A peine le gouvernement Lecornu annoncé, celui-ci démissionne le 5 octobre 2025. La crise politique s’amplifie. Des syndicats s’expriment.
[Entretien] « L’urgence, c’est la stabilité politique. Il faut suspendre la réforme des retraites. »
Marylise Léon était en direct de France inter, mercredi 8 octobre.
Après les déclarations du Premier ministre démissionnaire, sur une éventuelle suspension de la réforme des retraites, Marylise Léon a confirmé que ce serait un signal extrêmement fort et positif, car le pays traverse une profonde crise démocratique. La réforme des retraites reste une blessure démocratique, après un mouvement social d’une ampleur inédite en 2023, elle n’avait fait l’objet d’aucun débat au Parlement (49.3). Marylise Léon a rappelé qu’il était indispensable de parler des travailleurs et travailleurs, 600 000 personnes pourraient alors ne pas subir le report à 64 ans. Elle a demandé une vérification des chiffres avancés par Roland Lescure qui estime le coût de la suspension à plusieurs milliards. Marylise Léon évoque 500 millions pour 2026, en regard des 15 milliards (source OFCE) que coûterait une nouvelle dissolution de l’assemblée nationale. Entretien à écouter à partir de 15’06

Le progrès social, seule issue à la crise !
- Télécharger le communiqué CGT : CP de la CGT -Le progrès social seule issue à la crise
Au lieu de revoir sa copie, de renoncer aux reculs sociaux (année blanche, réforme de l’assurance chômage, doublement des franchises médicales…), au lieu de mettre en place la justice fiscale et d’abroger la réforme des retraites, Sébastien Lecornu a préféré maintenir le budget et le gouvernement de son prédécesseur. Il n’a pas eu le courage d’affronter les grands patrons et les plus riches et de rompre avec la politique de l’offre d’Emmanuel Macron.
Il est donc le 5e Premier ministre en 2 ans à être contraint à la démission du fait de la violence sociale de sa politique
Encore une fois, au lieu de changer de politique le président de la République fait le choix du chaos institutionnel. Il prend le risque de transformer une crise sociale et démocratique en crise de régime. Le Medef, quant à lui, en multipliant les gesticulations pour empêcher toute justice fiscale et sociale, porte une lourde responsabilité.
Cette décision est d’autant plus grave dans un contexte de tensions géopolitiques majeures, alors que l’extrême droite représente un danger central pour les démocraties, les libertés et les droits sociaux en France et dans le monde.
Les travailleuses et les travailleurs, les jeunes et les retraité·es ont construit une mobilisation historique pendant 2 ans et demi contre la réforme des retraites. Emmanuel Macron a fait le choix de l’ignorer et d’imposer sa réforme par 49-3. Il a donc été sanctionné par les urnes et a perdu toute majorité suite à sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale. Les travailleurs et les travailleuses, et la population doivent être entendus. Les dénis démocratiques et les passages en force doivent cesser.
Comme la CGT le martèle : il n’y aura pas de stabilité sans justice sociale
Face à l’irresponsabilité du président de la République, du gouvernement et de leurs alliés patronaux, la CGT appelle au rassemblement des forces de progrès social pour barrer la route à l’extrême droite et gagner enfin la réponse aux urgences sociales et environnementales :
- Mettre en place la justice fiscale
- Débloquer les moyens nécessaires pour nos services publics et pour la transformation environnementale
- Abroger la réforme des retraites
- Augmenter les salaires, les pensions et les minimas sociaux
- Arrêter les licenciements, réindustrialiser et décarboner le pays
- Mettre fin à la chasse aux travailleuses et travailleurs sans papier et à la stigmatisation des étrangers et des précaires
Dans ce contexte d’instabilité maximum, la CGT continuera à prendre toutes ses responsabilités pour que le monde du travail soit enfin entendu
Plus de deux millions de travailleuses et travailleurs, privé.es d’emploi, jeunes retraité.es se sont déjà mobilisé·es les 10, 18 septembre et 2 octobre dans le cadre d’une rentrée sociale d’ampleur historique. Le 9 octobre, à l’initiative des professionnels de la santé et de l’action sociale, de la sécurité sociale et du médicament une manifestation nationale aura lieu pour exiger un tout autre budget de la Sécurité sociale à la hauteur des besoins.
La CGT appelle les travailleuses et les travailleurs à continuer leurs actions dans les entreprises pour les salaires, l’emploi et les conditions de travail. La CGT continuera à travailler pour renforcer l’unité syndicale et permettre les mobilisations les plus larges.
Les gouvernements passent, les revendications restent !
Communiqués de FO-
Alors que le nouveau gouvernement, à peine nommé, démissionne, Force ouvrière réaffirme ses revendications :
Abrogation de la réforme des retraites,
Augmentation des salaires, dans le public comme dans le privé,
Engager une véritable politique de réindustrialisation,
Des services publics de proximité, partout sur le territoire,
Justice fiscale et justice sociale,
Abandon des budgets d’austérité.
La facture ne peut être présentée aux travailleurs. Quel que soit l’exécutif demain, Force Ouvrière continuera de porter ses revendications.
La crise politique entre dans une nouvelle phase après la démission du Premier ministre et de son gouvernement nommés pour mener la même politique hostile au monde du travail. Cet épisode ne peut que renforcer la crise de confiance dans les institutions et la démocratie. La FSU alerte solennellement : c’est l’extrême droite qui, une nouvelle fois, peut tirer profit de cette crise en se nourrissant du désespoir social et politique né de 7 ans de macronisme. Raciste et xénophobe par nature, l’extrême-droite attise les divisions qui peuvent exister dans le monde du travail pour privilégier les intérêts du patronat. Elle s’oppose à la conception que promeut la FSU d’un service public fort, fondé sur l’égalité et la solidarité. La FSU réaffirme avec force sa détermination à poursuivre et amplifier ses mobilisations syndicales pour l’empêcher de parvenir au pouvoir et porter un autre projet résolument orienté vers les aspirations du monde du travail.
La FSU exige une rupture claire avec les politiques économiques, sociales et environnementales. Un changement de méthode est aussi nécessaire. Passage en force sur la réforme des retraites, mépris pour les mobilisations, promulgation de la loi Duplomb contre une immense mobilisation citoyenne, absence de réponses aux mobilisations des dernières semaines contre l’austérité, répression policière des manifestations… Emmanuel Macron, par une pratique verticale du pouvoir et en ignorant délibérément les organisations syndicales, a aussi fragilisé la démocratie sociale, aggravant de fait la crise démocratique.
L’action résolue de la FSU, avec l’intersyndicale interprofessionnelle, a permis de porter haut et fort la voix et les exigences des agent.es de la fonction publique. Depuis le mois de juillet, la mobilisation des travailleur.es, actif.ves et retraité.es, étudiant.es, jeunes, a permis d’imposer la justice sociale, fiscale et environnementale au centre du débat public et de gagner la bataille des idées sur la question du partage des richesses. Forte de cette dynamique, de la confiance des personnels et du soutien de l’opinion publique, forte aussi de son implantation dans des secteurs clefs des services publics, la FSU entend assumer toutes ses responsabilités dans la séquence de crise politique et institutionnelle pour faire valoir les intérêts du monde du travail. Elle s’engage pour porter des alternatives de justice et de progrès social partout sur les lieux de travail comme dans des initiatives publiques.
Elle appelle chacun et chacune à s’engager pour :
– faire la démonstration de la nécessité de services publics forts, capables de répondre aux défis des besoins de la population, d’une protection sociale de haut niveau, d’une juste rémunération du travail
– convaincre que d’autres choix de financement sont possibles par un autre partage des richesses, la fin des cadeaux fiscaux aux plus riches et une réforme fiscale juste et solidaire
– prendre des initiatives pour construire des mobilisations dans des cadres intersyndicaux larges et rassembleurs et avec les autres forces du mouvement social, associatif et citoyen
– dénoncer et déconstruire l’imposture du discours d’extrême droite qui, en plus d’un racisme largement ancré, se développe sur la misère, le sentiment d’abandon et d’injustice
– peser pour que s’imposent des alternatives politiques capables de répondre aux aspirations du monde du travail, de préserver l’Etat de droit et les libertés fondamentales
Elle s’adresse à l’ensemble de ses partenaires pour construire ces dynamiques dans l’unité.