Soutien syndical à l’action du navire Sea Watch à Lampedusa

Share on FacebookTweet about this on TwitterShare on Google+Share on LinkedInEmail this to someonePrint this page

Ci-dessous des prises de position solidaires de Carole Rackette,  capitaine de bateau Sea Watch qui a débarqué des réfugiés sur l’île de Lampedusa, contre l’avis du gouvernement italien.

arton1302Aquarius, Sea Watch…: l’Europe doit prendre ses responsabilités 

Carole Rackette, la capitaine allemande du navire Sea Watch, a décidé de forcer le blocus des eaux italiennes pour approcher l’île de Lampedusa et y débarquer les 42 migrant-es bloqué-es à bord depuis quatorze jours.

Un acte d’humanité et courageux.

La FSU dénonce l’attitude du gouvernement de M. Salvini qui a empêché le bateau d’accoster mettant ainsi en péril la vie de ces migrant-es.

La jeune capitaine et les responsables du Sea-Watch risquent désormais des poursuites pour aide à l’immigration clandestine.

L’Europe ne peut accepter cela. Elle est face à ses responsabilités pour faire respecter les droits de l’Homme. Il est urgent qu’elle mette en oeuvre une politique européenne migratoire digne de ce nom. Ne pas le faire revient à accepter cette situation et le rejet de ces migrant-es.

La FSU, forte des valeurs de solidarité internationale, dénonce l’attitude des états de l’Union Européenne qui ne s’engagent pas pour faire preuve d’humanité pour des femmes, des hommes et des enfants en détresse. C’est aussi le cas du gouvernement français qui n’a pas proposé d’accueillir le bateau allemand.

La FSU exige l’arrêt des accords avec des pays tiers pour les questions migratoires et l’immunité pour l’ensemble des militant-es solidaires.

Elle demande également que les moyens nécessaires pour répondre à l’accueil des migrant·es, soient mis en place au niveau européen afin de rendre effective la liberté de circulation telle qu’elle est inscrite  à l’article 13 de la Déclaration Universelle des droits de l’Homme.
 
Les Lilas, 29 mai 2019.

siteon0-dc90fSEA-WATCH 3

La CGT dénonce une criminalisation des capitaines de navire et la mise en danger de vies humaines

 

Carola Rackete, la capitaine du Sea-Watch 3 qui croisait, depuis deux semaines, dans le canal de Sicile en attendant l’autorisation de débarquer avec 42 migrants à son bord est aujourd’hui inquiétée pour avoir transgressé l’interdiction d’entrée dans les eaux territoriales italiennes.

Cet acte de désobéissance est l’acte d’une capitaine de navire qui assume son rôle de sauvetage de personnes en danger en mer.

La CGT condamne l’attitude irresponsable et criminelle de mise en danger de vies humaines, du gouvernement italien et de sa politique d’extrême droite.

La CGT apporte son entier soutien à la capitaine de navire du Sea-Watch 3 et ne peut accepter le sort fait aux migrants par le gouvernement italien, ni même par les politiques européennes.

La CGT demande au gouvernement français de condamner fermement l’attitude du gouvernement italien et d’agir pour mettre fin à cette situation.

Montreuil, le 28 juin 2019

336x230-ct

Communiqué de Force Ouvrière du 2 juillet 2019

Sauvetage en mer et migrations : Force Ouvrière appelle au respect des obligations internationales

La confédération Force Ouvrière condamne fermement les sanctions prises à l’égard des capitaines du Sea Watch et du Luventa, ainsi qu’à l’égard de leurs équipages qui ont procédé en vertu des obligations du droit international.

FO rappelle que la législation internationale veut que tout capitaine de navire ait le devoir de prêter assistance à toute personne se trouvant en situation de détresse en mer, et ce indépendamment de la nationalité de cette personne, de son statut ou des circonstances dans lesquelles elle a été trouvée. Le sauvetage, de par sa nature obligatoire, ne fait pas partie de la politique migratoire, et ne doit pas être façonné par elle.

FO rappelle la déclaration européenne intersyndicale du 15 novembre 2018 sur le sujet et considère qu’il relève de l’obligation des États d’organiser des opérations de sauvetage en mer, et non de lui opposer des mesures sécuritaires.

FO n’a eu de cesse de pointer notamment aux côtés de la Confédération européenne des syndicats la défaillance de l’Union Européenne en matière migratoire et rappelle que de nombreux travailleurs et leurs familles risquent leur vie – et malheureusement trop nombreux l’ont perdue – pour simplement survivre.

FO exige l’abandon immédiat des poursuites contre les équipages et capitaines de ces deux navires et le respect des règles de droit international en la matière.

Pour rappel, la déclaration intersyndicale européenne du 15 novembre 2018 :

 

Sauvetage en mer

Déclaration syndicale

Le sauvetage en mer constitue une obligation internationale. Les navires n’ont jamais été aussi nombreux sur les mers. Seulement, depuis 2014, les pertes de vies humaines sont chaque année très importante en mer : les chiffres du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) sont très parlants : (2018 : 1408, 2017 : 3139, 2016 : 6038, 2015 : 3538). Pourtant, du fait de la spécificité du milieu maritime, la législation veut que tout capitaine de navire ait le devoir de prêter assistance à toute personne se trouvant en situation de détresse en mer, et ce indépendamment de la nationalité de cette personne, de son statut ou des circonstances dans lesquelles elle a été trouvée.

Nous, syndicats et gens de la mer de plusieurs pays d’Europe, soulignons notre attachement à la tradition et aux idéaux séculaires de notre profession : le sauvetage, sans égard à la personne, ni aux circonstances, est une obligation fondamentale. Nous mettons notre honneur à porter secours à quiconque se trouvant en détresse à proximité de nos navires. Le sauvetage, de par sa nature obligatoire, ne fait pas partie de la politique migratoire, et ne doit pas être façonné par elle.

Nous récusons toute criminalisation des équipages et capitaines des navires agissant ainsi. Au contraire, nous insistons sur le fait qu’ils procèdent en vertu des obligations du droit international. Ce sont les gouvernements qui refusent de porter assistance qui violent le droit international :

La Convention des Nations Unies sur le Droit de la mer de 1982
(Convention UNCLOS) qui stipule que tout État doit exiger du capitaine d’un navire battant son pavillon que, pour autant que cela lui est possible sans faire courir de risques graves au navire, à l’équipage ou aux passagers :
- il prête assistance à quiconque est trouvé en péril en mer ;
- il se porte aussi vite que possible au secours des personnes en détresse s’il est informé qu’elles ont besoin d’assistance, dans la mesure où l’on peut raisonnablement s’attendre qu’il agisse de la sorte
. (Art. 98(1))

La Convention Internationale pour la Sauvegarde de la Vie en mer de 1974 (Convention SOLAS) prévoit que le capitaine d’un navire en mer qui est en mesure de prêter assistance et qui reçoit, de quelque source que ce soit, une information (2) indiquant que des personnes se trouvent en détresse en mer, est tenu de se porter à toute vitesse à leur secours, si possible en les en informant ou en informant le service de recherche et de sauvetage… (Chapitre V, Règle 33(1)).

Les amendements aux Conventions SOLAS règle 33 et SAR chapitre 3.1.9 visent à s’assurer de la continuité et de l’intégrité des services SAR, à veiller à ce que les personnes en situation de détresse en mer soient secourues tout en minimisant les dommages de ces interventions pour les navires concernés. Ils exigent donc que les États contractants :

- Se concertent et coopèrent afin que les capitaines de navires prêtant leur assistance en prenant à leur bord des personnes en situation de détresse soient relevés de leurs obligations commerciales avec une déviation minimale par rapport au parcours initialement prévu ;
- Organisent un débarquement dans les délais les plus rapides possibles.

En dépit de la clarté de ces obligations, la criminalisation du sauvetage en mer s’intensifie. De multiples procédures judiciaires, notamment pour trafic illicite de migrants, ont été engagées contre les capitaines de navires, le personnel navigant, les pêcheurs ou les ONG réalisant du sauvetage récurrent. Après des années de procès, ils ont tous été blanchis, ce qui montre le caractère abusif et la visée dissuasive de ces procédures.

Nous demandons instamment à l’Union européenne et aux États membres d’introduire dans leur arsenal législatif une exception humanitaire claire qui rende impossible la criminalisation de la solidarité. Cette introduction est exigée pour une bonne application du Protocole de Palerme contre le trafic illicite de migrants (2000), auquel l’Union européenne et ses États membres sont parties. Comme l’a rappelé en 2015 la Conférence des États parties à ce Protocole, les États devraient s’assurer que les cadres législatifs en place sont suffisamment explicites pour empêcher que des poursuites puissent être engagées contre ceux qui remplissent leur obligation de secours et de sauvegarde de la vie.

Nous demandons par ailleurs aux armateurs des navires de mettre à la disposition des capitaines et équipages qui sauvent des vies assistance, soutien juridique et défense, s’ils se trouvent mis en cause par des autorités à terre.

Les organisations syndicales présentes exigent des États donnant pavillons et des États coordonnant les sauvetages d’appliquer ces conventions dans la plus stricte légalité et de donner tous les moyens de leur effectivité. Elles s’engagent à coopérer entre elles pour imposer leur application. Devant l’explosion du nombre de personnes à secourir en mer, la marine

marchande mondiale, au travers de ses marins, ne peut suppléer aux États et à leurs responsabilités. Ceux-ci doivent donc impérativement prendre toutes les mesures nécessaires afin d’assurer leurs responsabilités envers toutes les personnes demandant assistance en mer.

Nous demandons le renforcement et la formation professionnelle spécifique du service public de sauvetage en mer ainsi que la formation obligatoire pour tous aux lois internationales, afin de leur permettre de répondre à leurs obligations, face à la hausse du nombre de personnes à secourir.

Nous demandons aux gouvernements européens de faciliter l’obtention d’un pavillon pour les navires qui s’inscrivent dans une démarche humanitaire pour secourir des migrants en haute mer.

Au-delà, nous considérons être une obligation des États d’organiser des opérations de sauvetage en mer, sur l’exemple de Mare Nostrum, plutôt que de miser uniquement sur des mesures sécuritaires, comme Frontex ou des patrouilles de l’OTAN.


Montreuil, le 15 novembre 2018

Organisation signataires :
La CGT, FO (France), Ver.di (Allemagne), UBT-ABVV-FGTB, ACV-CSC Transcom (Belgique), FSC- CC.OO., UGT (Espagne), CGIL, UIL, CISL (Italie), CGTP-IN (Portugal), PCS, Nautilus International (Grande-Bretagne), International Federation of Shipmasters’ Associations (IFSMA), Mission Lifeline, et la Confédération Européenne des Syndicats (CES).

 

Print Friendly

One comment

  1. Nous soutenons l’acte courageux et humaniste de la capitaine Carola Rackete qui a suivi son éthique de marin. A l’heure où le drame de la SNSM a mis en lumière le devoir et le danger du sauvetage en mer, entendre qu’elle a commis « un acte de guerre », est d’une absurdité et d’une imbécilité sans fond . Où est la République française ?

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *