La COP21 et le syndicalisme : positions, actions, débats

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Les organisations syndicales CGT, CFDT, FSU, Solidaires, UNSA se mettent d’accord pour un appel commun à manifester sur l’enjeu de la COP 21 fin novembre. Nous publions aussi des prises de positions séparées CGT, CFDT, FO, Solidaires, qui peuvent susciter des débats (nucléaire, reconversions industrielles, emplois menacés et emplois nouveaux, nouvelles qualifications nécessaires…). Ce dossier est complété par des prises de positions de la Confédération syndicale internationale  (CSI). 

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Extraits (CGT) :

« Il faut privilégier les énergies peu ou pas émettrices de gaz à effet de serre, développer de véritables filières industrielles.
La CGT conteste la réduction à 50 % de la part nucléaire dans la production électrique, arbitraire et non motivée par la lutte contre les émissions. A l’opposé, il faut réellement organiser la transition énergétique en investissant pour l’avenir d’une filière nucléaire stratégique publique, encore plus sûre et économe et pour le développement d’une filière des énergies renouvelables.
Diminuer l’utilisation des ressources fossiles permet également de soulager notre balance commerciale, d’améliorer notre indépendance énergétique et de préserver les ressources naturelles.
L’énergie est un secteur stratégique. La commission européenne et la plupart des gouvernements veulent libéraliser l’ensemble du secteur de l’énergie et s’attaquer aux tarifs nationaux réglementés. A l’opposé, la CGT milite pour la construction d’un pôle public de l’énergie dans un cadre européen de coopération, assurant à la fois un haut niveau de garanties collectives pour les salariés, et une énergie accessible à tous et en toute sécurité. C’est un enjeu de maitrise publique, d’appropriation sociale et de démocratie.
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Les émissions des bâtiments (logements de tous types, bureaux, services, commerces…) représentent 20 % des émissions nationales. L’objectif d’une réduction de 50 % de ces émissions d’ici 2030
et de 85 % à l’horizon 2050 est ambitieux. En raison de la durée de vie des bâtiments et de l’application pour le neuf des normes 2012 de performances énergétiques, le gisement de réduction se situe dans la rénovation énergétique du bâti existant.
Les besoins s’avèrent considérables pour financer la rénovation lourde et le changement des équipements de chauffage au bénéfice de systèmes performants et moins émetteurs de polluants. Or on est très loin de l’objectif de rénover chaque année 500 000 logements dès 2017.  »

Extraits (CFDT) :

« Le territoire aussi est un échelon privilégié en termes de mise en œuvre de mesures bas carbone. Le cabinet Syndex a croisé réalités territoriales et compétences professionnelles en 2014 dans le cadre de l’étude Ececli* (Évolution Compétences Emplois Climat Île-de-France). L’Union régionale interprofessionnelle et la Confédération y ont été étroitement associées. Cette étude a rassemblé de nombreux acteurs (conseil régional, employeurs, Opca, syndicats, Direccte, etc.) des secteurs de l’énergie, du transport, de l’eau, de l’automobile et du bâtiment. « Nous avons dressé un état des lieux des emplois qui risquent de pâtir du changement climatique dans la région et projeté des objectifs vers des emplois cibles durables à l’échéance de 2019 », explique Emmanuel Palliet, du cabinet Syndex. Une sorte de GPEC transversale sur plusieurs secteurs.

Des outils passerelles ont été mis au point à cette occasion. Ils évaluent rapidement si telle compétence est transférable directement ou si elle nécessite une formation courte ou approfondie du salarié. « Cette étude réalisée sur un territoire est adaptable à un bassin d’emplois, à une filière ou à une grande entreprise, estime Emmanuel Palliet. Il existe même des budgets dans le cadre des contrats d’études perspectives (CEP) que gèrent les Direccte. Encore faut-il un acteur pour les impulser. Cela peut être le rôle du syndicat. »

  • Force ouvrière    logo-fo-07

Extraits interview JC Mailly

FO Hebdo : Quelles sont les principales revendications que FO voudraient voir prises en compte par la COP 21 de décembre ?

Jean-Claude Mailly : Comme la Confédération syndicale internationale, FO considère que cette COP doit être « la COP du social ». Les dernières conférences n’ont traité que des questions climatiques et de leurs effets sur l’environnement et l’économie. Il est désormais indispensable d’appréhender les conséquences sociales et celles sur les salariés (dégradation des conditions de travail, délocalisations des lieux de travail par exemple du fait de la chaleur ou de la montée des eaux, adaptations horaires du fait de la chaleur et obligation de travailler la nuit, etc). Des exemples concrets, sur tous les continents, montrent qu’il est temps de s’occuper de ces impacts sociaux qui ne cessent de s’aggraver. Par ailleurs, ces évolutions imposées ou celles nécessaires pour ne pas amplifier le phénomène de réchauffement exigent des formations spécifiques, de nouvelles qualifications , car il va souvent devoir « faire autrement » et des mesures en termes d’organisation et de condition de travail pour les salariés concernés. Comme FO le revendique, il faut donc que la partie « décisionnelle » du texte de l’accord issu de la COP intègre une dimension sociale forte et ambitieuse. Avec des mesures financées.


FO Hebdo : Comment selon FO investissements publics et privés doivent-ils s’articuler ?

Jean-Claude Mailly : Pour FO, la priorité est l’intervention et l’investissement des Etats et des collectivités. Cette action publique doit être mondiale et massive, bien au-delà de la constitution (nécessaire) d’un Fonds vert ou des aides aux pays en voie de développement dont les populations sont plus impactées par le réchauffement climatique. FO a défendu que les solutions techniques ou innovantes qui pourraient voir le jour à l’échelle mondiale ou d’un continent ou d’un Etat fassent l’objet d’un investissement public type « grands projets ». Cela permettrait des réalisations concrètes tout en créant de l’emploi et sans doute de nouvelles qualifications. L’investissement public peut alors servir « d’effet levier » pour permettre aux investisseurs privés d’abonder le financement de ces grands chantiers publics. Mais pour FO, en aucun cas il ne peut s’agir de procédure type « Partenariat Public-Privé ». Enfin, c’est aux entreprises de financer une bonne partie des adaptations évoquées précédemment et les indispensables compensations et aides à accorder aux salariés pour faire face aux conséquences et évolutions professionnelles liées au réchauffement climatique.


Extraits (Solidaires) : logo_solidaires_grand

« Mettre en oeuvre une nouvelle organisation de la production et de la consommation basée sur un haut niveau de protection sociale et écologique, sont les défis que les organisations syndicales et toutes les forces sociales doivent relever. Dans une période transitoire, des secteurs d’activités peuvent connaître des bouleversements voire disparaître mais au bout du compte la reconversion écologique de l’économie est créatrice massive d’emplois non délocalisables (rénovation des bâtiments, réparation, recyclage, valorisation des déchets, agriculture de proximité…).
Les salarié-es doivent avoir à leur disposition des mesures protectrices pour une reconversion dans les meilleurs conditions ».

  • Confédération syndicale internationale

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Lutte contre le réchauffement climatique : le mouvement syndical international tient son propre sommet

dimanche 13 septembre 2015 Evelyne Salamero (lu dans FO Hebdo)

 A deux mois et demi de la 21e conférence des Nations Unies sur le climat (COP 21) qui se tiendra à Paris en décembre, la CSI (Confédération syndicale internationale) organise son propre sommet ces 14 et 15 septembre dans la capitale française, au siège du Conseil économique, social et environnemental. Objectif : que la COP 21 soit celle du « social ».
Sharan Burrow
Secrétaire générale de la CSI (Confédération syndicale internationale).

Lire interview de Sharan Burrow : « L’action climatique est une affaire syndicale car il n’y a pas d’emplois sur une planète morte »

Du Brésil, de Norvège, des Philippines ou encore d’Afrique du sud, des Etats-Unis, du Japon, ou du Canada… Des syndicalistes et des experts venus des quatre coins du monde vont exposer durant 48 heures leur réflexion, leurs travaux et leurs revendications dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique.

Le sommet syndical est organisé en collaboration avec les fédérations de branche internationales affiliées à la CSI, la fondation pour l’action syndicale en faveur du développement durable Sustainlabour, la campagne « Un million d’emplois pour le climat » et les organisations syndicales françaises membres de la CSI , dont FO. Yves Veyrier, secrétaire confédéral FO, est d’ailleurs à l’origine, en tant que Président de la section des affaires européennes et internationales du CESE, de l’accueil par ce dernier de cette conférence syndicale. Elle est également soutenue par la fondation allemande Fiedrich-Ebert-Stiftung.

La transformation industrielle nécessaire pour lutter contre le réchauffement climatique ne doit pas être synonyme de perte d’emplois, mais exige au contraire des créations d’emplois « décents » et donc un effort important de formation débouchant sur de nouvelles qualifications, met notamment en avant le mouvement syndical international qui revendique une « transition juste ».

L’enjeu : montrer l’ampleur de la mobilisation syndicale

L’enjeu du sommet syndical est donc double : montrer l’ampleur de l’engagement du mouvement syndical pour la lutte contre le réchauffement climatique, mais aussi celle de sa mobilisation pour que les transformations industrielles et économiques nécessaires ne soient pas prétextes à remettre en cause les droits, emplois et conditions de travail des salariés.

En 2013, lors de la COP 19 à Varsovie, les syndicats avait quitté la table des négociations devant le manque d’ambition des négociations et la domination des entreprises sur les débats. Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI avait alors déclaré : « ces mêmes sociétés qui prônent la RSE (Responsabilité sociale des entreprises ndlr) exploitent les travailleurs et épuisent l’environnement tout le long de leurs chaînes d’approvisionnement’. En 2014, lors de la COP 20 à Lima, la CSI avait dénoncé la domination des technocrates sur les politiques.

Qu’en sera-t-il cette année ? « La COP 21 doit s’opposer à toute logique de décroissance, ce qui n’a pas été le cas les fois précédentes, en particulier à Lima en 2014 », insiste Pascal Pavageau, secrétaire confédéral FO en charge du secteur Economique.

Climat : les syndicats veulent que leurs revendications soient intégrées à l’accord entre les Etats

mardi 15 septembre 2015 Evelyne Salamero (FO Hebdo)

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Sommet syndical sur le climat au Conseil économique, social et environnemental (CESE) les 14 et 15 septembre.

Des créations d’emplois, des garanties pour les salariés des énergies fossiles, des formations, de nouvelles qualifications, de bonne conditions de travail, une protection des populations les plus vulnérables et les plus touchées, des investissements publics, des services publics en première ligne… Au terme de deux journées de travaux, le mouvement syndical international a présenté ses revendications au président de la COP 21, le ministre des affaires étrangères français, Laurent Fabius. De vive voix.

« Dans mon pays, le futur c’était hier ». Ces mots de Massiel Figuereo, syndicaliste de la République dominicaine à la tribune du Sommet syndical sur le climat organisé par la CSI (Confédération syndicale internationale) ces 14 et 15 septembre à Paris, résument l’une des principales préoccupations exprimées par les participants face au réchauffement climatique et ses conséquences : l’urgence.

Périodes de sécheresse de plus en plus longues et incendies pour certains pays, typhons de plus en plus violents et inondations de plus en plus sévères pour d’autres, montée des eaux, destructions d’usines, d’habitations, de récoltes, de troupeaux, déplacements de populations, développement du travail de nuit pour échapper à la chaleur… de nombreux syndicalistes ont expliqué être -déjà- confrontés à ces situations.

« Il faut construire des droits et des compensations aux nouvelles contraintes »

L’autre inquiétude majeure exprimée dans l’hémicycle du Cese (Conseil économique, social et environnemental) durant ces deux jours a été celle suscitée par l’absence de toute référence à une dimension sociale dans le projet d’accord en cours de négociation entre les gouvernements et dont la version définitive devrait voir le jour à l’issue de la conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP 21) en décembre prochain à Paris.

Quatre jours auparavant, les syndicalistes avaient en effet pu constater, lors de la présentation officielle de la COP 21 par le président de la république François Hollande, que les organisations syndicales et la question sociale ne font pas partie du programme à ce jour.

Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, président de la COP 21, ayant répondu à l’invitation de la CSI, a pu entendre en direct la réaction des dirigeants syndicaux ce 15 septembre au matin.

« En tant que sélectionneur, vous avez délibérément placé les organisations syndicales sur le banc de touche. Pour Force Ouvrière cela nous fait craindre que la feuille de match que vous êtes en train d’élaborer n’intègre aucune dimension sociale (…) Lutter contre le réchauffement climatique nécessite une adaptation au travail et est potentiellement créateur d’emplois. Les revendications de la CSI doivent être impérativement intégrées aux décisions concrètes engageant les Etats au sortir de la COP », a notamment déclaré Pascal Pavageau, secrétaire confédéral FO. « Pour les salariés on va avoir des transferts forcés, il faut donc construire des droits et des compensations à ces nouvelles contraintes et pénibilités. Il faut par conséquent renforcer le dialogue social au niveau des branches professionnelles », a souligné le secrétaire confédéral FO.

« Prendre la mesure du potentiel d’emploi qu’offre l’action contre le réchauffement climatique »

Bernadette Ségol, secrétaire générale de la CES (Confédération européenne des syndicats) a de son côté insisté sur le risque pour les Etats de « perdre le soutien d’une partie du monde syndical », expliquant au Ministre : « Nous sommes des responsables syndicaux qui ne sommes pas corporatistes, nous avons une vision globale de ce qu’il est nécessaire de faire pour le bien commun mais les travailleurs ont peur parce qu’ils vont perdre leurs emplois ».

Revoir à la hausse l’ambition de l’accord entre les Etats pour limiter le réchauffement climatique à moins de 2° et prendre la mesure du potentiel d’emplois qu’offre l’action contre le réchauffement climatique ; tenir l’engagement des pays développés de mobiliser 100 milliards de dollars d’ici à 2020 pour aider les pays et les populations les plus pauvres à s’adapter au changement climatique ; et enfin : s’engager à assurer une « transition juste » pour les travailleurs actuellement employés dans des branches d’activité à forte émission de carbone… Il revenait à Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI de transmettre ces trois demandes fondamentales de la CSI au Président de la COP 21, et même de lui faire signer, en un geste symbolique destiné à bien faire comprendre au ministre à quel point les participants au sommet comptent sur son engagement.

Si le ministre a volontiers apposé sa signature, ses propos n’ont pas totalement rassuré l’assistance. « Le ministre a rappelé les interventions standards du gouvernement français, que nous connaissons, mais nous ne voyons pas se concrétiser une démarche sociale », a notamment déclaré Pascal Pavageau lors de la conférence de presse à l’issue du sommet.

« La COP donnera-t-elle le financement nécessaire pour les pays et les populations les plus pauvres ? »

« J’ai vu de très belles choses à Paris, j’apprécie beaucoup le discours très encourageant du ministre. Mais je suis très nerveux quand je regarde ce qui se passe dans mon pays, au Ghana, où le chômage ne cesse d’augmenter où les plus pauvres doivent vendre leurs biens et se retrouvent à la rue. C’est encore pire dans d’autres pays, au Mali, au Tchad, au Niger… Pouvons-nous, M. Le Ministre, avoir votre assurance que ce que vous avez dit sera mis en œuvre et que notre nervosité pourra disparaître à la fin de la COP 21. La COP donnera-t-elle le financement indispensable ? » a interrogé, de la salle, un syndicaliste africain après l’intervention du ministre.

Par de là l’aide aux pays développés, la question du financement de la lutte contre le réchauffement climatique est apparue comme une question clé au cours des débats. Les syndicalistes ont insisté sur le rôle des services publics et sur la nécessité que les investissements nécessaires à la transformation industrielle et à la « transition juste » soient prioritairement publics. Plusieurs, comme le représentant de la Confédération brésilienne (CUT), celui du syndicat NUMSA d’Afrique du Sud, ou encore Pascal Pavageau pour FO ou David Boys, représentant de l’Internationale des Services Publics, ont clairement pris position contre les Partenariats –Public-Privé (PPP), estimant qu’un enjeu aussi important pour l’humanité que la lutte contre le réchauffement climatique ne doit en aucune façon passer sous le contrôle d’entreprises privées avant tout soucieuses de leurs profits.

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