Editorial Syndicollectif

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Ultimatum et alternative

Avec trois fois plus de manifestants et de grévistes du 10 au 18, septembre 2025 fait montre d’une mobilisation allant crescendo. La réussite de la journée du 10 a amplifié celle du 18 septembre. Plus encore que sur les retraites en 2023 le mouvement est frontal contre les politiques macronistes. Sa dynamique est sociale mais son objectif est un changement de politique.

Jamais le budget, la fiscalité n’ont été autant au cœur de la colère et les exigences populaires autant partagées. La dynamique est positive, les réserves de mobilisation importantes.

C’est ce qui explique la reconstitution d’une intersyndicale complète alors même qu’elle s’était divisée au moment du « conclave » sur les retraites. Le « musée des horreurs » présenté par Bayrou et son gouvernement en est bien évidemment la cause.

L’ultimatum lancé le 18 au soir par l’intersyndicale s’explique ainsi par le rejet massif, majoritaire dans la population de nouveaux sacrifices. L’injustice est criante alors que les ultra-riches accumulent les milliards sans payer une juste contribution fiscale. L’absence de contreparties pour les entreprises qui engrangent 211 milliards révulse. En particulier quand il s’agit des plus grosses qui augmentent les dividendes et suppriment des emplois.

La mobilisation comme l’ultimatum de l’intersyndicale revêtent une dimension politique. Non pas au sens des enjeux électoraux ou partidaires mais au sens de la gestion de la cité.

La double besogne de cette fin d’année 2025

Le syndicalisme est dans son rôle. Avec ses propositions en positif, il renoue avec la tradition de peser sur la transformation de la société. Tout en restant dans la bataille au quotidien pour les salaires, les conditions de travail, il peut contribuer à ouvrir une perspective nouvelle.

On peut toujours discuter telle ou telle formulation, mais le communiqué court du 19 septembre trace bien les grandes lignes d’une autre politique fiscale, sociale, économique et écologique. Ce n’est pas mince.

Rappelons-les ! Voilà ce que porte l’ensemble du mouvement syndical dans sa diversité :

– L’abandon de l’ensemble du projet de budget et notamment le doublement des franchises médicales, l’année blanche (désindexation des pensions, des prestations sociales, des salaires des agent·es de la fonction publique et du budget des services publics), la suppression de 3000 postes de fonctionnaires et la réforme de l’assurance chômage, ainsi que des projets attaquant le code du travail, et le 1er mai ;

– La justice fiscale, avec la mise en place de dispositifs qui taxent les gros patrimoines et les très hauts revenus, et contraignent le versement des dividendes ;

La conditionnalité sociale et environnementale des 211 milliards d’euros d’aides publiques aux entreprises privées ;

– Des moyens budgétaires à la hauteur pour les services publics partout sur le territoire ;

– Une protection sociale de haut niveau et l’abandon du recul de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans ;

– Des investissements dans une transition écologique juste et la réindustrialisation de la France, et des mesures contre les licenciements.

C’est la base de l’ultimatum. Et pour bien faire comprendre l’ensemble des objectifs la responsabilité du patronat est pointée quant à l’exigence d’ouverture de négociations partout sur les salaires.

Cet ensemble de points dessine ce que doit être une alternative aux politiques dite de l’offre, aux politiques d’austérité néo-libérales subies depuis des années.

Pourquoi pas une grande conférence « pour l’alternative » ?

L’intersyndicale pourrait être à l’initiative d’une Grande Convention, d’Etats généraux ou d’Assises sur la base de son communiqué.

Elle en a la légitimité. Sa dimension unitaire est un atout.

Une telle initiative polariserait l’enjeu après une nouvelle journée d’action déjà envisagée si Sébastien Lecornu ne donne pas satisfaction. Cela permettrait d’afficher un débouché à la protestation.

Une telle conférence aurait un écho médiatique fort. Elle pourrait auditionner des experts de la société civile, des ONG pour éclairer davantage encore les citoyennes et citoyens. Elle pourrait se décliner dans les territoires et les entreprises.

Les Cahiers de doléances de 2020 suite au mouvement des Gilets jaunes pourront servir de matière et faire ainsi la « passerelle » entre le « grand débat » de 2020 et la plateforme intersyndicale.

C’est au mouvement syndical de fixer les échéances. Mais à l’évidence le rapport de forces est en sa faveur. D’une manière ou d’une autre il faut en profiter pour engranger des victoires. Il faut battre le fer quand il est chaud.

L’équipe de Syndicollectif

 

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