Défendre notre sécurité sociale et nos retraites

Posté dans Editorial le par .
Share on FacebookTweet about this on TwitterShare on Google+Share on LinkedInEmail this to someonePrint this page

EDITORIAL

Défendre notre sécurité sociale et nos retraites

Les « concertations » sur les retraites se sont révélées n’être qu’un piège tendu par le premier ministre Bayrou qui a décrété sur les ondes l’impossibilité d’un retour aux 62 ans.

Il avait pourtant été contredit par la Cour des comptes elle-même sur le montant du déficit en 2030. Il le chiffrait à 50 milliards là où la Cour des comptes ne l’évaluait qu’à 15. D’autres chiffrages parlent d’un montant encore inférieur. Rien à voir avec le budget de l’Etat !

Nombre d’experts de la question chiffrent d’ailleurs l’effort de financement à 0,15% d’augmentation des cotisations sociales. Les syndicats, en mettant l’accent sur l’emploi des séniors ou l’égalité salariale femmes-hommes, proposent d’augmenter ainsi les recettes.

Il fallait donc pour Bayrou siffler la fin du « ni tabou, ni totem ». La situation internationale aggravée par la politique du chaos des États-Unis et les menaces de la Russie de Poutine sont venu fournir de nouveaux arguments. On ne pourrait plus se permettre de financer notre protection sociale à cause de la nécessité de réévaluer nos politiques de défense.

Agiter les risques de guerre pour faire renoncer au social ?

Ce n’est pas acceptable. En réalité le financement de l’une n’a rien à voir avec le financement de l’autre. Les retraites sont avant tout des cotisations assises sur la richesse commune produite dans le travail : leur budget est spécifique. Pour les dépenses militaires, il s’agit de mobiliser des recettes qui relèvent du budget de l’Etat, des Etats en Europe.

Mais l’argument est lancé et on voit désormais revenir l’idée qu’il faudrait remettre sur la table le financement de tout le système de protection sociale. Finies les cotisations disent le patronat et quelques experts à leur service : réfléchissons « capitalisation » ou hausse de la TVA dite « sociale », etc.

Ils profitent d’une situation internationale alarmante pour faire admettre qu’il n’est plus possible d’augmenter les recettes de la Sécurité sociale et de protéger les services publics. Alors que les cadeaux fiscaux alloués aux plus riches et aux multinationales depuis 2017 se montent à des dizaines de milliards. La politique pro-business de Macron a asséché les finances publiques.

Tout financiariser contre la sécurité sociale ?

Ce n’est pas nouveau. Patronat, Assureurs, Banquiers lorgnent depuis des décennies sur un marché de plusieurs milliards qui leur échappe. Et ils pensent que le moment est opportun pour tenter d’y parvenir. Ce qu’ils n’ont pas réussi pendant des décennies ils comptent y parvenir maintenant. Si on pouvait financiariser tous les secteurs de la santé et de la protection sociale ce serait un nouvel eldorado.

Prenons garde à ce que cette pente ne vienne pas se substituer au « conclave ». Plusieurs signaux doivent nous alerter. Et le mouvement syndical doit s’atteler à déminer le terrain.

Mener la bataille à tous les niveaux !

Il s’agit d’une bataille idéologique et d’un défi pour construire des rapports de force et bloquer cette issue funeste pour les salarié.e.s et les retraité.e.s.

Et cela concerne tout le camp progressiste. Dans le respect de l’autonomie syndicale, les forces de gauche seraient dans leur rôle en déposant ensemble une proposition de loi Retraites à l’Assemblée nationale, pour revenir aux 62 ans immédiatement. Le programme du NFP de juillet 2024 le permet.

Et la combinaison des initiatives des uns et des autres est une voie pour un succès commun.

 

Print Friendly

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *