche, j’ai véritablement été choqué car elles sont contraires à nos valeurs. En interne, cette image a blessé, choqué et indigné, beaucoup de nos camarades de la CGT. Depuis près de 20 ans, il existe au sein de notre confédération un collectif LGBT+. C’est un collectif qui travaille, qui propose et qui anime une formation spécifique sur ces questions. On a l’impression que tout ce boulot est balayé d’un revers de main par les positions et l’affiche d’un syndicat.
Vous vous êtes entretenu personnellement avec les auteurs de cette affiche ou avec les grévistes de la RATP ?
Non. Je n’ai pas eu d’interaction directe avec les grévistes. J’ai géré cette affaire avec les responsables de la CGT-RATP. Dans le cas d’Info’Com-CGT, une secrétaire nationale a directement appelé le syndicat. C’est pour cela qu’ils ont rapidement retiré l’affiche des réseaux sociaux.
« Un courrier assez sec adressé aux dirigeants d’Info’Com-CGT part ce lundi pour repréciser les faits. C’est une sorte d’ultimatum. »
Pourtant Info’Com-CGT a d’abord justifié sa position, même auprès de TÊTU. Envisagez-vous des sanctions ?
Les sanctions à titre individuel sont plus faciles à déclencher. Quand il s’agit de sanctionner un syndicat, c’est plus compliqué. Le syndicat n’est pas une personne morale mais un collectif. Punir un syndicat, c’est aussi punir des syndiqués qui peuvent eux aussi être outrés par ce qui s’est passé. En tout cas, nous intervenons. Il y a un courrier assez sec adressé aux dirigeants d’Info’Com-CGT qui part ce lundi (18 mai, ndr) pour repréciser les faits. C’est une sorte d’ultimatum. Car ils n’en sont pas à leur coup d’essai. Il y a eu d’autres affaires avec ce syndicat. Ceci dit, je veux aussi conforter les membres de ce syndicat, et de la CGT en général, qui ont dénoncé cette affiche.
Le langage tenu par les grévistes dans la vidéo a heurté de nombreuses personnes. Mais l’affiche émane cette fois directement d’un syndicat. Un syndicat, qui plus est, censé maitriser la communication. N’est-ce pas un caractère aggravant ?
Je suis entièrement d’accord avec vous. Je vais vous faire une confidence. Je pensais qu’être syndiqué à la CGT était un vaccin contre beaucoup de conneries. Notamment contre l’homophobie. Je dois me rendre à l’évidence, j’avais tort.
Mais soyons clairs: cette affiche a été réalisée par trois ou quatre dirigeants, dans leur coin, sans demander l’avis à qui que ce soit. Cela pose un problème démocratique. A la CGT, ce sont les syndiqués qui décident. Pas deux ou trois individus qui aiment faire du buzz avec leurs affichettes. On ne peut pas faire n’importe quoi. Surtout quand on est un syndicat dont le coeur de métier est la com’.
Malheureusement quand la société toute entière dérive, une organisation de masse comme la CGT subit elle aussi ces derives. Notre responsabilité, c’est de ne rien laisser passer et d’engager des processus comme la formation spécifique sur ces questions destinées à nos militants. Le collectif LGBT de la CGT se réunit aujourd’hui (vendredi 15 mai date de l’interview, ndr). Nous avons échangé par téléphone. Je leur ai demandé d’accélérer les formations dans toutes nos organisations pour lutter contre l’homophobie et les discriminations de ce genre.
« Quand je participe à la marche des fiertés, je peux vous dire que je suis critiqué en interne. Mais le premier dirigeant de la CGT doit incarner les valeurs de son organisation. »
Il y a Philippe Martinez qui participe aux marches des fiertés, la CGT qui est l’un de rares syndicats à s’être prononcé en faveur de la loi sur le mariage pour tous… Et puis il y a les actes homophobes dont nous discutons. Y’a-t-il un décalage entre la base et les instances dirigeantes de la CGT ?
Non, il n’y a pas de décalage entre la tête et la base. Par contre, c’est un sujet sur lequel, à la CGT, nous devons faire davantage. Quand je participe à la marche des fiertés, je peux vous dire que je suis critiqué en interne. Mais le premier dirigeant de la CGT doit incarner les valeurs de son organisation. Il ne doit pas composer en fonction du sens du vent.
C’est un combat difficile. Au sein de la CGT, certains s’interrogent et se demandent s’il est du ressort du syndicat de s’occuper de ce type de discriminations. Mais nous ne devons pas faire de différences entre les luttes.
Mais quand on a des valeurs, il faut les faire respecter. Nous devons rester attentifs et accélérer. Nous avons édité un livret sur les questions LGBT en 2011. Nous étions en train de le remettre à jour. J’ai demandé à ce qu’on accélère cette mise à jour afin qu’elle parvienne au plus vite dans les syndicats. Peut-être doit-on également faire une campagne d’affichage dans tous les syndicats pour alerter sur l’homophobie ?
Pardon mais c’est surprenant d’entendre que cela est encore un débat au sein de la CGT. L’entreprise est elle aussi parfois un lieu de discrimination, non?
Je comprends votre étonnement. C’est pour ça qu’en interne nous devons avoir ce débat. On ne peut pas faire de sélections parmi les discriminations ou les violences subies au sein de l’entreprise. Mais pour certains dans nos rangs, ces questions sont plus sociétales que liées à l’action syndicale. Or moi je dis : c’est tout le contraire.
Nous avons les mêmes débats sur l’égalité entre les femmes et les hommes ou les questions de violence faites aux femmes. J’ai mis en place une cellule de veille interne pour que les militantes de la CGT puissent dénoncer les violences qu’elles subissent dans les syndicats. C’est un sujet qui chez nous a fait l’objet de vifs échanges. Le syndicat doit être ancré dans la société même si sont lieu d’intervention est l’entreprise. Ces sujets sont présents également dans le monde du travail. Donc ils doivent être abordés par la CGT.
Donc pour vous, la lutte contre les LGBTphobies est clairement un champs d’action syndicale ?
Bien sûr ! Je milite en interne pour qu’on en fasse plus. Il faut qu’on se rapproche des associations LGBT. On a eu des discussion avec SOS Homophobie pour porter des combats communs. Avec nos spécificités. Naturellement, notre action est davantage portée vers l’entreprise. Nous devons multiplier ces rencontres et ces échanges pour agir ensemble car nous avons des luttes et des combats communs.
« Il y a des valeurs communes sur lesquelles ont ne peut pas transiger, comme le refus de homophobie. «
Le problème ne tient-il pas à l’organisation même de la CGT qui est faite d’unions locales. Il est difficile d’imposer une ligne de conduite donnée nationalement ?
C’est un vrai sujet. Mais ce sont les statuts de la CGT. Et on n’est pas près de les changer… Contrairement à ce que peuvent parfois penser les gens à l’extérieur, la confédération est une forme d’organisation très démocratique. C’est pour ça que je ne veux pas qu’on m’appelle le « patron » de la CGT. Dans une entreprise, lorsque le patron parle, tout le monde est au garde-à-vous. Je caricature mais l’idée est là. A la CGT, chaque syndicat, comme Info’Com, est autonome dans son action. Mais la confédération est là pour coordonner l’ensemble. Il y a des valeurs communes sur lesquelles ont ne peut pas transiger, comme le refus de l’homophobie.
Nombre de personnes LGBT+ perçoivent encore les manifestations comme des lieux hostiles à leur égard, où l’on peut entendre des slogans LGBTphobes. Cela nuit à l’image progressiste du monde syndicale, non ?
Vous avez entièrement raison. C’est pour cela que je participe à la marche des fiertés. Pour moi, c’est la meilleure des réponses. Ça a aidé un certain nombre de camarades homosexuels au sein de la CGT a verbaliser les choses. Certains m’ont interpelé pour me dire « C’est bien Philippe, tu nous aides à libérer notre parole ». Ça m’a beaucoup ému. Il faut que de plus en plus de militants de la CGT, et pas seulement issue de la communauté LGBT, puissent participer à la marche des fiertés. L’année dernière, il y avait un cortège de la CGT qui commençait à avoir de la gueule, si je puis dire.
Personnellement quand, je défile à la marche des fiertés, je me sens fier. Fier d’appartenir à une organisation qui n’exclut personne. Au contraire, elle rassemble tout le monde sur un même objectif, en dehors de tout critère d’origine ou d’orientation sexuelle.
Mais nous intervenons également en manifestations, dans nos propres cortèges, par l’intermédiaire de dirigeants de syndicats, pour ne pas laisser faire et prononcer des propos homophobes.
« Les slogans homophobes en manif ? Oui, je les entends. Même si ces insultes sont moins prononcées dans le carré de tête… »
Ces slogans, ces insultes à caractères homophobes lancées en manifestation à l’égard d’autres dirigeants de syndicats ou de membres du gouvernement, vous les entendez ?
Je ne vais pas vous mentir: oui, je les entends. Même si ces insultes sont moins prononcées dans le carré de tête… Mais avant chaque manifestation, je me promène un peu dans les cortèges. Et je reprends toujours fermement les camarades qui tiennent ce genre de propos. L’action syndicale doit se faire sans recourir à l’insulte. Ce ne sont pas des arguments politiques. Le débat doit être mené sur le fond, sur les propositions.
Quel message souhaiteriez-vous faire passer à un adhérent à la CGT qui ne comprend pas que des mots comme « enculé » ou « sale pédé » sont des paroles qui heurtent au-delà des personnes qu’il vise ?
Que lorsqu’on fait partie d’une organisation comme la CGT, une organisation qui défend des valeurs essentielles de fraternité, d’égalité, de solidarité, on se doit de respecter l’ensemble du monde du travail. On a suffisamment d’arguments pour ne pas utiliser l’insulte quand on s’adresse à qui que ce soit.
Et que diriez-vous à un travailleur LGBT+ qui aurait envie de se syndiquer mais qui se ravise devant les dérapages LGBTphobes commis par des syndicalistes ?
La CGT est riche de la diversité de ses adhérents, de leur diversité d’opinion, de leurs parcours de vie. Il faut venir agir avec nous. De l’intérieur. On a les outils pour que chacun se sente à l’aise. La CGT est un lieu de liberté d’expression.
Au delà des discriminations, se pose aussi la question du bien-être des travailleurs et travailleuses LGBT+. Leur permettre d’être elles-mêmes et de faire son coming out en entreprise, c’est aussi une mission d’un syndicat ?
Bien sûr. Le travail, même le plus difficile, est une source d’émancipation. L’entreprise est un lieu de lien social. On y passe du temps, aussi on doit pouvoir y avoir des conversations des échanges libres en sécurité avec les collègues. Pourquoi y aurait-il des interdits ? Notre rôle de syndicat, c’est d’avoir plus régulièrement ces discussions à la porte de l’entreprise, sous la forme de tracts ou d’affiches pour que personne ne viennent pas au travail la peur au ventre en raison de son orientation sexuelle. Si une organisation comme la CGT est capable de s’exprimer sur ces questions-là, nous pouvons devenir un espace de liberté. C’est à nous de faire plus d’effort en la matière. Y compris dans nos rangs.
Philippe Martinez, vous pouvez nous garantir qu’à l’avenir ce genre de propos n’arriveront plus à la CGT?
Il y a 650 000 adhérents à la CGT. Je ne les connais pas tous. Plus la CGT restera ferme pour condamner ces proposes, ses affiches, plus elle s’exprimera et formera ses adhérents sur ces questions, moins il y a de chance que cela arrive. Mais dans une société française qui ne prend pas toujours les bons chemins en matière de respect et d’épanouissement des citoyens, nous sommes nous aussi en tant qu’organisation, les victimes de ces dérives. Il ne faut pas baisser la garde. Au contraire. Il faut muscler notre jeu.
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- Info’Com CGT cité dans Têtu (11 mai 2020): « Après la publication de l’article, l’Info’Com CGT a tenu à donner sa version des faits. Voici leurs propos. « Cette affiche a été validée par quatre personnes qui composent le secrétariat de l’Info’Com CGT. Des journalistes de la presse spécialisée et des communicants. Clairement, nous n’avons pas tous fait le même cheminement et notre intention n’était pas de blesser. On n’aurait pas dû le faire, parce qu’aujourd’hui, ce type de clichés ne passe plus. Il va falloir que l’on trouve une autre façon de symboliser la soumission et la lutte des classes. La première affiche a donc été validée par quatre personnes. Il n’y a pas de mauvaise volonté de notre part, mais certains au sein du secrétariat considèrent qu’ils ne peuvent pas tenir de propos homophobes, puisqu’ils ne sont pas homophobes. Après les premières réactions, on s’est braqué et on s’est enfoncé, c’est un vieux réflexe. Voilà. C’est une bonne chose ce qui nous arrive parce que maintenant, on va pouvoir avancer sur ces questions « . «