Editorial de Syndicollectif

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Le 17 septembre 2020, première journée nationale de lutte de la rentrée.

 

Editorial

Oui la « rupture » s’impose !

Rupture : c’est ce que disent ensemble les organisations syndicales CGT, FSU, Solidaires, FIDL, MNL, UNEF, UNL, qui mobilisent le 17 septembre par la grève et des manifestations.  On peut souhaiter que d’autres syndicats s’associent à ce premier pôle unitaire, Force ouvrière ayant annoncé le 2 septembre vouloir « examiner les conditions de l’action et de la mobilisation syndicales interprofessionnelles » à son CCN de fin septembre.

Ces 7 premières organisations expliquent que « la situation impose des mesures de transformation profonde en totale rupture avec les politiques économiques et sociales actuelles ». Philippe Martinez, dans une interview à la NVO de septembre insiste : « La CGT, dès le début du mois de juillet…a dit qu’il faut absolument que la rentrée soit sous le signe de la rupture ». Benoit Teste, secrétaire général de la FSU, explique souhaiter « soutenir un mouvement plus large ».  L’Union syndicale Solidaires, pour l’éditorial de rentrée de son journal national, analyse la COVID-19 comme « accélératrice et révélatrice d’un monde qui meurt et cherche à nous entraîner dans sa chute ». D’où l’encouragement à agir avec « l’optimisme de la volonté », car « l’histoire n’est pas écrite ».

Il n’est pas courant que les syndicats de lutte emploient ce langage de « rupture » dès les premiers jours de la rentrée. Car une grande incertitude règne encore sur les possibilités d’action du monde du travail, parcouru par un mélange d’anxiété et de colère. Mais la situation l’impose, au moins pour dessiner une perspective générale pour les équipes syndicales et les salarié-es qui veulent réfléchir et agir au-delà des urgences immédiates.

Ces urgences sont bien là bien sûr !  Santé et conditions de travail dangereuses, gratuité des masques, chômage partiel de longue durée habituant à des « baisses de salaires de longue durée » aussi, précarité et annonces de licenciements. On fait aux entreprises des cadeaux fiscaux de 20 milliards dans le « plan de relance » du 1er Ministre, mais rien sur le SMIC, les minima sociaux ou la réduction du temps de travail.  Au contraire, les agressions patronales contre l’emploi s’accumulent par les dispositifs imposés par le « Code Macron » en 2017, comme les prétendus « accords de performances collectives » (APC) qui obligent les syndicats à négocier et les salarié-es à accepter des pertes de salaires et des suppressions d’emplois, sous peine de dépôt de bilan. La liste est longue des attaques anti-sociales doublées des injustices aggravées dans la répartition des richesses dans le monde, comme le dévoile encore l’ONG OXFAM. OXFAM démontre ainsi que la hausse depuis janvier de la fortune de Jeff Bezos, PDG d’Amazon, équivaudrait à verser une prime de 105 000 dollars aux 876 000 salarié-es dans le monde ! Ce n’est donc pas la crise pour tout le monde.

Mais d’autres justifications font leur apparition dans le jargon gouvernemental : « le plan de relance » annoncé est aussi pour « la transition écologique ». Mais comme le dit l’association ATTAC dans son commentaire : en fait ce plan n’est « Ni social, ni écologique ». Alors qu’Attac et plusieurs syndicats avaient déjà démontré en 2015 qu’un million d’emplois était possible par une authentique rupture écologique dans les choix économiques : transports publics, agroécologie, protection thermique des bâtiments…

En cette rentrée, le collectif Plus Jamais Ca, qui regroupe 18 à 25 organisations : syndicats, associations et ONG écologistes, poursuivent leur travail de réflexion croisée, démarré au printemps avec 34 propositions. Des collectifs locaux se sont construits dans une vingtaine de villes. Il est question d’une réunion nationale.  En attendant, ces mêmes organisations appellent déjà à la Journée mondiale sur le climat les 25 et 26 septembre et à « faire converger les mobilisations pour l’emploi et pour l’environnement ».  Après le 17 septembre, d’autres dates sont donc mises en perspective.

Cette volonté de « rupture » marque donc d’une certaine manière la nécessité une perspective globale pour toute la société, venant du mouvement social dans sa diversité. Les organisations « Plus Jamais Ca » ont par ailleurs participé fin août aux universités d’été des partis politiques et les avait déjà invités à discuter de leurs propositions. « La balle est dans leur camp » dit Philippe Martinez, dans la NVO de septembre.

 

 

 

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