Contre le racisme, « l’Intersyndicale fait cause commune » (2)

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Réunie le 21 mars 2025 à Paris, l’intersyndicale fait « cause commune contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie au travail« . Ci-dessous les articles publiés dans les organes de presse ou les sites des syndicats.

 

L’intersyndicale fait cause commune contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie au travail

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24 mars 2025
Huit organisations syndicales lancent une campagne commune de sensibilisation à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie au travail. L’initiative, dans la continuité du barrage contre l’extrême-droite lors des élections législatives de juin 2024, est de salubrité publique tant la parole haineuse s’est libérée.

Un sujet, et pas des moindres, fait consensus parmi les syndicats, c’est la lutte contre le racisme. A l’occasion de la journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale le 21 mars, et à la veille d’une mobilisation nationale qui a rassemblé 90 000 personnes selon le ministère de l’intérieur,  huit organisations syndicales (CFDT, CGT, FO, CFTC, CFE-CGC, Unsa, Solidaires, FSU) ont présenté une campagne commune de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie au travail. L’objectif étant de faire front ensemble, de prendre sa part de responsabilités, de marteler que le syndicalisme est incompatible avec le rejet de l’autre.  “Le racisme, l’antisémitisme ou la xénophobie, ce n’est ni une opinion, ni de l’humour. On n’a pas le droit de dire n’importe quoi sous couvert de liberté d’expression. Nos organisations entendent prendre leurs responsabilités et montrer que le syndicalisme est un levier d’action contre le racisme. Mais nous ne pouvons pas être les seuls à agir. Nous entendons aussi interpeler les employeurs et le gouvernement sur leurs propres responsabilités, parce que cette parole décomplexée ne vient pas de nulle part”, explique Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT. Alignés en rang d’oignon à la tribune de la salle Henaff de la bourse du travail de Paris, les dirigeants syndicaux se passent le micro.

Mesure de salubrité publique

“Cette campagne de sensibilisation vise à provoquer des échanges sur les lieux de travail et à faire sortir les victimes du silence”, pour Marylise Leon, secrétaire générale de la CFDT. “Le faire en commun, c’est aussi faire entrer cette campagne dans un maximum d’entreprises”, enchaîne Cyril Chabanier, président de la CFTC. “Ce qui est important, c’est de le faire ensemble. Cela nous protège et ça nous facilite le travail. Le message à porter est que si vous avez un problème avec les personnes en raison de leur couleur de peau, de leur origine ou de leur religion réelle ou supposée, et bien vous aurez un problème avec le syndicalisme”, poursuit Laurent Escure, secrétaire général de l’Unsa. Cette initiative, qui doit progressivement se déployer en entreprises, s’avère de salubrité publique tant la parole, les comportements racistes se multiplient en toute impunité en même temps que la percée des idées d’extrême droite. Avec au plus haut sommet de l’Etat, une multiplication des lois régressives sur les droits des étrangers, un Premier ministre qui fantasme une submersion migratoire, un président de la République qui évoque des urgences hospitalières remplies de « Mamadou »… En 2024, le ministère de l’intérieur a enregistré plus de 16 000 infractions à caractère raciste, xénophobe, ou anti religieux, les crimes et délits ont augmenté de 11% entre 2023 et 2024. Invitée à prendre la parole, la défenseure des droits Claire Hédon dresse un constat alarmant, avec dans l’entre-deux-tours des élections legislatives de 2024, une hausse des appels de 53% témoignant de propos raciste, antisémite et anti-musulman.

Le racisme tue

“Les discriminations se déploient dans toutes les sphères de la vie sociale, que ce soit dans l’emploi ou dans l’accès aux biens et services. Elles engendrent non seulement des effets délétères sur les victimes, mais aussi un effet négatif sur la cohésion sociale. Et pourtant, les saisines pour discrimination sont en baisse en 2024, les victimes n’osent pas nous interpeler par peur des représailles. Les politiques menées depuis environ vingt ans s’essoufflent, ce qui témoigne d’une normalisation inquiétante de la rupture d’égalité”. Les dirigeants syndicaux observent cette banalisation du mal au sein du monde du travail. “ Des gens meurent du racisme, de l’antisémitisme. Des enfants pleurent de voir leur père ou leur mère stigmatisés. Le principe de base, quand on est camarades, sœurs ou frères en humanité, ce n’est pas de lyncher, c’est de défendre. Le syndicalisme primaire, c’est de fabriquer de l’entraide mutuelle qui pourra recréer du lien”, plaide Laurent Escure. Le service public n’est pas épargné. “Les fonctionnaires subissent aussi très fortement les effets du racisme. Par exemple, nombre d’enseignants sont livrés à la vindicte sur les réseaux sociaux parce qu’ils mettent en œuvre des projets pédagogiques avec des associations d’aide aux migrants”, constate Caroline Chevé, secrétaire générale de la FSU. Face à la progression des idées d’extrême droite et des discriminations, les syndicats, qui constituent selon l’expression de Cyril Chabanier, “un pare-feu”, demeurent vigilants. Outre cette campagne de mobilisation, ils ont renforcé leur formation et agissent déjà aux côtés des travailleurs pour prévenir et combattre les situations de discrimination au travail.

Tolérance zéro

«  Il faut une tolérance zéro face à des propos, des actes racistes ou antisémites », assume Sophie Binet. La secrétaire de la CGT rappelle par ailleurs l’implication de son syndicat aux côtés des travailleurs sans-papiers depuis 2007.  » La force du syndicalisme est deux rassembler les salariés autour de leur travail. On en a rien à faire de l’origine, de la couleur de peau, de la religion ». Pour que les droits progressent, Sophie Binet milite notamment pour que la  discrimination à l’embauche, actuellement en dehors des radars syndicaux, soit mieux appréhendée, à travers par exemple la mise en place d’un registre des candidatures reçues et des recrutements effectués. Elle appelle aussi de ses voeux des procédures de testing généralisées et des moyens renforcés pour les représentants du personnel et l’inspection du travail.

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Racisme, antisémitisme et xénophobie au travail : une campagne syndicale inédit

L’hebdo n°3958

Le 21 mars, à l’occasion de la journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale, les organisations syndicales ont conjointement lancé une grande campagne de sensibilisation et d’action à destination des travailleurs. Cinq affiches et un tract seront largement diffusés sur les lieux de travail. Dans le même temps, la CFDT lance son réseau de militants “pour la démocratie et contre l’extrême droite”.

Par Emmanuelle Pirat, et Sabine Izard — Publié le 25/03/2025

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© Syndheb

« Il s’agit d’outils communs que nous avons produit ensemble avec deux objectifs : provoquer des échanges sur les lieux de travail et permettre aux victimes de sortir du silence. Mais aussi leur dire que les organisations syndicales sont là pour les écouter, les accompagner et faire en sorte que leurs droits soient respectés », résumait la secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, lors d’une conférence-débat organisée le 21 mars à la Bourse du travail de Paris. Par cette initiative commune, huit organisations syndicales (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, FSU, Solidaires) et la Défenseure des droits, Claire Hédon, ont officiellement lancé la campagne de sensibilisation contre les discriminations raciales au travail. Avec un intitulé on ne peut plus clair : « Racisme, antisémitisme, xénophobie au travail : C’EST NON ! ».

Observer les chiffres, assez terrifiants, aide à illustrer cette triste réalité : plus de 16 000 atteintes à caractère raciste, xénophobe ou antireligieux ont été enregistrées en 2024 – avec une augmentation de 11 % des crimes et délits de cette nature par rapport à 2023, selon les dernières données du ministère de l’Intérieur. « Ces augmentations s’inscrivent d’ailleurs dans une tendance continue depuis 2016 (hausse moyenne annuelle de 8 % des infractions à caractère raciste enregistrées) », alerte-t-il.

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© DR

Des actes en hausse, des recours en baisse

Au travail, le constat est identique. Le 17e Baromètre des discriminations dans l’emploi, coréalisé par la Défenseure des droits et l’Organisation internationale du travail (OIT), publié en décembre 2024, rapporte que 17 % de la population active a vécu au cours de l’année écoulée une discrimination ou un harcèlement discriminatoire dans l’emploi en raison de son origine, sa nationalité ou sa couleur de peau… Et 18 % en raison de sa religion (contre 7 % en 2023). « Les discours de haine et les discriminations forment un continuum, alerte d’ailleurs Claire Hédon. L’an dernier, au moment des élections législatives, nous avons connu un pic d’appels de notre Numéro vert, 3928, entre mai et juin. Pourtant, les recours juridiques ou devant l’institution du Défenseur des droits sont très rares. Les saisines pour discriminations sont même en baisse pour nous en 2024. »

Pourquoi ce non-recours ? La première raison, c’est le fatalisme. Les personnes se demandent à quoi ça va servir. La seconde, c’est la crainte d’éventuelles représailles. « Face à cela, les organisations syndicales ont un rôle important d’accueil et d’accompagnement des victimes à jouer, de négociation d’accords collectifs, d’exercice du droit d’alerte et d’actions en justice au nom des victimes », poursuit la Défenseure des droits.

La lutte contre le racisme au travail, mission syndicale

Derrière les chiffres fournis par la Défenseure des droits, ce sont des personnes, des travailleurs empêchés, blessés, qui subissent des brimades, des violences verbales ou physiques. « Du point de vue social, ce sont à la fois des talents contraints ou perdus, la santé qui est minée, et des équipes divisées et clivées qui sont mis en évidence. Du point de vue économique, ce sont une moindre créativité, des blocages, des arrêts de travail qui sont relevés, parce que la confiance est laminée. La campagne que nous lançons rappelle que la lutte contre le racisme au travail fait partie des missions syndicales, affirme Marylise Léon. Dans le contexte actuel, elle résonne également avec notre priorité consistant à lutter contre les idées d’extrême droite, à tous les niveaux et par tous les moyens : défendre le travail comme espace d’égalité et d’inclusion, quelles que soient l’origine et la nationalité, est plus que jamais d’actualité. C’est l’objet d’une matinée comme celle-ci, où, de manière inédite, tous les syndicats de travailleurs de France disent ensemble stop aux discriminations et à la haine. »

Mise en place du réseau LED

En parallèle, et afin de se donner les moyens d’agir, la Confédération a créé son réseau de militants LED (Lutte contre l’extrême droite), dont la première réunion s’est tenue le 18 mars à Paris. Conçu à l’image du réseau des Sentinelles vertes sur les sujets de transition écologique, ce réseau regroupe pour l’instant au moins deux représentants de chaque fédération et union régionale interprofessionnelle CFDT. Ce « groupe ressource » doit permettre de « construire une dynamique, favoriser la circulation d’informations entre les différentes orgas et identifier les bonnes pratiques, précise Olivier Guivarch, secrétaire national chargé du dossier. C’est une urgence démocratique pour notre organisation ! »

À entendre les témoignages de la cinquantaine de militants présents le 21 mars, outiller les équipes est une nécessité, tant sur le terrain l’influence croissante des idées d’extrême droite est patente. « Certains de nos adhérents disent ne pas voir de problème à voter RN tout en étant à la CFDT, a ainsi rapporté un participant. Pour eux, le vote RN est assumé. »

“Un sujet difficile à aborder en section”

Que ce soit chez les cheminots, les douaniers, dans les fonctions publiques, la santé ou le secteur agricole (la Coordination rurale a renforcé sa présence dans les chambres d’agriculture à l’issue des élections de janvier 2025), des militants notent « une parole de plus en plus décomplexée ». « Dans les salles des profs ou des maîtres, on ne discute plus des sujets qui fâchent ; on préfère laisser passer. D’un côté, la parole se libère ; de l’autre, on se tait, on n’ose pas contrer », déplore Alexis Torchet, secrétaire fédéral de la CFDT Éducation Formation Recherche publiques (ex-Sgen). « Comment parler de cela sans se mettre sur la figure ? C’est un sujet de plus en plus difficile à aborder en section », confirme un représentant du secteur de la santé. Nombreux sont les militants présents à être en attente de méthodes, d’outils. « Il ne suffit plus de dire : “Voter RN, c’est mal”. » Cette approche morale et culpabilisante, à l’épreuve des faits, beaucoup de militants l’ont jugée contre-productive.

Mutualiser les pratiques

Heureusement, les militants des différents syndicats, et particulièrement à la CFDT, ne partent pas d’une page blanche. Dans les différentes structures, de nombreuses actions se sont déjà produites : des débats, formations, interventions de spécialistes, etc. La CFDT d’Île-de-France a créé son réseau de militants LED et a fait venir des spécialistes qui ont pu témoigner. De son côté, la CFDT EFRP organisait un débat ce 25 mars. Il faut donc désormais mutualiser les différentes pratiques et construire des outils communs. Ce sera l’objet des prochaines réunions…

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Racisme, antisémitisme, xénophobie au travail : c’est non !

Les derniers chiffres du défenseur des droits nous indiquent qu’année après année, les statistiques sur les discriminations en raison de l’origine réelle ou supposée restent très élevées. Dans son baromètre il indique que plus de la moitié des saisines reçues par l’institution en matière de discriminations liées à l’origine se sont déroulées dans la sphère professionnelle. Les analyses de l’INSEE montrent que la discrimination raciale à l’embauche est massive en particulier contre les candidats issus de l’immigration. Face à l’ampleur du phénomène, l’ensemble des organisations syndicales, dans une déclaration commune le 11 juillet 2024, ont décidé de mener une campagne contre les discriminations, contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie au travail.

Cette campagne a été lancé officiellement le 21 mars 2025 avec une table ronde intersyndicale suivi d’une conférence de presse.

Intervention de Solidaires à la table ronde intersyndicale contre le racisme :

état des lieux : réactions:

Constat que partout la parole ou les actes racistes se répandent particulièrement ces dernières années . Ceci n’est pas propre qu’aux lieux de travail, et certains médias, mais aussi des politiques discriminatoires assumées sur l’immigration y compris par ce gouvernement ont aggravé la situation.

Nous avons en tant que syndicat une responsabilité particulière à agir pour stopper ces expressions ou actions racistes “décomplexées” sur les lieux de travail. Plus profondément Solidaires dénonce un racisme systémique de la société, que nos valeurs et notre syndicalisme de transformation sociale imposent de combattre, tout comme l’ensemble des systèmes de domination. La lutte contre le sexisme, les violences sexistes et sexuelles a été pleinement prise à bras le corps par nos syndicats, nous entendons qu’aujourd’hui il se passe la même chose contre le système raciste. Il n’est pas normal qu’un salarié noir gagne en moyenne 407€ de moins qu’un salarié blanc comme le souligne une enquête de l’observatoire des inégalités de 2023.

Il s’agit pour Solidaires de combattre le racisme sous toutes ses formes, notamment l’antisémitisme toujours présent et le racisme lié à l’histoire coloniale qui touche les personnes africaines, arabes, asiatiques, antillaises, guyanaises, polynésiennes, kanaks, réunionnaises et mahoraises.
Reconnaître et lutter contre les discriminations particulières dont sont victimes les populations ultramarines, particulièrement aujourd’hui pour la population à Mayotte concernant l’accès aux services publics, les prix, les salaires et le développement économique.
Dénoncer et combattre toute forme de discrimination liée aux croyances religieuses, particulièrement lorsqu’elles sont porteuses de pratiques racistes.

Etat du droit: législation, application, revendications

Nous n’allons pas nous attarder sur le droit existant, qui est nécessaire, mais manifestement pas suffisant pour changer les mentalités, déconstruire les stéréotypes.

Pour nous il s’agit non pas d’avoir une posture morale, mais bel et bien de comprendre et cibler les ressorts du racisme systémique.

Les femmes ont un plancher collant, les personnes racisées en ont un. C’est pour cela que l’on doit lutter contre le processus de racisation qui attribue automatiquement certaines compétences et comportements à un groupe en raison de leur origine réelle ou supposée ou de leur couleur de peau. Et ça comment dès l’école, où en fonction de nos origines, couleurs de peau, on ne va pas avoir le choix de nos études, et souvent on nous oriente vers un nombre de secteur restreint. Et ces métiers sont les plus précaires, les moins rémunérés et les moins reconnus dans leur carrière professionnelle.

Cette campagne est aussi une campagne de lutte contre la xénophobie. Ce qui implique aussi de s’interroger sur les travailleurs et travailleuses étrangèr·es et les discriminations légales. Aujourd’hui on ne peut pas être fonctionnaire en France si on n’est pas issu d’un pays de l’Europe. C’est une discrimination légale. Et on a une pensé particulière aujourd’hui envers les milliers de médecins étrangers qui essaient d’obtenir leur régularisation et être enfin rémunérés à diplôme égal de leur collègues. Sans eux et elles nos hôpitaux ne tiendraient pas.

Et pour Solidaires nous y incluons également les luttes que nous menons avec nos camarades sans papiers, nous dénonçons les politiques d’immigration choisie et exiger l’abrogation de toutes les lois et circulaires restreignant les conditions d’accès au travail pour les migrant·es. C’est pour cela que nous revendiquons la régularisation immédiate de tou·tes les sans-papiers,, et l’abrogation des lois anti immigré·es comme la dernière loi Darmanin ou la Circulaire Retailleau.

action syndicale et ses moyens :travail sur la prévention, baromètres, cv anonymes, testing, référent-es, accès au registre des embauches pour les élu-es du personnel, formations

Pour l’Union syndicale Solidaires, au-delà de la campagne unitaire qui est essentielle, nous avons plusieurs formations syndicales sur le sujet, et il faut comme tout système de domination “déconstruire” nos visions stéréotypées, et bien sûr n’admettre aucun propos ou comportement raciste.

C’est à la fois un travail de terrain à mener, où faire des campagnes préventives a tout son sens, c’est aussi pour Solidaires travailler à la construction d’un baromètre contre le racisme, qui aidera notamment au recensement des situations, et des réponses à y apporter. Mais il faut aussi donner une dimension de lutte à ces sujets. Notre syndicat des pompiers Sud Sdis a dénoncé récemment le racisme ambiant dans leur profession, et ça peut et doit aussi constituer une lutte collective.

notre campagne intersyndicale :

elle est unitaire et exprime à la fois l’urgence d’agir et la réponse à décliner partout. Pour Solidaires, il était important d’être inscrit·es dans cette démarche unitaire inédite. Tout reste à faire, mais les outils sont là, et la formation de nos militant-es est un enjeu clef pour mener à bien cette campagne. Ce n’est que le début

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Aux origines du racisme

Histoire  

Si la France est la patrie des droits de l’Homme, c’est paradoxalement un Français qui, au XIXe siècle, a codifié le racisme contemporain, même si la xénophobie existait depuis l’Antiquité.

Les Grecs et les Romains anciens considéraient globalement l’étranger comme un barbare incapable d’adhérer à leurs valeurs culturelles. Aristote, partisan d’un ordre social basé sur l’esclavage, a tenté de le légitimer par l’infériorité naturelle des Barbares, ce qui les destinait à servir d’esclaves aux Grecs.

Les Espagnols, au XVIe siècle légitiment, eux, la mission civilisatrice de l’Espagne catholique et royale à l’infériorité naturelle et la perversité des Indiens. Pour les Conquistadors, l’indigène est biologiquement inférieur, donc peut être réduit en esclavage et/ou massacré.

On retrouve la même chose au XVIIe siècle avec la traite des Noirs. Le Nègre est un sous-homme, proche du singe par sa couleur, juste bon à travailler comme esclave dans les plantations du nouveau monde. Cet esclavage des populations noires du Sahel existait toutefois bien avant les Européens.

Ce « proto-racisme » avait aussi, et surtout, un avantage pour les esclavagistes de tout poil. Il leur permettait d’avoir une masse de travailleurs gratuite.

Les travaux des naturalistes suédois Carl von Linné (1707-1778) et français Georges-Louis comte de Buffon (1707-1788) préparent la voie au racisme prétendument scientifique. En effet, ils font une différence entre les espèces végétales et animales en les classifiant comme inférieures ou supérieures !

De Gobineau à Hitler

Dans son « Essai », il existe trois races : la blanche qui aurait le monopole de la beauté, de l’intelligence et de la force. Dans cette catégorie, c’est la race ariane qui est en haut de la race blanche. En deuxième position, la race noire, aux facultés pensantes médiocres ou même nulles. En troisième position, la race jaune dont le créateur n’a voulu faire qu’une ébauche, mais qui est supérieur aux nègres.

Cette théorie est reprise par l’Allemand Ludwig Schemann dès 1899. Proche de Richard et Cosima Wagner, c’est lui qui traduit en allemand les livres de Gobineau. Les délires de Gobineau vont être repris par le théoricien du nazisme, Alfred Rosenberg, né en 1893, pendu à Nuremberg en 1946. Si Rosenberg a théorisé le racisme du IIIe Reich, ce sont Himmler et Heydrich qui dès janvier 1942 vont organiser la tragédie, la « solution finale ». Des millions d’êtres, considérés alors comme « sous hommes », juifs, slaves, homosexuels, trisomiques et bien d’autres, vont périr.

Christophe ChicletJournaliste à L’inFO militante

L’inFO militanteLe bimensuel de la Confédération

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Racisme, antisémitisme, xénophobie au travail : c’est non !


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Un engagement constant face à un contexte préoccupant

À l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination des discriminations raciales du 21 mars, l’UNSA réaffirme son engagement constant et déterminé contre toutes les formes de discriminations. Dans un contexte national et international qui favorise malheureusement la montée des actes et des discours racistes, antisémites et xénophobes, notre vigilance et notre mobilisation doivent être plus fortes que jamais.

L’UNSA considère qu’il est de son devoir de se mobiliser pour défendre les valeurs de respect, d’égalité et de fraternité qui sont au cœur de notre République. L’UNSA sera présente pour s’opposer aux actes racistes, antisémites et agir sur les lieux de travail pour sensibiliser, rappeler l’employeur à ses obligations et accompagner les victimes.

Une mobilisation de toute l’intersyndicale

C’est en ce sens, qu’à l’occasion du 21 mars, l’UNSA s’associe aux sept autres organisations syndicales françaises pour lancer une campagne commune inédite : « Racisme, antisémitisme, xénophobie au travail : c’est non ! »

Cette initiative témoigne de notre volonté collective de faire front commun contre les discriminations qui persistent dans le monde du travail. Ensemble, nous portons un message clair : les discriminations raciales n’ont pas leur place dans nos entreprises et nos services publics.

Une table ronde avec la Défenseure des droits

Pour marquer cette journée et donner corps à nos engagements, les leaders des huit organisations syndicales se réunissent lors d’une table ronde en présence de la Défenseure des droits. Cette rencontre sera l’occasion pour chaque organisation de présenter ses messages et ses propositions concrètes pour lutter efficacement contre le racisme, l’antisémitisme, la xénophobie et les discriminations raciales au travail. Pour l’UNSA nous rappellerons notamment l’importance des solidarités de proximité pour faire face à ces actes et soutenir les victimes.

Une campagne de sensibilisation dans tous les lieux de travail

Pour que cette mobilisation ait un impact concret sur le terrain, des affiches et un tract intersyndical seront largement distribués dans les services et les entreprises. Ces supports de communication visent à sensibiliser l’ensemble des travailleuses et des travailleurs et à les appeler à agir contre toutes les formes de discriminations raciales.

L’UNSA invite tous ses militant·es à relayer cette campagne et à s’engager activement dans leurs lieux de travail pour faire reculer les préjugés et garantir à chacun un environnement professionnel respectueux et inclusif.

Un engagement qui s’inscrit dans la durée

Cette journée du 21 mars n’est qu’une étape dans notre combat constant contre les discriminations. L’UNSA continuera à se mobiliser au quotidien, aux côtés des salariés et des agents publics, pour faire respecter l’égalité des droits et promouvoir la diversité.

Face à la montée des discours de haine et de division, notre responsabilité collective est immense. L’UNSA, fidèle à ses valeurs fondatrices, restera en première ligne de ce combat essentiel pour notre vivre-ensemble et notre cohésion sociale.

Tract intersyndical

 

logo_smallob_a451d8_logo4Les syndicats font front commun face aux racismes

Réunie à la Bourse du Travail à Paris le 21 mars, l’intersyndicale, dont la CFE-CGC, lance une grande campagne de sensibilisation sur les discriminations racistes, antisémites et xénophobes.

Lors de la journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale, et face à une recrudescence des agressions et de la libération de la parole xénophobe en entreprise, huit organisations syndicales ont organisé une table ronde « Racisme, antisémitisme et xénophobie au travail : C’EST NON ! », menée par Claire Hédon, Défenseure des Droits.Étaient présents Anne-Catherine Cudennec (CFE-CGC), Marylise Léon (CFDT), Sophie Binet (CGT), Patricia Drevon (FO), Cyril Chabanier (CFTC), Laurent Escure (UNSA), Caroline Chevé (FSU), ainsi que Murielle Guilbert et Julie Ferrua (Solidaires).Leur but : sensibiliser les salariés aux discriminations racistes, antisémites et xénophobes, et alerter les pouvoirs publics sur un enjeu devenu crucial, en détaillant les actions menées et à accomplir pour réduire ces discriminations en milieu professionnel.

Une libération de la parole raciste 

Claire Hédon a dressé un état des lieux des discriminations, en s’appuyant sur les données récentes du rapport annuel de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) sur le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie.

Selon une étude du ministère de l’intérieur1, les discriminations connaissent une progression alarmante : +52 % de victimes entre 2021 et 2022, +30 % de crimes et délits racistes en 2023, et +11 % en 2024. En 2020, 18 % des 18-49 ans déclaraient avoir été discriminés au moins une fois au cours des cinq dernières années, soit +5 points par rapport à 2015. Enfin, selon le rapport annuel d’activité du Défenseur des droits, l’emploi privé représente 27 % des réclamations en matière de discrimination, contre 20 % pour l’emploi public.

« Les discriminations engendrent des effets délétères chez les victimes tant sur leur vie professionnelle que personnelle : carrière heurtée, difficulté pour se loger, se soigner… autant de handicaps qui affectent durablement la santé mentale et physique. Mais elles fragilisent aussi toute la cohésion sociale du pays », explique Claire Hédon.

Des dispositifs législatifs qui ne sont pas à la hauteur

Pourtant, « le nombre de recours juridiques et de saisies pour discriminations sont en baisse de 15 % », alerte Claire Hédon. « Beaucoup estiment que faire une réclamation est inutile et les expose à des représailles. »

Ainsi, le système de recours collectif développé en 2024, censé permettre aux personnes discriminées d’agir ensemble contre une personne commune, se révèle inopérant en raison de conditions d’application trop restrictives. De surcroît, il manque encore des dispositifs efficaces de signalement des discriminations et d’enquête dans l’emploi.

« Nous assistons à un essoufflement des politiques publiques depuis 20 ans, avec des retards dans la mise en œuvre des mesures prévues », constate-t-elle. Un défaut d’engagement politique qui, fatalement, contribue à la banalisation des discriminations.

Quel rôle pour les syndicats ?

C’est pourquoi Claire Hédon appelle les syndicats à se mobiliser. « Les syndicats sont des acteurs clés dans la lutte contre les discriminations : ils peuvent accompagner les victimes, mettre en place des dispositifs, identifier et signaler les discriminations via leur droit d’alerte ou des cellules dédiées. Ils peuvent aussi intenter des actions en justice au nom des victimes, ou se constituer partie civile. Leur engagement est essentiel pour inciter les employeurs à réagir rapidement ».

Cet appel à l’action a été unanimement approuvé par les syndicats, qui ont adopté une démarche volontariste et, pour certains, réaffirmé leur opposition à l’extrême droite, jugée responsable de la montée des discriminations.

La CFE-CGC mobilisée

« Nos adhérents étant des cadres, des manageurs et des professionnels de l’encadrement, nous sommes les mieux placés pour détecter ces situations », a revendiqué Anne-Catherine Cudennec, secrétaire nationale CFE-CGC en charge du secteur Europe et International et Droits humains. « Mais c’est l’ensemble du collectif qui doit être sensibilisé à ces questions, et, en premier lieu, tout le personnel de l’encadrement. »

Cependant, rappelle-t-elle, « beaucoup de cas de racisme et de discrimination arrivent pendant le processus de recrutement, avant l’entrée dans l’entreprise, ce qui les rend difficilement détectables. En conséquence, il serait pertinent de renforcer la formation des RH. Pas seulement sur l’embauche, qui est l’objet de la loi Egalité et citoyenneté de 2017, mais aussi sur la partie du suivi des évolutions de carrière et des promotions ».

En outre, « la CFE-CGC a développé 3 modules de formation sur le harcèlement et les discriminations, afin d’aider les salariés à connaître l’arsenal juridique à leur disposition, et donc le rendre plus efficace. Nous avons également lancé une formation qui englobe toutes les problématiques des droits humains et des discriminations au sens large. À l’international, nous avons participé, au sein de la confédération européenne des cadres (CEC), à la production d’un guide destiné aux manageurs issu du projet européen BEYUNBI pour identifier et réduire les biais qui les amènent à prendre des décisions qui peuvent être discriminatoires ».

Anne-Catherine Cudennec regrette toutefois que le sujet ne soit pas pris autant au sérieux par les instances gouvernementales : « Il serait intéressant de mobiliser la recherche académique en France, afin de se pencher sur le coût économique des discriminations dans l’entreprise, ce qui permettrait, peut-être, de mobiliser davantage employeurs et pouvoirs publics ».

Des syndicats unanimes

Pour Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, les syndicats ne peuvent se dérober : « Si nos organisations ne se mobilisent pas, nous raterons une grande partie de notre responsabilité dans le monde du travail. De plus, il ne faut pas sous-estimer l’impact de ces discriminations tant sur l’individu que l’entreprise. Ces personnes brimées et blessées, ce sont des talents contraints ou perdus, des équipes divisées, une baisse de la créativité et de l’efficacité dans le travail. »

Selon Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, « l’arsenal juridique actuel ne fait peur à personne car les moyens d’appliquer les sanctions manquent. En plus d’augmenter ces moyens, il faut rendre obligatoire la formation et sensibilisation des instances représentatives du personnel (IRP) et des salariés. Mais aussi interpeller le gouvernement sur ses responsabilités. Cette parole décomplexée ne vient pas de nulle part : elle vient des plateaux de télévision, mais aussi du plus haut de l’Etat ! ».

D’après Patricia Drevon, secrétaire confédérale FO, « la réponse n’est pas que sur le terrain législatif ou pénal, mais sur la prévention, la formation et la sensibilisation des salariés. Ils doivent lutter ensemble, pas les uns contre les autres. Car il y a parfois une volonté patronale d’opposer les employés. On le voit avec les prud’hommes, qui manquent d’ailleurs de moyens. Beaucoup de salariés, notamment en zone rurale, n’y vont pas pour ne pas être « fichés » comme problématiques par les employeurs locaux ».

« Au niveau de la loi, beaucoup de choses peuvent encore être faites », affirme Cyril Chabanier, président de la CFTC. « Nous avons récemment créé un référent harcèlement sexuel, quid d’un référent harcèlement racisme ? De même, n’oublions pas que le harcèlement n’est pas toujours interne à l’entreprise : une grande partie touche les personnels, que ce soit dans le commerce ou la santé, lors de leurs interactions avec des clients ou des patients ! Le travail doit se faire au niveau sociétal. »

Laurent Escure, secrétaire général de l’UNSA, met en garde contre toute leçon de morale. « Il faut faire appel à l’empathie des gens, pas les sermonner. Aujourd’hui, le couple démocratie-droits humains recule sur beaucoup de continents. L’explosion de la libération des actes racistes est portée par une offensive de haine, organisée par des partis politiques et régimes dictatoriaux à travers le monde. Dans cet effondrement démocratique, il en va de notre responsabilité de tenir le drapeau de ces valeurs. »

Caroline Chevé, secrétaire générale de la FSU, rappelle que ce débat concerne aussi les jeunes. « Les élèves en voie professionnelle, qui représentent un tiers des lycéens, sont très tôt confrontés au racisme du monde du travail dans toute sa brutalité ». Elle pointe aussi une dure réalité : « La moitié des victimes d’actes racistes ne s’adressent pas à nous spontanément. Nous avons des progrès à faire pour être identifiés comme des interlocuteurs de confiance ».

Enfin, Murielle Guilbert et Julie Ferrua, codéléguées générales de Solidaires préconisent de donner une dimension collective à la lutte : « Il faut travailler sur la représentation des personnes racisées dans nos syndicats, mais aussi sortir de cette posture morale du racisme et nous questionner sur son aspect systémique, comme l’attribution de métiers précaires et pénibles aux femmes et aux personnes racisées, dès le processus d’orientation à l’école ».

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xénophobie au travail : c’est NON!

21 mars 2025 |

Ce 21 mars, c’est la journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale. A cette occasion, la CFTC participe avec l’ensemble des organisations syndicales à une table ronde pour sensibiliser et informer les salariés à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie au travail.

A ce titre, rappelons d’abord cette conclusion du rapport d’activité de la Défenseure des droits, en 2024 : l’origine réelle ou supposée constitue aujourd’hui le deuxième critère de discrimination, après le handicap. Elle représente, en effet, 13 % des réclamations reçues. Parmi ces réclamations, une sur deux concerne l’emploi.

Pour la CFTC, cette situation est bien entendu inacceptable.

Pour mieux lutter contre les discriminations en entreprise, notre organisation propose notamment :

De rendre obligatoire les formations à la non-discrimination dans toutes les entreprises et pas seulement dans celles de 300 salariés et plus, comme le prévoit actuellement la loi : les violences et pratiques discriminatoires ne sont en effet pas l’apanage des grands groupes. Par ailleurs, la CFTC milite pour que cette formation obligatoire soit délivrée aux dirigeants, managers et aux élus des représentants du personnel, plus seulement aux chargés de recrutement.

De porter une attention particulière aux salariés des TPE, qui sont souvent les plus impactés par ce type de discriminations. Pour ce faire, la CFTC propose d’élargir les missions des commissions paritaires régionales interprofessionnelles (CPRI). Ces CPRI représentent les salariés et les employeurs des entreprises de moins de 11 salariés, qui sont dépourvues de CSE, et donc de représentants directs du personnel. La CFTC milite pour intégrer aux attributions des CPRI la possibilité de mener des campagnes de sensibilisation sur le racisme au travail.

-De faire de la discrimination raciale l’objet de mesures spécifiques – comme peut l’être le fait de harcèlement sexuel – avec notamment un référent dans toutes les entreprises.

La CFTC veut aussi mettre à profit cette journée contre les discriminations pour rappeler aux salariés que les délégués syndicaux sont armés, pour les aider à lutter contre toutes les formes de racisme. Bien formés sur ces problématiques et enjeux spécifiques, ils sont plus à même de repérer les signaux faibles, d’anticiper et prévenir ces dysfonctionnements en entreprise. Il ne faut surtout pas hésiter à les solliciter, si vous êtes victime d’une quelconque forme de discrimination, ou si vous avez été témoin d’un acte ou d’une parole raciste, antisémite ou xénophobe, sur votre lieu de travail.

Pour connaitre vos droits et les faire respecter, vous pouvez par ailleurs télécharger ci-dessous notre plaquette qui liste les usages et bonnes pratiques, pour lutter contre la discrimination au travail:

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