Après les législatives (8) : Sophie Binet et Marylise Léon

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L’article ci-dessous est paru dans Les Echos du 17 juillet 2024. Il montre comment les deux secrétaires générales de la CFDT et de la CGT, malgré leurs manières de faire différentes,  ont une approche convergente (« chacun son credo« , et « postures facilitatrices« ) dans la situation, non seulement pour combattre les droites extrêmes, mais aussi pour une alternative gouvernementale de gauche. Merci à Leila de Comarmond de nous autoriser à republier son article. 

Lire l’article des Echos ci-dessous : 

« La CFDT et la CGT actrices à part entière de la nouvelle donne à gauche »

Ce mardi, la secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, a critiqué l’appel des cheminots CGT à une mobilisation pour faire pression sur l’Assemblée jeudi. Les deux centrales jouent leur partition sur la désignation d’une personnalité de gauche à Matignon.

Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT (à gauche) et Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT (à droite), le 11 juin dernier.

Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT (à gauche) et Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT (à droite), le 11 juin dernier. (Chang Martin/SIPA)

Par Leïla de COMARMOND

Publié le 17 juil. 2024 à 07:18Mis à jour le 17 juil. 2024 à 07:20

La crise politique provoquée par la dissolution de l’Assemblée a focalisé l’attention sur les tractations politiques en cours pour désigner un candidat à Matignon – jusqu’à présent infructueuses – à gauche. Cela s’est moins vu, mais elle a aussi fait sortir la CFDT et la CGT de leur réserve pour aider à dessiner un compromis à gauche.

Le virage a été particulièrement marquant pour la centrale de Sophie Binet. La CGT avait abandonné toute consigne de vote aux élections nationales depuis 1993. Elle en a donné une cette année : le 18 juin, son comité confédéral national (parlement) a appelé à voter « pour le programme du Nouveau Front populaire (NFP) », qui rompt «avec le néolibéralisme et le fascisme [et reprend] les dix exigences de l’intersyndicale et de nombreuses revendications de la CGT ».

Une rupture justifiée par le fait que « l’extrême droite est en situation d’accéder au pouvoir pour la première fois de l’histoire de notre République ». Alors que, lors des derniers scrutins, l’appel à faire barrage au Rassemblement national (RN) avait été critiqué en interne, rares et discrètes ont été cette fois-ci les voix qui ont contesté l’appel très explicite lancé ensuite au second tour par la CGT avec la CFDT, l’Unsa, la FSU et Solidaires à voter « pour les candidates et candidats les mieux placés pour battre l’extrême droite ».

Chacun son credo

Arrivée dans une organisation qui se déchirait , Sophie Binet veille cependant à ne pas la fracturer, donc à ménager des soupapes d’expression à ses troupes. Pour preuve : le traitement de l’initiative de la fédération des cheminots CGT d’appeler à des rassemblements, jeudi 18 juillet, devant les préfectures et l’Assemblée. Elle n’a pas donné lieu à un appel confédéral en bonne et due forme, mais la centrale a édité un modèle de tract pour celles de ses organisations qui souhaiteraient s’y joindre. Sophie Binet, sur LCI le 11 juillet, a estimé qu’il « faut toutes et tous rejoindre les rassemblements pour mettre l’Assemblée nationale sous surveillance […], sous la pression populaire pour que le résultat des élections soit respecté ».

A chacun son credo. La secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, a, elle, assuré fermement mardi que son organisation « n’appellera jamais à une mobilisation pour faire pression » sur l’Assemblée. « Démocratiquement, ce n’est pas le rôle de la CFDT et ça va à l’inverse de ce dont on a besoin en termes d’apaisement », a insisté la leader du premier syndicat français.

Pas question non plus pour la CFDT de donner une consigne de vote, sauf contre le RN. Elle n’a pas dérogé à la règle qu’elle s’est fixée depuis le milieu des années 1980. La première confédération française s’en est tenue à ses principes : « ni neutre ni partisane ». Mais sa numéro un est allée au-delà en exprimant un point de vue – personnel – concernant le choix du futur Premier ministre.

« Moi, en tant que citoyenne, je pense que c’est légitime que le bloc qui arrive en tête [donc le NFP, NDLR] pose les conditions, et qu’on parte de leur programme. C’est quand même ce qu’ont demandé les citoyens ! Je pense que c’est important aujourd’hui de respecter le vote », a déclaré la syndicaliste sur France inter, le 11 juillet. « Avec un RN à 40 %, la situation oblige à aller un peu plus loin que d’habitude », décrypte-t-on dans son entourage. Comme Sophie Binet, tout est dans le dosage dans ce savant exercice d’équilibriste.

Posture de facilitatrice

Parce qu’elles ont contribué à faire le succès du front républicain contre le RN, et partant celui – même relatif – du NFP, les deux centrales se retrouvent dans une posture particulière, tandis que leurs homologues de FO, de la CFE-CGC ou de la CFTC ont refusé de prendre position. La séquence est politique, mais la CFDT et la CGT, dont les deux dirigeantes sont en contact régulier, en sont malgré tout des acteurs de poids.

« Je n’ai pas de candidat donc c’est simple », a dit Sophie Binet sur LCI, appelant les forces du NFP à « se mettre d’accord le plus vite possible sur le nom d’un ou d’une Premier ministre ». Marylise Léon est dans la même posture. Celle de facilitatrice. « On est dans une séquence où on essaie de travailler au rassemblement », décrypte un proche de Sophie Binet. L’une comme l’autre multiplient les contacts avec tous les leaders de la gauche… Sauf ceux de LFI, avec lesquels les relations sont inexistantes pour la CFDT et les liens très distendus voire tendus avec la CGT, Jean-Luc Mélenchon n’ayant jamais caché son mépris pour les syndicats.

Leïla de Comarmond

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