Grèves à la SNCF : acquis et limites

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Le site Rapports de force analyse les résultats (sur le fret ferroviaire) et les lignes de conduite syndicales qui maintiennent les préavis de grève (pour CGT et SUD Rail), sur le passage au privé dans les TER,  malgré les retraits de l’UNSA et de la CFDT.

 

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La CGT et Sud Rail maintiennent leur préavis de grève reconductible à partir de ce mercredi soir, contre le démantèlement du Fret et contre le dumping social dans le cadre de l’ouverture à la concurrence du TER. L’Unsa et la CFDT ne sont plus de la partie après avoir signé deux accords sociaux, le 6 décembre, avec la direction de la SNCF. Décryptage.

Les cheminots seront en grève à partir de ce mercredi 11 décembre au soir, dans le cadre d’un préavis de reconductible déposé par la CGT et Sud Rail. Après une première journée de grève le 21 novembre menée par l’intersyndicale CGT, Unsa, Sud, CFDT, l’unité syndicale n’est plus. L’Unsa et la CFDT ont retiré, vendredi 6 décembre, leurs propres appels à la grève reconductible à partir du 11.

C’est que les deux fédérations ont signé ce jour-là deux accords sociaux, l’un concernant le démantèlement du Fret, l’autre concernant l’ouverture à la concurrence des TER. « Compte tenu de tous ces éléments, du fait qu’on est dans un contexte où il n’y a pas de gouvernement en face (…), il vaut mieux suspendre maintenant et voir comment la mise en place concrète de tout ça va se passer », a déclaré à l’AFP le secrétaire général de la CFDT Cheminots, Thomas Cavel. La suspension de l’appel à la grève du 11 intervient « en responsabilité, dans un contexte où l’absence de gouvernement amoindri la capacité de négociation », précise la fédération dans son communiqué.

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« On a également réussi à obtenir le maintien de l’accès aux activités sociales pour les cheminots du Fret », se félicite aussi Sébastien Mourgues, secrétaire fédéral à la CGT cheminots. « C’est-à-dire tout ce que propose le comité d’entreprise en matière de vacances, culture… Ce basculement n’était pas prévu par l’accord de transition ».

Le TER, lui, ne dépend pas d’un accord de transition : il s’inscrit dans le cadre de la loi sur l’ouverture à la concurrence de 2009. Et à l’inverse du Fret, l’accord social TER mis sur la table n’a pas du tout fait l’unanimité, le 6 décembre. Seules la CFDT et l’UNSA l’ont signé.

Cet accord prolonge à 24 mois, au lieu de 15, les dispositions règlementaires existantes pour les agents TER. « Une fumisterie, une arnaque », balaie Sébastien Mourgues. Pourquoi ? Parce qu’à la SNCF, les services de ces agents sont fixés annuellement. Les modifications de leurs horaires ou services ne peuvent être actées qu’en décembre de chaque année.

Les 15 mois initialement prévus se seraient terminés en plein milieu de l’année 2026 : trop tôt, donc, pour imposer des changements, puisqu’il faut de toute façon attendre décembre 2026. En déplaçant le curseur à 24 mois, la direction a donc juste opéré un « accostage calendaire » résume Julien Troccaz. « Le minimum aurait été de mettre sur la table ce qui a été fait pour les collègues de FRET. À savoir un maintien des accords pendant trois ans ».

Jeudi, près de 80 assemblées générale de cheminots sont prévues à travers le territoire, selon le recensement de Sud. « Être transféré vers des entreprises privées, c’est un choc. Rappelons que ce sont 80 PME du rail, toutes avec des objectifs de rentabilité, qui vont débarquer dans le cadre de l’ouverture à la concurrence du TER », souligne Julien Troccaz. « Hors de question que tout cela se traduise par du dumping social. Donc on continue le combat ».

Les velléités de se mettre en grève apparaissent très disparates selon les métiers. En Languedoc-Roussillon par exemple, la CGT annonce pas moins de 75 % de grévistes parmi les conducteurs TER… Contre 15 % parmi les conducteurs TGV, moins directement concernés.

« Si l’on avait maintenu l’unité, cela aurait donné confiance aux salariés, surtout à quelques jours du début du préavis de grève reconductible. On ne comprend pas le choix de l’UNSA et de la CFDT. On est déçus », exprime le responsable de Sud Rail. Sollicitées, l’UNSA et la CFDT n’ont pas donné suite pour le moment à nos demandes d’interview.

Cette désunion syndicale, largement relayée dans les médias, « est un argument patronal pour dégonfler la mobilisation », soupire Sébastien Mourgues. Mais c’est aussi un état de fait : quand bien même l’UNSA et la CFDT sont des syndicats minoritaires, cette désunion « pèse, surtout dans la tête des cheminots qui ne sont pas syndiqués », admet le secrétaire fédéral CGT.

L’incertitude politique démobilise aussi. Sans nouveau gouvernement nommé, difficile de dégager des lignes directrices. Quel sera l’interlocuteur politique dans les prochaines semaines, période de transformation aussi cruciale que tendue au sein de la SNCF ? « On ne sait pas trop où l’on va », soupire Sébastien Mourgues. « Mais on va maintenir une activité syndicale sans résignation », martèle Julien Troccaz. « Le point positif, déjà, c’est que l’on a réussi à imposer le sujet du Fret et de l’ouverture à la concurrence dans le débat public ».

Le 4 décembre, lors de la dernière table ronde tripartite entre les syndicats, la direction de la SNCF et le ministre des Transports démissionnaire François Durovray, ce dernier a balayé la demande de moratoire des quatre fédérations. Sébastien Mourgues veut encore y croire, malgré le timing de plus en plus restreint. « On interpellera le nouveau ou la nouvelle ministre », promet le secrétaire fédéral CGT. « Ce moratoire sur le Fret, il suffit juste de l’annoncer et de mettre en place une série de négociations dans les prochains mois. Des propositions, on en a plein à mettre sur la table. »

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