La Ministre du travail a fait connaitre hier des propositions pour contrôler le plus efficacement possible les chômeurs, notamment par un suivi numérique de leurs agissements. La CGT réagit et fait des contre-propositions. Les organisations de chômeurs appellent à un rassemblement et une action unitaire mercredi 21 mars à Paris.
- Appel des organisations de chômeurs pour le 21 mars (PDF) : Collectif Unedic – Appel du 21 mars 2018
- Le texte :
Après l’ANI du 22 février, le gouvernement prépare un projet de loi pour réformer l’assurance chômage le 5 avril. Cette réforme sera la prochaine étape de la mise en pièce de notre modèle social. Pour défendre nos droits, l’équité et la justice sociale, rendez-vous le 21 mars, 10 heures, place de la République, à Paris, devant la statue.
Des négociations entre les partenaires sociaux se sont tenus entre le 11 janvier et 22 février dernier pour aboutir à un accord national interprofessionnel (ANI) relatif à la réforme de l’assurance chômage. Mais cet ANI n’a évidemment abouti à aucune proposition sérieuse étant donné l’insuffisance des moyens affectés à l’assurance chômage.
Car le vrai problème reste que seulement 43 % des demandeurs d’emploi inscrits sont indemnisés. Or aucune ressource supplémentaire n’est prévue pour élargir l’accès aux allocations chômage. Assurer une indemnisation décente de toutes les formes de chômage – y compris pour les indépendants et les démissionnaires – nécessiterait 73 milliards supplémentaires au budget de l’Unedic.
Mais le pire reste à venir avec le projet de loi en cours d’élaboration, nouvelle étape du gouvernement pour détruire les conquêtes sociales du mouvement ouvrier. La politique d’Emmanuel Macron part du principe que, pour relancer l’économie française, il faut précariser les salarié-es et sanctionner les chômeuses et chômeurs, alors même qu’ils et elles sont déjà les premières victimes du système économique.
Le projet d’augmenter les effectifs de Pôle emploi consacrés au contrôle montre clairement la volonté du gouvernement de criminaliser les chômeuses et les chômeurs, ajoutant la culpabilisation à la précarité de leur situation.
Et c’est jusqu’à notre dignité que le pouvoir s’en prend. Après Laurent Wauquiez dénonçant les « chômeurs qui profitent de la vie », après Christophe Castaner insistant sur le fait que « la liberté, ce n’est pas bénéficier des allocations chômage pour partir deux ans en vacances », Damien Adam, député de la République en marche (LREM) de Seine-Maritime accuse les chômeuses et chômeurs de partir « en vacances aux Bahamas grâce à l’assurance chômage ».
Contre cette politique violemment antisociale, nous exigeons :
- l’élargissement de l’accès à l’indemnisation, avec comme référence le Smic, à tous les chômeurs et chômeuses,
- le maintien du système actuel de l’assurance chômage, avec des cotisations reposant sur la valeur ajoutée totale de l’entreprise,
- la gestion démocratique de l’assurance chômage,
- l’arrêt des contrôles et sanctions à l’encontre des chômeurs, chômeuses et précaires.
SOUTIENS : SNU POLE EMPLOI FSU, SUD EMPLOI, FSU IDF, ECONOMISTES ATTERRES, SOLIDAIRES, CNT, JOC, REPUBLIQUE ET SOCIALISME, GDS, FEMMES EGALITES, CGT, CGT POLE EMPLOI, CGT CHOMEURS, SYNDICAT ASSO, ATTAC, DAL, FEMMES CONTRE LES PRECARITES, ALTERNATIVE LIBERTAIRE, PCOF, PG, FI, PCF, ENSEMBLE, STOP-PRECARITE.
Paris, le 13 mars 2018
- PROPOSITIONS DE LA CGT POUR FAIRE CONFIANCE AUX SALARIÉS PRIVÉS D’EMPLOI
Aujourd’hui même, la CGT est invitée à une réunion multilatérale au ministère du Travail sur la question de l’assurance chômage. Or, en amont de cette réunion, la presse se fait déjà l’écho des projets du gouvernement…
La facture des sanctions contre les privés d’emploi risque d’être très lourde. Depuis sa campagne électorale, le candidat Macron devenu Président martèle qu’il faut « remettre les chômeurs au travail ». Cela tombe bien, ils ne demandent que ça ! Mais avec des emplois stables, un juste niveau de rémunération, dans une proximité permettant de conjuguer un équilibre entre projet professionnel et projet de vie.
A contrario de la « logique » qui vise à transformer tous les salariés privés d’emploi en fainéants et en fraudeurs, la CGT propose 10 nouveaux droits pour une société plus juste :
1 – Droit au travail : des emplois librement choisis, conformes aux qualifications, à l’expérience, avec une juste rémunération, dans une proximité géographique et des horaires compatibles entre activité professionnelle et vie privée.
2 – Droit à l’indemnisation : mise en place d’une sécurité sociale professionnelle, garantie de versement d’un revenu de remplacement.
3 – Droit à l’erreur : suite à une erreur de bonne foi, aucun allocataire ne peut être pénalisé.
4 – Droit à la formation qualifiante : les privés d’emploi doivent bénéficier d’un droit à une formation diplômante ou qualifiante de leur choix. Cette formation doit être financée par le dernier employeur à 100 % ou à hauteur de 50 % par l’OPCA de branche dont ils dépendaient précédemment.
5 – Droit de recours : mise en œuvre de procédures garantissant notamment l’information sur les contrôles et une capacité de procédure contradictoire.
6 – Droit d’accès numérique : tous les usagers du service public doivent avoir un accès égal aux outils numériques et à l’accueil physique.
7 – Droit au soutien : mise en place d’aides à la garde d’enfants, d’appui aux aidants familiaux, d’indemnisation des déplacements pour la recherche d’emploi et aux entretiens d’embauche.
8 – Droit à l’accompagnement : capacité du privé d’emploi à se faire accompagner par un-e conseiller-ère du salarié ou par l’aide juridictionnelle lors de ses démarches.
9 – Droit de représentation : mise en place de dispositifs et de modalités spécifiques permettant aux privés d’emploi d’exprimer leur vote en direction des organisations syndicales et renforcement des droits des Comités de liaison et du CESI.
10 – Droit à la transparence : mise en place d’une étude sur l’effectivité ou le non-recours des droits, la réalité de la fraude et du non-recouvrement.
Montreuil, le 19 mars 2018